dimanche 12 juin 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


30 mai / 12 juin
7ème dimanche de Pâques
Après-fête de l’Ascension et
Dimanche des Saints Pères du 1er Concile Œcuménique

Saint Isaac, confesseur, fondateur du monastère de Dalmate, à Constantinople (383). Saint hiéromartyr Basile (Smolensky), prêtre (1942).
Lectures : Actes XX, 16-18, 28-36  / Jn. XVII, 1-13
DIMANCHE DES SAINTS PÈRES
L
es fondements de l’hérésie arienne étaient les suivants : « Il fut un temps où n’existait que Dieu le Père, qui créa une essence entre Lui et le monde, le Fils de Dieu ». En un mot, l’hérésie reconnaissait le Christ, le Fils de Dieu, non comme Dieu, mais comme une essence intermédiaire créée, bien que plus parfaite que toutes les essences créées. Cette hérésie tire son nom de son fondateur, Arius, né en 256 en Lybie. Ordonné diacre par Pierre, évêque d’Alexandrie, Arius fut excommunié par son ordinant pour collusion avec une faction ecclésiastique locale, pénétrée d’aspirations schismatiques. Le successeur de l’évêque Pierre, Achille, reçut Arius dans la communion de l’Eglise et l’ordonna à la prêtrise. A la mort d’Achille, Arius pensait devenir son successeur, mais ce fut Alexandre, qui fut élu évêque d’Alexandrie. Arius accusa injustement Alexandre d’hérésie, alors que lui-même enseignait sa doctrine hérétique concernant le Fils de Dieu. L’évêque Alexandre s’efforça de raisonner le prêtre Arius, mais celui-ci resta inflexible. C’est alors qu’Alexandre excommunia Arius, qui trouva le soutien de plusieurs évêques et prêtres. Voyant que le mal se répandait, l’évêque Alexandre convoqua un concile d’évêques locaux en 320, qui confirmèrent l’excommunication d’Arius. En ce temps, celui-ci répandait partout son hérésie en Orient, à tel point que cette situation attira l’attention de l’Empereur Constantin, qui convoqua à Nicée, en 325, un Concile d’Evêques, qui devait devenir le 1er Concile Œcuménique. Selon l’historien ecclésiastique Socrate, « L’Esprit de Dieu établit l’accord des évêques », qui instituèrent le Credo de Nicée, exposant l’enseignement orthodoxe sur la Divinité de la Deuxième Personne de la Sainte Trinité – le Seigneur Jésus-Christ - et condamnant comme hérésie les réflexions blasphématoires d’Arius. L’enseignement orthodoxe des Saints Pères, ainsi que les Saints Pères eux-mêmes sont commémorés par la Sainte Eglise après l’Ascension, parce que celle-ci constitue une preuve irréfutable de l’union inséparable des deux natures dans le Christ, de la Divinité et de l’humanité. Dans ses hymnes, la Sainte Eglise chante :   « Célébrons fidèlement en ce jour, dans la piété, la mémoire annuelle des Pères Théophores, rassemblés de tout l’univers en la cité illustre des Nicéens, ainsi que les assemblées des orthodoxes. Ils rejetèrent, dans un esprit de piété,  le dogme athée de l’infortuné Arius, et exclurent conciliairement celui-ci de l’Eglise catholique, enseignant à tous à confesser clairement le Fils de Dieu consubstantiel et coéternel, existant avant les siècles ».    

Tropaire du dimanche du 6ème ton
нгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.

Les puissances angéliques vinrent à Ton Sépulcre, et ceux qui le gardaient gisaient comme des morts. Marie se tenait près du Tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Toi qui as dépouillé l’enfer, Tu n’as pas été dominé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge, Toi qui donnes la Vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire de l’Ascension, ton 4

Возне́слся ecи́ во cла́вѣ Христе́ Бо́же на́шъ, ра́дость сотвори́вый уче-нико́мъ обѣтова́ніемъ Свята́го Дýxa, извѣще́ннымъ и́мъ бы́вшимъ благослове́ніемъ, я́ко Ты́ ecи́ Сы́нъ Бо́жій, изба́витель мі́ра.
Tu t’es élevé dans la gloire, ô Christ notre Dieu, réjouissant Tes disciples par la promesse de l’Esprit Saint, et les affermissant par Ta bénédiction, car Tu es le Fils de Dieu, le Rédempteur du monde.

Tropaire des Saints Pères, ton 8
Препросла́вленъ ecи́ Xpисте́ Бо́же на́шъ, cвѣти́ла на земли́ Отцы́ на́ши основа́вый, и тѣ́ми ко и́стиннѣй вѣ́рѣ вcя́ ны́ наста́вивый : много-благоутро́бне, cла́ва Тебѣ́.
Infiniment glorifié es-Tu, Christ notre Dieu, car Tu as établi nos Père comme des luminaires sur terre. Par eux, Tu nous as amenés vers la vraie foi. Très miséricordieux, gloire à Toi !

Kondakion des Saints Pères, ton 8
Апо́столъ проповѣ́даніе, и Oте́цъ догма́ты, Цépкве eди́ну вѣ́ру запечатлѣ́ша, я́же и ри́зу нося́щи и́стины, истка́ну отъ е́же свы́ше богосло́вія, исправля́етъ и сла́витъ благоче́стія вели́кое та́инство.
La prédication des Apôtres et les dogmes des Pères ont donné à l’Église la foi une ; portant la tunique de la vérité, tissée par la théologie qui vient d’en haut, elle confirme et glorifie le grand mystère de la piété.

Kondakion de la fête, ton 6
Е́же о на́съ испо́лнивъ смотре́ніе, и я́же на земли́ coeдини́въ небе́снымъ, возне́слся ecи́ во cла́вѣ Христе́ Бо́же на́шъ, ника́коже отлуча́яся, но пребыва́я неотсту́пный, и вопія́ лю́бящимъ Тя́ : а́зъ е́смь съ ва́ми, и никто́же на вы́.
Ayant accompli Ton dessein de Salut pour nous, et uni ce qui est sur terre à ce qui est aux cieux, Tu T’es élevé dans la gloire, ô Christ notre Dieu, sans nullement T’éloigner, mais en demeurant inséparable et clamant à ceux qui T’aiment : Je suis avec vous et personne ne prévaudra contre vous.
Au lieu de « il est digne en vérité », ton 5
Велича́й душе́ моя́, возне́cшагося отъ земли́ на не́бо, Xpиста́ жизнода́вца. Tя́ па́че ума́ и cловecé Ма́тepь Бо́жію, въ лѣ́то безлѣ́тнаго неизpeче́нно ро́ждшую вѣ́pніи единoму́дpeнно велича́емъ.
Ô Toi qui es au-delà de l’entendement et de l’expression, Mère de Dieu, Toi qui, d’une manière inénarrable, as enfanté dans le temps le Dieu intemporel, nous, fidèles, d’une seule voix, nous Te louons.

VIE DE SAINT ISAAC DU MONASTÈRE DE DALMATE[1]
Notre saint Père Isaac était un ermite syrien, qui vivait dans le désert au temps de la persécution menée par l’empereur Valens (364-379) contre les orthodoxes. En 378, alors que ce dernier se préparait à partir en campagne contre les Goths qui, rassemblés en masse sur les rives du Danube, menaçaient Constantinople, saint Isaac, répondant à une motion divine, se présenta devant l’empereur et lui dit : « Majesté, ordonne de rouvrir les églises, et tu rentreras victorieux. » Mais le souverain se détourna dédaigneusement de lui. Le lendemain, l’homme de Dieu se tint de nouveau devant lui et lui réitéra sa demande, mais Valens passa outre. Le troisième jour, Isaac lui barra la route et, agrippant la bride de son cheval, il ne cessa de lui répéter sa requête, tantôt sous forme de supplication, tantôt sur un ton de reproche. Lorsqu’ils parvinrent à une gorge profonde, pleine de ronces, l’empereur excédé donna l’ordre à ses gardes d’y précipiter le saint. Par la grâce de Dieu, Isaac tomba au milieu des ronces comme sur un lit douillet, et deux jeunes gens, radieux et vêtus de blanc, l’en tirèrent sans retard et le transportèrent, sain et sauf, à Constantinople, au milieu de l’agora, devant l’empereur qui venait d’y arriver. Stupéfait, Valens demanda s’il était bien celui qu’il avait fait jeter dans le ravin. Le saint lui répliqua : « Ouvre les églises, et tu reviendras dans la joie. Si tu n’agis pas ainsi, sache qu’après avoir eu la vie sauve en fuyant, tu périras, brûlé par tes ennemis, dans un tas de paille. » Ébranlé par cette révélation, l’empereur n’en resta pas moins entêté, et il chargea deux sénateurs, Satornique et Victor, d’assurer la garde d’Isaac, jusqu’à son retour. La bataille, livrée près d’Andrinople le 9 août 378, tourna à la déroute pour les troupes impériales. Valens parvint à sortir de la mêlée et alla se cacher, avec son aide de camp, dans un tas de paille. Les barbares qui le pourchassaient l’y découvrirent et y mirent le feu, et c’est ainsi que le tyran périt misérablement, réalisant la prophétie de saint Isaac. Au retour des troupes qui avaient pu échapper au carnage, certains, voulant éprouver Isaac, lui dirent : « Prépares-toi à rendre compte de ta conduite, car l’empereur est de retour. » Mais le saint leur répondit : « Voilà plus de sept jours que l’odeur de ses ossements calcinés m’est parvenue. » Lorsque Théodose le Grand prit le pouvoir, informé des événements et du rôle joué par le saint moine, il lui rendit la liberté, et proclama sans retard un édit restituant aux orthodoxes l’usage de leurs églises, après quarante ans d’interruption. Isaac déclara que, sa mission étant achevée, il n’avait plus qu’à retourner dans son désert de Syrie. Mais Satornique et Victor le supplièrent avec larmes de rester en ville pour y rétablir la vie monastique, délaissée pendant la persécution arienne. Il finit par céder, à la condition qu’ils lui construisent une cellule, dans un endroit calme et retiré, où il pourrait finir ses jours dans l’hésychia. Les deux sénateurs, devenus ses fils spirituels, rivalisèrent de zèle dans leurs propositions, et il porta finalement son choix sur une petite propriété, offerte par Satornique, située hors de l’enceinte d’alors, dans le quartier de Psamathia (Samatya), près de la porte de Xérolophos. Il s’y installa dans une modeste cellule et commença à y mener la vie angélique d’un anachorète. Chaque matin les deux sénateurs allaient prendre sa bénédiction avant de vaquer à leurs affaires, et un nombre croissant d’hommes pieux venaient lui rendre visite, pour s’entretenir avec lui sur la vraie foi et sur la vie spirituelle. L’empereur Théodose lui-même se rendait fréquemment auprès de l’ermite, afin de recevoir ses conseils et de lui demander d’intercéder auprès de Dieu pour lui et pour l’Empire. Beaucoup de chrétiens l’invitaient chez eux, et, rejetant tout esprit de vaine gloire, le saint sortait parfois pour les visiter. Des disciples se joignirent peu à peu à lui et l’endroit devint le premier monastère de Constantinople (382). D’autres communautés monastiques, comptant jusqu’à cent cinquante moines, se constituèrent sous son influence, aussi bien à l’intérieur de la ville qu’aux environs, en particulier celle de saint Hypatios, au monastère des Rufinianes. Saint Isaac les visitait tous régulièrement pour entretenir leur zèle spirituel. Bien qu’il n’eût aucune autorité officielle, il était honoré comme un père par tous les moines de la capitale. Par ailleurs, quand il apprenait que des gens manquaient du nécessaire, s’il n’avait rien à leur donner lui-même, il en informait les chrétiens aisés, et ceux-ci leur faisaient parvenir des vivres et des vêtements. Saint Isaac présidait donc, en ce temps-là, non seulement à l’enseignement de la foi et de la vie spirituelle, mais aussi à la charité et aux œuvres de bienfaisance. Lorsque saint Jean Chrysostome accéda au siège épiscopal de Constantinople (398), constatant qu’un grand nombre de moines circulaient en ville et se rendaient dans les maisons privées, il prit des mesures contre ces abus et leur ordonna de rester dans leurs monastères. Il entreprit aussi de réorganiser les œuvres de charité, en particulier par la fondation d’un grand hôpital, dont il désigna lui-même les responsables. Ces mesures pastorales nécessaires portèrent ombrage à l’activité de saint Isaac et à une grande partie des moines qui se sentirent délaissés. L’archevêque d’Alexandrie, Théophile, s’empressa d’exploiter habilement ce différend et, lorsqu’il arriva à Constantinople, en vue de retourner contre saint Chrysostome les accusations dirigées contre lui, il attira à son parti Isaac et ses moines. C’est ainsi que le vieil ascète prit malheureusement une part active au synode du Chêne, parmi les accusateurs de saint Jean (403). Celui-ci fut alors déposé et condamné à l’exil. Mais cette condamnation suscita de telles réactions que le saint évêque fut bientôt rappelé sur son siège, hélas pour peu de temps. Saint Isaac ne s’immisça plus dans les affaires ecclésiastiques, et passa ses derniers jours, paisiblement, dans son monastère. Ayant été averti par Dieu de son prochain départ de cette vie, il rassembla ses disciples, leur recommanda de rester fermes dans la vraie foi et désigna Dalmate pour lui succéder, puis il remit son âme à Dieu en 406.


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

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