mercredi 2 novembre 2016

Sur le blog de Maxime et de Laurence...




J'aime le regard de Laurence, ses photos sont de plus en plus belles. Laurence sait bien ce que nous avons perdu "en occident", ce que nous risquons de perdre, et ce que les Russes risquent de perdre. Elle sait voir la beauté des paysages, des saisons, des coutumes…  et ce qu'elle voit en Russie ce n'est pas la Sainte Russie rêvée, et pas non plus seulement la pesanteur du réalisme soviétique de naguère ; c'est le pays réel. Et justement, on peut se poser la question : le communisme tout en ayant eu majoritairement le (vain) projet d'éradiquer l'Orthodoxie russe n'avait-il pas conservé voire valorisé toute  cette beauté et ces savoir-faire de l'art populaire  dans toutes ses composantes : artisanales, architecturales, artistiques, chorégraphiques, musicales, costumières etc. que chaque région avait perpétuées avec fierté ? [voir tout de même le commentaire de Laurence en bas d'article] Mais le "modernisme" d'influence "libéralo-occidentale" si vanté comme valeur universelle, n'est-il pas en train de réduire, d'écraser, de broyer et d'éradiquer tout cela ?

Continuez de lire le blog de Laurence, elle sait (avec son esprit aiguisé et sa sensibilité attentive) de quoi elle parle, et elle a les bons yeux pour nous parler du pays réel. L'amour ne rend pas aveugle, mais l'amour sait voir aussi ce que les autres sont incapables de voir, aveuglés qu'ils sont non par l'amour mais plutôt par l'ignorance, l'intolérance et la stupidité 
d'un nouveau conformisme haineux, autant de tares que ces pharisiens new look ont pourtant la prétention de relever et condamner à tout propos, dans tout domaine, se targuant d'être les consciences morales incontournables de notre temps… Auto-satisfaits mais jamais auto-critiques.

Extraits 

[…] Olga Kalashnikova m’a proposé d’aller faire une expédition photo dans des endroits pittoresques, car il neigeait dru, ce qui conférait aux paysages un intérêt particulier.[…] En arrivant à la rivière Troubej, j’ai vu sur la rive opposée, dans un demi jour vibrant de flocons, se déplacer une mariée toute en blanc, sous son voile, avec son époux en costume foncé, ils avançaient pareils à des fantômes, dans ce monde hivernal. D’après Olga, la coutume locale veut que le mari porte la mariée tout le long du pont qui franchit la rivière.


Je me souviens d’une isba particulièrement jolie, près de l’entrée du monastère. Le fronton en était orné d’une poule et d’un coq sculptés et peints. La petite vieille qui habitait là, et qui avait de beaux yeux très bleus, m’avait expliqué que ces sculptures étaient l’œuvre de son mari et les représentaient tous deux, lui le coq, elle la poule. Je n’ose pas retourner à cet emplacement de peur de voir cette merveilleuse petite maison remplacée par un machin prétentieux.
Nous avons fait halte au bord d’une rivière, dans la forêt, la neige soulignait tous les reliefs d’une lumière sans éclat, sur les sombres ramures, à la lisière des berges où l’eau commençait à geler. Les roseaux balançaient au vent glacial de petites mains blanches et crispées. L’atmosphère était sévère et magique, mystérieuse, envoûtante.
Puis nous sommes allées du côté de Koupanskoïé, près du musée du chemin de fer, où se dresse une église neuve, en bois, consacrée à la sainte Trinité. Dans cette grisaille, les herbes semblaient balancer des fleurs immaculées et glaciales, je voyais se déployer des rangées de présences oscillantes, d’anges suspendus. Les arbres se perdaient dans la brume neigeuse, où des reflets encore dorés se fanaient ça et là.
A Koupanskoïé, beaucoup de très jolies isbas se conservent encore, et cela donne au paysage une toute autre allure, elles ne s’imposent pas, elles accompagnent les accidents du terrain, elles nous mènent doucement jusqu’à l’église comme une double rangée de paysannes parées pour une fête.
Au retour, Olga m’a invitée dans un restaurant du coin pour prendre le thé, elle m’a offert une bouteille d’hydromel. Les gâteaux étaient très bons, nous avons beaucoup parlé, de l'éducation des enfants, de la très mauvaise influence de l'ordinateur sur leur développement et leur psychisme, de la mutilation grave que représente pour l'âme de nos contemporains la rupture de la transmission du patrimoine culturel et des savoirs faire populaires. […] 


Textes et photos de Laurence Guillon

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