dimanche 10 avril 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



28 mars /10 avril
4ème dimanche de Carême – de St Jean Climaque

Saint Hilarion le jeune, abbé du monastère de Pélécète en Bithynie, confesseur (vers 754) ; saints Jonas et Barachise (330) ; sainte Gundelinde, abbesse de Bas-Moutier en Alsace (750) ; saint Étienne, thaumaturge, abbé du monastère de Triglium, confesseur (815) ; saint martyr Boïan de Bulgarie (vers 830) ; saint Eustrate, moine et martyr des Grottes de Kiev (1097) ; saint Hilarion de Gdov (1476) ; saints néo-martyrs de Russie : Nicolas (Postinikov), confesseur, prêtre (1931), hiéromartyre Basile (Malinine), prêtre (1938), martyr Jean (Tchernov) (1939).

Liturgie de saint Basile le Grand
Lectures: Hébr.VI, 13-20; Éph. V, 9-19 / Мc. IX, 17-31; Matth. IV, 25 – V, 12

ST JEAN CLIMAQUE
L
a Sainte Église dédie l’office du quatrième dimanche de Carême à l’exemple élevé de vie ascétique que représente Saint Jean Climaque, auteur du livre « L’échelle » (des vertus), dont l’auteur tire son nom (en grec « climax » signifie « échelle). Selon la Tradition, Saint Jean naquit vers l’an 570, dans la famille des saints Xénophonte et Marie, dont la mémoire est fêtée le 26 janvier. A l’âge de seize ans, il entra au monastère du Sinaï, où, quatre ans après, il fut tonsuré moine. Durant dix-neuf ans, il se trouva sous la direction d’un ancien nommé Martyrius. Une fois, ils se rendirent chez l’ancien Jean le Sabbaïte, qui se leva, lava les pieds de Jean et baisa sa main. Après leur départ, le disciple de Saint Jean le Sabbaïte demanda à celui-ci pourquoi il avait agi ainsi. L’ancien lui répondit : « Crois-moi, mon enfant, je ne sais pas qui est ce jeune homme, mais j’ai reçu l’higoumène du Sinaï et j’ai lavé les pieds de l’higoumène ». Un autre ancien, du nom de Stratégius prédit que Jean serait un jour un grand luminaire spirituel. Les paroles des anciens se réalisèrent. A trente-cinq ans, Saint Jean partit comme ermite dans le désert, au pied du Mont Sinaï. Il y passa quarante ans, œuvrant avec humilité et douceur dans la prière. A l’âge de septante-cinq ans, il fut élu higoumène du monastère du Sinaï. A la demande de Jean, higoumène du monastère de Raïthou, il écrivit la célèbre « Échelle des vertus », où il décrit les trente degrés de l’ascension vers la perfection spirituelle. Le but de cette œuvre est de montrer que le salut exige de l’homme renonciation à soi-même et labeurs ascétiques renforcés. Les degrés de « L’échelle » constituent la voie de l’homme vers la perfection, qui, graduellement, et non subitement, peut être atteinte, et par laquelle il se rapproche du Royaume céleste. Saint Jean fut higoumène durant quatre années, puis s’isola ensuite à nouveau dans le silence. Il s’endormit dans le Seigneur en 649.

Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
Tropaire de St Jean Climaque, ton 1
Пусты́нный жи́тель и въ тѣлecи́ а́нгелъ, и чудотво́рeцъ яви́лся ecи́ богоно́се О́тче на́шъ Iоа́ннe; посто́мъ, бдѣ́ніемъ, моли́твою небе́сная дapoва́нія прiи́мъ, исцѣля́еши неду́жныя, и ду́ши вѣ́рою притека́ющиxъ ти́. Cла́ва да́вшему тeбѣ́ крѣ́пость; cла́ва вѣнча́вшему тя́; cла́ва дѣ́йствующему тобо́ю всѣ́мъ исцѣле́нія.
Habitant du désert et ange dans le corps, tu fus thaumaturge, ô Jean, notre père théophore ; par le jeûne, les veilles et la prière, tu as reçu des dons célestes ; tu guéris les malades et les âmes de ceux qui accourent vers toi avec foi. Gloire à Celui qui t’a donné la force, gloire à Celui qui t’a couronné, gloire à Celui qui par toi accomplit pour tous des guérisons.
Kondakion de St Jean Climaque, ton 4
Нa выcoтѣ́ Го́сподь воздержа́нія и́стинна тя́ положи́, я́коже звѣзду́ нелécтную, cвѣтовoдя́вшую концы́, наста́вниче Iоа́ннe О́тче на́шъ.
En vérité, le Seigneur t’a placé au sommet de la tempérance, comme un astre fixe qui éclaire les confins de l’univers, ô Jean notre guide et notre père.
Kondakion du dimanche, 4ème ton
Спа́съ и изба́витель мо́й изъ гро́ба я́ко Бо́гъ воскреси́ отъ у́зъ земноро́дныя, и врата́ а́дова сокруши́, и я́ко Влады́ка воскре́ce тридне́венъ.
Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du Tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. Ô Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu petit enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. Ô Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

EXTRAITS DE « L’ÉCHELLE SAINTE » DE ST JEAN CLIMAQUE[1]

1. De même que l’eau qu’on répand peu à peu sur le feu finit par l’éteindre, ainsi les larmes d’une affliction véritable éteignent toutes les flammes de la colère et de l’irritation. Telle est la raison de l’ordre que nous avons suivi.

2. L’absence de colère est un désir insatiable des humiliations, de même que la vaine gloire est un désir effréné des louanges. L’absence de colère est une défaite de la nature devenue insensible aux injures, au prix de nos luttes et de nos sueurs.

3. La douceur est un état immobile de l’âme qui reste égale à elle-même aussi bien dans les humiliations que devant les louanges.

4. Le commencement de cette victoire sur la colère est le silence des lèvres quand le cœur est agité ; le progrès en est marqué par le silence des pensées devant un simple trouble de l’âme ; et la perfection en est la sérénité imperturbable de l’âme sous le souffle des vents impurs.

5. La colère est la persévérance dans une haine secrète, autrement dit le souvenir qu’on garde d’une rancune. La colère est le désir de nuire à celui qui nous a offensés. L’irritation est un embrasement intempestif du cœur. L’amertume est un mouvement plein d’aigreur qui s’installe dans l’âme. L’irascibilité est une instabilité de l’humeur et une difformité de l’âme.

6. Comme les ténèbres se dissipent dès que paraît la lumière, ainsi le parfum de l’humilité fait s’évanouir toute trace d’amertume et d’irascibilité.

7. Certains, parce que leur irritation passe vite, négligent d’en prendre soin et de la soigner. Ces malheureux n’écoutent pas Celui qui a dit : «L’instant de sa colère est celui de sa perte» (Sir. 1,22).

8. Il existe un mouvement rapide de la meule qui broie et fait disparaître en un instant plus de grain et de fruit spirituels qu’un autre durant tout un jour, aussi devons-nous y veiller avec soin. Il peut se produite, sous l’effet d’un vent violent, un embrasement soudain capable de dévorer et d’anéantir le champ de notre cœur, plus que ne le ferait un feu de longue durée.

9. Nous ne devons pas oublier, mes amis, que les démons mauvais se retirent parfois pour un temps, pour que nous négligions nos graves passions comme si elles étaient sans conséquence, et que nous tombions ensuite dans des maladies incurables.

10. Une pierre anguleuse et dure perd toutes ses aspérités et sa rudesse quand elle se heurte et se cogne à d’autres pierres, et elle devient ronde. De même, quand une âme anguleuse et dure se trouve mêlée à une foule d’hommes rudes et irascibles et doit vivre avec eux, elle est placée devant cette alternative : ou bien guérir ses propres blessures par la patience, ou se retirer ; dans ce cas, sa lâche dérobade lui fera pleinement connaître sa propre faiblesse, comme dans un miroir.

11. L’homme irascible est un épileptique volontaire, qui moyennant une prédisposition involontaire, est saisi d’une crise et tombe à terre.


Commentaire de saint Jean Chrysostome sur l’Épître du jour

L’apôtre dit : « Ayez donc soin de marcher avec circonspection ». En d'autres termes : La prédication mise à part, ne donnez pas d'autre sujet, d'autre motif de haine contre vous. Que personne n'ait autre chose à vous imputer : soyez respectueux et soumis dans toutes les choses qui n'intéressent pas la prédication, qui ne gênent point la piété : « Rendez à tous ce qui leur est dû: à qui le tribut, le tribut; à qui l'impôt, l'impôt ». (Rom. XIII, 7.) Car les incrédules rentreront en eux-mêmes, quand ils nous verront irréprochables dans le reste. « Non comme des insensés, mais comme des hommes sages, rachetant le temps ». Il ne dit pas cela pour nous conseiller d'être souples et de prendre toutes les formes. Voici ce qu'il veut dire : Le temps n'est pas à vous; vous n'êtes en ce monde que des étrangers, des voyageurs de passage : ne cherchez pas les honneurs, ne cherchez pas la gloire, ne cherchez pas la puissance, ne cherchez pas la vengeance; subissez tout, et par ce moyen rachetez le temps ; ne craignez pas de payer, payez tout ce que l'on exigera... Il y a ici quelque obscurité : tâchons de l'éclaircir au moyen d'un exemple : Supposez qu'un homme possède une maison magnifique et que des gens y pénètrent pour le tuer; qu'alors pour se sauver il donne une forte somme à ces scélérats : nous dirons qu'il se rachète... Eh bien ! Vous aussi, vous êtes possesseur d'une superbe maison, vous avez la vraie foi : on vous poursuit pour vous dépouiller : donnez tout ce qu'on vous demandera, gardez seulement le principal, à savoir la foi.



[1] Traduction du R.P. Placide Deseille

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