samedi 1 avril 2017

Saint Jean de Cronstadt: La prière






"Notre Batiouchka [Petit Père], saint Jean de Cronstadt, juste et respecté parmi les saints, alors qu'il vivait encore, avait coutume de dire la chose suivante à ceux de ses amis qui étaient en esprit proches de lui: " Je sais bien que beaucoup, quelquefois éloignés à mille lieues d'ici, me connaissent et se souviennent de moi, à la différence de ceux qui vivent ici, près de moi. 
 
Tous ceux qui me commémorent et prient pour moi,  je prie Dieu pour eux, et par-delà le tombeau, ils seront près de moi, et ils prieront dans mon temple. Les prêtres semblables à moi en esprit et en prière, se souvenant de moi dans la prière, serviront ensemble avec moi dans la vie au-delà du tombeau."
Moine Juvian

(Le moine Juvian de Valaam, rapportant les paroles de néomartyr russe Raphael, lequel mourut en martyr le premier jour de Pâques en 1922, martyre que saint Jean de Cronstadt avait prophétisé)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Nun Maria Stakhovich & Sergius Bolshakoff
Interior Silence
Elder Michael, The Last Great Mystic of Valaam
New Valaam Monastery, Alaska
1992

vendredi 31 mars 2017

Bernard Le Caro: NOS OFFICES LITURGIQUES

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Office en l'église sainte Barbara de Vevey


Le grand confesseur de l’Église Orthodoxe Russe, le saint hiérarque Athanase de Kovrov († 1962), a écrit que « les offices et les règles de prière n’ont pas été créés par hasard et n’importe comment. Ce qui se trouve dans les livres liturgiques est le fruit des exploits dans la prière, qui ont parfois duré toute une vie, des meilleurs fils de l’Église. Et celle-ci a reçu et gardé ces paroles sacrées par lesquelles ils épanchaient leur âme devant Dieu. Guidée par le Saint-Esprit, la sainte Église a choisi ce qu’il y avait chez eux de meilleur, de plus nécessaire, le systématisant, corrigeant ce qui n’avait pas été achevé, l’amenant à une unité structurée ».

Ainsi, les offices de l’Église ce sont ces paroles des saints ascètes et autres saints que nous adressons à Dieu avec amour. Le staretz Porphyre (†1991) du Mont Athos nous donne ce conseil : « les offices de l’Église sont les paroles avec lesquelles nous parlons à Dieu… Lorsque nous suivons tous ensemble les saints offices, les paroles du Seigneur avec les Évangiles, l’épître, les canons et les tropaires de l’octoèque, le triode, les ménées, nous atteignons notre union avec le Christ… Il faut aller à l’église d’une autre façon, non par obligation et par contrainte, mais avec plaisir. Pour en arriver là, il faut être attentif, trouver son plaisir dans l’office, les tropaires, les lectures, les prières. Il convient de prêter attention à chaque mot, de suivre son sens. Comprenez, c’est de là que commence la joie ! Les offices sont une grande œuvre – c’est le tout. Je l’ai vécu. Il suffit que tout se fasse avec ardeur, intérêt, avec une attitude liturgique sincère, sans mélange, envers le Christ. Non pas comme une corvée, ni de façon mécanique ». 

Par l’office, nous sommes en communion avec les saints de tous les lieux et de tous les temps. Certains psaumes, faisant partie de l’office synagogal (par exemple les laudes) ont même, probablement, été lus ou chantés par le Seigneur Lui-même ! 

D’autres prières étaient connues des premiers chrétiens, comme par exemple la doxologie des matines. Que l’on pense encore que, dans l’office de la Nativité, nous chantons les hymnes de S. Grégoire le Théologien, archevêque de Constantinople (+389), de S. Romain le Mélode (+556) diacre de l’actuelle Beyrouth, de S. Jean de Damas (+780). Dans les offices des saints récents, nous chantons des tropaires ou kondakia composés par S. Jean Maximovitch (+1966) (office de S. Jean de Cronstadt), du staretz Païssios du Mont Athos (+1993) (office de S. Arsène de Cappadoce). Communions ainsi à cette richesse, en nous efforçant de l’approfondir, de pénétrer le sens des mots. 

C’est là une des possibilités « d’aller à la rencontre du Christ », comme il est dit dans le canon de la Nativité.

Bernard le Caro

jeudi 30 mars 2017

Père Robert M. Arida: Méditation sur le Canon de saint André de Crête


Le Canon de Saint-André est une trame à deux fils complémentaires. Il y a d'abord le volet historique, où saint André utilise habilement l'histoire du salut comme fondement de son hymne de repentance. C'est le Dieu aimant et compatissant, Qui Se révèle par ses actes de salut et Qui appelle l'auditeur au repentir. C'est le Dieu triune et tripersonnel Qui révèle à l'auditeur que l'œuvre du salut se poursuit ici et maintenant. En effet, le Seigneur Lui-même rappelle ceux qui l'accusent de violer la loi pour la guérison le jour du sabbat: "Mon Père agit jusqu'à présent et j'agis aussi" (Jean 5:17). Ce travail continu de Dieu forme le deuxième volet du canon qui nous appelle à la repentance personnelle et à reconnaître notre position et à répondre à l'activité de guérison de Dieu.

Ces fils complémentaires dans le Canon de Saint-André nous rappellent que les chrétiens sont appelés à être des ascètes. Notre baptême, notre participation à la mort et à la résurrection du Christ, nous rend citoyens du Royaume et étrangers au péché et à la corruption. 

Saint Paul nous enseigne que, puisque nous sommes participants à la Pâque du Seigneur, nous ne devons pas laisser le péché régner dans nos corps mortels. "Ne donnez pas vos membres au péché comme des instruments de méchanceté, mais donnez-vous à Dieu comme des hommes qui ont été ramenés de la mort à la vie, et vos membres à Dieu comme instruments de justice. Car le péché ne dominera pas sur vous, puisque vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la Grâce. "(Romains 6:12:14).

Par le baptême, nous sommes sous la grâce, nous sommes passés de la mort à la vie et donc devenus étrangers à un monde qui rejette l'ouverture de l'amour divin. Mais qui peut nier la réalité et la tentation du péché? Oui, dans le baptême nous sommes morts au péché! (Romains 6:11). Mais, comme saint Paul l'a reconnu, il n'a pas fait ce qu'il voulait, et il a recherché les choses qu'il haïssait. La loi du péché a mené une guerre spirituelle contre la loi de la Grâce. La loi du péché persista dans ses membres, cherchant à surmonter le don d'une vie nouvelle.

Parce que saint Paul était conscient de son propre péché, ilm fut capable de reconnaître la fragmentation ou la désintégration de sa propre personne. Il a reconnu que le Paul qui péchait était une caricature, une image déformée de Paul baigné dans la Grâce du baptême. "Car je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, c'est ce que je fais." (Romains 7:19)

On peut remarquer que la lutte décrite par saint Paul est la même lutte décrite dans le Canon de Saint-André. Comme l'histoire du salut se déroule à travers les tropaires du canon, nous sommes également confrontés au moi déformé, le moi qui subordonne l'esprit à la chair à cause d'une volonté erronée. Par conséquent, les passions, qui sont liées à notre nature, deviennent mal dirigées et tordues. Comme l'apôtre en difficulté, le canon exprime l'auto-découverte choquante de son auteur: "[...] Je suis convaincu par le verdict de ma propre conscience, qui est plus convaincante que toute autre chose dans le monde" (Ode 4).

L'appel à l'ascétisme est l'appel au vrai moi qui lutte pour soumettre la chair à l'esprit. C'est l'épreuve qui purifie les passions en permettant au don de la Grâce de guider et de nourrir la volonté. L'appel à l'ascétisme nous place sur le chemin de la vie transfigurée qui nous est déjà ouverte par la grande et sainte Pâque du Seigneur.

Lorsque les passions sont purifiées, lorsque la nature humaine et la volonté humaine sont en harmonie avec la volonté divine, le vrai moi émerge alors qu'il se développe selon la loi de la Grâce. Saint Antoine d'Egypte décrit ainsi la totalité ou l'intégration de la personne humaine: "Ce qui se passe selon la nature n'est pas péché; Le péché implique toujours le choix délibéré de l'homme. Ce n'est pas un péché de manger; c'est un péché de manger sans gratitude, et non pas d'une manière ordonnée et restreinte qui permettra au corps d'être maintenu en vie sans induire de pensée mauvaise. Ce n'est pas un péché d'utiliser ses yeux avec pureté; C'est un péché de regarder avec envie, arrogance et désir insatiable. C'est un péché d'écouter non pas paisiblement, mais dans la colère; C'est un péché de guider la langue, non vers l'action de grâces et la prière, mais vers la médisance; C'est un péché d'employer les mains, non pour des actes de compassion, mais pour des meurtres et des vols. Et ainsi, chaque partie du corps pèche quand, par son propre choix, elle n'accomplit pas des actes bons, mais mauvais, contrairement à la volonté de Dieu.

La vie ascétique devrait être notre réponse repentante à l'Amour de Dieu. Par cette réponse, l'icône du vrai moi rayonnera avec la Lumière Incréée. Par la lutte ascétique, la chair sera transformée en temple du Dieu vivant. Telle est la nouvelle joyeuse du canon qui nous unit aux grands actes de Dieu qui aboutissent à la mort et à la résurrection du Sauveur.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 29 mars 2017

Higoumène Tryphon: Appelé à la sainteté




Notre monde insiste beaucoup sur le fait d'être à l'aise, et nous avons tendance à éviter tout ce qui ne nous apporte pas de plaisir. Si le fait d'être ouvert sur notre foi chrétienne conduit au ridicule, nous restons silencieux. Si le respect des règles de jeûne de l'Église nous empêche de profiter des soirées avec nos amis, nous ignorons le jeûne. Si l'expression de la désapprobation en entendant notre foi chrétienne être détruite nous fait paraître moins "cool", nous choisissons de suivre la voie du politiquement correct. Est-il étonnant que nous ne soyons donc pas préparés à rester fermes face aux vraies épreuves qui nous attendent, ayant évité les choses mêmes qui nous transformeraient en chrétiens forts et engagés?

Le christianisme est la religion de l'ascétisme, nous instruisant à engranger nos trésors dans le Ciel, où les bienfaits ont une valeur éternelle. Dans tout le Nouveau Testament, nous lisons l'importance du combat, où l'accent mis sur l'acquisition d'un cœur humble et contrit est primordiale pour ce que veut dire être chrétien. 

Le Seigneur Jésus-Christ nous dit que si nous devons être dignes de Lui, nous devons être prêts à prendre notre croix et à Le suivre. Nous devons être un peuple dont la véritable patrie est le Royaume du Christ, qui est en nous. Le Christ lui-même nous appelle à la sainteté, et ce changement de cœur ne peut se faire que par le combat [spirituel].

Si nous embrassons le christianisme avec dévouement de cœur et d'esprit, nous recevrons le pouvoir de vivre dans ce monde, rempli comme il l'est, de tentations et de déceptions, tout en restant fidèle à notre vocation de peuple saint. 

Nous engageant à être chrétiens à plein temps, nous donne la possibilité de vivre notre vie afin que nous rendions gloire et témoignage au Christ même que nous adorons.

Si, cependant, nous évitons le combat ascétique et choisissons de mettre notre foi chrétienne de côté, rejetant un véritable engagement, nous serons finalement devenus chrétiens uniquement de nom. 

Pour ceux qui, par paresse ou par égoïsme personnel, choisissent de considérer le jeûne, la prière privée et même l'assistance à l'église, comme quelque chose qui se fait seulement quand "nous en avons envie", nous nous présenterons devant le Trône de Dieu, avec un cœur enténébré qui ne peut résister à la puissance de Dieu, et l'éternité sera pour nous un lac de feu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mardi 28 mars 2017

Le repentir dans les idéogrammes chinois (R)


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Repentance



Ce qui précède est le terme utilisé pour repentir en Chinois, tel qu'on l'utilise dans la plupart des bibles ( Par exemple "Repentez-vous car le Royaume des Cieux est proche."(Matt 4:17). 悔改


Le premier caractère, 悔 (prononcé “houï” ou “hou-èille”), signifie être désolé; le second, 改 (”gaïlle” prononcé comme dans le mot anglais guy), signifie changer ou corriger. [...] En Chinois le sens du mot est explicite: changement et correction par le repentir. Parfait.


Et il y a plus encore. Le caractère houï, 悔, a sur la gauche le caractère utilisé pour le mot cœur (心) insistant sur le fait que le repentir ressenti, est quelque chose du cœur, exactement comme les écrivains de la Bible comprenaient que le cœur était le siège des émotions et de l'intellect. A droite, est le caractère signifiant "tout" ou "chaque" , (par ex.. 每天, signifie chaque[每] jour[天]”). Le repentir doit s'appliquer à tout ce que nous avons fait.

Après le repentir et le regret, il y a le changement (改) qui est crucial. Ici encore nous avons deux parties, la gauche et la droite. A gauche, nous avons 已, dji, qui signifie “soi-même” ou “le sien propre”. La partie droite signifie littéralement “fouetter” or “frapper”, elle a en définitive le sens de changer. Notre propre changement, la correction de nous-mêmes.

“Hou-aille Gaïlle” - Repentir conduisant à la correction

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

lundi 27 mars 2017

Comment les 40 martyrs de Sébaste sauvèrent le métropolite Joseph...


La souffrance des quarante martyrs de Sébaste

Nous aimerions présenter à nos lecteurs une histoire propos du Métropolite Joseph (Tchernov, 1893-1975), de bienheureuse mémoire, sur la façon dont un jour il faillit mourir de faim dans une prison nazie.

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"À Taganrog, dans les chambres de l'archevêque pendait une icône des quarante martyrs, souffrant dans le lac de Sébaste. Quand j'étais encore jeune hiérodiacre et aide de cellule de Vladyka Arseny, je passais souvent devant cette icône, mais je n'accordais pas la vénération convenable à ces quarante martyrs; Je doutais même un peu de leur existence - peut-être qu'il y avait de tels martyrs, peut-être pas...

Métropole Joseph (Chernov) 
d'Alma-Ata et du Kazakhstan.

Eh bien, dans l'hiver 1943, je fus incarcéré dans une prison de la Gestapo, dans la ville ukrainienne centrale d'Ouman, où il n'y avait pas de verre aux fenêtres et il faisait un froid mordant dehors. J'étais pratiquement sans vêtements, portant seulement une soutane. Alors, dans cette boîte de pierre, je demandai la mort: "Seigneur, laisse-moi mourir!" C'était sans espoir, et je n'avais pas la force de supporter le froid glacial. Puis je me suis souvenu des quarante martyrs de Sébaste et j'ai commencé à les prier, leur demandant pardon de ne pas leur rendre un honneur convenablee, de ne pas comprendre leur exploit spirituel de martyrs. Je priais avec ferveur, ardemment, et bientôt le désespoir quitta mon âme, la chaleur remplit mon corps, et je me sentis entièrement réchauffé. Après que le froid et le désespoir m'eurent quitté, la porte de la prison s'ouvrit et on me donna un paquet: les Saints Dons, du pain et des vêtements chauds.

Les forces soviétiques avançaient sur la ville et les Allemands commencèrent à tirer sur les prisonniers. Je pris les Saints Dons dans la paume de ma main et je priai devant eux toute la nuit. Les fidèles d'Ouman ont rassemblé leur or et ont acheté l'aide du gardien de prison. Il a donné sa parole de me garder en vie; Et vraiment, pendant que les Allemands emmenaient les prisonniers avec eux ou les fusillaient, je restai vivant."

Lorsque les forces soviétiques arrivèrent, Vladyka Joseph fut de nouveau mis en prison, cette fois par les autorités soviétiques. Il leur semblait très suspect de survivre à une prison de la Gestapo. Mais c'est une autre histoire.

Source: V. KorolevaLa lumière de la joie dans un monde de douleur: Métropolite Joseph d'Alma-Ata et du Kazakhstan (Moscou: Palomnik, 2004).

Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après

dimanche 26 mars 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


6/19 mars
3ème dimanche de Carême – de la Croix
Les 42 martyrs d'Amorrée en Haute-Phrygie : saints Constantin, Bassoès, Théophile, Théodore, Calliste et leurs compagnons (vers 845) ; Invention de la sainte Croix par l'impératrice sainte Hélène (326) ; saint Arcade, évêque de Trimithonte à Chypre (vers 361) ; saint Hésychius, thaumaturge en Bithynie (vers 790) ; saint Job-Josué d’Anzersk (1720).
Liturgie de saint Basile le Grand
Lectures: Hébr. IV, 14 - V, 6 ;  / Mc VIII, 34 - IX, 1

AU SUJET DU DIMANCHE DE LA VÉNÉRATION DE LA SAINTE CROIX
A
u  milieu du Carême, l’Église expose la Croix à la vue des fidèles, afin d’affermir ceux qui jeûnent et de les encourager à continuer leur labeur, par le souvenir de la Passion du Seigneur. La vénération de la Croix continue durant la quatrième semaine du Carême, jusqu’au vendredi. Le sens de la fête est indiqué par le synaxaire du jour : « puisque, lors du carême de quarante jours, nous sommes, nous aussi, en quelque sorte crucifiés (...) et ressentons une certaine amertume, étant abattus et découragés,  la vénérable et vivifiante Croix est exposée pour nous redonner courage et force, nous rappelant les souffrances du Christ, et nous consolant (...)De même que ceux qui accomplissent un voyage long et  difficile, alors qu’ils sont fatigués, s’ils trouvent un arbre au feuillage épanoui,  se reposent à son ombre et, comme régénérés, continuent leur chemin. De même, au temps du carême, au milieu du chemin étroit et pénible, les Saints Pères ont planté la Croix vivifiante, nous amenant le repos et la fraîcheur, pour que nous puissions courageusement et facilement achever le reste du chemin... » Dans le but de nous encourager encore plus à faire œuvre de patience dans les labeurs ascétiques, la Sainte Église nous rappelle en ce jour, afin de nous consoler, la fête de Pâques qui s’approche, en chantant les souffrances du Sauveur en même temps que Sa joyeuse Résurrection : « Nous adorons Ta Croix ô Maître et nous chantons Ta sainte Résurrection ». 
Au lieu du Trisaghion, on chante :
Kpeсту́ Tвоему́ покланя́емся Влады́ко и свято́е Bocкресеніe Твое́ славимъ.
Nous adorons Ta Croix ô Maître et nous chantons Ta sainte Résurrection.

Tropaire du dimanche, 6ème ton
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
Les puissances angéliques apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton corps immaculé. Tu as dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire de la Croix, ton 1
Спаси́, Го́споди, лю́ди Твоя́ и благослови́ достоя́ніе Tвое́, побѣ́ды правосла́внымъ христіáномъ на сопроти́вныя да́руя, и твое́ coxpaня́я Кресто́мъ твои́мъ жи́тельство.
Seigneur, sauve Ton peuple et bénis Ton héritage ; accorde aux chrétiens orthodoxes la victoire sur les ennemis et garde Ton peuple par Ta Croix.

Kondakion de la Croix, ton 7
Не ктому́ пла́менное оpýжіе xpaни́тъ вра́тъ Еде́мскихъ; на ты́я бо на́йде пресла́вный coýзъ дре́во кре́стное, сме́ртнoe жа́ло, и а́дова побѣ́да прогна́ся; предста́лъ бо ecи́ Cпáce мой, вопія́ cýщымъ во а́дѣ : вни́дите па́ки въ páй.
Désormais le glaive de feu ne garde plus la porte de l’Eden, car le bois de la Croix l’empêche de flamboyer ; l’aiguillon de la mort est émoussé, la victoire échappe à l’enfer ; ô mon Sauveur, Tu es venu dire aux captifs de l’enfer : entrez à nouveau dans le paradis !
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

INVENTION DE LA SAINTE CROIX PAR L’IMPÉRATICE SAINTE HÉLÈNE[1]

Lorsque saint Hélène découvrit par miracle la sainte Croix de notre Seigneur Jésus-Christ avec celles des deux larrons, elle trouva aussi les clous qui avaient servi à leur supplice. Alors que les clous des larrons étaient noirs et rouillés, ceux du Seigneur étaient tout resplendissants. Elle les apporta à Constantinople et les offrit à son fils saint Constantin qui en fixa un sur son casque et un autre sur le mors de son cheval, montrant ainsi que c’était désormais au Nom du Christ qu’il mènerait ses guerres pour la victoire du christianisme, et il déposa le troisième clou au pied de sa statue, placée au sommet de la colonne de porphyre située près du forum, avec la margelle du puits de Jacob, afin que la ville fût protégée par la puissance du Christ.

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR LA CROIX
Nous célébrons en ce jour une fête solennelle, mes chers frères, en ce jour où Notre Maître est cloué sur la Croix. Et ne soyez pas étonnés que nous nous réjouissions d'un événement aussi triste; les choses spirituelles sont toujours en contradiction avec les habitudes des hommes. Pour vous convaincre de ce que je dis, la Croix, qui auparavant était un titre de condamnation et de punition, est devenue un objet précieux et désirable. La Croix, qui auparavant était un sujet de honte et d'opprobre, est devenue une source de gloire et d'honneur. Que la Croix constitue une gloire, c’est le Christ qui le dit. Écoute : Mon Père, dit-Il, glorifie-moi auprès de Toi-même de la gloire que J’avais auprès de Toi avant que le monde soit. (Jean, XVII, 5.) Il appelle la Croix un titre de gloire. La Croix est le principe de notre salut, la source d'une infinité de biens. Par elle, nous sommes admis au nombre des enfants, nous qui auparavant étions rejetés et avilis. Par elle, nous ne sommes plus livrés à l'erreur, mais nous connaissons la vérité. Par elle, nous qui adorions le bois et la pierre, nous connaissons maintenant le Maître et le Créateur du monde.  Par elle, la terre désormais est devenue le ciel. La Croix nous a affranchis de nos erreurs, elle nous a conduits à la vérité, elle a réconcilié l'homme avec Dieu, elle nous a arrachés de l'abîme du vice pour nous porter au sommet de la vertu. Elle a mis fin à l’illusion des démons, elle a détruit la tromperie. Par elle, il n’y a plus la fumée et l'odeur des viandes grasses brûlées [en sacrifices], on ne voit plus couler le sang des animaux; mais partout domine un culte spirituel, partout retentissent des hymnes et des prières. Par elle, les démons sont mis en fuite et le diable est proscrit. Grâce à elle, la nature humaine rivalise avec la condition angélique. Grâce à elle, la virginité habite sur la terre; car depuis que Celui qui est né de la Vierge est venu dans le monde, la nature humaine a connu la voie de cette vertu. C’est elle qui nous a éclairés, nous qui étions assis dans les ténèbres ; c’est elle qui nous nous a réconciliés [avec Dieu], alors que nous étions ennemis c’est elle qui nous a rapprochés [avec Lui], nous qui étions éloignés ; elle nous a fait Sien, nous qui étions aliénés ; elle nous a fait citoyens du ciel, nous qui étions étrangers ; elle a fait cesser pour nous la guerre, et nous a assuré la paix. Par elle, nous  ne craignons plus les traits enflammés du diable, parce que nous avons trouvé la source de la vie. Par elle, nous ne gémissons plus dans une triste viduité, parce que nous avons recouvré l'Époux. Par elle, nous n'appréhendons plus le loup cruel, parce que nous avons connu le bon Pasteur: Je suis, dit-Il, le bon Pasteur. (Jean, X, 11.) Par elle, nous ne redoutons plus le tyran, parce que nous sommes accourus auprès du Roi. Vois-tu de quels biens la Croix est pour nous la cause ? C'est donc avec raison que nous célébrons une fête. Et c'est à quoi nous exhorte l'apôtre saint Paul lorsqu’il dit : Célébrons la fête, non avec l'ancien levain, avec le levain de la perversité et de la malice, mais dans les azymes de la sincérité et de la vérité. (I Cor. V, 8.) Et pourquoi, bienheureux Paul, nous exhortes-tu à fêter ? Dis-nous-en la raison. C'est que le Christ Dieu, notre pâque, a été immolé pour nous. Vois-tu que la Croix est une fête ? Comprends-tu pourquoi l'Apôtre nous exhorte à en célébrer la fête ? Jésus-Christ a été immolé sur la croix; or, partout où il y a sacrifice, il y a rémission des péchés, il y a réconciliation avec le Maître, il y a fête et joie. Jésus-Christ, notre pâque, dit l'Apôtre, a été immolé pour nous. (I Cor. V, 7.) Et où dit-il qu’Il a été immolé ? Sur la hauteur de la Croix. L'autel est nouveau et extraordinaire, parce que l’offrande est extraordinaire et inhabituelle. Lui-même était en même temps l’offrande et le prêtre; l’offrande selon la chair, le prêtre selon l'esprit. Il offrait et était offert. Écoute encore saint Paul qui dit : Tout grand prêtre, pris d’entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu : il faut donc nécessairement qu'il ait de quoi lui offrir. (Héb. V, 3; VIII, 3.) Voici qu’Il offre jusqu’à maintenant. L’apôtre dit encore ailleurs : Jésus-Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés d’un grand nombre (Héb. IX, 28.) Voici qu’ici Il a été offert, et là Il s'est offert Lui-même. As-tu vu comment Jésus-Christ était en même temps offrande et prêtre et que la Croix était l'autel ? Mais il est nécessaire d'examiner pourquoi le sacrifice n'est pas offert dans un temple, c’est-à-dire le temple judaïque, mais hors de la ville, hors des murs. Jésus-Christ a été crucifié hors de la ville comme un condamné, afin que cette parole du prophète fût accomplie : Il a été compté parmi les criminels. (Is. LIII, 12.) Pourquoi donc a-t-Il été crucifié hors de la ville, dans un lieu élevé, et non sous un toit quelconque? Cela ne s'est pas fait non plus sans cause; c'était afin de purifier la nature de l'air. Voilà pourquoi, dis-je, Il est mort dans un lieu élevé, et non sous un toit. Il est mort, ayant le ciel pour toit, afin que le ciel entier fût purifié, l’Agneau étant immolé dans un lieu élevé. Le ciel a donc été purifié; la terre l'a été aussi, puisque le sang du Sauveur a coulé de Son côté sur la terre, et l'a purifiée de toutes ses souillures. Telle est donc la raison pour laquelle le sacrifice n'a pas été offert dans un lieu enfermé. Et pourquoi n'a-t-il pas été offert dans le temple judaïque même? Cela ne s'est pas fait encore sans une raison particulière : c'est afin que les Juifs ne s'appropriassent point le sacrifice, afin que tu ne penses pas que le sacrifice a été offert pour cette seule nation. Hors de la ville, hors des murs, afin que tu saches que le sacrifice est universel, que l’oblation était faite pour toute la terre, que la purification est commune à toute la nature humaine. Dieu a ordonné aux Juifs de choisir dans toute la terre un lieu unique où on Lui offrit des sacrifices, où on Lui adressât des prières, parce que toute la terre était alors souillée par la fumée, par des viandes grasses brûlées [en sacrifices], par le sang des offrandes aux idoles, et par les autres souillures des païens. Voilà pourquoi Il leur a marqué un lieu unique. Mais le Christ étant venu dans le monde, et ayant souffert hors de la ville, a purifié toute la terre, a rendu tous les lieux propres aux prières. Veux-tu apprendre comment toute la terre est devenue désormais un temple, comment tous les lieux ont été rendus propres aux prières? Écoute encore le bienheureux Paul, qui dit : « Ainsi je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant vers le ciel des mains pieuses, sans colère ni disputes (I Tim. II, 8.) Vois-tu comment Jésus-Christ a purifié le monde; vois-tu comme nous pouvons en tout lieu élever des mains pures ? Oui, toute la terre est désormais devenue sainte, et même plus sainte que ce que les Juifs avaient de plus saint. Comment cela ? C'est que là on n'immolait que les animaux déraisonnables, au lieu qu'ici un Agneau doué de raison a été immolé. Or, autant ce qui est doué de raison l'emporte sur ce qui en est dépourvu, autant toute la terre a été plus sanctifiée que le temple des Juifs. Donc, en vérité, la Croix est une fête.



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.