dimanche 30 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (4 et fin)


Des péchés sur un morceau de papier

Vous avez beaucoup d'expérience pastorale. Vous avez servi dans un monastère, dans une église de village et en ville, aux vingtième et vingt et unième siècles. La vie spirituelle d'une personne change-t-elle?
Le phénomène le plus important qui se déroule en ces jours, c’est que les gens se rendent compte que nous devons rechercher Dieu et la vie spirituelle. Et l'Eglise... nous devons aller à l'église, parce que c'est là que l’on peut rencontrer Dieu.
Quant aux autres choses, quoi d'autre peut changer? Les péchés restent les mêmes. Et les gens restent les mêmes. Bien souvent, ils viennent à la réalisation de leurs péchés, et c'est un gros changement. Les gens ne comprennent souvent pas grand chose au sujet des péchés. Il n'est pas facile de comprendre les péchés. Ces jours-ci, beaucoup viennent confesser avec des listes de péchés longues comme ça ! 
Je n'essaie même pas de comprendre ce qui y est écrit. Je leur dis que tous ces "péchés à vous sur ce papier" sont comme des arbres qui ne vous permettent pas de voir la forêt, alors, oubliez-les. Allez, parlez-moi de vous-même. 
Nous essayons souvent de nous abuser en confession avec ces énumérations sur papier. Nous n'écrivons pas ce qui est le plus important. Je vois souvent des gens couvrir le péché le plus important avec les petits. Et je fais, pouf-pouf-pouf, et je souffle sur le cache. Et voilà, voilà votre péché. Si les gens se dirigent vers Dieu, vers l'Eglise, je dois aider ceux qui viennent pour se voir.
Avez-vous un dicton français ou russe préféré?
Je dis souvent en français et en russe, "Tout est relatif". Il n'y a que Dieu qui soit absolu. Surtout quand je vois des gens péremptoires.
Toutes les règles humaines sont relatives. Dieu nous les a données non pour elles-mêmes, mais pour nous aider à nous améliorer. Oh, ces règles, ces règles! Les prêtres essayent toujours d'imposer des pénitences aux personnes modernes comme si on était au quatrième siècle. Je dis toujours, lorsque saint Basile le Grand a écrit ces règles, le monde était différent. Il ne savait pas ce qu’était l'Internet, ce qu’était un avion... 
Déjà au VIIIe et IXe siècles, saint Théodore Studite, a envisagé d'excommunier les pécheurs pendant un temps différent de celui de saint Basile le Grand, parce que les temps avaient changé. 
Il serait bon que nous prenions tout cela en compte. Bien sûr, nous ne devrions pas agir en tant que membres de la Réforme protestante, et pft... tout effacer. Ce que nous devons faire, c'est considérer ce qui s'applique à chaque individu en gardant les anciennes règles à l'esprit. Nous devons sagement suivre les anciennes traditions, sans les oublier. Il doit y avoir discernement en tout.

Père, dites-nous encore quelque chose avant de terminer.
Récemment, nous avons célébré la fête d'un grand saint russe, dont j'ai lu la vie il y a quarante ans en français :saint Séraphim de Sarov. Il a dit, que le but d'une vie chrétienne est d'acquérir la Grâce du Saint-Esprit. Et, je pense que c'est le fil d’Ariane qui doit traverser toute notre vie. Ne pas de suivre les règles, mais ceci.
Un des Pères du désert, interrogé sur la crainte de Dieu avant sa mort, a répondu: "Je ne crains plus Dieu, je L'aime." La peur engendre la peur de la règle de la loi, tandis que l'amour libère. L'amour ne connaît pas de règles. Et l'amour doit passer par notre vie comme un fil rouge. Alors, vous aimez votre vin?
Il est fort…
Qu'entendez-vous par fort? Le Coca-Cola est plus fort...
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Revenez nous rendre visite.
***
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
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