lundi 22 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (1)


Tropaire ton 8
Depuis ta jeunesse, ô glorieux confesseur, tu te livras en offrande au Seigneur, souffrant au nom du Christ, tu prêchas le Royaume de Dieu, et tu fus crucifié avec le Seigneur, afin de vivre avec Lui dans les siècles.


Kondakion, ton 4
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De la ville impériale de Niš jusqu’en Russie subcarpathique et à Zagreb, qui fut ton Golgotha, tu servis fidèlement Dieu, témoignant du Christ Sauveur, en actes et en paroles, par ta patience tu acquis la couronne de gloire et tu entras dans la joie éternelle de la Très-sainte Trinité.

VIE DU SAINT HIEROMARTYR DOSITHEE (VASIĆ), METROPOLITE DE ZAGREB
(Mémoire le 31 décembre / 13 janvier)



La jeunesse
Le futur métropolite Dosithée naquit le 5 décembre 1878 à Belgrade dans la famille d’un fonctionnaire serbe et reçut au baptême le prénom Dragoutine. Il fit ses études secondaires au séminaire de Belgrade. Alors qu’il était encore séminariste, il prononça ses vœux monastiques et reçut le nom de Dosithée. La même année, il fut ordonné au diaconat et, après avoir achevé ses études au séminaire, il reçut l’ordination sacerdotale. En 1899, il passa une année au monastère de Manasija, où il avait prononcé ses vœux. En 1900, il partit à Kiev afin de continuer ses études à l’Académie théologique. En 1904, il termina le cycle universitaire avec le grade de « candidat » en théologie, qui lui a été accordé pour sa dissertation « La réalité du miracle de la résurrection des morts du Christ Sauveur ». Ensuite, le père Dosithée poursuivit ses études de théologie et de philosophie à Berlin. Là, il étudia la théologie protestante (chez Harnack, Kaftan, Pfleiderer et autres) et la philosophe (chez Riehl et Paulsen). Après deux années d’études à Berlin, il partit à Leipzig, où il se consacra à l’étude de la philosophie, expérimentale (chez Wundt) et  la philosophie pure (chez Heinze et Volkelt). En 1907, il fut appelé au séminaire Saint-Sava de Belgrade pour y enseigner principalement la philosophie dans les classes supérieures. Il y resta jusqu’en 1909. En tant que professeur au séminaire, il se distinguait par sa bonté envers ses élèves. On peut dire qu’il n’y avait pas d’élève qu’il n’ait réussi à intéresser à son enseignement. Il partit ensuite à Paris en tant que boursier du ministère serbe de l’enseignement et des affaires ecclésiastiques, pour continuer ses études. À la Sorbonne et à l’École des hautes études sociales, il étudia la philosophie et les sciences sociales. À la fin de 1910, il partit à Genève, où il s’inscrivit à nouveau à l’université. Il y resta jusqu’en septembre 1912, lorsqu’éclata la première guerre balkanique (9 octobre 1912 – 30 mai 1913), où il se mit à la disposition de son Église et de sa patrie. La guerre opposait la Bulgarie, d’une part, à la Serbie, la Grèce et le Monténégro, d’autre part.

L’épiscopat et la détention en Bulgarie
Le 25 mai 1913, le père Dosithée a été sacré évêque et nommé à Niš, qui était alors le diocèse le plus grand de l’Église orthodoxe serbe. Son bagage intellectuel faisait de lui le hiérarque le plus érudit de l’Église orthodoxe serbe. En outre, il parlait couramment le russe, l’allemand, le tchèque et le français. Ce fut ensuite la première guerre mondiale, au cours de laquelle il se consacra pleinement à l’aide aux victimes. En 1915, il logea une centaine d’orphelins de guerre au monastère Saint-Romain, près de Đunisa, ce qui leur a permis de survivre à la guerre.

Lorsque l’armée serbe dut se retirer par l’Albanie en Grèce en novembre 1915, Mgr Dosithée resta avec le peuple à Niš bien que des ministres fussent venus le chercher en voiture pour s’enfuir. C’est dans la même ville qu’il attendit l’armée ennemie bulgare. Mgr Dosithée, avec le clergé, sortit devant les occupants armés et les pria, au nom des souffrances communes subies de la part des Turcs, et « avant tout au nom de notre Foi Une, Sainte, Chrétienne », d’épargner les personnes âgées et faibles, ainsi que les femmes et les enfants abandonnés. Il se porta garant de l’ordre et de la paix à Niš. L’ennemi promit tout, mais cinq jours après, arrêta l’évêque et l’interna en Bulgarie, où il passa trois ans en relégation. Après la capitulation bulgare, l’évêque Dosithée « épuisé par la faim et les souffrances psychiques » revint dans son diocèse en 1918. Ces années de captivité entamèrent sérieusement sa santé. Le moment le plus difficile de sa vie l’attendait à son retour de Bulgarie, lorsque les orphelins de prêtres (environ 150 ce ces derniers furent assassinés sauvagement par les Bulgares) lui demandèrent où étaient leurs parents, ignorant qu’ils avaient été massacrés. On peut voir, dans son « Message aux Anglo-saxons » rédigé 1920, à quel point ces événements l’avaient affecté : « … Mon âme est emplie de douleurs, mes mains sont trop faibles et mes yeux sont pleins de larmes ; mon esprit lutte alors que j’écris ces lignes. Je ressens le besoin de consolation. Mais suis-je le seul qu’il faille consoler ? Oh, si seulement je pouvais parler de l’agonie de mon esprit ! Ce que j’entends maintenant et ce que je vois dépasse mes prévisions les plus noires au temps de ma captivité. Des milliers des meilleurs fils de mon peuple et avec eux un grand nombre de prêtres serviteurs de Dieu ont été envoyés en captivité, martyrisés et tués. Vous me demanderez pourquoi ? Pour quel crime ? Simplement parce qu’ils étaient serbes… Oh, si vous saviez seulement comme les enfants et les parents de nos martyrs sont malheureux et tristes ! Leurs âmes sont pleines de souffrances. Ils ont vraiment besoin de consolation. Les prières sont nécessaires à nous tous, car sachez-le : le malheur chez nous est général… Je regrette, chers frères et sœurs en Christ, d’être trop loin pour pouvoir vous parler face à face, comme le dit le grand et saint Apôtre des nations, pour vous décrire notre misère et notre chaos matériels. Oh, si en cet instant, de ce le lieu depuis lequel je vous parle, pouvait s’exprimer les bouches de l’un de mes prêtres qui ont été tués aussi sauvagement, si vous pouviez entendre leurs misère et leur malheurs, leur faim et leur nudité, je pense que vos cœurs s’empliraient de douleur et de compassion, d’horreur et de stupeur. Que le Dieu miséricordieux préserve nos pires ennemis et les pires criminels des malheurs dans lesquels se trouvent les familles de nos prêtres-martyrs ». Cela l’incita à se trouver à la tête de différentes associations caritatives pour les assister matériellement. Il ouvrit une maison pour les orphelins de guerre et organisa plusieurs foyers pour les enfants dont les parents avaient péri pendant la guerre. En outre, il établit, auprès du monastère Saint-Jean situé dans les environs de la ville, une maison pour les enfants aveugles. Il faisait aussi le tour des hôpitaux pour enfants.

À Niš, il continua à s’occuper de son troupeau, travaillant activement avec la jeunesse. Il ouvrit une association pour assister les prêtres et ouvrir la première imprimerie ecclésiale indépendante de l’État. Il édita des livres et ouvrit une librairie ecclésiale. Tout cela entrait dans la réalisation de sa vision : la création des bases pour l’autonomie de l’Église et du clergé par rapport à l’État. On sait de Mgr Dosithée que, de son vivant, les prêtres ayant une attitude critique envers lui, écrivaient à son sujet qu’il méritait le dévouement du clergé et des fidèles : « Et comme homme et comme évêque, il mérite que l’on écrive constamment à son sujet, mais non dans le but de chanter les louanges habituelles, mais parce que chacune de ses actions est réellement digne d’égards », écrivit l’un d’entre eux. On donnait encore de lui les caractéristiques suivantes : « hauteur d’esprit, noblesse, verve, et grande conscience de son devoir élevé ». Qui plus est, sa captivité en Bulgarie pendant la guerre n’avait pas provoqué en lui des mouvements de haine, mais il recueillit de l’aide et l’apporta en Bulgarie lorsque ce pays fut frappé par un tremblement de terre en 1927. En 1931, il se rendit aux obsèques du métropolite de Sofia.

Pour ce qui concerne ses autres activités, il convient de mentionner qu’en 1919-1920, l’évêque Dosithée prit une participation active aux négociations avec le Patriarcat de Constantinople pour le rétablissement du Patriarcat de Serbie, qui avait été aboli pendant la domination turque.

Version française Bernard Le Caro
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