lundi 27 août 2018

Interview de Père Gabriel ( Bunge): L'ORTHODOXIE A-T-ELLE BESOIN D'ORDRES MONASTIQUES ? (2)




La structure polyvalente de l'Église catholique lui donne incontestablement un plus grand degré de mobilité et de liberté, mais cela se fait aux dépens des églises locales. Il en résulte une plus grande uniformité au prix de la perte de la richesse spirituelle originelle de la vie monastique. Comme mentionné plus haut, le monachisme classique a été mis de côté et a presque perdu son lien avec l'Église, alors que dans l'Orthodoxie, le monachisme est toujours au cœur de l'Église et des croyants.

C'est pourquoi il n'y a aucune raison d'imiter cette évolution incontestablement occidentale (catholique), que les moines occidentaux "classiques" décrivent eux-mêmes comme une "émasculation". Je peux continuer à parler de cette émasculation continue et de ses conséquences dangereuses, mais je ne veux pas prendre plus de votre temps.

Sur l'éducation des moines

Pensez-vous qu'il est important pour les moines érudits de recevoir une éducation religieuse, d'étudier les langues étrangères et de fréquenter les universités occidentales ?

Cette question est liée à plusieurs questions importantes dont je sais qu'elles sont largement débattues au sein de l'Église orthodoxe russe. C'est pourquoi je voudrais exprimer ma propre opinion sur la base de mon expérience personnelle, sans prétendre que cette opinion soit applicable à tous et à toutes les situations.

Tout moine, qu'il s'agisse d'un moine vivant modestement dans son monastère ou d'un membre officiel éduqué de l'Église, doit avoir une bonne éducation spirituelle. Je pense que c'est indiscutable. Par "éducation spirituelle", je n'entends pas l'enseignement supérieur, mais une initiation sérieuse à la Tradition spirituelle de l'Église orthodoxe. Sinon, comment peut-il surmonter les nombreuses tentations répandues par Satan ? Si les moines ne travaillaient pas - physiquement dans leurs monastères ou intellectuellement dans les bureaux de l'église - leur vie serait improductive et inutile.

En ce qui concerne l'étude des langues étrangères, je crois que c'est utile pour ceux qui souhaitent développer des relations avec d'autres Églises orthodoxes, des théologiens ou des personnes de pays non orthodoxes. Cela inclut les missionnaires ou les prêtres travaillant dans une diaspora. Personnellement, je n'ai appris que les langues dont j'avais besoin pour étudier des textes anciens ou pour vivre dans d'autres pays, d'abord en Belgique, puis dans la partie italienne de la Suisse.

La question de la fréquentation des universités occidentales n'est importante que pour un petit groupe d'érudits monastiques. Encore une fois, je ne recommanderais une telle éducation qu'à ceux qui ont déjà obtenu un diplôme d'une université orthodoxe. Ce serait bon pour les moines dont la foi est déjà forte, quand ils décident qu'ils ont besoin d'une connaissance plus profonde dans des sujets spécifiques. Dans le monde globalisé moderne, l'Orthodoxie doit savoir ce que les "autres" pensent.

Aujourd'hui, les gens voyagent beaucoup et rencontrent les chrétiens d'autres confessions, tant dans leur pays qu'à l'étranger. C'est pourquoi il est utile d'être bien informé sur leur façon de penser, afin que nous puissions fournir des explications raisonnables lorsqu'ils nous interrogent sur notre foi. En raison de la crise profonde des communautés chrétiennes occidentales, les croyants s'intéressent de plus en plus à la foi orthodoxe. Pour pouvoir répondre à leurs questions, nous devons connaître les raisons de cette crise d'identité potentiellement fatale.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire