lundi 30 janvier 2017

Ioannis Panayiotopoulos: Scandale, de nombreux péchés... et pourtant saint!



L'une des plus belles histoires du recueil intitulé Lavsaïko [Histoire Lausiaque, celle de l'évêque Pallade d'Hélénopolis, écrite pour un chambellan à la cour de l'empereur Théodosios II, un certain Lavsos, dont le livre tire son nom, décrit la vie d'un moine qui a abandonné son monastère et est allé au port d'Alexandrie pour y travailler comme docker. Étant donné qu'il s'agissait d'un port, il n'y avait pas pénurie de prostituées. Le "moine" travaillait toute la journée, et le soir, il dépensait tout ce qu'il avait gagné, achetant la compagnie d'une prostituée pour toute la nuit.

Il était la honte de tous les chrétiens de la ville et un scandale pour toute l'Église. Des années s'écoulèrent, et malgré les appels et les conseils, il poursuivit son mode de vie pécheresse. Alors la mort vint, comme elle le fait pour nous tous, et elle le libéra, comme s'il s'agissait d'un remède pour le sauver de ses péchés, qu'il avait continué de commettre jusques juste avant sa mort. Mais ses frères chrétiens ne pouvaient guère refuser de lui donner une véritable sépulture. Les prêtres vinrent l'enterrer et enterrer le scandale avec lui. La nouvelle se répandit. Le "vieux moine obscène" était mort. Mais qui irait à l'église pour lui dire bon voyage?

Aux funérailles, l'église était pleine de femmes d'Alexandrie, de femmes honnêtes et chrétiennes qui venaient dire au revoir, non seulement à une personne décédée, mais à un saint! Quelqu'un reconnut le visage d'une prostituée qu'ils avaient vu un jour, il y a longtemps, au bord des docks, mais elle n'était pas comme ils s'en souvenaient. D'autres femmes parmi les personnes présentes éveillaient simplement de vagues souvenirs du passé.

La ville apprit alors que le"vieux moine obscène" était en fait, un saint, qui, avec l'argent qu'il avait gagné, achetait une nuit sans péché, achetait le "droit" aux corps des prostituées afin de sauver leurs âmes. La ville apprit que l'homme qu'ils croyaient être un scandale était la pureté elle-même, l'amour sans astuce, l'abnégation, la parole de Dieu, la prière et la glorification. 

Le peuple de Dieu n'est pas jugé au cours de sa vie, mais à la fin de celle-ci, parce que même quand nous vivons "comme nous le devons", nous devons être prêts à témoigner et à souffrir. 

En fin de compte, quel est la pierre d'achoppement: l'autre personne ou nous? Suis-je celui qui met un masque sur l'autre personne qui correspond à la façon dont je veux la voir? Peut-être parce que j'ai peur que mon propre masque ne soit révélé...

Et à la fin, qu'allons-nous faire du scandale, qui va le répandre, qui va le continuer? Cette question est d'une importance vitale, car un scandale concernant quelqu'un d'autre remplit une fonction de base. Il remplit notre vide, le vide de notre égoïsme. 

Il est facile de condamner, il est facile à détruire, mais il est difficile de dire quelque chose de bon, de travailler pour le bien commun. Nous adoptons des attitudes inhumaines qui conduisent à toutes les formes de jugement... 

Nous connaissons aujourd'hui la perte qualitative des critères internes d'une société qui ne communique plus... La "vie réelle" n'est pas la nôtre, mais celle des autres gens. Et pourtant, nous devons considérer notre propre vie, car autrement, au Jugement Dernier notre propre livre, notre vie, sera vide.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et

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