15/28 janvier
Dimanche du Pharisien et du Publicain
Début du Triode de Carême
Saint Paul de Thèbes, ermite (341) ; saint
Jean le Calybite (Vème s.) ; saint Pansophos, martyr à Alexandrie (vers
240-251) ; saints Procore de Ptchina (Serbie, Xème s.) et Gabriel de Lesnovo
(XIème s.) ; saint Gérasime, patriarche d’Alexandrie (1714) ; saint
hiéromartyr Michel (Samsonov), prêtre (1942).
Lectures : II Тim.
III, 10-15; Lc. XVIII, 10-14.
AU SUJET DU TYPICON ET DU TRIODE DE CARÊME
A
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ujourd’hui
commence le cycle des fêtes mobiles, le Triode commençant le dimanche du
Pharisien et du Publicain et s’achevant avec la Semaine de la Passion. Ce cycle
tire son nom d’un livre liturgique, le « Triode », appelé ainsi en
raison de certains canons des matines qui s’y trouvent et ne contiennent que
trois odes, tandis qu’habituellement celles-ci sont au nombre de neuf. Le ton
général du Triode dit « de carême » est celui de la prière unie à la
pénitence. Le Triode contient des compositions appartenant à une vingtaine
d’hymnographes, dont les plus célèbres remontent aux VIIIème et IXème
siècle : André de Crète, Cosmas de Maïouma, Jean Damascène, Joseph,
Théodore et Syméon les Studites, l’empereur Léon le Sage, Théophane le Marqué,
et d’autres encore. Leurs préceptes, exprimés dans les offices, enseignent aux
chrétiens orthodoxes depuis plus de mille ans de quelle manière il convient de
passer le temps du Grand Carême. La préparation du Grand Carême commence peu après la Théophanie, parce
que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même,
après Son baptême, s’éloigna dans le désert pour jeûner. Par cette
préparation, la sainte Église, agit dans ses offices « comme un général
qui, par des paroles opportunes et sages, encourage ses soldats avant le
combat » (synaxaire du jour). Pour cette raison, elle montre en ce jour
que l’humilité est le commencement et le fondement du repentir :
« Par l’élévation (de soi-même) tout bien se vide, par l’humilité tout mal
est purifié » (canon des matines). Au cours de la semaine du Publicain et
du Pharisien, il est permis de manger toute nourriture, même le mercredi et le
vendredi, afin de dénoncer l’orgueil du Pharisien, qui se vantait de jeûner
deux fois par semaine. Selon les
paroles du saint hiérarque Athanase de Kovrov (†1962), « les offices et
les règles de prières n’ont pas été créés par hasard ou n’importe comment. Tous
ces offices, tout ce qui se trouve dans le Typicon [livre contenant les règles
de célébration de l’office] et les livres liturgiques, est, pour la plupart, le
fruit des labeurs dans la prière des meilleurs enfants de l’Église, les grands
saints de Dieu. Ceux-ci consacraient toute leur vie à la prière incessante,
brûlaient de l’aspiration pour le monde céleste. Ils « préféraient la
rudesse du désert à toutes les douceurs du monde entier » (kondakion de St
Gérasime) et, s’éloignant complètement des hommes, devenus habitants du désert,
ils « affermirent l’univers par leurs prières » (tropaire de St
Antoine le Grand), et, lorsqu’ils « chantaient les saintes prières, ils
avaient pour concélébrants les anges » (tropaire de St Spyridon). L’Église
a reçu et conservé ces paroles sacrées, dans lesquelles ils épanchaient leur
âme devant Dieu. La Sainte Église, guidée par l’Esprit Saint a, dans la
richesse de l’expérience de prière de ses meilleurs fils, rassemblée de cette
façon, choisi ce qu’il y avait de meilleur, de plus nécessaire, puis l’a
systématisé, corrigé ce qui était inachevé, et a ajusté le tout en une unité
harmonieuse. C’est ainsi que s’est constitué le Typicon que les anciens
écrivains russes appelaient non sans raison « un livre inspiré ».
Tropaire du dimanche du 1er ton
Кáмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче :
сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́ ;
сла́ва Ца́рствiю Tвоему́ ; сла́ва
cмотре́нiю
Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.
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La pierre
étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton Corps immaculé, Tu es
ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la Vie au monde ; aussi, les Puissances des
cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire
à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!
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Kondakion
du dimanche du pharisien et du publicain,
ton 4
Фариcé́eва убѣжи́мъ
высоко-глаго́ланія, и
мытарéвѣ
научи́мся
высотѣ́ глаго́лъ смирéнныxъ, покая́нieмъ
взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.
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Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité
d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde,
purifie Tes serviteurs ».
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COMMENTAIRES DE ST
JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
« Quelles persécutions j'ai
endurées, et comment le Seigneur m'a tiré de toutes ». Voilà deux grands motifs
d'encouragement. J'ai montré une généreuse ardeur, dit saint Paul, et Dieu de
son côté ne m'a pas abandonné; ma couronne a été d'autant plus glorieuse que
j'avais plus souffert. Voilà ce qu'il veut dire par ces mots : «Quelles
persécutions j'ai endurées, et comment le Seigneur m'a tiré de toutes ». «Ainsi
tous ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-Christ seront persécutés ».
Pourquoi parler de moi en particulier? dit-il, est-ce que tout homme qui voudra
vivre dans la piété ne sera pas persécuté? Par persécutions il entend ici les
peines et les tribulations de la vie. On ne peut point marcher par le chemin de
la vertu et être exempt de chagrin, d'affliction, de douleur, d'épreuves de
toutes sortes. Comment en serait-il autrement puisque c'est marcher dans la
voie étroite et resserrée , puisqu'il a été dit : « Vous aurez des tribulations
dans ce monde? » (Jean, XVI, 33.) Si de son temps Job a pu dire : « La vie de
l'homme sur la terre n'est qu'une épreuve continuelle » (Job, VII, 1), combien
cela: est-il plus vrai encore aujourd'hui ? « Mais les hommes méchants et les
imposteurs avanceront de plus en plus dans le mal, égarant les autres, et
s'égarant eux« mêmes ». Si les méchants sont dans la joie et vous dans les épreuves,
ne vous en troublez pas : la nature des choses le veut ainsi. Mon histoire vous
apprendra que l'homme qui fait la guerre aux méchants ne peut pas ne pas être
dans la tribulation. L'athlète ne peut vivre dans les délices ; le lutteur ne
saurait se livrer à la bonne chère. Est-ce qu'un soldat connaît le repos et les
délices? La vie présente est un combat,une guerre, une tribulation perpétuelle,
une angoisse sans fin, une épreuve, c'est un stade où les luttes sont
incessantes. Le temps du repos viendra plus tard, le temps présent est celui
des travaux et des fatigues. Est-ce que l'athlète qui est déjà entré dans la
lice, qui a déposé ses vêtements et qui s'est frotté d'huile demande à se
reposer? Si vous voulez vous reposer, pourquoi êtes-vous entré dans la lice? Il
ne vous reste plus qu'à lutter…
OUVRE-NOUS LES
PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !
Le
premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été
appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une trompette
qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du carême qui
vient.
Le
premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois
stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines :
« Ouvre-moi les portes de la
pénitence, Donateur de vie… », « Conduis-moi sur les chemins du salut… » et « Me souvenant de la multitude de mes
mauvaises actions… ». Ces stichères nous emplissent de componction et
bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps
souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous
voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le
Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde
affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme.
Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie
du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre
purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la
porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur
brisé, avec le prophète David : « Aie
pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde… » Ces trois
stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous
enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-mêmes et en
réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte
du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde
Divine. Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces
stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est
pourquoi nous les entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de
Carême, jusqu’au cinquième.
Le
deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple
évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les
lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette
réflexion : « Frères, ne prions
pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié.
Humilions-nous devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en
criant : ô Dieu, aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du
Lucernaire). « Le Pharisien
vaincu par la vanité… fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler,
fut rendu digne de Tes dons » (idem).
Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche[1], la
parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel
nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir
éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées
décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance
du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En effet,
c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché qui a
fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue avec
l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a subi
la mort honteuse sur la Croix. C’est un exemple vivant que nous donne la
parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un
pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son
état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement
cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche :
« Seigneur Tout-Puissant, je
sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la
mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de
nombreuses années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le
Pharisien ». Ainsi,
l’humilité purifie rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le
Christ Lui-même : « Quiconque
s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII,
14). Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la
Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette
raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu
donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le
liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à
l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout
mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.
Père Petronios (+2011) du
Mont Athos
[1] Le Synaxaire
est l’explication de l’événement commémoré ou la vie du saint du jour, placée
après l’ikos dans le canon des Matines. Bien que faisant partie de l’office
liturgique, il n’est pas lu à l’église.
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