lundi 12 février 2018

Marina Tchijova: "Le Gentil staretz" L'archimandrite Hippolyte (Khalin) (7)


Monastère de la Dormition de Beslan



Mais l'archimandrite Hippolyte aidait généralement d'une autre manière. Il bénissait ceux qui venaient chercher de l'aide pour vivre un moment au monastère, y accomplir des obédiences et prier. Et les gens restaient: certains pour une semaine, certains pour quelques mois, d'autres pour le reste de leur vie. Ils étaient sauvés par la prière et l'obéissance. Il y avait des molebens pour les malades presque tous les jours au monastère, où même les démoniaques étaient guéris, ainsi que les alcooliques, les drogués et d’autres encore. Cependant, le staretz bénissait tout le monde pour y être présent, parce qu'il croyait que "tout le monde [était] spirituellement malade aujourd'hui." Pour ces guérisons, l'Ennemi de l'humanité se vengeait lourdement sur le staretz: Son visage était couvert de cloques géantes, dont il n’était délivré que par une prière nocturne prolongée.

L'ascétisme intérieur de Père Hippolyte était caché pour nous, mais les fruits en étaient évidents pour tous. Batouchka aimait souvent répéter les paroles de l'Evangile, le Royaume des Cieux est forcé et ce sont les violents qui s’en emparent (Mt 11, 12). Ainsi disait-il, il faut d'abord se contraindre à la prière, et alors vous ne pourrez pas vivre sans elle, et vous vous dépêcherez d'obéir à votre règle de prière "comme à un rendez-vous". A la question de savoir comment il fallait prier, le staretz répondait : "Avec tendresse".

La qualité la plus importante de Batouchka était sa profonde humilité. Un jour, peu de temps avant sa mort, il mentionna à un pèlerin: «Depuis quarante ans, je me prosterne devant tout le monde.» Il n'a jamais réprimandé quiconque venait à lui - il ne pouvait le faire que de façon douce et indirecte, par une chanson ou par un poème. Il était inhabituel pour Batouchka de forcer qui que ce soit ou d'insister sur quoi que ce soit; au contraire, il persuadait toujours les gens, même quand il savait exactement quelle serait la meilleure façon de procéder. C'est peut-être pourquoi l'archimandrite Cyrille (Pavlov) a appelé le Père Hippolytus "le plus gentil Batouchka sur Terre."

"L'apôtre d'Alanya et du Caucase du Nord"

On ne sait pas pourquoi Batouchka avait une telle préoccupation particulière pour les résidents d'Ossétie. Ils l'ont même appelé lui-même «l'apôtre d'Alanya et du Caucase du Nord». Un homme a prétendu que la Théotokos elle-même l'avait chargé de prier pour cette terre. Il est évident que Batouchka, doté du don de clairvoyance, avait prévu les événements tragiques qui se produiraient dans le Caucase du Nord après sa mort. Il estimait que «le Caucase ne serait sauvé que par des monastères». Ce n'est pas un hasard si le monastère de la Dormition fondé par le staretz à Beslan est situé à 200 mètres de l'école où un acte terroriste célèbre a eu lieu en 2004. Un centre de réhabilitation pour les enfants affectés par cette tragédie a été construit plus tard dans le couvent d'Alanya. Batouchka lui-même a spécifié l'endroit pour la construction des monastères en Ossétie.

Il y a une histoire intéressante à propos de la future higoumène du monastère d'Alagir, Mère Nona (Bagaeva), et du Père Hippolyte. Père Hippolyte rencontra Natasha (ainsi était-elle était connue dans le monde) quand elle alla voir le staretz pour le travail. Elle était réalisatrice pour la télévision ossète, et elle devait tourner un spectacle sur une personnalité intéressante et connue. Comme beaucoup d'Ossètes allaient voir le staretz, Natacha décida de l'interroger, mais l'higoumène du monastère de Rylsk ne pouvait bien sûr pas donner d'interview. Cependant, dans leur conversation, il demanda à la jeune fille: «Savez-vous que vous êtes une moniale?» Cela rendit Natalia très fâchée, et elle se demanda comment on pouvait savoir une telle chose. "Les moniales ont une croix qui brille sur leurs fronts", répondit Batouchka. 

La jeune fille ne s'attendait absolument pas à entendre une telle «révélation» sur elle-même, mais elle fut encore plus surprise. Une femme entra en courant dans sa cellule, à la recherche de "Natacha la réalisatrice", et le staretz dit que l'higoumène d'Alanya elle-même était venue lui rendre visite, montrant "Natacha la réalisatrice". Elle ne savait même pas à ce moment-là ce qu’était une higoumène; mais un an plus tard, elle fut tonsurée au monastère Saint-Nicolas et elle dirige aujourd'hui le monastère de la Théophanie à Alanya.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après



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