15/28 février
Dimanche du Fils prodigue
Saint Onésime, apôtre (vers 109) ; saint Paphnuce, reclus des
Grottes de Kiev (XIII); saint Paphnuce et sa fille Euphrosynie (V) ; saint Eusèbe, ermite en
Syrie (Vème s.) ; saints hiéromartyrs Michel Piataïev et Jean Kouminov,
prêtres (1930) ; saints hiéromartyrs Nicolas Morkovine, Alexis Nikitsky,
Alexis Smirnov, prêtres, Syméon Kouliamine, diacre, saint martyr Paul Kozlov,
moine et Sophie Severstov, moniale (1938).
Lectures :
1 Cor. VI, 12–20. Lc. XV, 11–32.
AU
SUJET DU FILS PRODIGUE
C
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e n’est que lorsqu’il fut rentré en lui-même et qu’il eut compris en
quelle misérable situation il
était tombé, que ce fils qui s’était coupé de son Père, pleura sur lui-même en
disant : «Combien de
mercenaires de mon père ont du
pain en abondance et moi je meurs de faim ». Qui sont ces mercenaires ?
Ce sont ceux qui pour la sueur de leur repentir et leur humilité reçoivent
comme un salaire – le salut. Tandis que les fils, ce sont ceux qui, par amour
pour Lui se soumettent à Ses commandements; comme dit aussi le
Seigneur : « Celui qui m’aime
gardera ma parole » (Jn XIV, 23). Ainsi ce plus jeune fils, privé de
sa dignité filiale et qui s’était volontairement exclu de la patrie sacrée et
était tombé dans la famine, se condamne lui-même, s’humilie et dans le repentir
dit : «Je me lèverai, j’irai et je
tomberai aux pieds du Père et je dirai : Père, j’ai péché contre le
ciel et contre toi » (…) Ce père [dans la parabole du fils prodigue],
c’est Dieu ; en effet comment ce fils qui s’était séparé de son père,
aurait-il péché contre le ciel, s’il ne s’agissait pas du Père céleste. Ainsi
il dit : « J’ai péché contre le
ciel », c'est-à-dire contre les saints du ciel et ceux dont
l’habitation est au ciel, « et
devant Toi », qui vis au ciel avec Tes saints. St Grégoire Palamas
Tropaire du dimanche, ton 6
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву,
да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
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Les puissances angéliques apparurent devant Ton
sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se
tenait près du tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Tu as dépouillé
l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge
en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !
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Kondakion du fils prodigue, ton 3
M’étant
écarté, comme un insensé, de Ta gloire paternelle, j’ai dilapidé en mal la
richesse dont Tu m’avais comblé. C’est pourquoi je fais monter vers Toi le
mot du Prodigue : « J’ai péché contre Toi, Père
miséricordieux : accueille-moi, repenti, et compte-moi comme l’un de Tes
journaliers ».
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AU BORD DES FLEUVES DE BABYLONE…
Afin de rappeler aux
chrétiens, de façon plus vive, leur éloignement de leur Patrie céleste et leur
asservissement au péché, l’Église, aux matines, après les psaumes du Polyéléos,
chante le psaume 136. Celui-ci était chanté par les Juifs lors de leur
captivité à Babylone, après la chute de Jérusalem et la destruction du premier
Temple. La première partie du psaume (versets 1-6) manifeste l’affliction des
Juifs pour la perte de leur patrie, tandis que la seconde (versets 7-9),
exprime l’espoir du châtiment des agresseurs. Les
« fleuves de Babylone » mentionnées dans le texte sont l’Euphrate, le
Tigre et, peut-être, le Chobar (mentionné par Ezéchiel), sur les rives desquels
les Juifs affligés se rappelaient du Temple de Jérusalem et des offices qui y
étaient célébrés. Les Juifs refusaient de « chanter un cantique au
Seigneur sur une terre étrangère » parce qu’il était interdit de chanter
les cantiques sacrés hors du Temple. St Jean Chrysostome commente: « Les Juifs refusèrent de chanter.
Vois-tu la force que donne l’affliction ? La componction, la contrition
qu’elle opère ? Ils pleuraient, et ils observaient la Loi ; ils
avaient vu les larmes des
prophètes, ils en avaient ri, ils s’en étaient joués, ils s’en étaient moqués ; et maintenant, sans
personne pour leur adresser des exhortations, ils versaient des larmes et
faisaient entendre des gémissements. Les ennemis, de leur côté, retiraient, de
cette conduite, de précieux avantages ; ils voyaient, en effet, que ces
captifs ne pleuraient pas, parce qu’ils étaient captifs, parce qu’ils étaient
en servitude, parce qu’ils habitaient une terre étrangère, mais parce qu’ils
étaient privés du culte de leur Dieu. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute :
« Au souvenir de Sion ». Ils ne pleurent pas en effet seulement par
hasard ; mais pleurer est leur principale occupation ; voilà pourquoi
le Psalmiste dit en commençant : « Nous étions assis et nous
pleurions » (…) Mais pourquoi ne leur était-il pas permis de chanter sur
la terre étrangère ? C’est parce que des oreilles profanes ne devaient pas
entendre ces cantiques secrets. « Comment chanterions-nous un cantique du
Seigneur, sur la terre étrangère ? » (v. 4) Ce qui veut dire :
Il ne nous est pas permis de chanter ; quoique nous soyons déchus de notre
patrie, nous voulons observer toujours la Loi, avec une scrupuleuse fidélité.
Vous avez beau exercer votre domination sur nos corps, vous ne triompherez pas
de notre âme ». La Droite qui abandonnera celui qui oublie Jérusalem
est, selon les Pères, l’aide Divine qui vient des hauteurs. Celui qui oubliera
Jérusalem et, par voie de conséquence, l’alliance entre Dieu et Son peuple,
sera lui-même oublié par Dieu. Les Iduméens et les Édomites, sont les
descendants d’Esaü, frère de Jacob (Israël), surnommé Édom. Ils entretenaient une haine
particulière à l’endroit des Juifs, considérant que par leur faute, ils avaient
été privés des magnifiques terres de Canaan. Pour cette raison, à chaque occasion,
ils se vengeaient et ce de la façon la plus violente. Ils ne prenaient pas
seulement part à toutes les guerres conduites contre les Juifs, mais ils
achetaient aux Assyriens et aux autres peuples des prisonniers juifs, qu’ils
enfermaient dans leurs forteresses pour les torturer. Avec les Babyloniens, les
Iduméens participèrent au siège et à la destruction de Jérusalem. Selon le
commentaire des Saints Pères, les différents qualificatifs appliqués, dans
l’Ancien Testament (notamment le Psautier) au combat physique contre l’ennemi,
dont l’assassinat de qui que ce soit ou l’appel à le faire, ou encore la
description admirative de ce qui est fait aux ennemis du peuple d’Israël, sont
appliqués non à des personnages concrets, mais aux passions et aux vices qui
affectent la nature humaine. C’est ainsi que les «petits enfants » dont il
est ici question sont les pensées pécheresses qui sont brisées par la Pierre de
la Foi, le Christ Sauveur.
Psaume
136
На
рѣка́хъ Вавѵло́нскихъ, та́мо сѣдо́хомъ и пла́кахомъ, внегда́ помяну́ти на́мъ
Сiо́на. Аллилу́iа. На ве́рбiихъ
посредѣ́ его́ обѣ́сихомъ орга́ны на́ша. Аллилу́iа.
Я́ко та́мо вопроси́ша ны́ плѣ́́ншiи на́съ о словесѣ́хъ пѣ́сней и ве́дшiи
на́съ о пѣ́нiи. Аллилу́iа.
Воспо́йте на́мъ отъ пѣ́сней Сiо́нских. Аллилу́iа.
Ка́ко воспое́мъ пѣ́снь Госпо́дню на земли́ чужде́й? Аллилу́iа. А́ще забу́ду тебе́, Iерусали́ме, забве́на бу́ди
десни́ца моя́. Аллилу́iа. Прильпни́
язы́къ мо́й горта́ни моему́, а́ще не помяну́ тебе́, а́ще не предложу́
Iерусали́ма, я́ко въ нача́лѣ весе́лIя моего́. Аллилу́iа. Помяни́, Го́споди, сы́ны Едо́мскiя, въ де́нь
Iерусали́мль, глаго́лющiя: истоща́йте, истоща́йте до основа́нiй его́. Аллилу́iа. Дщи́ Вавѵло́ня окая́нная.
Блаже́нъ и́же возда́стъ тебѣ́ воздая́нiе твое́, е́же воздала́ еси́ на́мъ. Аллилу́iа. Блаже́нъ и́же и́метъ, и
разбiе́тъ младе́нцы твоя́ о ка́мень. Аллилу́iа.
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Au bord des fleuves de Babylone, nous étions
assis et nous pleurions, au souvenir de Sion. Alléluia. Aux saules de leurs rives, nous avions suspendu nos
harpes. Alléluia. Là, ceux qui nous
avaient emmenés captifs nous demandaient de chanter des cantiques, Alléluia. Et nos ravisseurs nous
disaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ». Alléluia. Comment chanterions-nous un
cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? Alléluia. Si je t’oublie, Jérusalem, qu’à l’oubli ma droite soit
livrée. Alléluia. Que ma langue
s’attache à mon palais si je ne me souviens plus de toi, si je ne fais de
Jérusalem la première de mes joies. Alléluia.
Souviens-Toi, Seigneur, des fils d’Édom, qui disaient au jour de la ruine de
Jérusalem : « Détruisez, détruisez-la jusqu’à ses
assises ! » Alléluia.
Fille de Babylone, misérable, bienheureux qui te revaudra les maux que tu
nous valus. Alléluia. Bienheureux
celui qui saisira tes petits enfants et les brisera contre la Pierre. Alléluia.
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HOMÉLIE DE ST JEAN
CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
Vous êtes les membres du Christ,
nous dit l’apôtre, vous êtes le temple de l'Esprit ; ne devenez donc pas
membres d'une prostituée, car ce n'est pas votre corps que vous déshonorez,
mais celui du Christ. Par là, il nous fait voir la bonté du Christ, puisque
notre corps est le sien, et en même temps il veut nous arracher à un funeste
esclavage. En effet, si votre corps appartient à un autre, vous n'avez pas le
droit de le déshonorer, surtout s'il appartient au Maître, ni de souiller le
temple de l'Esprit. On punirait du dernier supplice celui qui entrerait dans un
domicile étranger et s'y livrerait à la débauche; quel ne sera donc pas le
châtiment de celui qui aura fait du temple du roi une maison de voleurs? Dans
cette pensée, respectez l'habitant, qui n'est autre que le Paraclet; craignez
celui qui est lié, adhérent à vous-même, et qui est le Christ. Est-ce vous qui
vous êtes fait membre du Christ? Songez à cela, à qui étaient les membres, à
qui ils sont aujourd'hui, et restez chaste. C'étaient auparavant des membres de
prostituée, le Christ en a fait les membres de Son propre corps. Vous n'en
êtes donc plus le maître ; servez celui qui vous a affranchi (…) Celui qui
s'unit à une prostituée devient un même corps avec elle; mais celui qui
s'attache au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Il devient tout esprit à
la fin, quoique enveloppé d'un corps. Quand il n'a rien de corporel, d'épais,
de terrestre, son corps n'est qu'un simple vêtement; quand toute l'autorité
appartient à l'âme et à l'esprit, Dieu est alors glorifié. Aussi avons-nous
l'ordre de dire dans la prière : « Que Ton nom soit sanctifié » ; et le Christ
nous dit : « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos
bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est
dans les cieux ». (Matth. V, 16.) Ainsi Le glorifient les cieux, non en
parlant, mais en excitant l'admiration par leur aspect et en faisant remonter
leur gloire au créateur.
Glorifions-Le, nous aussi,
comme eux et même plus qu'eux ; nous le pouvons, si nous le voulons. Car ni le
ciel, ni le jour, ni la nuit ne glorifient Dieu comme une âme sainte.. De
même qu'à l'aspect de la beauté du ciel, on s'écrie : Gloire à Toi, ô Dieu ! qui as
fait un si bel ouvrage ! Ainsi fait-on, et bien mieux encore, en voyant un
homme vertueux… Et qui ne serait frappé d'étonnement, quand un homme qui n'a
que la nature commune aux mortels, et qui vit au sein de l'humanité, résiste
comme le métal le plus dur aux, assauts des passions? Quand à travers le feu,
le fer, les bêtes féroces, il se montre plus fort que l'acier et triomphe de
tout par le langage de la piété? Bénit quand on le maudit? Répond par
des paroles bienveillantes aux injures? Prie pour ceux qui lui font
tort? Fait du bien à ses ennemis et à ceux qui lui tendent des
embûches? Oui, ces choses et d'autres de ce genre glorifient Dieu plus que les
cieux. Car, en voyant le ciel, les païens ne rougirent pas; mais à l'aspect
d'un homme saint, pratiquant la sagesse dans sa perfection, ils sont couverts
de confusion et se condamnent eux-mêmes. En effet, quand un homme qui n'est
point d'une autre nature qu'eux l'emporte sur eux autant, et plus
même que le ciel ne l'emporte sur la terre, ils sont bien forcés de croire que
c'est là l'effet de quelque puissance divine. Aussi, le Christ dit-Il
: « Et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».
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