dimanche 8 novembre 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


26 octobre / 8 novembre
23ème dimanche après la Pentecôte

Saint Dimitri de Thessalonique, grand-martyr, myroblite (vers 306) ; commé-moraison du grand tremblement de terre, à Constantinople (en 740) ; saint martyr Loup (306) ; saint Amand, évêque de Strasbourg (346) ; saint Athanase de Médikon, en Bithynie (814) ; saint Théophile de la Laure des Grottes, évêque de Novgorod (1482) ; saint Joasaph, moine au Mont-Athos, néo-martyr grec (1536) 

Lectures : Éph. II, 4–10. Lc. XVI, 19–31. St Dimitri : 2 Тim. II, 1–10. Jn. XV, 17 – XVI, 2.

VIE DE ST DIMITRI DE THESSALONIQUE[1]

S
aint Dimitri vivait à Thessalonique sous le règne de Maximien Galère, césar de l’Empire d’Orient,  (vers 306). Noble, expert en l’art militaire, malgré son jeune âge, il avait été nommé par Galère général des armées de Thessalie et proconsul pour l’Hellade. Malgré ces honneurs, Dimitri passait le plus clair de son temps à enseigner et à interpréter publiquement la parole de Dieu. Sa parole et sa vie étaient si convaincantes, qu’un grand nombre de païens s’étaient convertis, malgré la persécution lancée par l’empereur contre les chrétiens.  Après avoir remporté de brillantes victoires contre les Scythes, sur le chemin du retour, Galère s’arrêta à Thessalonique pour se faire acclamer par la foule et offrir des sacrifices d’action de grâces aux idoles. Certains païens de la ville, jaloux des succès de Dimitri, profitèrent de la présence de l’empereur pour le dénoncer comme chrétien. Le tyran fut saisi d’une violente colère lorsqu’il apprit que Dimitri ne se contentait pas de partager la foi des disciples du Christ, mais qu’il la propageait avec succès, tirant profit de sa place dans les assemblées officielles. Après avoir fait comparaître le saint, qui confessa sa foi sans hésitation, Galère le fit enfermer dans un cachot malsain situé dans les sous-sols d’un bain qui se trouvait à proximité du palais. Laissé seul dans l’obscurité, l’humidité et les odeurs nauséabondes, Dimitri n’y prêtait aucune attention, car il était rempli de joie à la pensée de bientôt communier pleinement à la Passion du Seigneur. Sa seule tristesse était de devoir attendre la fin des festivités organisées en l’honneur de l’empereur, pour subir le martyre. Ainsi que le voulait la coutume, Galère avait organisé dans l’amphithéâtre de Thessalonique des jeux et des combats de gladiateurs. Il avait amené avec lui un géant de la tribu des Vandales, à la force herculéenne, nommé Lyaios. Celui-ci était si fort que personne ne pouvait lui résister. Nestor, un jeune chrétien de la ville, voyant le vain orgueil que tirait l’empereur des victoires de son champion, décida de lui montrer que c’est au Christ seul qu’appartient la vraie puissance. Il courut donc vers le bain où était enfermé Dimitri et lui demanda l’assistance de sa prière pour aller affronter le géant. Le martyr fit le signe de la Croix sur le front et le cœur du jeune garçon, et l’envoya vers Lyaios, tel David au-devant de Goliath (cf. 1 Sam 17). Nestor arriva à l’amphithéâtre au moment où les hérauts annonçaient l’invitation de l’empereur à affronter le géant. Il s’avança alors devant la tribune où siégeait Galère, et jeta sa tunique à terre en criant : « Dieu de Dimitri, viens à mon aide ! » Dès le premier engagement, alors que le géant se ruait sur le frêle garçon, celui-ci s’esquiva et le perça mortellement au cœur avec son poignard. Tous furent saisis de stupeur à la vue de ce prodige et se demandaient comment l’invincible barbare était tombé si facilement sous les coups d’un adolescent. En fait le jeune chrétien, ne se confiant ni en sa force ni en ses armes, avait mis toute son espérance dans le Seigneur, le « Maître du combat », Lui qui livre leurs ennemis aux mains de Ses fidèles. Au lieu de se soumettre devant ce signe éclatant de la puissance souveraine de Dieu, l’empereur fut pris d’une violente colère, et ordonna de saisir Nestor sur-le-champ et d’aller lui trancher la tête en dehors de la ville. Comme il avait entendu le jeune garçon invoquer le Dieu de Dimitri, Galère soupçonna ce dernier d’avoir usé de quelque sortilège ; il donna donc l’ordre à ses soldats d’aller le transpercer de leurs lances au fond de son cachot, sans autre forme de procès. Quelques chrétiens, qui étaient présents lors de l’exécution de saint Dimitri, attendirent le départ des soldats pour ensevelir son corps avec dévotion. Lupus, le serviteur de saint Dimitri, était lui aussi présent. Avant qu’on ensevelisse le corps du martyr, il lui retira sa tunique baignée de sang et mit à son doigt la bague royale qu’il portait. Par l’intermédiaire de ces deux trophées, Lupus accomplit ensuite un grand nombre de miracles et de guérisons. Lorsque Galère l’apprit, il envoya aussitôt ses soldats décapiter le fidèle serviteur. Ayant remporté la couronne de la victoire des bienheureux athlètes de la foi, saint Dimitri se tient désormais avec assurance dans la Cour céleste et, depuis mille six cent ans, il n’a cessé de manifester sa bienveillante protection sur la ville Thessalonique, qui le vénère comme son saint patron. A de multiples reprises, le saint l’a protégée des assauts des barbares, et c’est aussi à son intercession que l’on attribue la libération de la ville du joug turc, en 1912. À de multiples reprises, saint Dimitri a protégé sa cité des tremblements de terre, des épidémies et des famines ; et les malades que l’on venait déposer dans une annexe de la basilique, transformée en hôpital, se trouvaient guéris par l’intervention du saint qui leur apparaissait en songe. Les miracles, accomplis par l’intervention directe de saint Dimitri ou par son myron, sont innombrables. La célèbre basilique Saint-Dimitri fut construite au Ve siècle sur l’emplacement du tombeau du saint après avoir connu un incendie au VIIe siècle, subit divers remaniements et fut transformée en mosquée en 1493. Rendue au culte chrétien en 1912, un grand incendie la ravagea en 1917. Aujourd’hui restaurée, elle est redevenue le centre du culte de saint Dimitri, surtout depuis la restitution d’une partie de ses reliques (1978/1980), qui avaient été emmenées en Italie vers le XIIe siècle. Dès le baptême de la Russie, la vénération de St Dimitri commença dans ce pays. Lors de la célèbre bataille de Koulikovo (1380) le prince Dimitri Donskoï fit venir une icône du saint. En mémoire des soldats tombés sur le champ de bataille fut institué dans l’Eglise Russe le « samedi de St Dimitri ».

Tropaire du dimanche, ton 6
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
Les puissances angéliques apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Tu as dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !

Tropaire du saint grand-martyr Dimtri, ton 3
Вели́ка oбрѣ́те въ бѣда́хъ тя́ побо́рника вселе́нная, стрaстоте́рпче, язы́ки побѣжда́юща: я́коже у́бo Ли́еву низложи́лъ еси́ горды́ню, и на по́двигъ дерзнове́нна сотвори́въ Не́стора, та́кo, свя́те, Дими́трiе Xристу́ Бó́гу моли́ся, дарова́ти на́мъ ве́лiю ми́лoсть.
Au milieu des dangers, le monde entier  a trouvé en toi un puissant défenseur  pour mettre en fuite, victorieux Athlète, les païens; toi qui as abattu l'arrogance de Lyéos et sur le stade encouragé saint Nestor, aussi grand-martyr Dimitri prie le Christ notre Dieu d'accorder à nos âmes la grande miséricorde..
Tropaire du tremblement de terre, ton 8
Призира́яй на зе́млю и творя́й ю́ трясти́ся, изба́ви ны́ стра́шнаго тру́са преще́нія, Христе́ Бо́же на́шъ, и низпосли́ на́мъ бога́тыя ми́лости Твоя́ моли́твами Богоро́дицы, и спаси́ ны.
Toi qui abaisses Ton regard sur la terre et la fait trembler, délivre-nous de la terrible menace du séisme, ô Christ notre Dieu, et envoie-nous Tes riches miséricordes, par les prières de la Mère de Dieu, et sauve-nous.
Kondakion du dimanche, ton 6
Живонача́льною дла́нію умéршыя отъ мра́чныхъ удо́лій Жизнода́вецъ воскреси́въ всѣ́хъ, Христо́съ Бо́гъ, воскресéніе подадé человѣ́ческому pо́ду; éсть бо всѣ́xъ Спаси́тель, воскресéніе и живо́тъ и Бо́гъ всѣ́хъ.
Par Sa main vivifiante, le Donateur de vie a ressuscité tous les morts de leurs retraites ténébreuses, Lui,  le Christ Dieu, qui a fait don de la résurrection à la race des humains, car, de tous Il est le Sauveur, la Résurrection et la vie et le Dieu de l’univers.
Kondakion du saint grand-martyr Dimitri, ton 2
Крове́й твои́хъ струя́ми Дими́тріе, Це́рковь Бо́гъ обагри́, да́вый тебѣ́ крѣ́пость непобѣди́мую, и соблюда́я гpáдъ тво́й невре́димь ; того́ бо ecи́ yтвержде́нie.
Sous les flots de ton sang, Dimitri, empourpra son Église le Seigneur qui t'a donné l'invincible pouvoir et garde saine et sauve la ville dont tu es le ferme appui.
Kondakion du tremblement de terre, ton 6
Изба́ви тру́са тя́жкаго всѣ́хъ на́съ, Го́споди, и я́звы нестерпи́мыя грѣ́хъ ра́ди на́шихъ. Пощади́, Го́споди, лю́ди Твоя́, я́же стяжа́лъ еси́ Твое́ю Кро́вію, Влады́ко; и гра́дъ не преда́ждь въ поги́бель тру́сомъ стра́шнымъ, ино́го бо, ра́звѣ Тебе́, Бо́га не вѣ́мы. И воззови́ пою́щимъ: Азъ е́смь съ ва́ми, и никто́же на вы́.
Délivre-nous, Seigneur, du terrible tremblement de terre et des plaies insoutenables advenues en raison de nos péchés. Épargne, Seigneur, Ton peuple, que Tu acquis par Ton Sang, ô Maître ; et ne livre pas la cité à la perte par le terrible séisme, car nous ne connaissons pas d'autre Dieu, que Toi. Et clame à ceux qui Te chante : «Je suis avec vous, et personne ne peut rien contre vous».

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
Ainsi donc, appelés pour les bonnes œuvres, remplissons notre tâche avec persévérance. Car si nous avons été appelés, ce n'est pas pour en faire une, mais pour les faire toutes. De même qu'il y a en nous cinq sens, et que nous devons les employer tous à propos, nous devons agir de même à l'égard des vertus. Être chaste et sans charité, être charitable et injuste, s'abstenir du bien d'autrui, mais ne pas faire l'aumône avec le sien, tout cela est inutile. Il ne suffit pas d'une seule vertu pour nous faire comparaître avec confiance au tribunal du Christ : il en faut beaucoup et de toute espèce, il nous les faut toutes. Écoutez le Christ disant à Ses disciples : « Allez et instruisez toutes les nations; enseignez-leur à garder tous mes commandements » ; et encore : « Celui qui violera l'un de ces moindres commandements, sera appelé très-petit dans le royaume des cieux » (Matth. XXVIII, 19, et V, 19) ; c'est-à-dire, à la résurrection : Car cet homme-là n'entrera pas dans le Royaume l'Évangile appelle souvent royaume le temps même de la Résurrection: «, Celui qui en violera un sera appelé très-petit »... Nous sommes donc tenus de les observer tous. Et voyez comment, sans l'aumône, il est impossible d'entrer dans le Royaume : Comment, ne nous manquât-il que ce seul titre, nous irons au feu: « Allez-vous-en, maudits », est-il écrit, « au feu éternel préparé pour le diable et ses anges ». Pourquoi, pour quelle raison? Parce que j'ai eu faim, et que vous ne m'avez pas donné à manger: parce que j'ai eu soif et que vous ne m'avez pas donné à boire (Matth. XXV, 41.) Voyez-vous comment ce seul grief cause leur perte? Pour cette seule raison les vierges furent chassées de la chambre nuptiale, quoiqu'elles possédassent la chasteté; mais comme l'appui de l'aumône leur faisait défaut, elles n'entrèrent pas avec l'époux : « Recherchez la paix avec tous, et la sainteté sans laquelle nul ne verra le Seigneur». (Héb. XII, 14.) Songez donc que si, sans la chasteté, il est impossible de voir le Seigneur, ce n'est pas à dire qu'avec la chasteté on doive nécessairement Le voir : car souvent il y a un autre empêchement. Quand nous ferions toutes les autres bonnes œuvres, si nous n'aidons pas le prochain, nous n'entrerons pas pour cela dans le Royaume. Qu'est-ce qui le prouve? L'exemple des serviteurs auxquels avaient été confiés les talents. Un homme dont la vertu était sans reproche, à qui il ne manquait rien d'ailleurs, fut rejeté justement, parce qu'il avait montré de la mollesse à faire fructifier l'argent.


[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos Petras (version abrégée)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire