samedi 7 mars 2015

Père Epiphane [Theodoropoulos]: Conseils de vie…(9)




*



Les protestants  maintiennent que dans le sacrement de la Divine Eucharistie, nous n'avons pas vraiment le Corps et le Sang de notre Seigneur, mais que c'est un simple mémorial du Sacrifice de Sa Crucifixion.

A cela, le staretz répondit:

"Comme nous le savons, le Corps du Seigneur sur la Croix, non seulement ne fut pas réduit, mais pas un seul de Ses os ne fut brisé. Alors comment le Seigneur peut-Il dire lorsqu'Il institua le Sacrement de la Divine Eucharistie: "Prenez, mangez, ceci est mon Corps, qui est rompu [pour vous] (1 Corinthiens 11:24); si c'était un simple mémorial, il ne dirait pas "qui est klomenon [brisé/rompu], c'est-à-dire rompu en petits morceaux," parce qu'une telle chose n'arriva pas lors de la Crucifixion pour qu'ils [les apôtres] s'en souviennent.

*

Parlez plus à Dieu de vos enfants, que de Dieu à vos enfants.

*

Pour élever vos enfants correctement d'une manière chrétienne: peu de paroles, beaucoup d'exemple, et plus de prières sont nécessaires.


*

Je me souviens de la conversation suivante avec le staretz quand j'étais étudiant:

" Père, un élève de ma classe, dans nos conversations, ne cesse de me pousser à trouver une "petite amie". Bien sûr, il ne me convainc pas, mais il m'ennuie. Que devrais-je lui dire pour qu'il cesse?"

"Ton ami a-t-il une sœur?"

"Oui, Père!"

"Dis-lui ce qu'un certain évêque contemporain a dit à un de ses amis pour la même raison. Dis lui: "D'accord! Fais-moi plaisir, cependant, tu sais combien je suis un brave type. Alors donne-moi ta sœur pour une nuit. Dis-lui ceci et nous verrons ce qui arrivera!"

Le jour suivant, j'appliquai directement le plan du staretz. Mon ami commença son manège habituel.

"Bon, mon ami," lui dis-je,"pourquoi rechercherais-je une petite amie? Ne me donneras-tu pas ta sœur cette nuit, et puis après nous verrons?"

Mon ami fit un pas en arrière, choqué. Et il réagit immédiatement:

"Non! Pas ma sœur! A quoi penses-tu?"

"Pourquoi pas ta sœur?" répondis-je. Comme si l'autre, celle que tu me souhaites de trouver, n'était pas la sœur de quelqu'un? Avec la sœur d'une autre personne, tu veux bien t'amuser, mais tu protèges la tienne? Vois-tu à quel point tu as tort?"

A partir de ce moment, mon ami ne parla plus de petites amies.

Avec joie, je mentionnai le résultat à Père Epiphane:

" Père, ton plan a marché à merveille!"

Et souriant, le staretz a dit:

" Eh bien, qu'est-ce que le jeune homme a pensé?"

*


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Counsels for Life
(Conseils de Vie)
Compilés par le Saint Ermitage de la Mère de Dieu 
version anglaise Père Nicolas [Palis]
et Père Marc [Andrews]
publié à Athènes 
en 
1995

vendredi 6 mars 2015

Père Epiphane [Theodoropoulos]: Conseils de vie…(8)




Une certaine dame qui se confessait pour la première fois au staretz, lui dit à la fin:

" Mon Père, je préfèrerais me confesser à un père spirituel âgé et aveugle…"

Et le staretz lui dit aussitôt:

" S'il était sourd, ce serait encore mieux!"

*

" Père, que devrions-nous demander dans notre prière avant la confession?"

" Demandez le souvenir des péchés, le courage de les confesser, et le repentir!"

*

A tous ceux qui remettent leur confession à plus tard, avec la justification qu'ils ont des difficultés à le faire, il disait:

" Puisque tu as des difficultés à te confesser aujourd'hui, à quoi seras-tu conduit dans le futur, lorsque tu seras devenu encore plus endurci dans le péché?"

*

"Pourquoi accordes-tu la fleur de ta jeunesse au péché, et seulement la vieillesse au Seigneur? Que dirais-tu si tu voyais un vieillard qui cherchait à devenir serviteur d'un roi? 

Si, dit le bienheureux Augustin, tu te repens dans ta vieillesse, alors tu ne quittes pas le péché, c'est lui qui te quitte."

*

Un jour, il confia à ses enfants spirituels:

" De nombreuses fois, en confession, la chose suivante m'arrive: pendant que l'on me présente les "problèmes" qui sont liés au péché, je prépare, dans ma pensée, quelque réponse. Cependant, lorsque je commence à parler, je dis tout autre chose, preuve qu'un sacrement est à l'œuvre."

*

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Counsels for Life
(Conseils de Vie)
Compilés par le Saint Ermitage de la Mère de Dieu 
version anglaise Père Nicolas [Palis]
et Père Marc [Andrews]
publié à Athènes 
en 
1995

La maison d'enfance de Jésus?



'Jesus found in the Temple' Book

Un éminent archéologue suggère qu'une maison datant du 1er siècle de notre ère découverte après des fouilles à Nazareth, a peut-être été la maison d'enfance de Jésus.

La maison, composée de murs de pierre et de simple mortier, qui a été taillée dans une colline rocheuse, a été découverte dans les années 1880 par des religieuses des Sœurs du Couvent de Nazareth. En 1936, un prêtre jésuite, Henri Senes, mit en catalogue le site avec des dessins et des notes qui avaient été exposés par les religieuses. Puis en 2006, l'équipe d'archéologues dirigée par Ken foncé, professeur à l'Université de Reading au Royaume-Uni, a commencé un examen du site basé sur le travail de Senes, rapporte Live Science.

"Etait-ce la maison où Jésus a grandi? Il est impossible de le dire en se basant sur des raisons archéologiques, " écrit Dark dans Biblical Archaeology Review. "D'autre part, il n'y a pas de bonnes raisons archéologiques pour qu'une telle identification doive être écartée."

Selon les archéologues, la maison a été décorée plus tard de mosaïques au cours de la période byzantine (environ à partir du 4ème siècle jusqu'au 7ème siècle de notre ère), et une église connue sous le nom "d'Église de la nutrition" a été construite sur cette habitation très vraisemblablement pour la protéger.

Le site est tombé en ruine à la suite des invasions islamiques au 7ème siècle de notre ère. Plus tard, lorsque les Croisés ont conquis la Terre Sainte au 12ème siècle, l'église a été reconstruite, mais ensuite elle a été brûlée à nouveau au 13ème siècle.

Les objets trouvés dans la maison du 1er siècle comprennent un pot cassé servant à la cuisson, un volant de fuseau à filer, et des récipients de calcaire, ce qui suggère que c'était la maison d'une famille juive en raison de la croyance juive selon laquelle le calcaire ne pouvait pas devenir impur.

La preuve archéologique est également corroborée par un texte de 670 après Jésus-Christ écrit par un moine de l'île écossaise d'Iona, basé sur un pèlerinage à Nazareth fait par l'évêque franc évêque Arculf, qui mentionne l'église "où il y avait la maison dans laquelle le Seigneur a été nourri dans son enfance."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Déclaration de Serge Lavrov: il est devenu politiquement incorrect de se déclarer chrétien!


« Je dois aussi signaler les difficultés dont souffrent les chrétiens dans plusieurs États de l’Europe occidentale où, pour une raison ou pour une autre, il est devenu politiquement incorrect de se déclarer chrétien, et où des gens commencent même à éprouver de la gêne pour les valeurs chrétiennes qui forment le fondement de la civilisation européenne. Le laïcisme agressif gagne du terrain. Les notions de moralité et d’identité traditionnelle aux plans national, culturel et religieux, sont en train de s’éroder. Le nombre d’actes de vandalisme et de profanation d’églises, de temples, de lieux sacrés, de cimetières et de symboles chrétiens, croît rapidement. Il est de plus en plus difficile pour les croyants de faire respecter leurs convictions ».
Pour ceux qui comprennent l’anglais, voici une courte vidéo de l’événement, réalisée parPax Press Agency (Genève).
Source : site Christianophobie

jeudi 5 mars 2015

Père Epiphane [Theodoropoulos]: Conseils de vie…(7)



On demanda au staretz Epiphane:

"Les chrétiens sont-ils autorisés à prendre des médicaments psychiatriques? Parce que beaucoup soutiennent que l'anxiété, la dépression, la mélancolie et, en général, les troubles psychiatriques de l'âme ne sont guéris que par la vie spirituelle: c'est-à-dire par la prière, le fait d'aller à l'église, la confession, la Sainte Communion, etc. "

"Si nécessaire, le chrétien doit également les prendre."

"Mais que peuvent faire ces médicaments  pour l'âme de l'homme?"

"Nous devons préciser, dès le début, que les médicaments ou les tranquillisants psychiatriques - c'est-à-dire, ces substances matérielles - ne peuvent en aucune façon donner à l'âme de l'homme le calme tant attendu, ni apporter consolation et espérance à l'âme d'une mère dont le fils est mort par exemple, ni même délivrer la conscience d'un homme de la culpabilité des péchés qu'il a commis. Ces dons "viennent d'En Haut, du Père des lumières." Et seuls les célébrants (les prêtres et, en outre, les pères spirituels) de l'Église sont en mesure de guérir les personnes dans ces conditions."

"Alors, pourquoi avez-vous dit que les médicaments psychiatriques sont nécessaires?"

"Ecoutez, l'anxiété et la dépression chez les personnes, sont causées non seulement par des facteurs mentionnés ci-dessus, ou même par la ruine financière ou la répression de leur personnalité et la perte de l'estime de soi, etc., mais aussi par des facteurs qui proviennent du système nerveux (le cerveau) de l'homme - en d'autres termes, de la perturbation des fonctions supérieures du cerveau, telles que les émotions, la pensée, la volonté, etc. Ce type d'anxiété ou de dépression, etc. est amélioré ou même guéri par des médicaments psychiatriques, c'est-à-dire des médicaments qui agissent sur les fonctions du cerveau de manière à les ramener à leur rythme normal.

Pour dire les choses plus simplement, de nombreux chrétiens concentrent leur attention sur la composante immatérielle de l'homme - c'est-à-dire l'âme, en attribuant à elle seule les manifestations d'anxiété, de mélancolie, etc. et donc ils rejettent les médicaments étant donné le fait que la matière ne peut pas affecter l'immatériel. Ils oublient cependant, que l'homme a aussi un corps. Et parce que le cerveau, à travers lequel l'âme s'exprime, est un instrument du corps,  ses perturbations doivent être traitées avec des moyens matériels 
(c'est-à-dire, avec des médicaments, ou autrefois avec des comas insuliniques ou des électrochocs)."

"Que voulez-vous dire quand vous dites que l'âme s'exprime à travers le cerveau?"

"Une image que nous pouvons utiliser pour décrire la relation de l'âme et du cerveau est le violon avec le violoniste. Tout comme même le meilleur musicien ne peut pas faire de la bonne musique si son violon est cassé ou sans cordes, de même le comportement de l'homme ne sera pas correct (voir 2 Timothée 3:17) si son cerveau présente une certaine perturbation, dans ce cas, l'âme ne peut s'exprimer correctement. C'est précisément cette perturbation du cerveau que certains médicaments aident à corriger, et ainsi ils aident l'âme à s'exprimer correctement."

"Permettez-moi de poser une autre question. Une vie sacramentelle intense ou une prière fervente peuvent-elles guérir ces troubles du cerveau?"

"Bien sûr, Dieu peut faire un miracle pour ces souffrances La question, cependant, qui m'a été posée au début, était autre, on m'a demandé si les chrétiens sont autorisés à prendre des médicaments psychiatriques. Et à cela, je réponds sans aucun doute: Oui !

En même temps, cependant, je vous demande aussi: Pourquoi ne posez-vous pas les mêmes questions sur l'asthme bronchique, par exemple, ou l'eczéma ou les migraines ou le glaucome ou les ulcères intestinaux, etc. etc.?

Réalisons enfin que l'anxiété ou de la mélancolie, etc. ne viennent pas seulement de la perturbation de l'âme, mais aussi de la perturbation du cerveau ou d'une combinaison des deux. Dans ce dernier cas, un soutien psychologique est également nécessaire (la solution des problèmes, l'aide désintéressée, le comportement utilisé avec le sel du discernement, de sorte que ceux qui posent de tels problèmes ne ressentent pas la difficulté des manifestations de notre amour, l'examen d'un vieux psychiatre instruit et pieux les éclaireront également sur la nature des troubles, l'invocation de l'aide divine, l'approche des sacrements de l'Église, etc.), en même temps qu'un traitement médical."


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Counsels for Life
(Conseils de Vie)
Compilés par le Saint Ermitage de la Mère de Dieu 
version anglaise Père Nicolas [Palis]
et Père Marc [Andrews]
publié à Athènes 
en 
1995

Présentation de « Lettres spirituelles » de l’higoumène Nikon Vorobiev à la librairie L’Âge d’Homme le samedi 7 mars




Ce samedi 7 mars, à 18h30, à la librairie L’Âge d’Homme (5 rue Férou, Paris 6e), sera présenté le livre de l’higoumène Nikon Vorobiev, Lettres spirituelles, tout récemment paru dans la collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle ». La présentation sera faite par Jean-Claude Larchet, auteur de l’introduction et directeur de la collection. Elle sera suivie d’un débat et de lectures d’extraits de ce recueil de 340 lettres, écrites par l’un des grands pères spirituels russes du XXe siècle, qui sont adressées à des fidèles de tous âges et de toutes conditions, et qui ont pour thèmes les différents aspects de la vie spirituelle, plus spécialement la pénitence, ce qui rend leur lecture particulièrement appropriées à cette période du grand carême.
Librairie L’Âge d’Homme, 5 rue Férou, Paris 6e, métro Saint Sulpice. Entrée libre.

mercredi 4 mars 2015

Père Epiphane [Theodoropoulos]: Conseils de vie…(6)



Au temps approprié

La veille de la Nativité, en 1968, alors qu'il confessait, il constata qu'il ne restait que 50 drachmes pour les pauvres. Alors il interrompit la confession pendant quelques instants et il pria: "Seigneur, si d'autres gens viennent qui ont besoin d'argent, comment pourrai-je me permettre de les laisser partir les mains vides? S'il Te plaît, envoie-moi de l'argent." Après cette prière, il poursuivit la confession. Après quelques instants, un enfant frappa à la porte et tendit une enveloppe au staretz en disant:

"Un homme qui était pressé, m'a donné cette enveloppe pour vous, Père Epiphane."

Le staretz ouvrit l'enveloppe et y trouva 20.000 drachmes et une note avec ces mots: pour vos pauvres."

Quand je rencontrai le staretz après la Nativité, il me parla de cet incident et comment il distribua tout l'argent. Il conclut: "Maintenant je suis à nouveau sans argent. Mais Dieu y pourvoira!"

Cette nuit-là, revenant [de l'église] des Trois Hiérarques, il était en pleurs. Je lui en demandai la raison pour laquelle il était ému, et il me répondit:

" Mon enfant, sommes-nous digne de vivre de tels miracles? Le même homme, de la même manière, m'a envoyé 15.000 drachmes aujourd'hui!"

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Counsels for Life
(Conseils de Vie)
Compilés par le Saint Ermitage de la Mère de Dieu 
version anglaise Père Nicolas [Palis]
et Père Marc [Andrews]
publié à Athènes 
en 
1995

mardi 3 mars 2015

Père Epiphane [Theodoropoulos]: Conseils de vie…(5)


*

Un jour, leur garde champêtre du village frappa à la porte de leur maison et annonça qu'il avait pris N. la main dans le sac, alors qu'il était entrés dans leur vigne et avait volé du raisin.

"Dois-je le poursuivre en justice?" demanda-t-il.

"Bien sûr que oui!" dirent-ils tous d'un commun accord.

Alors Etéocle [futur Père Epiphane] âgé de 12 ans intervint:

"Que dites-vous? Le poursuivre en justice? Ce pauvre hère n'a rien tandis que Dieu nous a donné une vigne, et des olives, et des champs, et une maison!"

Et s'adressant au garde champêtre:

" Non seulement tu ne le poursuivras pas en justice, mais tu lui diras que les théodoropoulos ont dit qu'il pouvait aller dans la vigne et y couper autant de raisin qu'il désirait. Et fais-le venir ici, afin que nous puissions le lui dire."

Personne n'osa le contredire. Sa parole était une "loi."

*
Durant une certaine période, quand il était collégien, il lisait "La Meurtrière" de Papadiamantis. Un jour, alors qu'il n'était pas à la maison, sa tante trouva le livre et le feuilleta un peu. Surprise, elle lui dit à son retour:

" Mon cher enfant, quels sont ces livres que tu lis? J'en ai lu un peu et je suis bouleversée. Mon Dieu, mon Dieu!"

"Ecoute, ma tante", lui dit-il, " je deviendrai un  artisan de l'Evangile, et je dois avoir lu tout ce que les gens ont lu. Je dois savoir ces choses pour être capable de converser avec eux et leur répondre!"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Counsels for Life
(Conseils de Vie)
Compilés par le Saint Ermitage de la Mère de Dieu 
version anglaise Père Nicolas [Palis]
et Père Marc [Andrews]
publié à Athènes 
en 
1995

Recension: Higoumène Nikon Vorobiev, « Lettres spirituelles »


Higoumène Nikon Vorobiev, Lettres spirituelles. Avant-propos de Jean-Claude Larchet. Introduction d’Alexei Ossipov, professeur à l’Académie théologique de Moscou. Collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », Lausanne, 2015, 469 p.
L’higoumène Nikon Vorobiev (1894-1963) est l’un des pères spirituels les plus célèbres de la période communiste en Russie. Il fut notamment le père spirituel du célèbre professeur de l’Académie théologique de Moscou Alexei Ossipov, et de Mère Magdalena (Nekrassova) du monastère de Bussy.
De ses trois cent quarante lettres qui ont été conservées et sont publiées ici, se dégage un enseignement spirituel fort, cohérent, profondément ancré dans la Tradition ascétique de l’Église orthodoxe, mais qui sait cependant tenir compte des particularités et des difficultés de notre époque. Par le biais de la diversité de ceux à qui il s’adresse (prêtres, moines ou moniales, laïcs, hommes ou femmes, jeunes et vieux, personnes menant une vie pieuse ou en difficulté et en recherche…), cet enseignement aborde une grande variété de sujets concrets relatifs à la vie spirituelle et peut contribuer à aider pratiquement tous les types de lecteurs dans leur propre cheminement.
Le thème central et récurrent de ces lettres est la pénitence, qui est avant tout, selon le Père Nikon, la conscience douloureuse permanente que l’homme doit prendre de son état d’éloignement de Dieu. C’est là, selon lui, le seul moyen de parvenir à l’humilité et de développer un amour authentique de Dieu et du prochain.
Mais bien d’autres thèmes parcourent ce livre qui révèle une conception de la vie chrétienne « selon l’esprit » et non « selon la lettre », sachant allier la modération dans l’ascèse bien comprise à l’exigence la plus rigoureuse dans la pratique des idéaux chrétiens.

Un ouvrage idéal pour cette période du Grand carême.

lundi 2 mars 2015

Père Epiphane [Theodoropoulos]: Conseils de vie…(4)


"L'épiscopite"* est une grande maladie mes enfants," nous disait-il. Il y a peu, un certain archimandrite me disait qu'il lui semblait n'être qu'échec, parce qu'il n'était pas devenu évêque.

"Que puis-je te dire, lui répondis-je. Ce que tu me dis, me semble être un blasphème. Considère que ces membres fragiles (et il montra ses mains) prennent le pain et le vin et les changent en Corps et Sang du Christ; si tu considères  qu'il t'a été donné l'autorité de faire, des descendants d'Adam par le baptême, des êtres ayant part à la Croix et à la Résurrection du Seigneur; si tu considères qu'il t'a été donné l'autorité de poser tes mains sur l'épitrachelion sur la tête du plus grand des pécheurs, et qu'il puisse sortir du confessionnal, l'âme toute blanchie, comment oses-tu considérer après tout cela que tu es un échec? Parce que tu n'as pas mis sur ta tête une mitre? Que Dieu aie pitié de nous!

*

"Père, par ton attachement aux Canons Sacrés, tu finis par être légaliste!"

" Non, mon enfant! A une époque où beaucoup inventent diverses excuses pour jeter ces fruits du Saint Esprit à la poubelle, j'insiste pour respecter absolument ces canons et les Pères théophores  qui les instituèrent. Dans ce sens, si tu le veux, je suis légaliste!"

*

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Counsels for Life
(Conseils de Vie)
Compilés par le Saint Ermitage de la Mère de Dieu 
version anglaise Père Nicolas [Palis]
et Père Marc [Andrews]
publié à Athènes 
en 
1995

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Note: 
* i.e. le fait maladif de vouloir devenir évêque] 

dimanche 1 mars 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


16 février / 1er mars
Dimanche de l’Orthodoxie

Saints martyrs Pamphile, Valens, Paul, Seleucius, Porphyre, Julien, Théodule, Elie, Jérémie, Isaïe, Samuel et Daniel (307-309). Saint Maruthas, évêque de Mésopotamie (422) ; saints martyrs de Martyropole en Perse (IV) ; saint martyr Romain du Mont Athos.
Liturgie de saint Basile le Grand

Lectures : Hébr. XI, 24–26, 32 – XII, 2 ; Jn. I, 43–51.

« La règle pour distinguer la vérité de l’erreur »

À l’occasion du dimanche de l’Orthodoxie, lorsque l’Église célèbre sa victoire non seulement sur l’iconoclasme, mais aussi sur toutes les autres hérésies, nous reproduisons ci-dessous des extraits du « commonitorium » de St Vincent de Lérins († vers 450), dont le dessein était de définir la « règle pour distinguer la vérité de l’erreur ».

S
ouvent, avec le plus grand soin et beaucoup d’attention, j’ai interrogé de nombreux hommes, aussi saints que savants. A tous je demandai : « Existe-t-il une règle sûre, d’application générale, canonique en quelque sorte, qui me permette de distinguer la vraie foi catholique (c’est-à-dire universelle, orthodoxe) de l’erreur des hérésies ? » De tous, j’ai toujours reçu la même réponse : « Si tu veux, toi ou quelque chrétien (...) demeurer sain et sans tache dans une foi saine, alors avec l’aide du Seigneur, abrite ta foi sous l’autorité de la loi de Dieu [c’est-à-dire la Sainte Écriture], puis sous la Tradition de l’Église ». On m’objectera peut-être: « Mais le Canon des Écritures est parfait ; il se suffit largement à lui-même. Pourquoi donc y ajouter l’autorité de l’interprétation qu’en donne l’Église ? » Précisément parce que le sens de l’Écriture est si profond que tous ne l’entendent pas pareillement, ni universellement. Les mêmes mots sont interprétés différemment par les uns et par les autres. On pourrait presque dire qu’il y a autant de commentaires de l’Écriture qu’il en existe de lecteurs ! Novatien expliquait l’Écriture d’une certaine façon ; Sabellius d’une autre ; Donat avait ses propres idées sur le sujet ; et Arius, Eunome, Macedonius, Photin, Apollinaire, Priscillien, Jovinien, Pélage, Celestius, Nestorius, tous ont eu leur opinion personnelle... Il est donc bien nécessaire, devant cette erreur aux replis si variés, de soumettre l’interprétation des Livres prophétiques et apostoliques à la règle du sens ecclésial et orthodoxe. Dans l’Église catholique [c’est-à-dire universelle, orthodoxe] même, il faut veiller avec le plus grand soin, à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous... Plus je pense à tout cela, plus je suis étonné de la folie de certains, de l’impiété de leur âme aveugle, de leur passion pour l’erreur. Car ils ne se contentent pas d’une règle de foi traditionnelle, reçue depuis l’antiquité. Mais de jour en jour, ils veulent du nouveau, encore du nouveau ! Ils brûlent toujours d’envie d’ajouter, de changer, de supprimer quelque chose à la religion. Comme si elle n’était pas un dogme céleste dont il suffit qu’il nous ait été révélé, mais plutôt comme s’il s’agissait de quelque doctrine terrestre qui ne parvient à la perfection qu’après de constantes corrections. Pourtant les paroles divines ne proclament-elles pas : « Ne déplace pas les bornes que tes pères ont posées » (Prov. XXII, 28), et aussi : « Ne juge pas par-dessus le Juge » (Si. VIII, 14), et « Qui coupe la haie, le serpent le mord » (Eccl. X, 8), et encore cette parole de l’Apôtre qui, telle un glaive spirituel, décapitera toujours les nouveautés criminelles de l’hérésie : « O Timothée, garde bien le dépôt, évite les paroles nouvelles et impies et les objections d’une pseudo-science, car pour s’y être attachés, certains se sont égarés de la foi » (I Tim. XX, 21) (...). Qu’est-ce qu’un dépôt? Un dépôt, on te l’a confié ; tu ne l’as pas trouvé. C’est quelque chose que tu as reçu et non élaboré toi-même ; il ne provient pas de ton intelligence personnelle, mais de la doctrine ; il n’est pas réservé à l’usage privé, mais fait partie d’une tradition publique. Il est venu vers toi, tu n’en es pas l’auteur, mais le simple gardien. Tu ne l’as pas institué... Tu ne le diriges pas, tu dois le suivre. Conserve donc inviolé et intact ce talent (Matth. XXV, 14) de la foi catholique. Ce qui t’a été confié, garde-le chez toi et transmets-le. Tu as reçu de l’or, c’est de l’or qu’il faut rendre. Je n’admets pas que tu substitues impudemment une chose à une autre, du plomb ou du bronze à de l’or. Je ne veux ni simili ni plaqué, mais de l’or pur... ».

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресеніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !
Tropaire du 1er dimanche de Carême, ton 2
Пpeчи́стому о́бpaзу Твоему́ покло-ня́емся благі́й, прocя́ще прoще́нія пpeгpѣшeній нáшихъ Xpисте́ Бо́же ; во́лею бо благоволи́лъ ecи́ пло́тію взы́ти на Kpécтъ, да изба́виши, я́же созда́лъ ecи́, отъ рабо́ты вжія. Tѣ́мъ благода́рственно вопіе́мъ Ти́ : páдости испо́лнилъ ecи́ вся́ Cпáce на́шъ, прише́дый спасти́ мípъ.
Nous vénérons Ta très pure Image, Toi qui es bon, en implorant le pardon de nos fautes, ô Christ Dieu. Car Tu as bien voulu, dans Ta chair, monter sur la Croix, afin de délivrer ceux que Tu as créés, de la servitude de l’ennemi. Aussi, Te rendant grâce, nous Te crions : Tu as tout rempli de joie Sauveur, en venant sauver le monde.
Kondakion du 1er dimanche de Carême, ton 8
Нeoпи́санное cло́во Óтчее, изъ Teбе́ Богopóдице описа́ся воплощaeмъ : и ocквépншійся о́бpaзъ въ двнее вообpaзи́въ, Боже́ственною добтою смѣcи́ : но иcповѣ́дающе спасе́нie, дѣ́ломъ и cло́вомъ, cié вообpaжáeмъ.
Le Verbe incirconscriptible du Père, fut circonscrit en s’incarnant de Toi, ô Mère de Dieu. Restaurant sous son ancien aspect l’image souillée, Il la mêla à la Divine beauté. Mais confessant le salut, nous le représentons en actes et en paroles.
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. O Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu Petit Enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. O Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

VIE DU SAINT MARTYR MARUTHAS Évêque de SOPHÈNE, et des saints martyrs reposant à MARTYROPOLIS[1]
Au temps de saint Constantin le Grand, Liyuta, le gouverneur du pays de Sophène, situé au sud-ouest de l’Arménie, aux confins des empires perse et byzantin, s’était épris de la fille du gouverneur d’un district voisin, Mariamne, qui était chrétienne et se refusait à une alliance avec un païen. Cependant, grâce à l’intervention de saint Jacques de Nisibe [13 janv.], les parents de la jeune fille acceptèrent l’union, et à Pâques de la même année, à la suite de l’intervention d’un ange, Lyiuta fut baptisé, entraînant une grande partie de la population de sa province au christianisme.
De ce beau couple, uni par l’esprit, naquirent une fille et un fils, l’admirable Maruthas. Il étudia avec succès les sciences de son temps, en particulier la médecine et, à la mort de son père, il lui succéda dans le gouvernement de la province, avant d’être ordonné évêque. À l’époque de l’accession au trône de Yazdegerd Ier (vers 399), il fut envoyé en ambassade par l’empereur byzantin à la cour du roi des Perses et y accomplit beaucoup de miracles. Il guérit en particulier le roi des rois d’un violent mal de tête , et obtint ainsi la faveur du souverain et la paix pour les chrétiens dans tout le royaume. Comme le roi voulait lui montrer sa reconnaissance par quelque somptueux présent, le saint évêque demanda qu’on lui accorde les corps des saints martyrs qui avaient rendu témoignage pour le Christ en Perse pendant la terrible persécution de Sapor (Shâpûr) II (340-379). Les ayant obtenu sans difficulté, il rapporta les reliques des saints martyrs dans sa cité épiscopale, Mayerferqat, qui reçut dès lors le nom de Martyropolis. Quelques années plus tard, en 410, il revint en Perse pour prendre part au Concile de Séleucie qui réorganisa l’Église perse. Il contribua à l’élection du nouveau catholicos et, par la suite, il ne cessa de veiller au maintien de la paix et du bon ordre de l’Église dans le royaume sassanide. Les mages perses, jaloux de la faveur acquise par cet évêque chrétien auprès du roi des rois, cachèrent un homme sous terre dans le temple du feu, qui prit la parole, comme s’il s’agissait d’un dieu, au moment où le souverain venait offrir son sacrifice, et dit : « Je ne t’agrée pas, car tu t’es mis du côté de Maruthas, le chef des Galiléens. » Conduit par la grâce de Dieu, Maruthas pénétra alors dans le temple et dévoila le stratagème, en faisant creuser à l’endroit où la voix se faisait entendre. L’imposteur ayant avoué que c’était sur l’ordre des mages qu’il avait agi, le roi les fit tous arrêter et donna l’ordre de les exécuter avec leurs familles. Maruthas, poussé de compassion, intercéda en leur faveur et obtint qu’une dizaine d’entre eux seulement fût exécutée. Le roi donna ensuite au saint évêque l’autorisation de bâtir autant d’églises qu’il voudrait dans son royaume, et il laissa les chrétiens exercer librement leur culte, en leur offrant même les services de son administration pour faire respecter les décisions du Concile de Séleucie. Quant au bienheureux Maruthas, il s’endormit en paix dans sa cité épiscopale et rejoignit le chœur des saints martyrs vers l’an 420.

HOMÉLIE DE SAINT SYMÉON LE NOUVEAU THÉOLOGIEN
SUR LA DEUXIÈME SEMAINE DU GRAND CARÊME
…Ainsi donc, pour le redire encore, la semaine passée, la première du Jeûne, voit tous les fidèles faire assaut de courage, - mais cette semaine une fois passée et le samedi arrivé, l’Église de Dieu se conforme à la tradition en célébrant la fête du grand martyr saint Théodore, ou pour mieux dire le salut extraordinaire que par lui Dieu accorda à son peuple très fidèle, et nous continuons, le dimanche, en faisant la commémoration de la Foi Orthodoxe et en chantant tous à notre Dieu très bon des hymnes de reconnaissance ; aussi le Méchant, toujours jaloux du bien, se glissant subrepticement en chaque fidèle et l'enlaçant invisiblement des liens de la paresse et de la négligence, lui suggère-t-il de rejeter loin de lui avec mépris le joug salutaire du jeûne et de revenir à ses habitudes antérieures. Pour cette raison, en ce jour, je rappelle et je conseille à votre Charité, à votre Paternité, de ne prêter aucunement l’oreille au Malintentionné, de ne pas vous laisser reprendre par la mauvaise habitude de l’insatiable gourmandise, de ne pas retourner en arrière vers la vieille satisfaction des mauvais désirs : mais honorons cette seconde semaines du Jeûne comme la première, et ainsi de suite pour les autres. Oui, mes pères et frères, pour notre bien, agissons ainsi ; ce que nous avons amassé, naguère, n’acceptons pas maintenant de le perdre, efforçons-nous plutôt d’y ajouter et de l’accroître, et ce que par le passé nous avons eu le bonheur d’édifier, ne souffrons pas maintenant le malheur que ce serait de le détruire. Que chacun d’entre vous se rappelle le profit trouvé dans le jeûne, de quels dons de Dieu l’a gratifié dans ce peu de jours, et qu’il devienne pour l’avenir encore plus ardent…

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc. XXIV, 12-35
Liturgie : Hébr. I, 10- II, 3 ; Hébr. VII, 26 – VIII, 2; Mc. II, 1-12 ; Jn. X, 9-


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras