lundi 14 mars 2016

Dr. Constantin Cavarnos: Photios Kontoglou/ INEBRANLABLE FIDÉLITÉ À LA SAINTE TRADITION (4)

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Autoportrait de Photios Kontoglou

-Parlait-il ouvertement dans le quotidien athénien [auquel il collaborait]?
-Oui. Il critiquait les Grecs pour les nombreux maux qui se sont glissés dans la mentalité grecque. Un des maux envahissants était la xénomanie: l’amour excessif et aveugle des choses d'origine étrangère et leur acceptation sans discernement. Cela est sorti encore et encore dans ses écrits. La xénomanie est encore une maladie très répandue des Grecs. C’est l'une des raisons pour lesquelles ils ont dénigré l'héritage byzantin et la tradition orthodoxe. Cette prise de position de Kontoglou signifiait aussi être très critique de l'Occident moderne et de l'église papale, qu'il considérait comme une forme très déformée du christianisme. Il était catégoriquement opposé à l'œcuménisme commencé en 1963 par Athénagoras, patriarche de Constantinople. Jusques à la fin de sa vie en 1965, Kontoglou fut la voix la plus forte contre l'œcuménisme.
- Y avait-il quelque chose de visionnaire ou de prophétique au sujet de ses idées concernant l'œcuménisme?
-Je ne dirais pas prophétique, sauf que par rapport à ce qui est arrivé dans le passé, on pouvait prévoir ce qui se passerait de notre temps et à l'avenir, si nous ne tenons compte pas l'expérience du passé. Par exemple, la fausse union à Ferrare-Florence au XVe siècle était très vive dans son esprit. Ses conséquences ont été destructrices: après quelques années, Constantinople tomba aux mains des Turcs. Ce ne fut pas une coïncidence; ce fut plutôt la séquence naturelle pour n’avoir pas été fidèle à l'Église. Elle fut abandonnée par Dieu pour apostasie.
- Donc, il vit une relation directe entre l'apostasie et la conquête turque?
-Oui, c’est ce que transparaît dans ses écrits. Et il ressentait que la même chose se produirait à nouveau, si nous avançons avec le type d’œcuménisme d’Athénagoras. Le résultat final serait que les Grecs seraient devenus des marionnettes du Vatican et perdraient leur identité. Il croyait, par exemple, que si les Grecs avaient accepté l'union avec Rome au XVe siècle à la suite du Pseudo Concile, leur identité culturelle et historique et la foi orthodoxe auraient été perdues très rapidement. Ce fut le refus de saint Marc d'Ephèse, que nous admirons beaucoup, disant: "Non! " à cette fausse union, qui sauva la Grèce, [l’empêchant] d'être dé-hellénisé et de perdre son caractère national et ses trésors spirituels. Kontoglou prévoyait tout ce développement, et c’est la raison pour laquelle il est fermement opposé à l'œcuménisme.
-Des contemporains de Photios Kontoglou, de qui était-il le plus proche? Avec qui partageait-il une unité d'esprit?
-Sur La question de l'oecuménisme, il y avait beaucoup, que je mentionne dans mon livre L’œcuménisme Examiné [Ecumenism Examined]: à savoir, son père spirituel l’archimandrite Philotheos Zervakos; son éditeur Alexander Papademetriou; l'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce Chrysostomos; le Métropolite de Florina Augoustinos Kantiotis; le Métropolite d’Argolide Chrysostomos; l’higoumène Gabriel du monastère de Dionysiou sur la Sainte Montagne; le Père Theocletos du même monastère; l’archimandrite Haralambos Vasilopoulos, fondateur de l’Union Orthodoxe Panhellénique et de son organe de presse "Orthodoxos Typos"; les professeurs de l'École de théologie de l'Université d'Athènes: Panagiotis Trembelas, Ioannis Karmiris, Konstantinos Mouratidis et Pantelis Paschos; l’éminent prédicateur Nikolaos Soteropoulos; et beaucoup d'autres. Chacun d'entre eux a également partagé l'accent de Kontoglou mis sur l'importance vitale de l'étude des Pères de la sainte Église et l’adhésion à la Tradition de l'Eglise orthodoxe.
-Pourquoi pensez-vous que Philotheos Zervakos et Photios Kontoglou se sont rangés du côté de l’Eglise du soit disant nouveau calendrier?
- J’ai expliqué ceci dans le Volume Onze de ma série sur les Saints Orthodoxes Modernes [Modern Orthodox Saints], qui est consacré au bienheureux Philotheos Zervakos. Dès l'époque même où l'idée d'introduire le nouveau calendrier a été conçue, le Père Philotheos a écrit des lettres de protestation en disant: "Non! Arrêtez ça; ne le faites pas," mais ils ne l'ont pas écouté. Il a écrit des lettres et des brochures pour protester contre cette innovation jusques au moment de sa mort. Ses prédictions se sont réalisées: il a dit que si vous permettez à cette innovation de se faire, vous diviserez le peuple en deux parties hostiles. Cette prophétie de Zervakos a été complètement accomplie. Dans ses dernières années, quand il a vu que le gouvernement grec, l'Eglise de Grèce et le Patriarcat œcuménique ne l’écoutaient pas, il a pensé à tout simplement faire repasser son monastère à l'ancien calendrier. Sur cette question, je suggère une lecture attentive de mon livre sur le Bienheureux Père Philotheos. Son moine le plus âgé, le Père Leontios, que j'ai rencontré quelques années avant sa mort, a déclaré que le Père Philotheos était très déterminé à déclarer que le monastère était revenu à l'ancien calendrier. Mais il eut l’opposition de certains de ses moines les plus âgés, en particulier le père Leontios. Chaque fois que le staretz [Philotheos] quittait le monastère pour voyager en tant que confesseur, parfois pendant des semaines, Leontios était l'higoumène en charge. Donc, il avait une voix forte. Il soulignait que s'ils changeaient le monastère en le mettant à l'ancien calendrier, alors l'évêque local interviendrait immédiatement et les forcerait à renoncer à cette idée, ou bien… Le "ou bien" serait que la police serait envoyée pour expulser les moines et dire que ce monastère appartenait à l'évêque local de Paros et Naxos. Père Philotheos était proche d’atteindre en âge le siècle, et le Père Leontios était environ du même âge, et ils s'imaginait être jeté hors du monastère. Cela aurait été une situation très tragique. Donc, ce que fit le père Philotheos fut de mourir avec "l’ancien calendrier". Il invita un confesseur du Mont Athos, où l’ancien calendrier est suivi, pour servir sa dernière confession et  l'enterrer.
-Et Photios Kontoglou est-il mort avec ceux qui suivent le nouveau calendrier?
-Eh bien, Kontoglou lui-même était dans un dilemme. Il avait suivi à peu près les conseils de Philotheos Zervakos d'attendre le retour de l'Eglise de Grèce au calendrier traditionnel. Dans les années 1960, avant que Kontoglou soit mort, l'archevêque d'Athènes était Chrysostomos, qui était très vénérable et traditionnel. Je l'ai interviewé une fois. Il a dit qu'il avait fait une de ses priorités avant sa mort pour faire revenir l'Eglise de Grèce à l'ancien calendrier. Donc, vous voyez, Zervakos et Kontoglou espéraient que ce dilemme serait résolu par lui, et que ce serait fait canoniquement par le Saint-Synode de Grèce. Mais il n'a pas eu lieu parce que la dictature qui a pris le pouvoir, a chassé l’archevêque Chrysostomos de son trône et installé le prêtre du palais, Hieronymos Kotsonis, moderniste et oecuméniste, comme archevêque d'Athènes. Ce fut un dilemme très difficile pour eux. Que fallait-il faire? Un dilemme, vous le savez, a deux cornes [comme le Diable] et quelle que soit celle que vous choisissez, elle est mauvaise. Kontoglou et Père Philotheos espéraient que le changement viendrait d’en haut dans l'Eglise de Grèce. En attendant, Photios se consolait et était en paix avec sa conscience en participant à des offices dans une église de son quartier qui suivait l'ancien calendrier.  
- De votre association longue de quatorze ans avec Photios Kontoglou, que pensez-vousqu’il nous ait laissé en héritage? Qu'est-ce que sa vie et son témoignage ont à nous dire aujourd'hui, en particulier pour les chrétiens orthodoxes d’Amérique?
- La fidélité à la Tradition. Dans l'iconographie, dans la musique, dans l'architecture de l'église, dans la liturgie de l'Eglise, dans tous les autres offices de l'Église, dans le respect de la foi dans tous ces domaines, en gardant les saints Canons, en évitant tous les compromis dans les doctrines de l'Eglise. Toute la tradition orthodoxe doit être préservée dans ce pays. Je suis l'une de ces personnes qui ont essayé de le suivre dans la lutte pour préserver la tradition orthodoxe dans ce pays. En cherchant à éviter tous les pièges subtils, des innovations et des fausses unions de toute nature, je continue à agir avec l'approche qu’avait Kontoglou sur ces questions.
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru

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