samedi 20 mai 2017

Comment connaître la volonté de Dieu (3)


Désirer la volonté de Dieu, et non la vôtre
Père Michel Gaponenko:
La volonté de Dieu peut être découverte de diverses façons - par le conseil d'un confesseur ou la bénédiction de vos parents, en lisant la parole de Dieu […] etc. Mais le plus important est d'avoir le désir de connaître la volonté de Dieu, c'est la volonté de Le suivre inconditionnellement dans votre vie. S'il y a une telle disponibilité, le Seigneur dévoilera naturellement Sa volonté à l'homme, et peut-être de manière inattendue.
Père Svyatoslav Chevchenko:
J'aime les conseils de la patristique. En règle générale, nous sommes impatients de connaître la volonté de Dieu lorsque nous nous trouvons dans un carrefour face à une décision, ou lorsque nous voulons que les évènements évoluent d'une autre manière, moins attrayante pour nous. Tout d'abord, nous devons essayer d'avoir la même attitude à l'égard de toute voie ou parcours d'événements, c'est-à-dire nous préparer en interne pour tout résultat quel qu’il soit, ne pas nous attacher à une seule option. Deuxièmement, prier sincèrement et avec ferveur que le Seigneur arrange tout selon Sa bonne volonté et fasse tout ce qui nous serait utile dans le plan de notre salut dans l'éternité. Et alors, comme les saints Pères l'affirment, sa Providence pour nous sera révélée.
Soyez attentifs à vous-même et à votre conscience
Père George Merzlikin:
Soyez attentif! - à vous-même, au monde qui vous entoure et à vos proches. La volonté de Dieu est révélée aux chrétiens dans la Sainte Écriture: vous pouvez trouver une réponse à vos questions. Selon saint Augustin, lorsque nous prions, nous nous tournons vers Dieu, et lorsque nous lisons les Saintes Écritures, le Seigneur nous répond. La volonté de Dieu est que tous arrivent au salut. En sachant cela, cherchez à diriger votre volonté dans tous les événements de la vie vers le Dieu Qui sauve.
Rendez grâces en toutes choses, car c'est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus Christ. (1 Thess. 5:18).

Père Paul Konkov:
Il est assez facile de trouver la volonté de Dieu: si après avoir examiné votre conscience avec une période de prière, elle ne se "rebelle" pas, si votre décision dans telle ou telle circonstance ne contredit pas l'Évangile et si votre père spirituel n'est pas contre votre décision, cela signifie que la volonté de Dieu est dans cette décision. Nous devons examiner chaque pas dans le prisme de l'Évangile et l'accompagner avec la prière, même le plus court: "Seigneur, bénis !"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

vendredi 19 mai 2017

Comment connaître la volonté de Dieu (2)


Vivre en accord avec les commandements de Dieu
Père Dmitry Chichkin:
La découverte de la volonté de Dieu est assez simple: ouvrez le Nouveau Testament à la première Epître de l'apôtre Paul aux Thessaloniciens, et lisez: Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification(1 Thess. 4: 3). Nous sommes sanctifiés par l'obéissance à Dieu.
Ainsi, il n'y a qu'un moyen sûr d'apprendre la volonté de Dieu: vivre en harmonie avec le Seigneur. Et plus nous sommes établis dans cette vie, comme si nous nous y enracinions, et nous établissions en Dieu, nous acquérons une véritable habileté à percevoir et accomplir la volonté de Dieu; C'est-à-dire dans l'accomplissement conscient et constant de Ses commandements. Ils sont généraux, mais le particulier découle du général. Si une personne dans une situation de vie concrète veut connaître la volonté de Dieu pour elle, et, par exemple, elle l'apprend à partir d'un staretz théophore, mais que la personne elle-même n'a pas une disposition spirituelle, alors elle ne pourra pas comprendre cette volonté, ni l'accepter pas et elle ne l'accomplira pas ... Ainsi, la principale chose est, sans aucun doute, une vie spirituelle sobre et une observation attentive des Commandements de Dieu.
Si une étape importante dans la vie arrive dans la vie de quelqu'un, et qu'il veut vraiment faire le bon choix, pour agir de manière divine dans telle ou telle situation difficile, il peut apprendre la volonté de Dieu précisément sur la base de ce que je viens de déclarer: en renforçant sa vie d'église; C'est-à-dire entreprendre un ouvrage spirituel spécial: le jeûne, la confession, la communion, l'exercice de la diligence dans la prière et la lecture de la Parole de Dieu plus que d'habitude: c'est le travail principal pour quelqu'un qui veut vraiment connaître la volonté de Dieu dans telle ou telle contexte. Et le Seigneur, voyant une telle tempérance et une disposition de cœur sérieuse, permettra toujours à une telle personne de comprendre Sa sainte volonté et de lui donner de la force pour son accomplissement. C'est un fait, prouvé plusieurs fois par de nombreuses personnes différentes. Nous devons seulement montrer de la persévérance, de la patience et de la détermination dans notre quête de la vérité de Dieu, et non pas pour satisfaire nos propres rêves, désirs et plans... Parce que tout ce que je viens de nommer a déjà sa propre volonté, c'est-à-dire pas les plans, les rêves et les espoirs eux-mêmes, mais le désir que tout soit comme nous le voulons. La question ici concerne la vraie foi et l'abnégation - si vous voulez et êtes prêt à suivre le Christ, et non pas vos propres idées sur ce qui est correct et utile. Sans cela, c'est impossible.
En Russie, il est habituel de demander des conseils à des moments particulièrement importants de la vie à  un staretz, un père spirituel expérimenté, doté d'une grâce spéciale. C'est un désir ardent qui est profondément enraciné dans les traditions de l'Église orthodoxe russe. Mais en prenant des conseils, il faut se souvenir que cela exige de nous du travail spirituel: une prière forte, l’humilité et le repentir, la préparation et la détermination à accomplir la volonté de Dieu - tout ce dont nous venons de parler. Mais en outre, il faut prier avec ferveur que votre père spirituel soit éclairé par la Grâce du Saint-Esprit, que le Seigneur par Sa grâce par le père spirituel nous dévoilera Sa sainte volonté. Nous avons de telles prières; Les saints Pères ont écrit sur ce thème. Par exemple, nous avons cette prière introduite par Abba Isaïe:
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"O Dieu, accorde-moi ta miséricorde et ce qui T’est agréable, et inspire le père (le nom) pour qu’il me révèle quelque chose. "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

SOLIDARITE KOSOVO


"Heureux les artisans de paix" :
portrait du Père Ilarion

Chers amis,
Lors de son dernier séjour au Kosovo, au début du mois d'avril, Arnaud Gouillon était accompagné d’un volontaire, qui a découvert à cette occasion le monastère de Draganac et le Père Ilarion. Il raconte.

Aller au monastère de Draganac est en soi une aventure : en quittant la ville de Gnjilane, on s'enfonce directement dans les montagnes, sur une route mal entretenue qu'on quitte au bout de quelques kilomètres pour s'engager sur un chemin qui serpente dans une vallée encaissée. Au bout du chemin, la grande porte du monastère apparaît derrière un dernier virage.



Le monastère de Draganac, au coeur de l'hiver.
À l'intérieur, le Père Ilarion nous attend. Derrière sa longue et épaisse barbe brune, son visage rayonne d'une grande douceur. Il se dirige vers moi, et me salue... dans un français impeccable ! Voir ce grand moins serbe orthodoxe parler ma langue dans ce coin totalement isolés, après plusieurs jours à n'entendre que parler serbe, a été une sacrée surprise pour moi.
Mais j'ai bien vite découvert que ce n'est pas la seule surprise que cache le Père Ilarion. En effet, l'Igoumène (Père Abbé) du monastère de Draganac a une histoire exceptionnelle qui mérite d'être racontée.
À 22 ans, Rastko Lupulović – le nom de baptême du Père Ilarion – a une vie bien éloignée de celle d'un moine : "J'avais tout ce que les jeunes garçons rêvent d'avoir, explique le Père Ilarion : la gloire, l'argent, l'admiration de tous". Jeune, beau, charismatique : le jeune homme a déjà derrière lui une belle carrière d'acteur. Il a tourné dans plusieurs films à succès et a remporté le prestigieux Prix Sterijia. Mais ce n'est pas tout : il est aussi membre du groupe de rock „Kanda, Kodža i Nebojša“, qui lui aussi enchaine les succès et fait des concerts dans toute la Serbie.
"Pourtant, je sentais que tout ça ne me rendait pas vraiment heureux. J'avais une vie pleine de plaisirs, mais je ne trouvais pas le vrai bonheur. Et plus le temps passait, plus je sentais que je ne le trouverais pas dans cette vie-là."
"C'est là que je devais être."
Comme tous les jeunes Serbes, il est profondément marqué par la guerre de 1999. Pour lui, c'est un déclic : "Je me suis senti poussé à aller vivre au Kosovo auprès de mes frères Serbes d'abord, mais aussi pour essayer d'y apporter la paix". En 2000, il quitte tout ce qu'il a et devient moine au monastère de Visoki Decani. Un choix héroïque alors que la situation au Kosovo, et dans cette partie du Kosovo tout particulièrement, est encore explosive. "C'est là que je devais être. Le jour où j'ai pris cette décision, j'ai été immédiatement apaisé, j'ai su que c'était ce que je devais faire."
Rastko Lupulović devient Frère Ilarion. Le jeune homme riche et célèbre en quête du bonheur devient un moine comme les autres, isolé dans une enclave du Kosovo, qui ne cherche plus que la sainteté. Très vite, on lui donne une mission d'une importance fondamentale : il ira diriger le monastère de Draganac, dans l'Est du Kosovo. Le danger était grand à Decani, il l'est tout autant à Draganac : Depuis la guerre, deux moines ont été enlevés et tués. L'un sera retrouvé décapité, l'autre n'a toujours pas été retrouvé.


Le Père Ilarion et Arnaud Gouillon lors de l'inauguration de la ferme alpine de Solidarité Kosovo.
Dans cette région vivent 30 000 Serbes, qui ne restent que parce que les moines de Draganac restent. Le monastère est leur ancre, ils s'y accrochent avec énergie. Les moines le savent bien : "Pour rien au monde nous ne quitterons le monastère, dit le Père Ilarion. D'abord parce que nous savons que nos frères Serbes comptent sur nous, mais aussi parce que nous voulons montrer à nos voisins albanais que nous voulons vivre ici ensemble, en paix, dans le respect de nos différences. Notre monastère est un lieu saint ouvert à tous les hommes de bonne volontés. Notre rôle est de témoigner de l'Évangile, et nous le faisons en aimant toute personne qui vient nous voir".

Alors que sonne l'heure du départ, j'ose lui poser la question : "Mon Père, y a-t-il quelque-chose que vous regrettez de votre vie d'avant ?" Il m'a souri, m'a regardé droit dans les yeux et m'a répondu : "Non, rien. C'est maintenant que je suis vraiment heureux".

L'équipe de "Solidarité Kosovo"
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jeudi 18 mai 2017

Comment connaître la volonté de Dieu (1)


Comment connaître la volonté de Dieu

Au cours de nos vies, nous sommes souvent confrontés au choix de ce que l’on doit faire, du chemin à parcourir et non seulement de cheminer sur ce chemin, mais de savoir si ce chemin correspond à la volonté de Dieu pour nous. Et comment pouvons-nous connaître la volonté de Dieu? Comment savons-nous que nous faisons le bon choix? Plusieurs pasteurs de l'Église russe offrent leurs conseils: 
Archiprêtre Igor Choumilov:
Comment connaître la volonté de Dieu? Principalement grâce à la Sainte Écriture, en  s'entraînant continuellement à la lire et en étudiant les commentaires et les enseignements de la patristique. Il faut aussi beaucoup prier et demander au Seigneur de vous enseigner Sa volonté.
Père Pierre Gouryanov:
La question de savoir comment apprendre la volonté de Dieu est peut-être l'une des plus importantes de nos vies. Vous conviendrez que la volonté de Dieu est le critère le plus précis et le plus fidèle de ce qu'il nous faut faire.
Pour apprendre ou sentir la volonté de Dieu dans telle ou telle situation, il faut beaucoup de choses, y compris une bonne connaissance de la Sainte Écriture, une délibération dans la prise de décision et le conseil d'un père spirituel.
Afin de bien comprendre les Saintes Écritures, , elles doivent d'abord être lues avec la prière, c'est-à-dire qu’il ne faut pas les lire comme un texte de délibération, mais comme un texte à comprendre par la prière. Deuxièmement, pour comprendre l'Écriture sainte, nous devons, comme le dit l'apôtre, «ne pas nous conformer à ce monde, mais être transformé par le renouvellement de l’intelligence» (cf. Rm 12: 2). Le verbe grec "conformer" - "συμμορφώνονται" signifie avoir un cadre commun avec cet âge: c'est-à-dire, comme on dit: «tout le monde pense ainsi aujourd'hui", c'est une sorte de cadre, et nous ne devons pas le respecter . Si nous voulons connaître la volonté de Dieu, nous devons délibérément rejeter et ignorer ce que l'un des sages du dix-septième siècle, Francis Bacon, a appelé les «idoles de la foule», c'est-à-dire les opinions de ceux qui nous entourent.
Il est dit à tous les chrétiens sans exception: je vous exhorte donc, frères, par les compassions  de Dieu... Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.(Rm 12: 1-2); C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur(Éphésiens 5:17). Et généralement, la volonté de Dieu ne peut être découverte que par la communion personnelle avec Lui. Par conséquent, une relation étroite avec Lui, la prière et Son service sont des conditions préalables à la recherche de la réponse à notre question.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après





mercredi 17 mai 2017

«Le mystère et le sens théologique des icônes de la Résurrection», une interview de Jean-Claude Larchet dans l’hebdomadaire de l’Église roumaine « Lumina de Duminica »


« Lumina de Duminică », version hebdomadaire du quotidien de l’Église roumaine  « Ziarul Lumina » a publié hier, dimanche 14 mai, une nouvelle interview de Jean-Claude Larchet sur les icônes de la Résurrection. On en trouvera ici la version roumaine et ci-dessous la version française.
Le mystère et le sens théologique des icônes de la Résurrection
Interview de Jean-Claude Larchet par Ionuţ Aurelian Marinescu
  1. Pourquoi au sein de l’Orthodoxie l’icône de la Résurrection du Christ présente-t-elle la descente de Notre Seigneur aux Enfers et non pas Sa sortie du tombeau ?
Il y a eu un débat à ce sujet: le célèbre iconographe et iconologue Léonide Ouspensky a consacré un article spécial à cette question à cause de son caractère problématique.
En fait la vraie icône de la résurrection est la seconde, qui représente les femmes myrophores devant le tombeau vide, avec un ange qui leur annonce la Résurrection. C’est d’ailleurs la plus ancienne: le plus ancien exemplaire qu’on en connaît date du IIIe siècle, tandis que le plus ancien exemplaire de l’icône de la Descente aux enfers ne date que du VIe.
Il est paradoxal que l’icône relative à la plus grande de Ses fêtes (et au plus grand événement de Son Économie salvatrice – car « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Co 15, 17) – le Christ ne soit pas représenté, alors qu’Il est représenté sur toutes les autres icônes des fêtes qui célèbrent les autres étapes de cette Économie.
Le Christ ressuscité n’apparaît pas pour plusieurs raisons:
1) en signe du caractère inouï de l’événement;
2) parce que les quatre Évangiles ne fournissent aucune explication du mode de la résurrection et que les icônes sont toujours fidèles au récit évangélique; la Tradition reste également muette à ce sujet;
3) du fait que le corps ressuscité n’est pas immédiatement perceptible: Marie de Magdala ne reconnaît pas le Christ près du tombeau avant qu’Il ne Se révèle à elle (Jn 20, 14-16) ; les disciples à Emmaüs ne l’identifient pas non plus: « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Lc 24, 16); même les anges ne le perçoivent pas, comme le dit un stichère des matines du ton 5 : « Tes anges incorporels ne perçurent pas Ta résurrection »).
  1. Quels sens théologiques doit donner le chrétien orthodoxe aux éléments iconographiques mis ensemble dans la représentation de la Résurrection de Notre Seigneur?
1) La Descente aux enfers est un fait très important. C’est le point le plus bas de la kénose du Fils de Dieu. C’est une étape majeure de Son Économie salvatrice, puisqu’il fait bénéficier tous les justes de l’Ancien Testament (autrement dit de tous les siècles qui ont précédé Son incarnation) du salut qu’Il a acquis à toute l’humanité, les libérant du pouvoir du diable, du péché et de la mort, et donnant aussi à tous les hommes qui ont vécu avant Sa venue parmi nous de pouvoir ressusciter.
Alors que l’icône des myrophores devant le tombeau vide est factuelle, l’icône de la Descente aux enfers présente surtout les effets spirituels de cette dernière. Elle a une forte dimension symbolique.
a) Le Christ est représenté avec Son corps, alors que les textes liturgiques nous disent qu’Il est descendu aux enfers avec Son âme tandis que Son corps reposait dans le tombeau (voir la Liturgie de saint Jean Chrysostome: « Dans le tombeau avec Ton corps, dans les enfers avec Ton âme, en tant que Dieu, au paradis avec le Larron, et sur le trône aussi Tu étais avec le Père et l’Esprit, ô Christ, Toi qui emplis tout et qu’aucun lieu ne peut contenir »).
b) L’enfer est représenté par un espace noir (qui signifie « les ténèbres extérieures », un monde imperméable à la Lumière divine). Ses portes sont à terre, croisées, foulées aux pieds par le Christ; des clés, des verrous ouverts, des chaînes déployées, y sont répartis, tout cela signifiant que le Christ a ouvert les portes de l’Hadès qui étaient jusqu’alors verrouillées pour en faire sortir ceux qui y étaient enfermés, qu’il a libérés de leurs chaînes ceux qu’il retenait captifs. Sur certains icônes, on voit à terre, les mains et les pieds liés, un homme qui représente le diable désormais réduit à l’impuissance.
c) L’icône représente en son centre Adam et Ève qui sont tirés par le Christ de leurs tombeaux comme si le Christ les ressuscitait. Or Il ne les ressuscite pas; Il les libère de l’Hadès et l’icône annonce leur résurrection future, en même temps que celui de tous les autres hommes (car ils sont, en tant que premiers parents, les racines de toute l’humanité).
Les Évangiles ne mentionnent pas la descente du Christ aux enfers (de même qu’ils ne mentionnent pas les modalités de Sa résurrection), mais saint Pierre y fait deux allusions (Ac 2, 24-32; 1 P 3, 19), et les services liturgiques du Grand Samedi en parlent beaucoup.
2) L’icône des myrophores devant le tombeau vide est riche de contenu: le fait que le Christ ne soit pas représenté montre que Sa Résurrection fait l’objet de notre foi, ce que souligne d’ailleurs fortement aussi l’épisode de Thomas: « parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20, 29). Un autre enseignement de cette icône est que ce sont les femmes qui se rendent les premières au tombeau, et que c’est à elles et non aux disciples qu’est annoncée en premier la Résurrection (une belle expression de la valorisation des femmes par le christianisme et du fait qu’elles surpassent souvent les hommes en piété!). À leur tête Marie de Magdala, la pécheresse repentie. Un autre enseignement fort, qui coïncide avec plusieurs enseignements des Évangiles (Lc 15, 7 ; Mt 21, 31-32)!
  1. Quels repères iconographiques soulignent la divinité de Jésus-Christ dans la représentation de la Résurrection du Christ?
Dans l’icône des femmes myrophores devant le tombeau vide, la présence du Christ qui a vaincu la mort par la toute-puissance de Sa divinité, est paradoxalement signifiée par son absence. C’est une représentation que l’on peut qualifier d’apophatique.
Dans l’icône de la descente aux enfers, la divinité du Christ est affirmée par la mandorle ou le triple cercle et leur rayonnement lumineux (souligné aussi par le vêtement blanc ou doré du Christ), mais aussi par le dynamisme de Sa posture et la force de Son geste lorsqu’il tire Adam et Ève de leurs tombeaux.
  1. Comment peut l’icône peut-elle aider celui qui est faible dans la foi et comment peut-elle être correctement comprise par quelqu’un qui ne la pratique pas?
Les icônes expriment par des images les récits des Évangiles ou d’écrits apocryphes reçus par l’Église (comme dans l’icône de la Dormition, qui suit le récit du Protoévangile de Jacques). De même que les Saintes Écritures, elles n’agissent pas de façon magique, automatique, mais supposent un minimum d’adhésion de celui qui les aborde. Comme dans toutes les réalités ecclésiales dans lesquelles la grâce se transmet, vaut le principe de la synergie cher à la spiritualité orthodoxe (la grâce n’agit qu’à proportion de la réceptivité de l’homme, de manière à préserver sa liberté). Il est clair en particulier que l’icône des myrophores devant le tombeau vide fait appel à notre foi, comme le tombeau vide lui-même a fait appel à la foi des femmes myrophores puis des apôtres. Néanmoins, parfois une grâce est donnée sans que l’homme fasse quelque chose pour la recevoir. Certains hommes reçoivent des révélations (ou du moins des signes divins) non parce qu’ils en sont dignes, mais de manière gratuite, parce que Dieu juge que c’est la façon la plus appropriée de les convaincre ou de réorienter leur vie. Les non-croyants bénéficient de plus de miracles que les croyants (les premiers chrétiens s’en étonnaient déjà), parce que, comme l’expliquent saint Jean Chrysostome et saint Jean Cassien, chez les croyants la foi rend les signes inutiles. Sans aller jusque-là, l’icône bénéficie d’un pouvoir particulier, celui de l’image, qui est supérieur, pour emporter la conviction, à celui des concepts et des mots. Ceux-ci nous mettent en face d’une idée, tandis que l’image nous met en face d’une réalité.
On dit souvent que les fresques qui couvrent l’intérieur (et parfois, comme en Roumanie, l’extérieur) des églises, ont été conçues comme des catéchismes à l’intention des enfants et des illettrés. Mais elles sont pour tous un complément des Saintes Écritures qui nous donne, d’une autre façon qu’elles, un certain accès à la Révélation. Par son cadre, par sa perspective inversée, l’icône est une interface dont le contenu va vers le spectateur et en même temps l’entraîne à l’intérieur d’elle-même. Autrement dit toute icône établit une communion. Le mode de représentation propre à l’icône (si celle-ci est conforme à la tradition) permet à celui qui la regarde de transcender la dimension naturelle de la réalité représentée et lui donne accès à la dimension surnaturelle dont elle est porteuse. Elle n’est pas une représentation simplement humaine, mais une représentation divino-humaine. Même si la dimension divine ne peut être exprimée que par des moyens symboliques, elle se manifeste néanmoins avec une certaine force, qui touche à un certain degré toute personne qui la regarde avec respect. L’icône transmet une grâce: au niveau le plus élémentaire elle interpelle, à un niveau moyen elle appelle, au niveau supérieur elle révèle et unit dans une communion spirituelle.

Orthovideo: Patience de la Mère de Dieu - Mont Athos


Si les sous-titres n'apparaissent pas, vous pouvez les activer en cliquant sur l'icône en bas, (4ème à gauche). 
Extrait d'une conférence de Géronda Ephrem en 2013 à Thessalonique. 
Icône de la Mère de Dieu "Vimatarissa" de Vatopedi. Chant des moniales d'Ormylia.

mardi 16 mai 2017

Sur le blog de Maxime: "ANTICOMMUNISME PRIMAIRE" de naguère, RUSSOPHOBIE d'aujourd'hui … pas moins primaire


Les russophobes incultes et incroyablement bornés ne se rendent même pas compte à quel point ils sont tout simplement complètement intoxiqués par la propagande destinée à maintenir la guerre froide que mène contre la Russie la partie la plus agressive, impérialiste et bornée du monde anglo-saxon qui veut continuer à contrôler le monde entier depuis au moins le XIX°s. Vieille problématique géopolitique, mégalomaniaque et mortifère qui empoisonne le monde entier et ne cesse de vouloir nous entraîner dans toutes sortes de guerres et partis pris qui ne nous servent en rien. 

La chaîne Arte qui présente quelquefois le meilleur et bien trop souvent le pire ne cesse en tout cas d'alimenter cette propagande jusqu'à montrer dans une de ces dernières productions Splendeur et misère des tsarines allemandes à quel point ces princesses allemandes, sacrifiées par leur famille, qui auraient tant apporté de civilisation à cette Russie de sauvages ont tant souffert d'être éloignées de leur pays d'origine et leur famille, obligées qu'elles ont été de subir en outre une "nouvelle religion" (sic). Le film est à ce point caricatural et manichéen qu'il présente sans honte une alternance de tableaux montrant la splendeur multicolore d'un  luxe présenté évidement comme immoral et de dérisoires reportages sur la vie contemporaine de quelques institutions  consacrées à la préservation du patrimoine avec des dessins caricaturaux en noir et blanc, dans un style expressionniste,  pour montrer la misère de ces pauvres princesse expatriées… C'est tellement minable. À quel public prétendu "cultivé" s'adresse cette télévision ?


Encore une fois on a espéré vainement, naïvement, et pour finir misérablement (quelle pitié !) qu'un nouveau président des USA contribuerait à apporter un peu de mesure et de paix dans ce monde. Que dalle!
Rien ! L'orgueil luciférien des impérialistes est incommensurable et insatiable. Quelle différence entre "In God we trust" et "Gott mit uns"? Aucune, leur Dieu c'est Mammon. Que de la diablerie infernale et sans limite, ça oui ! Quelle horreur !


Pourquoi cette diatribe ? Parce que quelques photos parues sur le blog de Laurence, faites par une photographe russe montrent modestement à quel point cette sensibilité à la beauté existe dans le peuple russe même. Parce que nulle autre culture n'aurait pu produire une phrase comme celle ci " La beauté sauvera le monde".




L'icône et l'enfant





Les sous titres en français sont accessibles en cliquant en bas de la vidéo à droite sur  le premier bouton

lundi 15 mai 2017

Pourquoi nos Pères de l'Eglise considèrent-ils la mort comme un don de Dieu?




La mort est toujours quelque chose qui suscite le chagrin dans nos cœurs. Alors, pourquoi devrions-nous la considérer comme un don de Dieu? La réponse évidente est que la mort est le seul chemin vers le Royaume de Dieu. 

C'est dans la mort que nous sommes renvoyés dans Son royaume éternel. Bien sûr, ce n'est pas seulement en mourant que nous y entrerons, mais il faut aussi avoir une âme qui désire Dieu avec amour, et une vie où nous nous sommes efforcés continuellement de faire Sa volonté. Cela ne signifie pas que nous serons parfaits ou sans péché, car seul le Christ est sans péché, mais qu'il faut s'efforcer vers cette perfection, car nous aimons Dieu de tout notre cœur.

Nous pouvons regarder la façon dont le Christ a fait face à la mort pour comprendre la nature de ce chemin. D'abord, rappelez-vous comment le Christ a souffert en chemin vers la Croix? Par cela, il voulait que nous sachions que le chemin n'est pas facile et qu'il est souvent rempli de douleurs et de difficultés. 

Deuxièmement, réfléchissez à la façon dont nous démontrons notre fidélité grâce à notre endurance à la douleur et devant la difficulté. 

Troisièmement, la meilleure nouvelle de toutes, la base de l'Évangile: soyez assuré qu'il y a de l'espoir pour notre résurrection. Le Christ nous montre que si nous sommes fidèles, la mort n'est qu'une transition de cette vie mondaine à une vie dans Son royaume.

Il est important de rappeler que le but de notre vie n'est pas la richesse, le bonheur, le bien-être. Nous espérons que nous recevrons ces dons, mais le but est de devenir unis avec Lui par notre obéissance et notre mort. 

Notre vie est aussi un don qui nous est donné afin que nous puissions purifier notre âme et développer ce véritable amour de Dieu pendant que nous éprouvons les merveilles et les beautés de Sa création.

Les Pères nous apprennent aussi que l'une des façons d'assurer que nous vivons une vie pure est de nous rappeler chaque jour la réalité de notre mort éventuelle... pas de manière morbide ou négative, mais d'une manière optimiste, en voyant la réalité de notre vie à venir dans Son Royaume que l'on gagne par la mort.

Dans cette perspective nous constatons que beaucoup de désirs qui nous donnent une vie stressante ne sont pas vraiment importants dans cette image plus large. Réfléchissez à la façon dont vous voyez le but de votre vie. Comment voyez-vous la réalité de votre mort? Pouvez-vous la voir comme quelque chose de positif?

Lorsque nous perdons un être cher alors qu'il va sur le chemin de l'union avec Dieu, nous avons du mal à l'accepter, et nous ressentons la grande perte de sa présence. Cela aussi est normal, car même le Christ a pleuré au tombeau de Son ami Lazare. 

La douleur est à prévoir et nous pouvons nous rappeler que notre perte est le gain de celui qui s'est endormi dans le Seigneur. 

Nous disons qu'il s'est endormi car la mort n'est pas vraiment la mort, mais une transformation de la vie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Jean-Claude LARCHET/ Recension: Métropolite Hilarion Alfeyev, Image de l’Invisible. L’art dans l’Église orthodoxe, Éditions Sainte-Geneviève, Épinay-sous-Sénard, 2017, 371 p.


Métropolite Hilarion Alfeyev, Image de l’Invisible. L’art dans l’Église orthodoxe, Éditions Sainte-Geneviève, Épinay-sous-Sénard, 2017, 371 p.

Ce livre de Mgr Hilarion Alfeyev (métropolite de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou) est le troisième volume d’une série présentant divers aspects de l’Église orthodoxe. Les deux premiers volumes (L’Orthodoxie, vol. I, Histoire et structures canoniques de l’Église orthodoxe et L’Orthodoxie, vol. II, La doctrine de l’Église orthodoxe), ont été publiés respectivement en 2009 et 2012 aux Éditions du Cerf. Il était prévu que les volumes suivants y paraissent aussi, mais la nouvelle direction ayant drastiquement réduit la publication de livres orthodoxes, l’auteur a dû migrer chez un autre éditeur, lequel en l’occurrence a fait un beau travail de présentation, proche de l’édition originale publiée à Moscou par le monastère de Sretenski.
Comme l’indique son sous-titre, l’ouvrage traite de « l’art dans l’Église orthodoxe » et comporte trois parties: 1) L’architecture des églises orthodoxes; 2) L’iconographie orthodoxe; 3) La musique liturgique.
Ces études se présentent moins comme des réflexions ou des commentaires spirituels que comme des articles d’encyclopédie, qui présentent à chaque fois un historique et un descriptif de la question, illustré par une abondante iconographie marginale en noir et blanc, et pour une part en couleur dans un cahier central.
L’ouvrage est bien documenté, Mgr Hilarion s’appuyant sur sa vaste culture personnelle, mais aussi sur les travaux préparatoires d’une équipe de documentalistes qui œuvre pour certains de ses ouvrages. On apprécie aussi le caractère pédagogique de l’exposé. Tout cela fait de cet ouvrage un excellent manuel d’initiation à ce que l’on peut appeler « l’art liturgique » orthodoxe (car en fait les trois formes d’art abordées trouvent leur expression et leur finalité dans la liturgie). Ce travail s’intègre à l’œuvre pastorale considérable que Mgr Hilarion, animé par des capacités et une force de travail hors pair, développe depuis de nombreuses années parallèlement à ses activités « diplomatiques » officielles, et qui se traduit aussi par une multitude de traductions patristiques, de publications de livres et d’articles, de conférences, et de documentaires filmés pour la télévision.
Les parties consacrées à l’architecture et à l’art abordent des thèmes déjà abondamment étudiés ailleurs, mais l’auteur en propose une synthèse historique et doctrinale qui les situent dans la perspective ecclésiale orthodoxe et qui est particulièrement utile dans le cadre d’une initiation ou d’une révision de notions déjà acquises.
L’exposé de Mgr Hilarion se révèle particulièrement précieux dans la troisième partie, consacrée à la musique, sur laquelle on trouve dans la littérature moins de documents que sur l’architecture et l’iconographie. L’auteur fait bénéficier le lecteur de sa grande compétence en la matière puisque, avant de devenir moine et de s’élever dans la hiérarchie ecclésiastique, il mena pendant une quinzaine d’années des études musicales au plus haut niveau.
Dans la liste des grands compositeurs de musique liturgique et religieuse qu’il présente (et qui comporte entre autres les noms de Lvov, Lomakine, Glinka, Bortnianski, Tchaïkovski, Rimski-Korsakov, Katalsi, Arkhangelski, Tchesnokov, Rachmaninov, Gretchaninov, Troubatchev et Sviridov) il faudrait – ce que sa modestie l’empêchait de faire – ajouter son nom, car il est, dans le domaine de la musique liturgique et religieuse polyphonique, l’auteur d’une œuvre déjà considérable et d’une qualité qui égale celle des plus grands compositeurs. Parmi ses œuvres liturgiques les plus connues (dont existent des enregistrements sur CD diffusés en Russie, et divers enregistrement vidéo), on peut citer: « La Divine Liturgie » et « Les Vigiles », à quoi l’on peut ajouter, parmi les œuvres non liturgiques mais d’inspiration religieuse: « La Passion selon saint Matthieu », un « Oratorio de Noël », un « Stabat Mater », et diverses compostions réunies dans un CD intitulé « Lumière passée et future ».
L’intérêt du Métropolite Hilarion pour le chant polyphonique russe moderne ne le conduit pas à dévaloriser le chant traditionnel znammeny (dont il a fortement soutenu la renaissance en Russie), ni a ignorer les formes musicales des autres Églises locales qui sont également présentées dans ce volume. À noter qu’il garde même une certaine distance critique par rapport au chant polyphonique sophistiqué qui reste très présent dans les grandes églises (qui emploient de manière aberrante des chœurs professionnels dont certains membres sont non croyants), puisque de même que le P. Georges Florovsky parlait d’une « captivité de Babylone » à propos de la théologie russe du XIXe et du début du XXe siècle, Mgr Hilarion déplore avec raison que « les normes esthétiques de la “captivité italienne” (c’est-à-dire des XVIIIe-XIXe siècles) continuent à dominer le répertoire des chorales ».
La partie du livre consacrée à la musique se termine par un chapitre original et intéressant sur les cloches qui, comme le note l’auteur dans son introduction, produisent « la seule forme de musique instrumentale non seulement universellement admise par l’Église orthodoxe, mais faisant partie intégrante de sa liturgie ».
Jean-Claude Larchet

dimanche 14 mai 2017

Icône de la Mère de Dieu "Joie Inattendue" [«Нечаянная Радость»]


L'icône de la Mère de Dieu "Joie Inattendue,"représente la sainte Génitrice de Dieu tenant l'enfant Jésus, et à gauche, se trouve un homme en prière. 

Selon saint Dimitri de Rostov, un homme priait chaque jour devant l'icône de la Mère de Dieu qu'il vénérait grandement, mais il était pécheur, et un jour, alors qu'il était en oraison devant le Sauveur et Sa Mère, il vit s'ouvrit les plaies du Christ et du sang en couler. 

Il s'écria alors: " Mère de Dieu, qu'est ceci?" 

Et la Toute Pure répondit: "Toi-même, ainsi que les autres pécheurs, à cause de vos péchés, vous crucifiez à nouveau mon Fils."

Alors les yeux de l'homme s'ouvrirent, il comprit que sa vie pécheresse le conduisait à la perdition. Il pria longuement devant l'icône pour demander au Christ et à Sa Mère, le pardon de ses péchés et la miséricorde divine. Et il reçut en retour cette Joie inattendue du pardon de ses péchés.


Cette icône est fêtée le 25 janvier/7 février et le 1/14 mai.


Version française Claude Lopez-Ginisty

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

1/14 mai
5ème dimanche de Pâques, de la Samaritaine

Saint Jérémie, prophète (VIIIème s. av. J.-C.) ; sainte Isidora, vierge, ermite en Égypte (vers 370) ; saint Bata, moine perse, martyr (IVème s.) ; sainte Thamar (ou Tamara), reine de Géorgie (1213) ; saint Paphnuce de Borovsk (1478) ; saint Macaire, métropolite de Kiev, martyr (1497) ;saint Gérasime de Boldino (1554) ; saints néomartyrs athonites Euthyme (1814), Ignace (1814) et Acace (1815)  sainte martyre Nina (Kouznetsov) (1938).

Lectures : Actes XI, 19-26,29-30 / Jean. IV ,5-42






AU SUJET DE LA SAMARITAINE

 

L

e cinquième dimanche après Pâques, est commémoré le dialogue entre le Seigneur Jésus-Christ et la femme samaritaine. Cet événement, qui eut lieu lors de la Pentecôte juive, est commémoré ce dimanche parce qu’il constitue le témoignage manifeste de la gloire Divine du Sauveur ressuscité. En effet, après le dialogue avec le Seigneur, la Samaritaine et ses concitoyens furent convaincus que l’initiateur du dialogue, est réellement le Sauveur du monde, le Christ (Jn. IV, 41-42). Dans Ses paroles « L’heure vient et nous y sommes, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité », le Seigneur Jésus-Christ montre le caractère distinctif de l’office chrétien par rapport à l’office vétérotestamentaire : l’office chrétien est l’adoration la plus élevée et la plus parfaite, un service spirituel et véritable, contrairement au sacrifice vétérotestamentaire, sensuel et préfigurant. Prie Dieu en esprit celui qui, prononçant les paroles de la prière, les dit non pas seulement avec les lèvres, mais de toute son âme et de tout son cœur ; celui qui, se protégeant avec le signe de la Croix du Christ regarde en esprit le Seigneur crucifié Lui-même sur la Croix ; celui qui, inclinant son cou, incline son cœur et son âme devant Dieu ; celui qui, se prosternant à terre, se remet tout entier entre les mains de Dieu dans une profonde humilité et la contrition du cœur, dans la soumission complète à la volonté de Dieu ; celui qui, se tenant devant l’icône du Seigneur ou de Sa Très-Pure Mère, se tient devant le Seigneur ou la Mère de Dieu eux-mêmes. L’office de ce jour rappelle en outre que c’est par des « douces paroles », que le Christ amène la Samaritaine « à demander l’eau éternelle » (doxasticon des laudes).



Tropaire de Pâques, ton 5
Хpистócъ вocкpéce изъ ме́ртвыхъ, cме́ртію cме́рть попра́въ и су́щымъ во гробѣ́xъ живо́тъ дарова́въ.
Le Christ est ressuscité des morts, par Sa mort Il a vaincu la mort, et à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné la Vie.

Tropaire du dimanche du 4ème ton
Свѣ́тлую воскреснiя про́повѣдь отъ А́нгела yвѣ́дѣвша Го́сподни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Áпостоломъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.

Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
Tropaire de la Mi-Pentecôte, ton 8
Преполови́вшyся пра́зднику, жа́ж-дущую ду́шу мою́ благоче́стія напо́й вода́ми, я́ко всѣ́мъ Спа́се возопи́лъ ecи́ : жа́ждай да гряде́тъ ко мнѣ́ и да пiéтъ, исто́чниче жи́зни на́шея Христе́ Бо́же, сла́ва Тебѣ́.
À la mi-fête, abreuve aux flots de la piété mon âme assoiffée, car Tu as, ô mon Sauveur, crié à tous : « Vienne à moi et boive quiconque a soif ! » Source de Vie, Christ Dieu, gloire à Toi !

 

Kondakion de la Samaritaine, ton 8

Bѣ́poю прише́дшая нa кла́дязь Caмapяны́ня, ви́дѣ Tя́ прему́дрости во́ду, е́юже напои́вшися оби́льно, ца́рствie вы́шнее наслѣ́дова вѣ́чно, я́ко присносла́вная.

Par sa foi, la Samaritaine, venue au puits vit en Toi l’eau de la Sagesse ; s’en étant abondamment abreuvée, elle reçut en héritage le Royaume d’en haut, elle qui est toujours digne de louanges.
Kondakion de la Mi-Pentecôte, ton 4
Пра́зднику зако́нному препо-ловля́ющуся, вcѣ́хъ Твópче и Влады́ко, къ предстоя́щымъ глаго́лалъ ecи́ Xpисте́ Бо́же : пріиди́те и подчерпи́те во́ду безсме́ртія, тѣ́мже Тебѣ́ припа́-даемъ, и вѣ́рно вопіе́мъ : щедро́ты Твоя́ да́руй на́мъ, Ты́ бо ecи́ исто́чникъ жи́зни на́шея.
Créateur et Maître de toutes choses, Christ Dieu, Tu as dit au milieu de la fête légale à ceux qui étaient présents : « Venez et puisez l’eau de l’immortalité ». C’est pourquoi nous nous prosternons devant Toi et crions avec foi : « Accorde-nous Tes miséricordes, car Tu es la Source de notre vie. 

Au lieu de « il est digne en vérité » (ton 1):
А́нгелъ вопiя́ше Благода́тнѣй: Чи́стая Дѣ́во, ра́дуйся, и па́ки реку́: Ра́дуйся! Тво́й Сы́нъ воскре́се тридне́венъ отъ гро́ба и ме́ртвыя воздви́гнувый: лю́дiе веселит́еся. Свѣти́ся, свѣти́ся Но́вый Iерусали́ме, сла́ва бо Госпо́дня на Тебѣ́ возсiя́. Лику́й ны́нѣ и весели́ся, Сiо́не. Ты́ же, Чи́стая, красу́йся, Богоро́дице, о воста́нiи Рождества́ Твоего́.

L’Ange s’écria à la Pleine de Grâce : Vierge pure, réjouis-Toi, et je Te répète « Réjouis-Toi », car Ton Fils est ressuscité le troisième jour du Tombeau, et, ayant redressé les morts, peuples réjouissez-vous. Resplendis, resplendis, nouvelle Jérusalem, car la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Exulte maintenant et réjouis-toi Sion. Et toi, toute pure Mère de Dieu, réjouis-toi en la Résurrection de Ton Fils.


HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR LA LECTURE DES ACTES DES APÔTRES DE CE JOUR
La persécution ne servit pas peu au progrès de la parole de Dieu : « Pour ceux qui  aiment Dieu », dit saint Paul « tout concourt « au bien ». (Rom. VIII, 28.) Si donc, on se fût proposé de propager l'Église, on n'eût pas fait autre chose : je veux dire, autre chose que disperser les docteurs. Voyez jusqu'où s'étendit cette prédication: «Ils allèrent », disent les Actes, « jusqu'en Phénicie et en Chypre, et à Antioche, n'enseignant la parole à personne, si ce n'est aux Juifs ». Voyez-vous comment tout se passa par l'action de la Providence pour Corneille? Ceci sert à la défense du Christ et à l'accusation des Juifs. Lors donc qu'Étienne est mis à mort, que deux fois Paul est en danger, que les apôtres sont flagellés, les nations et les Samaritains sont reçus à la foi. Et Paul le proclame en disant : « Il fallait d'abord vous enseigner la parole de Dieu, mais vous vous en êtes vous-mêmes jugés indignes, voici donc que nous nous dirigeons vers les nations ». (Act. XIII, 46.) Ils parcoururent donc les nations et les instruisirent. « Quelques-uns d'entre eux, des hommes de Chypre et de Cyrène, étant venus à Antioche, conversaient avec les Grecs, et leur annonçaient le Seigneur Jésus. Et la main du Seigneur était avec eux, et un grand « nombre crut et se convertit au Seigneur Jésus ». Il est vraisemblable, du reste, qu'ils savaient la langue grecque, et qu'il y avait un grand nombre de ces hommes à Antioche. « Et la main du Seigneur,» disent les Actes, « était avec eux », c'est-à-dire, ils faisaient des prodiges. Ne voyez-vous pas qu'il fut besoin de prodiges pour les porter à croire ? «Cette nouvelle parvint aux oreilles de l'Église qui était à Jérusalem, et on députa Barnabé pour aller jusqu'à Antioche ». Pourquoi donc, lorsqu'une si grande ville recevait la parole de Dieu, n'y allèrent-ils pas eux-mêmes, et y envoyèrent-ils Barnabé ? Ce fut à cause des Juifs. Cependant, ce qu'il y a à faire est d'une grande importance, et d'une si grande, que Paul doit se rendre à Antioche. Ce n'est pas sans raison, mais tout à fait d'après les vues de la Providence, qu'on déteste Paul, afin que ne soit pas renfermée dans Jérusalem la voix de la prédication, la trompette du ciel. Ne voyez-vous pas comment, partout, suivant qu'il l'a décrété dans les cieux, le Christ se sert pour le bien, de la malice des Juifs, et même de la haine qu'ils portent à Paul pour édifier l'Église des gentils? Examinez aussi ce saint homme, je veux dire Barnabé, comme il s'oublie lui-même et court à Tarse : «Lorsqu'il fut arrivé (à Antioche), voyant la grâce de Dieu, il s'en réjouit; et il les exhortait tous à persévérer dans le Seigneur dans le dessein de leur cœur, parce qu'il était un homme juste, rempli de l'Esprit-Saint et de foi. Et une foule nombreuse fut acquise au Seigneur. Barnabé partit pour Tarse, afin d'y aller chercher Paul, et l'ayant trouvé, il le conduisit à Antioche ». Barnabé, homme simple et bon, était l'ami de Paul. C'est à cause de cela qu'il alla chercher l'athlète, le général, le lutteur, le lion : Je ne sais ce que je dois dire, car quoi que je dise, mes paroles seront toujours au-dessous de la grandeur de Paul. Barnabé alla donc vers la lampe éclatante, vers la bouche assez puissante pour enseigner l'univers. C'est réellement à cause du long séjour de Paul à Antioche, que les fidèles furent appelés chrétiens. «Et il advint qu'ils restèrent une année tout entière avec l’Église ; ils instruisirent une foule nombreuse, et c'est à Antioche pour la première fois que les disciples furent appelés chrétiens ». C'est une grande gloire pour cette ville; car cela la place bien haut entre toutes les autres, d'avoir possédé la première pendant un si long temps, cette voix éloquente. C'est de là que tout d'abord les disciples furent honorés de ce nom: Ne voyez-vous pas à quel haut rang Paul éleva cette ville, et quelle célébrité il lui donna? C'est l'œuvre de Paul. Là, où trois mille et cinq mille avaient cru, ainsi qu'une si grande multitude, rien de semblable n'arriva, et les disciples, disait-on seulement, marchaient dans la voie du Christ : à Antioche on les nomma chrétiens. «Il vint dans ces jours de Jérusalem des prophètes à Antioche ». Comme c'était là que devait être planté l'arbre fruitier de l'aumône, la providence pourvoit utilement à y envoyer des prophètes. Observez avec moi que nul des plus illustres apôtres ne fut le docteur des chrétiens d'Antioche ; ils eurent pour docteur des Cyrénéens, et Paul (celui-ci supérieur aux autres), de même que Paul avait eu pour maître Barnabé et Ananie; mais cela ne le rabaisse en rien, car il eut aussi pour maître le Christ.


Vie du saint hiÉromartyr BATA le PERSE
Originaire d’une famille chrétienne de Beit-Garmaï en Perse, saint Bata entendit, à l’âge de trente ans, la voix du Seigneur qui recommande dans son Évangile de tout quitter pour Le suivre. Il devint moine et mena une stricte vie ascétique, interdisant à ses sens d’ouvrir au plaisir l’accès de son âme. Il fut rapidement choisi comme higoumène et mena ses frères sur la voie du salut pendant une trentaine d’années, jusqu’à ce que Sapor (Shâpûr) II déclenche une nouvelle vague de persécutions (vers 364). Il laissa alors ses moines prendre la fuite, mais resta lui-même sur place, désirant ardemment parvenir à la perfection par le martyre. Arrêté par les adorateurs du feu, il fut conduit devant Yazdin, le frère du marzban (gouverneur) de Nisibe, qui essaya, mais en vain, de lui faire embrasser le mazdéisme. Les soldats lui déboîtèrent les bras, le frappèrent à coups de gourdins puis, l’ayant attaché par les organes génitaux, ils le traînèrent sur un terrain pierreux, sans toutefois parvenir à ébranler sa résolution. Aussi, après de nouveaux supplices, ils le décapitèrent.