En ces temps où
certains hiérarques orthodoxes (?) parlent encore de la levée des anathèmes (acte sans aucune
valeur car les raisons de l’anathème n’ont jamais disparu, et de nombreuses hérésies ont été ajoutées!), en disant en
outre que jamais l’Eglise Orthodoxe n’a considéré l’église latine de Rome comme
hérétique, il semble utile d’écouter ce que disait le saint staretz Philothée
Zervakos, dans sa lettre adressée au Patriarche Athénagoras de Constantinople, d'autant plus que les attitudes qu'il mentionne sont toujours présentes, et que la situation a empiré depuis ses remarques salutaires. C.L.-G.
*
*
L'auteur de cet appel,
le staretz Philothée [Zervakos] (1884-1980) fut le confesseur et prédicateur le
plus connu de Grèce -véritable et nouveau saint Côme d’Etolie- qui traversa
la Grèce à pieds d’innombrables fois pendant ses 67 ans de sacerdoce.
Il avait un
grand nombre d'enfants spirituels non seulement en Grèce, mais aux États-Unis,
en Australie, en Europe, et dans d'autres parties du monde également. Homme véritablement
apostolique, rempli des dons de l'Esprit Saint, il fut connu surtout pour exorciser
les démons et pour sa guidance spirituelle en tant que staretz.
Il accomplit de
nombreux miracles. Il prophétisa la destruction de l'Asie Mineure
au début des années vingt, à une époque où personne ne pouvait croire et ne voulut ce qu'il
disait.
Père Philothée fut
souvent invité, à la fois par le patriarche Athénagoras et l'archevêque
Iakovos, à se rendre à Constantinople et aux États-Unis dans le but d'entendre des confessions et de
prêcher. En toutes ces occasions, il refusa, disant qu'il ne voulait pas
concélébrer avec un clergé rasé qui ne respectait pas les traditions de l'Église.
Plusieurs fois, il écrivit à ses enfants spirituels, en particulier à ceux des États-Unis, de cesser d’assister aux offices dans les églises de l'archidiocèse
grec, et d'aller plutôt dans les églises de l'Eglise Russe Hors Frontières. Il écrivit
de nombreux livres et articles. Il construisit, durant sa vie, douze églises,
deux monastères, trois cimetières et deux écoles. Saint Nectaire d’Egine fut
son père spirituel…
*
Icône de Père Philothée
Depuis quelque temps j'avais résolu d'écrire à
Votre Sainteté à cause de Votre action hâtive et irréfléchie en vue d'une
union de l'Église orthodoxe orientale avec la papauté à la doctrine maligne.
Je ne vous ai pas écrit, parce les hiérarques
illustres, les clercs distingués, la plupart des pieux professeurs et théologiens,
et des moines vertueux, des laïcs érudits informés, ont écrit clairement contre
cette fausse union poursuivie d'une manière si hâtive et servile. [1]
J'avais espéré que les souffrances qui sont
venues des péchés de nous tous grecs -à la fois membres du clergé et laïcs, hommes et femmes, petits et
grands- Vous auraient ramené à la raison, et que Vous Vous seriez détourné de Votre
audacieuse et très violente résolution pour l’âme (pour l'Eglise orthodoxe) dans un effort pour unir les parties divisées de l'Eglise orthodoxe en Grèce.
On se serait attendu à ce que le primat de l'Orthodoxie grecque prêche la
repentance à l'ensemble de l'Eglise orthodoxe et au peuple grec pécheur; qu'il
aurait donné le signe d'un retour au Souverain de tous; et qu'il allait appeler
à une union et une amitié avec le très aimant, mais aussi notre très juste Père céleste, de Qui, comme contempteurs désobéissants et ingrats de Ses
commandements et Ses préceptes divins, nous nous sommes éloignés et sommes
devenus, au lieu de Ses amis, Ses ennemis.
De même, on se serait attendu que Vous
preniez soin de rétablir l'unité de notre Eglise après la division et le
schisme causés par cette innovation irréfléchie, inutile, inopportune et
diabolique de l'introduction du calendrier grégorien (Papal) par Votre prédécesseur
maçonnique, Meletios Metaxakis, qui induisit alors en erreur l’archevêque
d'Athènes, Chrysostome Papadopoulos.
Malheureusement non, cependant. Non seulement Vous
n’avez eu aucune disposition et aucun souci pour les besoins primaires
mentionnés ci-dessus, et pour les questions similaires sacrées et urgentes, qui
doivent avoir la priorité sur toute autre entreprise, mais au lieu de cela, Vous Vous consacrez hâtivement et avec servilité au renforcement et à
l'élargissement du schisme au sein de l'Eglise de Grèce, selon Votre première
décision qui est douteuse, vers une fausse union avec le Pontife faussement
infaillible qui Vous a convoqué -lui qui est dans l’erreur- pour revenir au
bercail papal.
C’est précisément parce que je vois que l'Union
au-dessus de tout autre union, qui est, l'Union et l’amitié essentielles avec
le Dieu trinitaire ne Vous concernent pas (pas plus que le rétablissement de
l'unité de l’Église orthodoxe grecque divisée et très souffrante) que je suis
obligé de Vous écrire, craignant de pécher si je garde le silence et ne
professe pas la vérité.
Voyez, Votre Toute Sainteté , comment au moyen
de dissensions, le loup saisit et disperse les brebis de Votre propre troupeau que
le Seigneur Vous a confié, et pour lequel Il a versé Son Sang. Et Vous avez
aucun souci des brebis. Vous ne ne Vous souciez que de réaliser à tout prix
l'union et l'amitié avec le Pape et Votre propre soumission de Votre troupeau au
Pape.
Mais prenez garde, Votre Toute Sainteté, parce
que les bonnes brebis raisonnables du troupeau du Christ ne Vous suivront pas,
conformément à la parole de l'Evangile: Elles
ne suivront point un étranger; mais elles fuiront loin de lui, parce qu'elles
ne connaissent pas la voix des étrangers. (Saint Jean 10: 5). Celles qui Vous suivront seront
telles, qu'elles seront à l'extérieur de la bergerie du Christ, où sont les papes et les luthéro-calvinistes,
ceux dont les esprits sont hétérodoxes.
Les premiers à parler étaient déjà les Pères très
justes de la Sainte Montagne, qui ont donné le mot d'ordre, le bon et honorable
exemple, à l'imitation de leurs saints Pères orthodoxes qui ne veulent pas
écouter d'autres voix comme la Vôtre, qui est la voix de l’étranger
latinisant, le patriarche Jean Beccos. [2] Ces Pères préfèrent la mort à la fausse
union. Et non seulement les Pères athonites présents ne Vous suivent pas, ils
ont même cessé de Vous commémorer dans les offices divins. Vous devez savoir,
Votre Toute-Sainteté, qu'il n'y a pas seulement les Pères de la Sainte Montagne,
mais aussi des myriades d'autres membres du clergé grec et des laïcs, véritables
orthodoxes, qui Vous ont désavoué et d'autres qui sont prêts à Vous désavouer
pour autant que Vous persistiez dans l'union fausse retorse et délibérée.
Par Votre effort inconsidéré et impatient, Vous
avez scandalisé les myriades d'âmes des élus chrétiens orthodoxes. [Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits
qui croient en moi,] il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une
meule de moulin, et qu'on le jetât au fond de la mer. (Saint Matthieu 18: 6) alors,
Votre Toute Sainteté, quelle sera la punition de Votre péché? Car Vous avez
scandalisé non seulement l'un des petits, mais des myriades de grands: évêques,
prêtres, moines, hiéromoines, théologiens, hommes et femmes.
Comprenez cette vérité que d'autres aussi ont
souligné pour Vous. Avant toute chose, il est de Votre devoir de ramener la
paix et l'unité de l'Eglise orthodoxe, qui a été littéralement secouée par
l'innovation [le Calendrier Grégorien], qui d’une manière qui était anarchique
et sans l'accord de toutes les Églises orthodoxes a été introduit dans l'Eglise
de Grèce en 1924; une innovation qui a renversé l'ordre ecclésiastique et la tradition
établie depuis les siècles passés, qui a provoqué des dissensions et des divisions,
qui ont détruit l'unité de culte et créé un schisme religieux partout parmi les
orthodoxes. Supprimez d’abord ce schisme, puis tournez-vous vers l'Occident.
Alors, et seulement alors, ouvrez les portes de l'Eglise orthodoxe, et avec un amour
pur et sincère, dites au Pape et aux hérétiques, "Vous désirez l’union?
Nous la désirons aussi et y aspirons ardemment. Voici, nous vous recevrons avec
plaisir une fois que vous aurez précédemment rejeté vos doctrines et vos erreurs malignes, et rejeté tout ce qui
est contre les saints canons et traditions patristiques des Sept Saints Conciles
œcuméniques".
Mais, Votre Toute Sainteté, nulle part nous n’avons
une indication que l'Eglise de Rome ait clarifié sa position concernant le
rapprochement avec l'Eglise orthodoxe et les autres confessions chrétiennes. Au
contraire, plutôt, nous avons l'occasion et des raisons de croire résolument
que les papistes persistent obstinément et immuablement dans leurs doctrines mauvaises
et arbitraires. Même aujourd'hui, ils annoncent catégoriquement et prêchent
sans vergogne que «l'Union du christianisme ne signifie rien d'autre que la
soumission à Rome, au seul Vicaire du Christ sur terre,» et que «la primauté et
l'infaillibilité ne sont pas des décrets ecclésiologiques que l'Eglise peut
invalider, mais des dogmes que personne ne peut ébranler "(Catholike, journal
catholique d'Athènes, 16 octobre, 1963); et en outre que «l'Eglise catholique ne
va sacrifier aucune de ses vérités» - disons plutôt, de ses erreurs.
A quelle
fin, donc, y a-t-il cette diligence ostentatoire de la part de l'Eglise
orthodoxe? "L’union poursuivie des deux côtés ne peut pas être une
véritable union, ni permanente ou stable, car elle ne repose pas sur l'unité de
doctrine. Il est clair que, puisque l'union intérieure est impossible, l'union
extérieure est également impossible, c’est-à-dire que tout rapprochement des
deux églises sans l'unité dogmatique d'une manière telle que les partisans de
l'une pourraient partager les mystères des prêtres de l'autre sans hésitation.
Cette union extérieure, qui est basée sur l'indifférence religieuse, aura comme
résultat non une véritable union, mais la confusion des églises. L'Eglise
d'Orient n'a jamais permis, et ne sera jamais en mesure de permettre, à ses
membres de recevoir les pseudo-mystères et la (supposée) grâce de l'Esprit Saint des clercs d'un église hétérodoxe.
Celui qui pense autrement n’est assurément pas un chrétien orthodoxe. "[3]
Mais l'ensemble du sujet a été rendu merveilleusement
et superbement clair, ne laissant aucun doute que ce soit, par saint Nectaire
de la Pentapole [4] dans son livre éclairé par Dieu, Une étude historique sur les causes du schisme ... concernant
l'impossibilité ou la Possibilité de l'Union. Ce serait plus bénéfique et cela
éclairerait les fidèles si nous citons le texte in extenso. Le Saint dit à la
page 9: "Les conditions de l'union sont telles qu'elles rendent l'union
recherchée impossible, parce qu'ils ont aucun point de contact. Chacun recherche
de l'autre ni plus ni moins que le déni de lui-même et des principes de base
sur lesquels toute la structure de l'Eglise est constituée pour une part,
l'église papale est basée sur la primauté du Pape en fonction de leur compréhension
de ce point; et de l'autre, l'Église d'Orient est fondée sur les Conciles
œcuméniques. Pour cette raison, les conditions de l'union présentées par les
deux parties sont impossibles à accepter, car elles renversent les églises de
leurs fondements mêmes. D'où l'inefficacité de toutes les concessions que
chaque côté peut faire.
La primauté d'honneur qui est donnée par l'Église
d'Orient au Pape est une concession inutile, car elle n'a pas le pouvoir de maintenir ensemble le tissu de l'Eglise d'Occident. Les concessions accordées par le Pape
à l'Eglise [Orthodoxe], c’est-à-dire le fait qu’elle garde ses propres dogmes, coutumes et disciplines
n’est pas le moins du monde considéré comme des "concessions" par elle, mais
comme légitimes en elles-mêmes, car elles sont fondées sur les canons de
l'Eglise, raison pour laquelle seule, elle [l’Eglise orthodoxe] demeure en eux.
Mais elle exige aussi que le Pape lui-même avec toute l'Église occidentale
retourne en son sein, renonce à son ancienne vie, et vienne à elle dans la
repentance. Par conséquent, les concessions apparentes n’ont pas du tout de sens,
car ce ne sont pas réellement des concessions. Pour que l'union en vienne à
exister, il est nécessaire que les concessions suppriment les principales
causes de la séparation. Les concessions ne seront véritables que lorsque le Pape abandonnera
ses propres usages, et non pas quand il tolèrera tout simplement ces choses qui
ont été bien établies dans l'Église. Puisque les principales causes de la
séparation restent en tant que telles, les églises persistent dans leurs
propres usages, et l'union est impossible. Pour que l'Union soit mise en place,
elle doit être assurée sur le même principe. Sinon tout labeur est vain. "
Qu'il y ait union, Votre Toute Sainteté, mais de la manière que le Christ le désire: loin de tout objectif mondain et de tout
compromis. Votre désir concernant l'église papale à la doctrine maligne devrait
être un désir apostolique, un désir saint et porteur de Dieu. Car, comme les
canons sacrés le proclament: "Les choses qui ont été transmises dans l'Orthodoxie
ne sont pas " oui et non", mais elles sont "Oui" dans la vérité, et elles
restent intactes et inébranlables dans l'éternité."
Concernant la voie
médiane de compromis, Saint Marc Evgenikos [d’Ephèse] dit que même pas cette idée
ne devrait tromper personne, car
entre deux doctrines opposées une véritable voie médiane de compromis ne peut
pas exister. "Pour ces raisons, ceux qui annoncent la voie médiane de
compromis et enseignent qu'il n'y a rien de stable ou précis et certain, mais
comme hypocrites au moyen de concessions adaptent et oscillent entre les opinions
de chacun, doivent être évités. Ni par exemple, votre Toute Sainteté, que nous
poursuivions simplement un rapprochement extérieur et d'unité pour la formation
d'un front uni de l'amour contre la faim, contre le malheur, contre l'athéisme,
contre le communisme, contre la guerre, etc., puisque l’union doit d'abord être
un triomphe de la vérité, et puis un triomphe de l'amour qui jaillit de l'unité
de la foi. Et encore une fois, ni sous le couvert de parvenir à la paix ne devez
vous efforcer comme vous le faites, puisque comme ce grand défenseur de
l'Orthodoxie, saint Marc Evgenikos, le dit encore, "Il est impossible de
restaurer la paix si la cause du schisme n’est pas supprimée précédemment, et
le Pape, qui est déclaré être l'égal de Dieu, ne vient pas à cette réalisation."
Votre Toute Sainteté, toute l'histoire des
efforts de l'Union, à partir de 867 (et surtout à partir de 1054) et au-delà,
nous assurent que l'Occident a toujours offert à l'Orient l'union tant attendue
des églises afin de poursuivre les plans inavoués du Pape pour la soumission de
l'Eglise orthodoxe orientale. En outre, nous sommes rendus encore plus
hésitants à la face lamentable que dans notre milieu, il existe, comme cela ne
devrait pas être, l’Uniatisme, qui, selon Chrysostome Papadopoulos à jamais
mémorable, "cherche habilement à conduire le peuple dans le papisme et
progressivement et imperceptiblement à le latiniser." Comme c’est
précisément en raison de leur posture trompeuse que les uniates empoisonnent
les relations entre les deux églises, Vous, Votre Toute Sainteté, auriez dû poser
comme condition première pour l'union la dissolution immédiate de l'Uniatisme.
Bien sûr, aucun véritable chrétien orthodoxe,
clerc ou laïc, ne reste de marbre
par le désir d'union béni par le Christ, pour autant que la tromperie et l'asservissement
honteux ne sont pas cachés sous Son Nom très doux. Mais une étude plus sérieuse
de la situation telle qu'elle a pris forme pendant dix siècles de schisme et de séparation complète, prouve que les choses ne sont pas si simples, et que d'un
simple dialogue dans les couloirs du Palais du Latran, nous serons en mesure
d'atteindre l'union longtemps désirée.
Et un dialogue sur un pied d'égalité, en
ce moment étant démenti par les faits, se révèle être un fantasme utopique.
L'Église d'Occident doit prendre non seulement des mesures, mais faire des pas de
géant, afin d'atteindre l'endroit où elle se trouvait autrefois comme sœur de
l'Église d'Orient. Sinon, si l'Eglise de Rome continue à persister dans les
principes de papisme et cherche par divers moyens à étendre sa domination sur
l'ensemble de l'écoumène [du monde habité], d’avaler et et d’assimiler tout, ce
serait pure folie pour nous orthodoxes d’ouvrir des discussions avec les hommes
qui n’ont pas l'intention de bouger de leurs positions, pas même dans la
moindre mesure, mais montrent une tendances contraire à engloutir toutes les
autres églises. La conscience saine et intacte des orthodoxes rejette de telles
vaines discussions comme sans objet.
Prenez garde, Votre Toute Sainteté, de peur
qu’avec Vos efforts intempestifs Vous ne déchiriez l'Église et ne divisiez les
orthodoxes encore plus qu'ils ne sont divisés. Prenez-Vous la responsabilité de briser
l'unité du peuple grec et de briser leurs liens spirituels avec les autres
orthodoxes? Pourquoi devriez-Vous forcer les Pères de la Sainte Montagne, ou cinq
à dix métropolites de Grèce, de diviser l'Église de demain afin de la
préserver d'une "union" prématurée? Que pensez-vous que Vous ayez
obtenu par Votre rencontre unique et sans précédent, mais totalement non canonique, avec l'évêque de Rome? Plus simplement, Vous renforcez la position
latine sur le schisme. Et qu'est-ce que Votre salutation farfelue et mélodramatique, Vos étreintes étroites, et Votre échange non canonique de cadeaux a réalisé?
Précisément cela a augmenté le
danger -le danger qui fait que la conscience que les fidèles avaient que les papistes sont
des hérétiques, est maintenant émoussée.
Le dialogue, les prières communes, la
réception des cadeaux, et les innovations "libérales" sont
impardonnables selon les prescriptions orthodoxes, car ils dénaturent et
changent ce qui a été transmis par les saints apôtres, les saints Pères et les
Conciles œcuméniques et locaux. Vous avez empiété sur ces choses "auxquelles il
est interdit d'ajouter ou de soustraire." Et comment est-ce que le contenu
de la page 929 du second volume du Tome de l'Union échappe à Votre attention et
ne Vous terrifie pas ? A ceux qui dédaignent les saints et divins canons de
nos Pères sacrés qui avaient la charge de la Sainte Eglise, qui illustrent
l'ensemble de la manière de vie chrétienne et guident tous les fidèles à la
vénération divine: ANATHEME !
Tous Vos efforts (et surtout ces rencontres
inadmissibles, qui ne ne sont pas même dignes d’être commentées, avec les chefs
spirituels des "églises"), n’apportent que la confusion et l'agitation. Non,
Votre Toute Sainteté; ne "nous conduisez pas dans une captivité maligne,
et ne visez pas à nous faire glisser vers le bas dans la Babylone des coutumes
et dogmes occidentaux." [5] Ne le faites pas; Parce que Vous allez
rencontrer de la résistance. Gloire à Dieu, il existe dans ce pays de martyre, un
amour de l'Orthodoxie et un esprit de résistance. Comme une vague de l'océan,
la pensée orthodoxe va submerger et couler Votre esquif sur son cours vers une
servile union contre le Christ (soumission) avec la superhérésie du papisme. [Le Concile de] Florence ne doit jamais vivre à nouveau, sous quelque forme que ce soit. Nous
ne tolérerons aucune sorte de trahison. Le peuple grec, peuple qui a un jour
donné naissance à beaucoup de saints comme saint Photius, le patriarche Michel
Cérulaire, et saint Marc Evgenikos, ne tolèreront pas la trahison. Dieu a
balayé les traîtres.
Demeurez dans les décrets apostoliques et les Traditions
patristiques. Fuyez les innovations comme si elles étaient dictées par le Diable.
Demeurez dans les canons sacrés. Si vous
demeurez en eux, vous serez sauvé et vous aurez la paix, mais si vous
désobéissez, vous souffrirez tourments et vous [les évêques] aurez la guerre
éternelle les uns avec les autres, recevant en récompense un jugement approprié
pour la négligence (Saints Apôtres, Epilogue des canons sacrés). Pouvez-Vous,
Votre Sainteté, répondre de même manière et proclamer en tous lieux, par la
parole et par les actes, que nous pourrions aussi nous réjouir et prendre
courage: [...] Nous nous réjouissons en eux comme celui qui a trouvé un grand
butin, et pressons sur notre sein avec joie les divins Canons, maintenant tous
les préceptes de ceux-ci complets et sans changement, tels qu'ils ont été
exposés par les saintes trompettes de l'Esprit, les apôtres de renom, les six
conciles œcuméniques, par les conciles assemblés localement... ou par nos
saints Pères... Et ceux qu'ils ont placés sous l'anathème nous les anathématisons
également; ceux qu'ils déposèrent, nous les déposons également; ceux qu'ils ont
excommuniés, nous les excommunions aussi; et ceux qu'ils ont livrés au
châtiment, nous les avons soumis à la même peine... (Premier Canon du Septième
Concile Œcuménique).
Votre Toute Sainteté, Le Lucifer de Rome étant
devenu très enflé et il a placé son trône au-dessus des étoiles, soyez zélé et
criez: Tenons-nous droits, Tenons-nous dans les vénérables traditions des Pères.
[6]
Ne soyons pas empressés de tirer des
conclusions générales et enthousiastes en raison de quelques manifestations. Et
surtout, ne nous illusionnons pas. Encore lointaine –en effet très lointaine,
malheureusement, est l'union vers laquelle se tournent nos espoirs.
Toutes choses, Votre Toute Sainteté, proclament
les périls que nous subissons par des dialogues avec les hérétiques obstinés.
Et toutes ces choses nous obligent à garder une veille diligente. En restant
enracinés et inébranlables dans notre orthodoxie nous donnons aussi l'occasion aux
hérétiques de se réveiller et d’être intégrés dans l'Eglise Une, Sainte,
Catholique et Apostolique, afin qu'ils puissent trouver leur salut.
Ne les flattez pas, parce que ce faisant, Vous
leur nuisez. Que cela soit notre préoccupation première et principale: Comment apaiser
le Seigneur qui est déjà courroucé à cause de nos péchés; et comment, avec une pure
repentance, allons-nous Le rendre aimant et indulgent. Parce que, je le
confesse, je crains que, concernant le malheureux Patriarcat Œcuménique (et
aussi dans d'autres cas), la Parole de l'Ecriture ne se répète: [Les prêtres] violent ma loi et profanent mes
sanctuaires, ils ne distinguent pas ce qui est saint de ce qui est profane, ils
ne font pas connaître la différence entre ce qui est impur et ce qui est pur. Il est terrible pour moi, même de
le dire, mais je vois avec les yeux spirituels de mon âme, et j'entends avec les
oreilles de mon cœur, l'ange de l'Apocalypse dire au dirigeant de l'Orthodoxie
grecque: Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi,
et pratique tes premières œuvres; sinon, je viendrai à toi, et j'ôterai ton
chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes. Quelle chute! Quelle catastrophe!
Votre Toute Sainteté, ce qui est arrivé, est
arrivé. "Tomber est humain; persister est satanique." Corrigez
l'erreur. Ayez pitié des fidèles blessés. Affermissez [dans la foi] et unissez les peuples
orthodoxes, qui sont en difficulté et divisés à chaque occasion, d’une part par
les efforts et les actes anticanoniques de tel ou tel patriarche ou archevêque
qui viole le calendrier (et, avec lui, l'ordre ecclésiastique et l'harmonie),
détruisant ainsi l'unité des fidèles en matière de culte extérieur; et d'autre
part par des réunions inconsidérées et inadmissibles avec les hérétiques, et en
cherchant une union prématurée et irréfléchie avec eux dans le but de
satisfaire les désirs égoïstes et les noires activités qui ne sont pas à
l'avantage de l'Eglise de Dieu.
Nous Vous prions avec ferveur: Mettez fin au
scandale, "car le chemin que Vous avez choisi, s’il devrait en outre Vous apporter
l’union avec les catholiques romains, susciterait une division dans le monde
orthodoxe, car sans aucun doute beaucoup de Vos propres enfants spirituels
aussi préfèreront la fidélité à l'Orthodoxie à l'idée d'une union
œcuménique compromettante avec les non-orthodoxes sans leur accord complet
dans la vérité. [7]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Notes
1. Voir, par exemple, The Orthodox Word, «Le Patriarcat
œcuménique » par Theoklitos, moine de Dionysiou (vol 2, no 1, p 31 et
suiv....); Et "Une Lettre Ouverte au Patriarche œcuménique '' par
l'archimandrite Epiphanios Theodoropoulos (vol. 2, no. 4, pp. 141 et suiv.)[en
anglais]
2. Qui a vécu au XIIIe siècle. Voir The Orthodox
Word, vol. 3, no. 4, p. 138. [en anglais]
3. K. Dyovouniotes (Théologien du siècle
dernier à l'Université d'Athènes).
4. Le Patriarche Athénagoras désigna saint Nectaire d'Egine comme "Saint Patron de l'Union"! Au contraire,
comme la présente citation le révèle, c’était un champion de l'Orthodoxie.
5. De l'encyclique de Saint-Marc d'Ephèse à
tous les pieux chrétiens orthodoxes, après le concile de Florence; voir The
Orthodox Word, vol. 3, no. 2, p. 53ff. [en anglais]
6. Des «Laudes» pour l’Orthros pour la fête de
saint Photius de Constantinople.
7. Lettre du métropolite Philarète au
Patriarche Athénagoras (voir The Orthodox Word, vol. 2 no. 1, p. 30). Comme la
présente citation l’indique, cette lettre a été très bien reçue par les pieux grecs orthodoxes. [en anglais]
Cet article apparut dans The Orthodox Word, janvier-février.
1968, 11-20 [en anglais].
Le saint staretz Philotheos Zervakos sera
bientôt glorifié comme saint par l'Eglise de Grèce. Il est déjà
vénéré comme un saint en Grèce. Un livre sur ce grand confesseur a été publié dans
la série Modern Orthodox Saints du Dr.
Constantine Cavarnos.
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