dimanche 29 novembre 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


16/29 novembre
26ème dimanche après la Pentecôte

Saint apôtre et évangéliste Matthieu (60) ; saint Fulvien, roi d’Ethiopie, nommé Matthieu au baptême (Ier sècle) ; saint hiéromartyr Philoumène (1979) ; saints hiéromartyrs Théodore, prêtre et avec les martyrs Ananie et Michel (1929) ; saints hiéromartyrs Jean, Nicolas, Victor, Basile, Macaire et Michel prêtres, saint martyr Pantéléimon (1937), saint martyr Dimitri (1938).

Lectures : Eph. V, 8–19. Lc.  X, 25–37 ; Apôtre :  1 Cor. IV, 9–16. Мatth. IX, 9–13.

LE SAINT APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE MATTHIEU[1]

L
e saint Apôtre Matthieu portait tout d’abord le nom de Lévi et était le fils d’Alphée, exerçant la profession de collecteur d’impôts (publicain). Un jour qu’il se tenait au bureau de la douane, Jésus vint à passer et derrière lui toute une foule, qui recevait avec avidité son enseignement. Le Seigneur dirigea son regard vers Matthieu et lui dit : « Viens à ma suite ! » Le publicain se leva immédiatement et le suivit, sans une pensée ni même un regard vers ce qu’il laissait derrière lui. Avant de partir sur les routes à la suite du Christ, il offrit chez lui un grand banquet, auquel Jésus et ses disciples prirent part, ainsi qu’un grand nombre de publicains et de pécheurs publics. Comme les Pharisiens s’en scandalisaient, le Seigneur dit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir » (Lc V, 27 ; Mt IX, 13 ; Mc III, 17). Suivant le Christ dans tous ses voyages à travers la Palestine, Matthieu fut témoin de Ses enseignements et de Ses miracles avant sa Crucifixion et après sa Résurrection. Après avoir été rempli de la grâce du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, avec les autres apôtres, il fut désigné pour évangéliser les Juifs ses compatriotes. C’est pourquoi, huit ans après l’Ascension, il rédigea, le premier, l’Évangile, c’est-à-dire l’exposé des actes et des enseignements du Sauveur, destiné aux populations que son enseignement oral ne pouvait atteindre. Cet Évangile fut, dit-on, traduit en grec quelques années plus tard par saint Jacques, premier évêque de Jérusalem, et copié par le saint Apôtre Barthélemy. Il ne tarda pas à remplacer l’original araméen, dont il ne reste pas d’exemplaire. Par la suite, saint Matthieu partit répandre la Bonne Nouvelle dans le pays des Parthes et fut soumis à de nombreuses tribulations de la part des païens. Ensuite, le saint Apôtre partit vivre dans les âpres solitudes d’une haute montagne pour s’y consacrer à l’ascèse et à la contemplation. C’est là que le Seigneur lui apparut sous la forme d’un enfant et lui  remit un bâton, en lui ordonnant d’aller le planter près de l’église de la ville de Myrmène. L’évêque de la ville, Platon, reçut Matthieu solennellement en compagnie de tout son clergé. Dès que l’Apôtre eut planté le bâton en terre, celui-ci germa et donna des fruits d’où suintait un miel délicieux, comme un avant-goût des délices du Paradis. Une source d’eau fraîche jaillit également du pied de l’arbre et tous ceux qui s’y baignaient étaient délivrés de leurs passions et des ténèbres de l’idolâtrie. Malgré tous les bienfaits qu’il procurait aux Parthes et même à la famille royale, le saint Apôtre fut soumis par le roi Fulvien à d’effroyables tortures, avant d’être livré au feu. Il parvint toutefois à convertir le tyran à la foi, par l’intermédiaire des nombreux miracles qu’accomplirent ses saintes reliques. Au moment d’être baptisé, le roi demanda à recevoir le nom de Matthieu. Il renversa les idoles dans tout son royaume et amena son peuple entier à la foi. À la mort de Platon, le roi abdiqua, laissant le trône à son fils, et il devint évêque, conformément à la prédiction du saint Apôtre Matthieu.

Tropaire du dimanche, ton 1
Кáмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче : сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́ ; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́ ; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.

La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton Corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la vie  au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!


Tropaire du saint apôtre Matthieu, ton 3
Усе́рдно отъ мы́тницы къ зва́вшему Влады́цѣ Христу́, я́вльшуся на земли́ человѣ́комъ за бла́гость, Тому́ послѣ́довавъ, апо́столъ избра́нный яви́лся еси́ и благовѣ́стникъ Ева́нгелiя вселе́ннѣй велегла́сенъ. Сего́ ра́ди чти́мъ честну́ю па́мять твою́, Матѳе́е богоглаго́ливе, моли́ Ми́лостиваго Бо́га, да грѣхо́въ оставле́нiе пода́стъ душа́мъ на́шимъ.
Toi qui depuis ton péage, as répondu avec ardeur au Christ Maître qui apparut sur terre par bonté, venant à Sa suite, tu fus un apôtre choisi et proclamas l’Évangile à l’univers. C’est pourquoi nous vénérons ta précieuse mémoire, Matthieu héraut de Dieu, prie le Dieu miséricordieux d’accorder la rémission des péchés à nos âmes.



Kondakion du saint apôtre Matthieu, ton 4
Мыта́рства и́го отве́ргъ, пра́вды и́гу припря́глся еси́ и яви́лся еси́ купе́цъ всеизря́днѣйший, бога́тство прине́съ ю́же съ высоты́ прему́дрость. Отону́дуже пропо-вѣ́далъ еси́ и́стины сло́во и уны́лыхъ воздви́глъ еси́ ду́ши, написа́въ ча́съ су́дный.
Ayant secoué le joug publicain,, tu t’es attaché à celui de la justice, et tu t’es avéré un acquéreur excellent en te procurant comme richesse la sagesse d'en-haut; aussi as-tu prêché la parole de vérité et tu as réveillé les âmes des indolents en décrivant l’heure du jugement.
Kondakion du dimanche, ton 1
Воскpécлъ ecи́́ я́ко Бо́гъ изъ гро́ба вo сла́вѣ и мípъ coвоскpecи́лъ ecи́, и eстество́ человѣ́ческое я́ко Бо́гa воспѣва́ет Tя́, и сме́рть изчезе́ : Aда́мъ же лику́ет, Влады́ко, Éва ны́нѣ отъ у́зъ избавля́ема ра́дуется зову́щи : Ты́ ecи́ и́же вcѣ́мъ подая́, Xpисте́ Bocкреcéніe.
Ô Dieu, Tu es ressuscité du Tombeau dans la gloire, ressuscitant le monde avec Toi ! La nature humaine Te chante comme son Dieu et la mort s’évanouit. Adam jubile, ô Maître, et Ève, désormais libérée de ses liens, Te crie dans sa joie : « C’est Toi, ô Christ, qui accordes à tous la Résurrection ! »

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

Que dit l’apôtre, en effet? « Ayez donc soin de marcher avec circonspection ». Il savait que son Maître, en envoyant ses disciples comme des brebis au milieu des loups, leur recommandait encore d'être comme des colombes : « Et vous serez simples comme des colombes ». (Matth. X, 16.) Étant au milieu des loups, et ayant ordre de ne pas se venger et de souffrir, ils avaient, par conséquent, besoin de cette exhortation. La première comparaison pouvait suffire, à la vérité, pour les rendre patients : mesurez ce que la seconde ajoute à la force du précepte. Et voyez comment Paul s'attache à prémunir ses auditeurs en leur disant : « Ayez « soin de marcher avec circonspection ». Des cités entières étaient en guerre avec eux; cette guerre avait pénétré jusque dans les maisons; la division régnait entre le père et le fils, la fille et la mère. Pourquoi? Quelle était l'origine de ces divisions? C'est qu'on avait entendu dire au Christ : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi ». (Matth. X, 16, 37.) Paul ne voulait pas qu'on crût qu'il existait des guerres et des combats sans but : car si les chrétiens, de leur côté, étaient devenus agresseurs, ç'aurait été le signal de grandes colères. Voilà pourquoi il dit : « Ayez donc soin de marcher avec circonspection ». En d'autres termes : La prédication mise à part, ne donnez pas d'autre sujet, d'autre motif de haine contre vous. Que personne n'ait autre chose à vous imputer : soyez respectueux et soumis dans toutes les choses qui n'intéressent pas la prédication, qui ne gênent point la piété : « Rendez à tous ce qui leur est dû: à qui le tribut, le tribut; à qui l'impôt, l'impôt ». (Rom. XIII, 7.) Car les incrédules rentreront en eux-mêmes, quand ils nous verront irréprochables dans le reste. « Non comme des insensés, mais comme des hommes sages, rachetant le temps ». Il ne dit pas cela pour nous conseiller d'être souples et de prendre toutes les formes. Voici ce qu'il veut dire : Le temps n'est pas à vous; vous n'êtes en ce monde que des étrangers, des voyageurs de passage : ne cherchez pas les honneurs, ne cherchez pas la gloire, ne cherchez pas la puissance, ne cherchez pas la vengeance; subissez tout, et par ce moyen rachetez le temps ; ne craignez pas de payer, payez tout ce que l'on exigera... Il y a ici quelque obscurité : tâchons de l'éclaircir au moyen d'un exemple : Supposez qu'un homme possède une maison magnifique et que des gens y pénètrent pour le tuer; qu'alors pour se sauver il donne une forte somme à ces scélérats : nous dirons qu'il se rachète... Eh bien! Vous aussi vous êtes possesseur d'une superbe maison, vous avez la vraie foi : on vous poursuit pour vous dépouiller : donnez tout ce qu'on vous demandera, gardez seulement le principal, à savoir la foi.

Apprenez à louer Dieu, et vous verrez combien cette occupation a de charmes ceux qui Le louent sont remplis de l'Esprit-Saint, comme sont remplis de l'esprit impur, ceux qui chantent des chansons sataniques. Qu'est-ce à dire : « Du fond de vos cœurs à la « gloire du Seigneur ? » C'est-à-dire, avec attention. Car, si l'attention fait défaut, on chante au hasard, on ne profère que des mots, tandis que le cœur s'égare ailleurs : « Rendant grâces toujours et pour toutes choses, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à Dieu et Père, soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ ». En d'autres termes, faites parvenir à Dieu vos demandes avec des actions de grâces : car rien ne contente Dieu comme la reconnaissance. Or, nous ne pouvons mieux Lui témoigner notre reconnaissance, qu'en arrachant notre âme aux vices, en la purifiant. « Mais soyez remplis de l'Esprit-Saint ». Cela dépend-il de nous? Oui, quand nous avons chassé de notre âme le mensonge, l'amertume, la fornication, l'impureté, l'avarice, quand nous sommes devenus bons, miséricordieux, cléments les uns pour les autres, quand nous évitons les plaisanteries indécentes, quand enfin nous nous sommes rendus dignes de recevoir le Saint-Esprit, qu'est-ce qui L'empêche encore d'accourir, de voler vers nous ? Non-seulement Il accourra, mais encore Il remplira notre cœur. Or, avec le secours intérieur d'une pareille lumière, la vérité ne nous sera plus pénible, elle nous deviendra aisée et facile.



[1] Tiré du Synaxaire du  P. Macaire de Simonos Petras (version abrégée)

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