dimanche 3 janvier 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


21 décembre / 3 janvier
31ème dimanche après la Pentecôte
Dimanche avant la Nativité, des Pères de l’Ancien Testament

Sainte Julienne et ses compagnons, martyrs à Nicomédie (304) ;  saint Thémistocle de Myre en Lycie, martyr (251) ; saint Honorat, évêque de Toulouse (IIIème s.) ; saint Pierre, métropolite de Moscou (1326) ; sainte Julienne, princesse de Viazma (1406) ; saint Procope, fol en Christ de Viatka (1628) ; saint Philarète de Kiev (1857).
Lectures : Hébr. XI, 9-11, 17-23, 32-40 ; Matth. I, 1-25 ; St Pierre de Moscou: Hébr. VII, 26 – VIII, 2 ; Lc. VI, 17–23
LES PÈRES DE L’ANCIEN TESTAMENT
D
ans l’office des Pères sont glorifiés les saints de l’Ancien Testament, de la race desquels est issu, selon la chair, notre Seigneur. C’est pour cette raison qu’est lu ce dimanche l’évangile de la « généalogie » de Jésus-Christ. Par la même occasion sont également commémorés tous les saints vétéro-testamentaires qui vécurent dans la foi du Sauveur qui devait venir. Ceux-ci sont énumérés dans la lecture de l’épître de ce jour. L’office des Pères contient de nombreuses expressions profondes et belles, comme par exemple : « Que la Loi se réjouisse et fasse chœur avec les prophètes et les enfants (c’est-à-dire les trois enfants de la fournaise de Babylone) et qu’en ce jour elle exulte par avance pour la divine venue du Seigneur ; Abraham aussi se réjouit, car il voit le Seigneur prendre Sa chair de sa propre semence », « Le prophète, fermant jadis la bouche des fauves dans la fosse, montra divinement que, grâce à la venue du Christ, le monde passerait de la bestiale férocité à la paix divine» ou encore « L’ensemble des enseignements de la Loi révèle la Nativité du Christ dans la chair, manifestant que ceux qui annoncèrent la Grâce avant la Loi, avaient vécu au-dessus de la Loi par la foi ». Le tropaire du dimanche des Pères est dédié uniquement aux trois enfants et au prophète Daniel parce que : 1°) ils sont les pères les plus proches de la venue du Christ et 2°) la foi atteint son sommet en eux, comme en témoigne le début du tropaire. 

Tropaire du dimanche, ton 6
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
Les puissances angéliques apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Tu as dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire des saints Pères, ton 2
Вé́лія вѣ́ры исправле́нія, во исто́чницѣ пла́мене, я́ко на водѣ́ упокоéнія, святі́и о́троцы ра́доваxycя; и прoро́къ Данiи́лъ льво́мъ па́стырь я́ко овца́мъ явля́-шеся, тѣ́xъ моли́твами Христе́ Бо́же, спаси́ ду́ши на́ша. 
Qu’ils sont grandioses les exploits de la foi ! Par elle, les trois jeunes gens ont exulté dans la source des flammes comme auprès d’une source d’eau reposante, et l’on vit le prophète Daniel paître les lions comme des brebis. Par leurs supplications, ô Christ Dieu, sauve nos âmes.
Tropaire de l’avant-fête, ton 4
Гото́вися, Виѳлее́ме, отве́рзися всѣ́мъ, Еде́ме,  красу́йся, Евфра́фо, я́ко дре́во живота́ въ верте́пѣ процвѣте́ отъ Дѣ́вы:  ра́й бо О́ноя чре́во яви́ся мы́сленный,  въ не́мже Боже́ственный са́дъ,  отъ него́же я́дше, жи́ви бу́демъ,  не я́коже Ада́мъ у́мремъ.  Христо́съ ражда́ется пре́жде па́дшiй возста́вити о́бразъ.
Prépare-toi, Bethléem, car l’Éden est ouvert à tous. Apprête-toi, Ephrata[1], car, dans la grotte, l’Arbre de Vie a fleuri de la Vierge. Son sein est devenu un paradis spirituel, où pousse le plan divin. Si nous en mangeons, nous vivrons, nous ne mourrons pas comme Adam. Le Christ naît pour relever l’image de Dieu autrefois déchue.
Tropaire de saint Pierre de Moscou, ton 4
Я́же пре́жде безпло́дная, земле́, ны́нѣ весели́ся: се́ бо Христо́съ свѣти́льника въ тебѣ́ показа́,  я́вѣ сiя́юща въ мíрѣ  и исцѣлева́юща неду́ги и болѣ́зни на́ша. Сего́ ра́ди лику́й и весели́ся со дерзнове́нiемъ:  святи́тель бо е́сть Вы́шняго, сiя́ содѣ́ловаяй.
Terre naguère stérile, réjouis-toi maintenant ; car le Christ a montré en toi un luminaire, brillant fortement dans le monde et guérissant nos infirmités et maladies. Aussi, exulte et réjouis-toi avec confiance ; car le hiérarque du Très-haut accomplit tout cela.

Kondakion des saints Pères, ton 1
Beceли́ся Вифлее́мe, Eѵфpáѳо гото́вися : ce бо А́гницa па́стыря вели́каго во утро́бѣ нося́щи, е́же роди́ти тщи́тся, его́же зря́ще богоно́сіи отцы́ веселя́тся, cъ па́стырьми пою́ще Дѣ́ву доя́щую.
Réjouis-toi Bethléem, Ephrata prépare-toi, voici que l’Agnelle s’empresse d’enfanter le suprême Pasteur qu’elle porte dans son sein ; en la voyant, les pères théophores sont dans l’allégresse, chantant avec les pasteurs la Vierge qui allaite.
Kondakion de saint Pierre de Moscou, ton 8
Взбра́нному и ди́вному на́шея земли́ чудотво́рцу дне́сь любо́вiю къ тебѣ́ притека́емъ, пѣ́снь, бoгоно́се, плету́ще, я́кo имѣ́я дерзнове́нiе ко Гócподу, многоoбра́зныхъ изба́ви насъ oбстоя́нiй, да зове́мъ ти́: ра́дуйся утвержде́нiе гра́ду на́шему.

Accourons en ce jour avec amour auprès du glorieux et merveilleux thaumaturge de notre terre, te composant, ô théophore, un hyme, car tu as de la hardiesse envers le Seigneur ; délivre-nous des diverses tribulations, afin que nous te chantions : réjouis-toi affermissement de notre cité !
Kondakion de l'avant-fête, ton 3
Дѣ́ва дне́сь Превѣ́чное Сло́во въ верте́пѣ гряде́тъ роди́ти неизрече́нно;  лику́й, вселе́нная, услы́шавши,  просла́ви со А́нгелы и па́стырьми хотя́щаго яви́тися Отроча́ Мла́до, Превѣ́чнаго Бо́га.
La Vierge en ce jour s’en vient dans la grotte mettre au monde le Verbe d’avant les siècles. Ô monde, à cette nouvelle, chante et danse ; avec les anges et les pasteurs, glorifie Celui qui a voulu se faire voir petit enfant, le Dieu d’avant les siècles.
VIE DE SAINT PIERRE DE MOSCOU
Né en 1260 en Volhynie, au sein d'une famille de boyards, saint Pierre entra au monastère dès l'âge de douze ans. Prenant pour guide de sa conduite l'Échelle de saint Jean Climaque, il se fit aimer de tous pour son obéissance, sa douceur et son empressement à entreprendre les travaux qui rebutaient les autres frères. Après quelques années, il se retira près de la rivière Rata, afin de trouver la quiétude favorable à la prière et, après avoir été ordonné prêtre, il y fonda un petit monastère de la Transfiguration. Il peignait des icônes et fut à l'origine du style moscovite de l'iconographie russe. À la suite d'une visite dans ce monastère, le saint métropolite de Kiev, Maxime, grandement édifié par les vertus de Pierre, décida d'en faire son successeur à la tête de l'Église russe et, confirmé dans cette résolution par une apparition de la Sainte Mère de Dieu, il en fit la demande auprès du patriarche de Constantinople, dont il dépendait. En 1308, saint Pierre fut donc consacré métropolite de Kiev, dont le siège avait été transféré par saint Maxime à Vladimir depuis la dévastation de la ville par les Tatares. Son élection ayant été confirmée par un concile à Pereyaslavl Zalessky (1311), Pierre se heurta cependant immédiatement à l'opposition des princes russes, qui rivalisaient pour tenir sous leur influence le chef de l'Église. Pierre se comporta avec douceur et charité envers ses ennemis et s'attira ainsi leur respect. Doux et conciliant pour tout ce qui concernait sa personne, il n'en savait pas moins être strict quant à la foi et à la droiture des mœurs. Comme les Tatares s'étaient convertis à l'islam et poussaient les populations des territoires occupés à la conversion, saint Pierre entreprit des voyages à travers toute la Russie pour confirmer la foi, et il se rendit à la Horde d'Or pour demander au khan le respect du christianisme et des privilèges accordés aux clercs. Il n'hésita pas à mettre sa vie en péril pour réconcilier les princes et, prévoyant que la Russie devait retrouver son unité autour de la principauté de Moscou, alors cité sans grande importance, il y transféra son siège métropolitain et fit entamer la construction de la célèbre cathédrale de la Dormition au Kremlin. Dans la nuit du 21 décembre 1326, il remit son âme à Dieu pendant sa prière, après avoir distribué des aumônes aux pauvres et à ses clercs, et avoir envoyé sa bénédiction au prince Jean Kalita. Son corps fut enseveli dans la cathédrale de la Dormition, qui n'était pas encore terminée, en présence d'une grande foule. De nombreuses guérisons ne tardèrent pas à s'accomplir auprès de son tombeau et, dès l'année suivante (1327), son culte fut officiellement reconnu au cours d'un synode; il s'étendit bientôt à toute l'Église russe. À trois reprises (1382,1447 et 1479), on exhuma son corps qui fut trouvé intact. Sa translation officielle dans la cathédrale eut lieu le 24 août 1479, qui resta un jour mémorable pour les habitats de Moscou.

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
Mais quelles sont les promesses de Dieu ? Isaac, en effet, et Jacob après lui, ont eu jusqu'à un certain point les promesses de la terre. Mais Noé, Enoch, Abel, quelles promesses virent-ils se réaliser? C'est donc de ces trois derniers que l'apôtre dit qu'ils n'ont rien reçu. Et si même on veut qu'Il leur attribue quelque récompense, n'en était-ce pas une que cette gloire dont Abel hérita, que cet enlèvement dont Enoch fut l'objet, que ce miracle par lequel Noé fut sauvé ? Mais tout ce bonheur, loin de remplir les engagements de Dieu, n'était qu'un faible salaire de leurs vertus, et comme un avant-goût des récompenses à venir. Dieu, en effet, dès l'origine du monde, se vit comme forcé, dans l'intérêt du genre humain, à se mettre à la portée des hommes, et à leur donner non seulement l'avenir, mais quelques biens présents. C'est dans le même dessein que Jésus-Christ disait à ses disciples : « Celui qui aura quitté maison, frères, sœurs, père et mère, recevra le centuple, et possédera la vie éternelle ». Et ailleurs : « Cherchez le Royaume de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Voyez-vous comment Il nous donne ce faible surcroît, afin de ne pas nous décourager ? Ainsi les athlètes, pendant la durée de la lutte, reçoivent quelques rafraîchissements; mais ils ne jouissent d'une trêve absolue et d'un repos complet que plus tard, lorsqu'ils ne vivent plus sous le régime, et qu'ils ont enfin droit à toute jouissance. Dieu aussi donne un peu en ce monde; mais l'entier accomplissement de ses promesses est réservé à la vie future ; et saint Paul, pour nous enseigner cette vérité, s'est exprimé en ces termes : « Ces saints ne voyant et ne saluant que de loin les promesses divines ». Il nous fait entendre ici une réalisation mystérieuse de leurs vœux ; c'est-à-dire que ces saints ont reçu tout ce que Dieu leur annonçait pour l'avenir : la résurrection, le royaume des cieux et tous les biens que Jésus-Christ venant en ce monde nous a prêchés : voilà, selon l'apôtre, les vraies promesses. Tel est donc le sens de ce passage; ou peut-être signifie-t-il seulement que sans avoir encore reçu tout l'effet des promesses divines, du moins ils sont partis de ce monde avec la confiance et la certitude de les recueillir. Or, la foi seule a pu leur suggérer cette confiance, puisqu'ils ne virent que de loin, selon saint Paul, les réalités même terrestres, dont quatre générations d'hommes les séparaient. Car ce n'est qu'après ce nombre écoulé de générations, qu'ils sortirent enfin de l'Égypte. Mais ils saluaient ces espérances, dit-il, et ils se réjouissaient. Telle était leur intime persuasion de cet avenir, qu'ils le saluaient : métaphore empruntée aux navigateurs, qui aperçoivent de loin le port désiré, et qui avant même d'entrer dans les eaux d'une ville cherchée longtemps, appellent cette cité et l'ont déjà conquise dans leurs désirs.


[1] Ephrata : ancienne appellation de Bethléem

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