vendredi 23 novembre 2018

Les déclarations différentes dans le temps du Patriarcat œcuménique sur la primauté


Que votre parole soit oui, oui, non, non; ce qu'on y ajoute vient du Malin.
( Matthieu 5:37)


1970 : Patriarche œcuménique Athénagoras

"Ce même sceau de validité de la part d'un Synode œcuménique est également nécessaire, pour leur existence autocéphale définitive et continue, aux nouvelles Églises autocéphales en raison des circonstances défavorables dans lesquelles elles peuvent parfois se trouver. Il s'agit notamment des Églises auxquelles le Saint Trône œcuménique apostolique et patriarcal a donné le sceau d'autocéphalie avec l'approbation des autres Églises orthodoxes.

"Le Patriarcat œcuménique pourrait le faire en raison de son attribut d'Église Mère et de son statut de " Première parmi ses pairs " en référence aux autres Églises orthodoxes autocéphales, et parce qu'il est au centre de l'unité interne de l'Église orthodoxe tout entière, aidant les autres Églises dans leurs besoins - un devoir qui découle de sa position dominante dans la famille des Églises orthodoxes".


1976 : Métropolite Maximios de Sardes

"Le Patriarche de Constantinople rejette toute plenitudo potestatis ecclesiae et détient son pouvoir ecclésiastique suprême non pas comme épiscopus ecclesiae universalis, mais comme Patriarche oecuménique, le plus ancien et le plus important évêque de l'Orient. Il n'exerce pas un pouvoir administratif illimité. Il n'est pas un juge infaillible en matière de foi. Toujours le présupposé de son pouvoir est qu'en l'utilisant il s'en tiendra à deux principes : conciliarité et collégialité dans les responsabilités de l'Église et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Églises...".

(Source : Métropolite Maxime de Sardes, Le Patriarcat Oecuménique dans l'Eglise Orthodoxe : A Study in the History and Canons of the Church, page 326).

Avant 1993 : Position officielle du Patriarcat œcuménique

"L'organisation de toute Église autocéphale locale exige la reconnaissance de l'Église œcuménique afin que son existence autocéphale soit définitive et indissoluble. Ainsi, par exemple, le Patriarcat œcuménique a accordé l'autocéphalie à l'Église de Roumanie à condition que cette attribution soit définitivement approuvée par toutes les Églises orthodoxes réunies en Conseil œcuménique ou en Grand Concile, comme cela a été fait, avec l'accord des autres Églises orthodoxes, pour les Églises qui, en raison des circonstances, l'ont proclamée autocéphale depuis le milieu du 19e siècle et ultérieurement : Ce fut le cas en vertu de sa qualité de première des Églises orthodoxes, en même temps que le centre de leur unité interne et le protecteur des Églises locales dans leurs besoins.”


2008 : Patriarche œcuménique Bartholomée

"Le Patriarcat œcuménique est considéré comme le siège le plus élevé et le centre le plus saint de l'Église chrétienne orthodoxe dans le monde. C'est une institution dont l'histoire s'étend sur dix-sept siècles, au cours desquels elle a conservé ses bureaux administratifs à Constantinople. Elle constitue le centre spirituel de toutes les Églises orthodoxes locales ou indépendantes, exerçant son leadership non pas par l'administration, mais plutôt en vertu de sa primauté dans le ministère de l'unité pan-orthodoxe et de la coordination des activités de l'Orthodoxie dans son ensemble. Elevé dans ce climat d'ouverture et de dialogue, en particulier pendant le mandat du Patriarche Athénagoras, j'ai appris dès mon plus jeune âge à respirer l'air d'Oikoumene, à reconnaître l'ampleur du discours théologique et à embrasser l'univers de la réconciliation ecclésiale."

(Source : Patriarche œcuménique Bartholomée, À la rencontre du mystère, page 14).

2009 : Archevêque Job de Telmessos

"Quant aux privilèges du Patriarche œcuménique au niveau entièrement orthodoxe, ils sont également interprétés du point de vue du Patriarche œcuménique dans l'esprit de la Règle apostolique 34. C'est-à-dire que les patriarches et les chefs des Églises orthodoxes autocéphales doivent savoir qui est le premier d'entre eux, le reconnaître comme leur chef et ne rien faire de spécial sans son consentement, et que le chef ne doit rien faire sans leur consentement. Le Patriarche œcuménique a le droit d'accepter les lettres d'appel et de veiller à l'unité de l'Église en convoquant des réunions entièrement orthodoxes auxquelles participent les chefs de chaque patriarcat et de chaque Église autocéphale (ou leurs représentants) mais il ne peut rien décider lui-même, sans eux, unilatéralement. Nous voyons que cette pratique a été utilisée lors de la dernière réunion des chefs au Phanar en octobre de l'année dernière. Et on ne peut voir ici aucun "papisme oriental"."


2010 : Patriarche œcuménique Bartholomée 

"C'est sur l'enseignement de la Sainte Trinité, et non sur un concept mondain d'autorité et de pouvoir, que repose toute la structure conciliaire et hiérarchique de l'Église orthodoxe. Car l'Eglise orthodoxe n'a pas d'autorité ou de direction centralisée, mais une constellation d'Eglises sœurs indépendantes et égales, parmi lesquelles le Patriarcat oecuménique possède historiquement et traditionnellement le premier rang.

"A cet égard, le Patriarcat œcuménique porte une primauté d'honneur et de service au sein du christianisme orthodoxe à travers le monde. Son autorité ne réside pas dans l'administration, mais plutôt dans la coordination. Ce n'est pas un signe de faiblesse, mais précisément de conciliarité. Car l'Église de Constantinople sert de point focal principal de l'unité, favorisant le consensus entre les différentes Églises orthodoxes."


2016 : Archidiacre John Chryssavgis

"Le rôle du Patriarche oecuménique est très important et sensible, et ne se limite pas à des fonctions symboliques ou cérémonielles, mais le patriarche oecuménique n'impose ni ne commande. La notion d'interdépendance ou de conciliarité est vitale en ecclésiologie orthodoxe. Le but de Bartholomée est de marcher constamment sur la corde raide, réalisant ce que Léon le Grand dans une lettre du Ve siècle appelée " confirmation par l'accord incontestable de l'ensemble du collège des frères ". Pourtant, il ne fait aucun doute que, bien que l'Église orthodoxe soit allergique à tout sentiment de primauté universelle tel qu'il s'est développé en Occident, elle reconnaît la nécessité d'un leadership, d'une coordination et d'un porte-parole universels par son " premier parmi ses pairs ", sans lequel la conciliarité est impossible.

(Source)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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