mardi 6 octobre 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


28 septembre / 11 octobre
19ème dimanche après la Pentecôte
Saint Chariton, reclus en Palestine, confesseur (vers 350) ; saint Baruch, prophète (VI av. J.-C.) ; saints Alexandre, Alphée, Zosime, Marc, berger, Nicon, Néon, Héliodore et leurs compagnons, martyrs à Antioche de Pisidie (IV) ;  saint Exupère, évêque de Toulouse (411) ; saint Faust, évêque de Riez (495) ;saints Cyrille et Marie, moine et moniale du grand-habit, parents de saint Serge de Radonège (vers 1337) ; synaxe des Pères des Grottes proches de Kiev ; saint Chariton de Sanejma (1509) ; saint Hérodion d'Hiloezersk (1541) ; saint Vinceslas, prince de Bohème, martyr (935) ; saints néomartyrs de Russie : Anne (Lykochina) (1925), Hilarion (Gromov), moine, Michèle (Ivanov), moniale (1937), Tatienne (Tchekmazov), moniale (1942).

Lectures : 2 Cor. XI, 31 – XII, 9. Lc. V, 1–11.

VIE DE SAINT CHARITON
Notre saint Père Chariton naquit et fut élevé à Iconium, en Asie Mineure, à l’époque d’Aurélien (270-276). Au début de son règne, l’empereur ne se montra pas hostile aux chrétiens, mais, poussé par le démon, il déclencha par la suite une violente persécution contre ceux qui invoquaient le Nom du Christ. Le décret impérial étant parvenu à Iconium, Chariton, qui était réputé pour sa piété et sa vertu, fut arrêté par les soldats de l’empereur et emmené devant le consul. Ayant confessé sans crainte le Christ et condamné les idoles, il fut étendu à terre et si violemment fouetté que ses chairs furent réduites en charpie. On le jeta en prison pour l’en ressortit quelques jours plus tard et le présenter à nouveau devant le tribunal. Libéré, il se réfugia en Égypte, jusqu’à la fin de la persécution.
Portant en son corps les marques de la Passion du Christ, Chariton suivit dès lors avec un zèle accru la voie de l’imitation du Christ par une vie d’ascèse et d’austérité. Aux souffrances volontaires qu’il infligeait à son corps pour le réduire en servitude et le faire obéir à la loi de l’Esprit, s’ajoutèrent les épreuves involontaires. Un jour, alors qu’il se dirigeait vers Jérusalem, il rencontra sur la route une bande de brigands, qui le ligotèrent et l’emmenèrent dans leur grotte, située dans un lieu nommé Pharan. Mais ils furent bientôt victimes du jugement divin, car ils périrent tous après avoir bu du vin, dans lequel une vipère avait craché son venin. Chariton, resté seul, fut miraculeusement libéré de ses liens, et devint ainsi l’héritier du butin qu’avaient amassé les brigands. Il distribua une large part de ces richesses mal acquises aux pauvres, utilisa le reste pour la construction d’églises à la gloire de Dieu, et il s’installa dans la grotte, afin de s’approcher du ciel par l’ascèse et la prière. Retiré du monde et dégagé de tous ses vains soucis, couvrant d’une simple tunique de crin les marques encore vives des supplices qu’il avait endurés pour le Christ, l’homme de Dieu persévérait dans les jeûnes, les veilles, la prière et la psalmodie. Mais la renommée des miracles que la Grâce divine accomplissait par son entremise ne tarda pas à attirer un grand nombre d’infidèles, juifs ou païens, qui embrassèrent la foi et suivirent l’exemple de sa vie angélique. Contemporain de saint Hilarion [21 oct.], qui avait inauguré le monachisme érémitique en Palestine, saint Chariton reçut de Dieu la mission de réunir les ermites dispersés et de leur donner une certaine forme d’organisation, c’est ainsi que sa grotte devint bientôt le centre de la Laure de Pharan.
Comme cette affluence l’arrachait à sa solitude bien-aimée, Chariton partit s’installer dans une autre grotte plus éloignée. Avant de se retirer, il plaça le meilleur de ses disciples à la tête de la communauté de Pharan, et il exhorta ses enfants spirituels à garder strictement la tempérance dans la nourriture et le sommeil, à prier la nuit et le jour, aux heures qu’il leur avait prescrites, et à recevoir le pauvre et l’étranger comme le Christ lui-même. Il vécut alors caché dans une grotte située dans les environs de Jéricho, sur le Mont de la Quarantaine (Dôk) où le Seigneur avait été tenté (cf. Mt IV, 8), ne se nourrissant que d’herbes sauvages et de la contemplation de Dieu. Mais il ne put rester bien longtemps à converser seul à seul avec Dieu, car de nombreux disciples vinrent se joindre à lui et l’obligèrent à construire un second centre monastique qui prit le nom de Laure de Doukas. De nouveau troublé par la présence des hommes, le saint dut s’enfuir vers le sud, dans un endroit encore plus isolé, nommé Thécoué. Il s’installa, là aussi, dans une grotte avec quelques disciples, et cet endroit se transforma bientôt en une troisième laure, nommée en syriaque Souka (“monastère”) ou encore « l’Ancienne Laure ». Mais rien ne pouvait arrêter la foule des nouveaux disciples et des païens, qui accouraient pour se délecter du miel de ses paroles et pour contempler cette vivante image du Christ. Aussi Chariton, qui ne désirait en ce monde que la suavité de l’union à Dieu dans la solitude, se retira au-dessus de la Laure, dans une grotte si difficile d’accès que l’on ne pouvait l’atteindre qu’avec des échelles. Il y demeura de nombreuses années, s’abreuvant à une source que Dieu, à sa prière, avait fait jaillir dans la grotte. Comme le Seigneur lui avait révélé à l’avance la date de son repos, saint Chariton se fit transporter dans sa première laure de Pharan. De là, il rédigea un Testament spirituel à l’intention de ses disciples, dans lequel il indiquait la voie sûre pour parvenir à l’union avec Dieu, c’est-à-dire l’ascèse liée à l’humilité et à la charité envers tous. Ayant achevé son ultime enseignement, il s’étendit sur sa couche et s’endormit paisiblement pour rejoindre le chœur des anges et des saints.
Tropaire du dimanche, ton 2
Егда́ снизшéлъ ecи́ къ смéрти, Животé безсме́ртный, тогда́ а́дъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́: eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »

Tropaire de saint Chariton, ton 8
Сле́зъ твои́хъ тече́ньми пусты́ни безпло́дное воздѣ́лалъ еси́, и и́же изъ глубины́ воздыха́ньми во сто́ трудо́въ уплодоноси́лъ еси́, и бы́лъ еси́ свѣти́льникъ вселе́нныя, сія́я чудесы́, Харито́не, о́тче на́шъ, моли́ Христа́ Бо́га спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Par les flots de tes larmes tu as fait fleurir le désert stérile, par tes profonds gémissements tu fis produire à tes peines cent fois plus, par tes miracles étonnants tu devins un phare éclairant le monde entier: vénérable Père Chariton, prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion de saint Chariton, ton 2
Наслади́вся, богому́дре, воздержа́нія и пло́ти твоея́ вожделѣ́нія обузда́въ, яви́лся еси́ вѣ́рою возраща́емь и, я́ко жи́зни дре́во посредѣ́ рая́, процвѣ́лъ еси́, Харито́не всеблаже́нне свяще́ннѣйшій.

Fidèles, en ce jour, de nos hymnes couronnons  le professionnel de l'ascèse, le combattant de la foi, célébrons par des éloges Chariton, acclamons-le comme Pasteur et Docteur, éponyme des charismes et Témoin de Jésus Christ, porte-lumière éclairant le monde entier.

Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, и áдъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша : тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur Tout-Puissant, Tu es ressuscité du Tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !

HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

L'apôtre donc, après avoir rappelé ses dangers, ses épreuves, les pièges qui lui ont été tendus, ses chagrins, ses naufrages, passe à un tout autre ordre de faits à sa gloire, il dit : « Je connais un homme, il y a quatorze ans, (fut-ce avec son corps? Je ne le sais ; fut-ce sans son corps ? Je ne le sais; Dieu le sait) qui fut ravi jusqu'au troisième ciel. Et je sais qu'il fut ravi dans le paradis et il y entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un homme de rapporter. Je pourrais me glorifier en « parlant d'un tel homme, mais je ne me glorifierai pas de moi-même». Ce fut là une grande révélation, mais ce ne fut pas la seule qu'il eut, il en reçut beaucoup d'autres encore; mais il n'en dit qu'une dans le grand nombre. Ce qui prouve combien il en reçut, c'est ce qu'il dit : «De peur que la grandeur de mes révélations ne me donne de l'orgueil »  Mais, dira-t-on, s'il tenait à les cacher, il ne devait pas en parler à mots couverts, il n'avait qu'à ne rien dire de pareil; s'il tenait à en parler, il devait en parler clairement. Pourquoi donc n'a-t-il ni parlé clairement, ni gardé le silence? C'est pour montrer que, même en parlant, il ne le fait qu'à contrecœur. Voilà pourquoi il a fait la réflexion qu'il y avait, de ce fait, quatorze ans. Il ne l'a pas mentionné sans montrer qu'après avoir gardé le silence si longtemps, il n'en parle présentement, que parce qu'une impérieuse nécessité l'y oblige, qu'il continuerait encore à n'en rien dire, s'il ne voyait ses frères qui se perdent. Or, si Paul, dès le début de sa carrière, méritait d'être honoré d'une telle révélation, lui qui n'avait pas encore fait paraître de si éminentes vertus, considérez ce qu'il dut devenir quatorze ans après. Et voyez sa modestie à raconter certaines choses, à reconnaître qu'il en ignore d'autres. Qu'il a été ravi, c'est ce qu'il dit; fut-ce en corps? Fut-ce sans son corps? C'est ce qu'il reconnaît ignorer. Il pouvait se contenter de parler de ce ravissement, et de ne rien dire ensuite ; mais il n'écoute que sa modestie et il ajoute son observation.

Quoi donc? Est-ce son esprit qui a été ravi avec son âme, et son corps serait resté mort? Ou est-ce le contraire? Son corps a-t-il été ravi ? Impossible de le dire. Si Paul n'en sait rien, lui qui a été ravi, lui qui s'est vu révéler de si grands mystères, à bien plus forte raison devons-nous l'ignorer. Il était dans le paradis, voilà ce qu'il sait; il était dans le troisième ciel, voilà ce qu'il n'ignorait pas; mais la manière, voilà ce qu'il ne distinguait pas clairement. Considérez une autre marque de sa modestie. Quand il parle de la ville des Damascènes, il pense à garantir la véracité de son discours ; ici, au contraire, il ne s'en inquiète plus; c'est qu'en effet, il n'attachait pas une extrême importance à être cru, il parle seulement à mots couverts. Ainsi ajoute-t-il : « Je pourrais me glorifier, en parlant d'un tel homme » ; il n'entend pas dire par là que ce soit un autre que lui qui ait été ravi, mais, autant qu'il lui est permis et possible, il évite de parler de lui ouvertement; de là, la tournure de ses paroles. D'ailleurs à quoi bon, puisqu'il parlait de lui, recourir à un intermédiaire? Pourquoi donc cette composition, cet arrangement? C'est que ce n'était pas la même chose de dire : J'ai été ravi, et je connais un homme qui a été ravi; ni : Je me glorifie en parlant de moi-même, et : Je pourrais me glorifier en parlant d'un tel homme. Que si l'on objecte : Mais comment pouvait-il être ravi sans son corps? Je demanderai à l'auteur de l'objection : Mais comment pouvait-il être ravi avec son corps? Car le second fait est encore plus incompréhensible que le premier, si l'on ramène tout au raisonnement, si l'on ne veut pas s'incliner devant la foi. Maintenant pourquoi a-t-il été ravi ? C'est, je pense, afin qu'il ne parût pas inférieur aux autres apôtres. Ils avaient vécu avec le Christ, Paul ne l'avait pas approché, voilà pourquoi il fut élevé, dans un ravissement, à la gloire, au paradis.

Sur le site Orthodoxie.com paraît désormais quotidiennement, sous la rubrique « VIVRE AVEC L’ÉGLISE », la vie du saint commémoré avec son tropaire et son kondakion, ainsi que la lecture de l’Évangile du jour et un commentaire de saint Théophane le Reclus.

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