dimanche 5 novembre 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

23 octobre / 5 novembre
22ème dimanche après la Pentecôte

Saint Jacques, frère du Seigneur, apôtre, Ier évêque de Jérusalem (vers 63) ; saint Ignace, patriarche de Constantinople (877) ; saint Jacques de Novgorod (vers 1540) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Nicolas (Agafonikov), Vladimir (Ambartsoumov), Alexandre (Soloviev), Nicolas (Arkhangelsky), Émilien (Gontcharov), Sozont (Rechetilov), prêtres (1937), Euphrosyne (Timofeev), moniale (1942)

Lectures : Gal. VI, 11–18. Lc. XVI, 19–31. Apôtre : Gal. I, 11–19. Мatth. XIII, 54–58.

SAINT JACQUES, FRÈRE DU SEIGNEUR



S
aint Jacques était l’un des fils issus du premier mariage de Joseph, le divin fiancé. Dieu le bénit dès le sein de sa mère et, à cause de son éminente justice, tous ceux de sa race l’appelaient « le Juste » et Oblias, ce qui signifie en hébreu « rempart du peuple » et « justice ». Dès son enfance, Jacques vécut dans l’ascèse la plus stricte. Il ne buvait ni vin, ni boisson fermentée. À l’imitation de saint Jean le Précurseur, il ne mangeait rien de ce qui avait souffle de vie. Le rasoir ne passa jamais sur sa tête, comme le recommande la Loi à ceux qui se consacrent à Dieu (cf. Nb 6, 5). Il ne prenait jamais de bain et ne s’oignait pas d’huile, préférant le soin de l’âme à celui du corps. Après l’Ascension de notre Seigneur, les Apôtres, unanimes, choisirent Jacques le Juste comme premier évêque de Jérusalem. Accompli dans toutes les vertus de la vie active et de la contemplation, il pénétrait dans le sanctuaire de la Nouvelle Alliance — non pas une fois par an, comme le grand prêtre des Juifs —, mais chaque jour afin d’y célébrer les saints Mystères. Vêtu de lin, il entrait seul dans le Temple, et se tenait de longues heures à genoux, intercédant pour le peuple et le salut du monde, de sorte que ses genoux étaient devenus aussi durs que la pierre. C’est lui qui présidait au conseil des Anciens et qui, lors des discussions survenues à Antioche sur la nécessité de circoncire les païens qui embrassaient la foi, demanda qu’on ne les tourmentât pas avec les préceptes de l’ancienne Loi, mais qu’on leur imposât seulement de s’abstenir des viandes immolées aux idoles et de la fornication (cf. Act 15, 20). Il composa également la Lettre qui porte son nom dans le canon des Écritures. 

Dans celle-ci, il corrige ceux qui considéraient Dieu comme la cause des maux. Dieu, en effet ne tente personne, dit-il, mais chacun est tenté par sa propre convoitise qui le pousse et le séduit (Jac 1, 14). Il y exhorte aussi les chrétiens à ne pas se contenter de confesser leur foi dans le Christ, mais à la faire resplendir par les œuvres de la vertu. Car de même que sans le souffle de vie le corps est mort, ainsi la foi sans les œuvres est morte (Jac 2, 26). Il ajoute de nombreuses autres recommandations pour mener une vie agréable à Dieu et obtenir la sagesse d’en haut, nous apprenant à reconnaître en tout le don de Dieu: Tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d’en haut et descendent du Père des lumières, qui ne connaît ni variations, ni obscurcissement passager (Jac 1, 16). C’est également saint Jacques qui composa la Divine Liturgie conservée sous son nom, source de toutes les Liturgies de l’Église Orthodoxe. Vers l’an 62, alors que la Judée était dans le désordre et l’anarchie après la mort du gouverneur Festus, les Juifs, qui avaient échoué dans leur tentative de mettre Paul à mort (Act 25-26), s’en prirent à Jacques, dont la réputation de juste parmi le peuple donnait forte créance à sa prédication. 

Beaucoup de personnes, et même des chefs du peuple, avaient déjà embrassé la foi, aussi les scribes et les pharisiens craignaient-ils que tout le monde ne reconnaisse bientôt en Jésus, le Christ Sauveur. Ils se présentèrent donc à l’évêque de Jérusalem, louèrent perfidement sa vertu et sa justice, et lui dirent : « Nous t’en prions, toi qui es juste et ne fais pas acception des personnes, persuade le peuple, qui va bientôt se réunir pour la Pâque, de ne pas s’égarer sur la personne de Jésus. Tiens-toi donc sur le pinacle du Temple, afin que tous puissent te voir et que de là-haut tes paroles soient entendues de tout le peuple juif et des païens, qui sont accourus en foule pour la fête. » Lorsqu’il fut monté au sommet du Temple, les scribes et les pharisiens lui crièrent d’en bas : « Juste en qui nous devons avoir confiance, puisque le peuple se trompe en suivant Jésus le Crucifié, annonce-nous qui est ce Jésus. » Jacques répondit alors à voix forte : « Pourquoi m’interrogez-vous sur le Fils de l’homme ? Il est assis maintenant au ciel à la droite de la Grande Puissance, et il reviendra sur les nuées du ciel pour juger l’univers avec justice. » 

Nombreux furent ceux qui, convaincus par le témoignage de Jacques, s’écrièrent : « Hosanna au Fils de David ! » Mais les scribes et les pharisiens grinçaient les dents de rage en disant : « Ô ! même le Juste a été égaré. » Se ruant alors jusqu’au pinacle du Temple, ils jetèrent en bas le Juste, accomplissant ainsi la prophétie d’Isaïe : Enlevons le Juste, parce qu’il nous est insupportable (Is 3, 10). Malgré la hauteur, Jacques ne mourut pas en tombant, aussi les Juifs se mirent-ils à le lapider. S’étant retourné, le saint se mit à genoux et cria vers Dieu, à l’exemple du Christ et de saint Étienne (cf. Lc 23, 34 ; Act 7, 59-60) : « Je t’en prie, Seigneur Dieu Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Tandis qu’il priait ainsi pour ses bourreaux, l’un d’entre eux, devenu furieux en voyant la charité inébranlable du Juste, prit le bâton avec lequel il foulait les étoffes et lui en frappa la tête. 

C’est ainsi que Jacques le Juste rendit témoignage au Christ Sauveur. On l’enterra sur les lieux mêmes, près du Temple. Jacques jouissait d’une telle admiration et la renommée de sa vertu était si grande, que même les Juifs les plus raisonnables virent dans son martyre la cause immédiate du siège et de la ruine de Jérusalem en l’an 70.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

Comme Jésus a de plus en plus été considéré comme Dieu lui-même, dans le christianisme oriental Jacques porte souvent le titre « Adelphotheos » (grec : Iάκωβος ο Αδελφόθεος) (Jacques le frère de Dieu). La plus ancienne liturgie chrétienne, la liturgie de saint Jacques, utilise cette épithète.

LITURGIE DE SAINT JACQUES
FRERE DU SEIGNEUR

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Tropaire de saint Jacques, frère du Seigneur, ton 2
Яко Госпо́день учени́къ воспрія́лъ еси́, пра́ведне, Ева́нгеліе, я́ко му́ченикъ, и́маши е́же неопи́санное, дерзнове́ніе — я́ко бра́тъ Бо́жій, е́же моли́тися — я́ко іера́рхъ. Моли́ Христа́ Бо́га спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
En disciple du Seigneur,  tu as reçu l'Evangile du Christ;  tu as acquis le prestige des martyrs  et, comme frère de Dieu, tu lui parles librement; comme pontife, tu es capable d'intercéder:  prie donc le Christ notre Dieu  d'accorder à nos âmes le salut.

Kondakion de saint Jacques, frère du Seigneur, ton 4
Отчее Единоро́дное Бо́гъ Сло́во, прише́дшее къ на́мъ въ послѣ́днія дни́, Іа́кове боже́ственне, пе́рваго тя́ показа́ Іерусали́млянъ па́стыря и учи́теля, и вѣ́рнаго строи́теля та́инствъ духо́вныхъ: тѣ́мже тя́ вси́ чти́мъ, апо́столе.
Le Fils unique du Père, le Verbe notre Dieu, en ces derniers jours descendu jusqu'à nous, saint Jacques, a fait de toi le premier pasteur et docteur de Jérusalem, le fidèle dispensateur des mystères spirituels, saint Apôtre, c'est pourquoi  tous ensemble nous voulons te vénérer.
Kondakion du dimanche du 5ème ton
Ko а́ду Спа́сe мо́й, coшéлъ ecи́, и врата́ сокруши́вый я́ко всеси́ленъ, умéршиxъ я́ко Созда́тель coвоскреcи́лъ ecи́, и cме́рти жáло сокруши́лъ ecи́, и Aда́мъ отъ кля́твы изба́вленъ бы́сть, Человѣколю́бче. Тѣ́мже вси́ зове́мъ : спаси́ на́съ, Го́споди.
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!

HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPITRE DU JOUR

« Voyez quelle lettre je vous ai écrite de ma propre main. Tous ceux qui veulent se rendre agréables selon la chair vous contraignent à vous faire circoncire». Remarquez la douleur de cette âme bienheureuse. De même que ceux qui sont en proie à un vif chagrin, ou qui ont perdu quelqu'un des leurs, ou qui sont frappés d'un coup imprévu, n'ont de repos ni nuit ni jour par suite du chagrin qui obsède leur âme ; de même, le bienheureux Paul, après avoir dit quelques mots au sujet de la morale, revient au sujet qu'il a traité d'abord et qui lui tient le plus à cœur : « Voyez quelle lettre je vous ai écrite de ma propre main ». Par ces paroles, il veut seulement leur faire comprendre qu'il a écrit lui-même la lettre entière. Ce qui est la marque d'une sincère affection. Quand il s'adressait à d'autres, il dictait et un autre écrivait : c'est ce qui ressort de son épître aux Romains, car à la fin de l'épître on lit : « Je vous salue, moi Tertius qui ai écrit l'épître ». Cette fois c'est Paul lui-même qui a tout écrit. Il était obligé de le faire, non pas seulement par affection pour les Galates, mais encore pour enlever tout prétexte aux mauvais soupçons. Comme on l'accusait de ne pas agir de la même manière que les autres apôtres, et qu'on prétendait qu'il prêchait réellement la circoncision tout en feignant de ne pas la prêcher, il se vit contraint d'écrire cette épître de sa propre main, et de la leur envoyer comme un témoignage écrit. Par cette expression « quelle lettre », il me semble qu'il n'a pas voulu indiquer la grandeur, mais la forme disgracieuse des caractères; c'est presque comme s'il disait : J'écris très-mal, et cependant j'ai été forcé d'écrire de ma propre main, pour fermer la bouche aux sycophantes (…) « Mais pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ ». Pour lui, se glorifier est chose blâmable, mais quand il s'agit du monde et d'être glorifié par les infidèles s'il s'agit du ciel et des fidèles, ce n'est plus de la vanité, c'est une véritable gloire, et une grande. La pauvreté est chose honteuse, pour nous c'est chose glorieuse; l'obscurité et l'humilité prêtent à rire à la plupart des hommes,  nous nous en faisons gloire. C'est ainsi que la croix même est pour nous un sujet de glorification. Paul n'a pas dit « Je ne me glorifie pas », ou « Je ne veux pas me glorifier », mais : « À Dieu ne plaise que je me glorifie». Il repousse cette idée comme déraisonnable, et invoque le secours de Dieu pour se préserver de ce péché. Et pourquoi a-t-on le droit de se glorifier de la Croix? Parce que Jésus-Christ a pris pour moi la forme d'un esclave, qu'Il a souffert pour moi un vil esclave, un ennemi, un ingrat, et qu'Il m'a aimé au point de se livrer pour moi. Où trouver rien de pareil? Si des esclaves sont fiers, pour peu qu'ils soient loués par leurs maîtres, qui sont des hommes comme eux, comment ne devrons-nous pas nous glorifier, lorsque le Maître suprême, le vrai Dieu, n'a pas rougi de monter sur la Croix pour nous ? Ne soyons pas indignes de Son ineffable bonté. Lui-même ne s'est pas indigné d'être mis en croix pour vous, et vous, vous rougiriez de reconnaître Sa bonté infinie ? C'est comme si un prisonnier, qui n'aurait jamais rougi de son roi, en avait honte après que celui-ci et parce que celui-ci serait venu en personne dans sa prison pour lui ôter ses chaînes. Ce serait le comble de la démence, car c'est précisément alors qu'il faut être fier. « Par qui le monde est mort et crucifié pour moi, comme je suis mort et crucifié pour le monde ». Par le monde il ne désigne ni le ciel, ni la terre, mais les choses de la vie humaine, les louanges accordées par les hommes, l'éclat de la puissance, la gloire, la richesse, et tout ce que nous regardons comme brillant. Cela est mort pour moi. Voilà le chrétien tel qu'il doit être, voilà le langage qu'il doit toujours tenir. Mais ce premier genre de mort n'a pas suffi à Paul, il en a ajouté un autre en disant : « Et moi je suis mort pour le monde ». Il fait allusion à deux genres de mort, et dit : Et ces choses sont mortes pour moi, et moi je suis mort pour elles; elles ne peuvent pas se saisir et s'emparer de moi, car elles sont bien et dûment mortes, pas plus que je ne puis les désirer, car je suis mort pour elles, moi aussi. Rien de plus heureux que cette mort : c'est sur elle que repose la vie heureuse. « Car la circoncision ne sert de rien, ni l'incirconcision, mais la nouvelle créature. Je souhaite la paix et la miséricorde à tous ceux qui se conduiront selon cette règle, et à l'Israël de Dieu ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire