dimanche 22 janvier 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

FEUILLETS LITURGIQUES
DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION
DE LA SAINTE CROIX

9/22 janvier
31ème dimanche après la Pentecôte,
après la Théophanie

Saint martyr Polyeucte (259) ; saint Pierre, évêque de Sébaste en Arménie (IVème s.) ; saint Eustrate le thaumaturge (IXème s.) ; saint Philippe de Moscou, thaumaturge (1569) saint Jonas, fondateur du monastère de la Sainte-Trinité à Kiev (1902) ; saint hiéromartyr Paul (Nikolsky), prêtre (1943).
Lectures : Dimanche après la Théophanie: Еph. IV, 7–13. Мatth. IV, 12–17 ; St Philippe :  Hébr. XIII, 17-21 ; Jn. X, 9-16

LE SAINT MARTYR POLYEUCTE

A
u commencement de la persécution de Dèce (249-251), Polyeucte et Néarque, deux officiers, grecs d’origine, de la douzième légion romaine, alors stationnée à Mélitène en Arménie, étaient liés par une tendre et profonde amitié. Néarque s’était converti au christianisme, tandis que Polyeucte était encore adonné au culte des idoles malgré ses nombreuses vertus. Lorsqu’on publia le premier édit de persécution, obligeant tous les militaires à sacrifier publiquement pour montrer leur fidélité au culte officiel de l’empereur, Néarque fit part à Polyeucte avec chagrin que cet édit allait bientôt les séparer à tout jamais. Polyeucte, déjà instruit en partie de la religion de Jésus-Christ par ses entretiens avec son ami, lui répondit le visage plein de joie : « Non, nous ne serons pas séparés, car la nuit dernière, le Christ que tu adores m’est apparu en vision, il m’a revêtu d’une chasuble lumineuse après m’avoir défait de mon vêtement militaire, et m’a fait présent d’un cheval ailé. » Il venait de comprendre qu’il s’agissait de la prédiction figurée de son prochain transfert au ciel, parmi la glorieuse cohorte des martyrs victorieux. Chrétien, il l’était déjà depuis longtemps par l’intention et la bonne disposition de l’âme ; il ne lui en manquait que le nom et que le sceau divin par le saint baptême. L’un et l’autre s’encouragèrent alors mutuellement à mépriser les biens et les joies périssables de cette terre pour obtenir la béatitude céleste. Lorsque Néarque apprit à Polyeucte que le martyre peut suppléer le baptême et toute autre cérémonie pour nous enrôler dans l’armée du Christ et faire vivre le Maître en nous, celui-ci, ne brûlant plus désormais que du désir d’être martyrisé, lui dit : « Mon esprit ne pense plus qu’aux choses du Ciel, j’ai devant les yeux de mon âme le Christ, et sa splendeur illumine mon visage. Convenons donc de souffrir ensemble le martyre, sortons et allons lire l’édit de l’empereur. » Une fois arrivé devant l’inscription, le brave Polyeucte l’arracha aux yeux de la foule étonnée et, se précipitant au milieu d’une procession païenne, il brisa en morceaux les idoles que portaient les prêtres. Immédiatement arrêté et traduit devant le tribunal, Polyeucte fut condamné, comme sacrilège, à souffrir quantité de tourments. Rien ne pouvait le faire cesser de se déclarer chrétien. Après les bourreaux, qui las de le frapper avaient vainement essayé de le convaincre, son beau-père Félix, le gouverneur de la province, s’efforça de le faire fléchir en lui rappelant le souvenir de son épouse et de ses enfants. « Quelle femme ? Quels enfants ? reprit-il ; ma pensée n’est plus là, elle ne se tourne désormais que vers les biens célestes et incorruptibles. Quant à ta fille, si elle consent à me suivre elle sera bienheureuse, si non elle ira à la perdition avec ceux que vous appelez vos dieux. » Son épouse Pauline s’avança alors en larmes : « Quelle démence s’est emparée de toi ? lui dit-elle. Qui t’a trompé au point de te pousser à briser nos douze dieux ? » — « Si moi seul j’ai vaincu tes douze dieux, répondit Polyeucte, il n’y a donc plus de moyen pour toi de trouver de dieu ici-bas. Il ne te reste plus, ô Pauline, qu’à venir avec moi adorer le vrai Dieu et qu’à te hâter d’échanger cette vie passagère contre la vie céleste et éternelle. » En constatant que l’athlète du Christ triomphait même de l’affection pour les siens et entraînait ainsi de nombreux idolâtres à se convertir, les juges prononcèrent la sentence de mort. Polyeucte marcha vers le lieu du supplice avec joie, le visage rayonnant, comme s’il allait vers sa libération, en donnant des paroles d’encouragement aux chrétiens qui l’accompagnaient. À la vue de Néarque, il le salua en lui rappelant la promesse qu’ils s’étaient faite l’un à l’autre. Puis, tendant bravement la nuque sous le glaive, il consomma son martyre en étant baptisé dans son propre sang. Les plus zélés d’entre les chrétiens enlevèrent son corps et l’ensevelirent à Mélitène, alors que Néarque recueillait son sang dans un linge et le transportait, l’année suivante, dans la ville des Cananéotes.

Tropaire du dimanche, 6ème ton
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
Les puissances angéliques apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton corps immaculé. Tu as dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire de la Théophanie, ton 1
Во Іopда́нѣ кpeщáющуся Teбѣ́, Го́споди, Tpoйческое яви́ся поклоне́нie : Pоди́телевъ бо гла́съ cвидѣ́тельствоваше Teбѣ́, возлю́-бленнаго Tя́ Cы́на имену́я, и Дýxъ въ ви́дѣ голуби́нѣ, извѣ́ствоваше cлoвecé yтвepжде́нie. Явле́йся, Xpисте́ Бо́же и мípъ просвѣще́й, cла́ва Тебѣ́.
Lors de Ton baptême dans le Jourdain, Seigneur, fut manifestée l’adoration due à la Trinité : car la voix du Père Te rendit témoignage en Te donnant le nom de Fils bien-aimé, et l’Esprit, sous la forme d’une colombe, confirmait l’irréfragable vérité de cette parole. Christ Dieu qui es apparu et qui as illuminé le monde, gloire à Toi !
Tropaire de St Philippe de Moscou, ton 8
Первопресто́льниковъ прее́мниче, сто́лпе Правосла́вія, и́стины побо́рниче, но́вый исповѣ́дниче, святи́телю Фили́ппе, положи́вый ду́шу за па́ству твою́, тѣ́мже, я́ко имѣ́я дерзнове́ніе ко Христу́, моли́ за Импера́тора правосла́внаго, за гра́дъ же и лю́ди, чту́щія досто́йно святу́ю па́мять твою́.
Successeur des primats de Moscou, colonne de l’Orthodoxie, défenseur de la vérité, nouveau confesseur, saint hiérarque Philippe, tu as donné ta vie pour ton troupeau. Aussi, ayant la liberté auprès du Christ, prie pour les Chrétiens orthodoxes, pour la cité et les hommes qui vénèrent dignement ta sainte mémoire.

Kondakion du dimanche, ton 6
Живонача́льною дла́нію умéршыя отъ мра́чныхъ удо́лій Жизнода́вецъ воскреси́въ всѣ́хъ, Христо́съ Бо́гъ, воскресéніе подадé человѣ́ческому pо́ду; éсть бо всѣ́xъ Спаси́тель, воскресéніе и живо́тъ и Бо́гъ всѣ́хъ.
Par Sa main vivifiante, le Donateur de vie a ressuscité tous les morts de leurs retraites ténébreuses, Lui,  le Christ Dieu, qui a fait don de la résurrection au genre humain, car, de tous Il est le Sauveur, la Résurrection et la vie et le Dieu de l’univers.
Kondakion de St Philippe, ton 3
Правосла́вія наста́вника и и́стины провозвѣ́стника, Златоу́стаго ревни́теля, Россíйскаго свѣти́льника, Фили́ппа прему́драго восхва́лимъ, пи́щею слове́съ свои́хъ разу́мно ча́да своя́ пита́юща: то́й бо язы́комъ хвале́нія поя́ше, устна́ма же пѣ́ніе вѣща́ше, я́ко таи́нникъ Бо́жія благода́ти.
Louons le maître de l’Orthodoxie et l’annonciateur de la vérité, le zélateur à la bouche d’or, le luminaire de la Russie, Philippe le très-sage, qui, a rassasié spirituellement ses enfants  par la nourriture de ses paroles. Par la langue, il adressait des louanges, par les lèvres, il élevait des hymnes, comme initié aux mystères de la Grâce de Dieu.

Kondakion de la Théophanie, ton 4
Яви́лся дне́сь вселе́ннѣй, и свѣ́тъ Tво́й Го́споди, зна́менася на́ на́cъ, възyмѣ пою́щихъ Tя́ : прише́лъ ecи́, и яви́лся ecи́ свѣ́тъ непристу́пный.
Tu es apparu au monde en ce jour, Seigneur, et Ta lumière s’est manifestée à nous qui, Te connaissant, Te chantons : Tu es venu, Tu es apparu, Lumière inaccessible.
Au lieu de «Il est digne», ton 2
Велича́́й душе́ моя́, Честнѣ́йшую го́рнихъ во́инствъ, Дѣ́ву Пречи́стую Богоро́дицу. Недоумѣ́етъ вся́къ язы́къ благохвали́ти по достоя́нію, изумѣва́етъ же у́мъ и премі́рный пѣ́ти Tя, Богоро́дицe ; оба́че Блага́ящи, вѣ́py пріими́, и́бо любо́вь вѣ́cи Боже́ственную на́шу ; Tы́ бо xристіа́нъ ecи́ Пpeдста́тельница, Tя́ велича́емъ.
Magnifie, mon âme, Celle qui est plus vénérable que les armées célestes, la Très pure Vierge et Mère de Dieu. Toute langue est embarrassée pour te chanter dignement, et même un esprit de l’autre monde a le vertige au moment de te célébrer, Mère de Dieu ; cependant, Tu es la bonté ; reçois donc notre foi, car Tu sais notre désir inspiré de Dieu ; Tu es l’avocate des chrétiens, nous Te magnifions.  

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR


L'anarchie est partout un mal, une source de calamités infinies, un principe de désordre et de perturbation ; mais elle est d'autant plus pernicieuse dans l'Église en particulier, que chez elle le pouvoir est plus grand et plus sublime. Supprimez le chef d'orchestre, le chœur ne connaît plus l'harmonie ni le concert; enlevez à une armée son général, l'ordre est brisé, la discipline anéantie dans les bataillons; arrachez le pilote à sa barre, le vaisseau fera naufrage ; séparez du troupeau le pasteur, tout est dispersé : ainsi l'anarchie`est un mal, une cause de ruine. Mais, en retour, la désobéissance des sujets n'est pas un moindre mal ; car elle produit les mêmes malheurs. Un peuple qui n'obéit plus à son chef, ressemble à un peuple sans chef; il est même pire encore. En effet, on pardonne, dans un cas, à ceux qui ne savent se garder du désordre et des excès; dans l'autre cas, loin d'excuser, on punit. Mais, objectera-t-on peut-être, il y a un troisième mal, c'est d'avoir un mauvais chef. Je le sais ; ce n'est pas un petit malheur; c'est pis, alors, bien pis même que l'anarchie (…) Comment donc saint Paul dit-il : « Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis?» ayant déclaré précédemment : « Considérant la fin de leur vie, imitons leur foi », c'est seulement après cela qu'il ajoute : Obéissez, soyez soumis  — Donc, objecterez-vous, que faire ? Et si le chef est mauvais, faudra-t-il ne pas obéir ? — Mauvais, dites-vous; mais en quel sens ? Si c'est : mauvais du côté de sa foi, fuyez-le, oui, évitez-le, non-seulement s'il n'est qu'un homme, quand même il serait un ange descendu du ciel ! Si c'est au contraire : mauvais du côté de sa conduite, n'approfondissez pas ce point. Ne croyez pas, du reste, que cette distinction m'appartienne; je l'emprunte à la divine Écriture. Écoutez l'oracle de Jésus-Christ : «Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse ». (Matth. XXIII, 2.) C'est après avoir fait contre eux de graves accusations qu'il prononce ces paroles : «Ils sont  assis sur la chaire de Moïse ; faites donc, tout ce qu'ils vous disent; mais ne faites pas ce qu'ils font ». Ils sont en dignité, vous dit-il, bien que leur vie soit impure; vous, n'étudiez pas leurs mœurs, mais leur enseignement. En effet, leurs mœurs ne peuvent causer aucun dommage spirituel à personne. Pourquoi ? c'est que, par elles-mêmes, elles sont évidemment mauvaises à tous les yeux ; et que ce maître, fût-il mille fois mauvais, n'enseignera jamais le mal. Du côté de la foi, au contraire, leur perversité est moins évidente pour les masses, et le docteur mauvais en ce genre ne craindra pas d'enseigner l'erreur. Aussi le précepte : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés », s'entend de la conduite, et non de la foi. Le contexte le prouve : « Car, pourquoi », dit Jésus-Christ, « voyez-vous une paille dans l'oeil de votre frère, tandis que vous ne remarquez pas la poutre qui est dans votre oeil ? Faites donc tout ce qu'ils vous disent». (Matth. VII, 1.) Faire est la fonction de la conduite et non de la foi. Voyez-vous que. Notre-Seigneur ne parle pas là des dogmes, mais de la vie et des oeuvres ?

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