samedi 10 décembre 2016

Quand on ne sait quoi dire dans la prière...

Saint Philarète de Moscou



Dans les Lettres Missionnaires de saint Nicolas Vélimirovitch (n° 254), saint Nicolas mentionne une prière secrète de saint Philarète de Moscou (+1867), retrouvée parmi ses papiers après son trépas. 

Beaucoup d'entre nous connaissent déjà la prière du matin de saint Philarète: "Ô Seigneur, accorde-moi d'accueillir le jour qui vient en paix..." Cette prière m'a tellement touché que pendant mes dernières années d'enseignement, je l'ai imprimée et l'ai donnée à mes étudiants au début de chaque semestre, et j'ai commencé chaque classe en la récitant (ce qui m'était possible parce que j'enseignais dans une institution chrétienne: Trinity Western University)

Fait intéressant, mes étudiants en majorité évangéliques ou agnostiques sont devenus si habitués à la prière que quand je ne la disais pas parce que j'étais pressé ou distrait, ils me demandaient parfois pourquoi je n'avais pas dit la prière. Même les évangéliques et les agnostiques peuvent apprécier la consistance liturgique.

La prière secrète de saint Philarète est la suivante:

Seigneur, je ne sais pas quoi te demander. Tu sais ce dont j'ai besoin. Tu m'aimes plus que je ne suis capable de m'aimer. Ô Père, donne à Ton serviteur ce que je ne puis même pas demander. 

Je n'ose demander ni souffrance ni bénédiction, mais je me tiens devant Toi avec mon cœur ouvert vers Toi. Tu vois les besoins que je ne connais pas. Regarde-moi et agis selon Ta miséricorde. 

Châtie et guéris, laisse-moi tomber et relève-moi. Je tremble et je reste silencieux devant Ta sainte volonté et devant Ton jugement qui est hors de portée pour moi. 

Je m'offre à Toi en sacrifice. Il n'y a de désir en moi que pour le désir de remplir Ta volonté. Apprends-moi à prier. Et Toi-même prie en moi! Amen.

Remarquez combien ce saint dit qu'il ne sait pas [quoi demander dans la prière]. Pour moi, le commencement de la prière sincère vient quand je commence à reconnaître mon ignorance dans la prière. Je ne sais pas pourquoi prier. Je ne sais pas ce dont j'ai besoin. Et je ne sais certainement pas ce dont les autres ont besoin. 

Le Dieu qui sait tout, aime tout le monde et Il peut faire tout ce qui est nécessaire, c'est le Dieu même à Qui je parle. Dieu seul sait. Tout ce que je peux faire, c'est de dire amen. 

Ce que je peux faire, c'est ouvrir mon cœur à la souffrance ou à la bénédiction, à la chute ou au relèvement, au châtiment ou à la guérison. Dieu seul sait. Ce que je peux faire, c'est m'offrir comme sacrifice. Ou du moins, c'est ce pour quoi je peux prier pour le faire.

Ceux d'entre nous qui vivent dans un contexte de relative liberté religieuse peuvent, peut-être, trouver le terme de sacrifice trop fort. Cependant, je suggère que toutes les souffrances que nous endurons pour l'amour des autres, ou pour résister à la passion du péché. ou pour supporter la maladie sans se plaindre, ou même profiter des bénédictions sans oublier Dieu et ceux qui souffrent, est exactement le sacrifice auquel saint Philarète se réfère.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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