vendredi 4 septembre 2015

Une vie inédite de Père Seraphim [Rose], écrite par son parrain (1/5)


L'histoire derrière ce texte: Mon nom est Gregory, et dans les années 2003-2006, j’ai eu l'honneur de passer du temps, de prier et d’écouter les paroles spirituelles d’un homme vraiment humble qui aimait l'Orthodoxie de tout son cœur. Je parle de Dimitri Langeron, qui vit avec sa femme Irène et leur fils Nicolas. Dimitri est le parrain de Père Séraphim [Rose] et c’est un homme très pieux et aimant Dieu. Leur maison est remplie d’icônes, certaines très vieilles venant de Russie et dans certaines pièces près de la moitié des murs sont couverts d’icônes. Il y a quelque chose de très extérieur au monde chez Dimitri et sa famille; quelque chose que je ne peux mieux décrire que d’outre monde; des survivances de types de personnes qui existent si rarement de nos jours. Ils prient, ils jeûnent, ils parlent sans cesse de Dieu et de Sa sainte Église et je ne sais pas vraiment si je les ai jamais entendu parler d'autre chose, en plus de choses concernant les nécessités de la vie. Ils ont un immense jardin dans leur arrière-cour (la taille d'une grande maison) et vivent dans la simplicité. Je suis allé chez eux souvent au cours de ces trois années, car leur fils est mentalement atteint et dans leur vieillesse, ils avaient besoin d'aide pour prendre soin de lui. Je fus payé avec des sceaux de Pâques pour cela et les Langerons étaient heureux car ils préféraient avoir quelqu'un qui était orthodoxe pour les aider. Lors d'une de ces visites, Dimitri imprima pour moi un texte qu'il avait écrit sur son filleul, Père Séraphim [Rose]. Si je me souviens bien, il lui avait été demandé de l’écrire comme préface pour un livre; mais soit elle n'a jamais été soumise par lui, ou bien l'auteur du livre a peut-être choisi une introduction différente à la place. Je pris cela et je lus, le plaçant en lieu sûr dans un dossier à trois anneaux. Maintenant, après une décennie au moins, je viens récemment de redécouvrir son travail. Je le partage avec tous ceux qui aiment Père Séraphim [Rose]. Je demande la prière de tous ceux qui lisent ceci pour Dimitri, Irène et Nicolas, qui sont tous très vieux maintenant et se préparent à passer dans l'éternité ...

* * *

"Une belle chose est une joie pour toujours:
Sa beauté augmente; Elle ne passera jamais
dans le néant... "
"La beauté est vérité, la vérité est beauté-
c’est tout ce que vous savez sur terre, 
et tout ce que vous avez besoin de savoir. "

John Keats (1795-1821)

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Eugene Rose est né en 1934, dans une famille protestante américaine.

La beauté est ce qui attira Eugène, le futur père Séraphim, vers le christianisme orthodoxe russe. C’est ce qu'il a appelé plus tard "la saveur de l'orthodoxie."

La beauté et la recherche passionnée de la vérité-parce que, fondamentalement, Eugène avait un esprit philosophique. Outre une intelligence forte et pénétrante, qui pouvait arriver à l'essence des choses en quelques mots sobres, il avait un cœur compatissant et aimant. Sa rencontre avec le Christ ne fut pas intellectuelle, mais ce fut un acte de foi, un acte d'amour pur et simple. Voilà comment aussi il en vint à aimer la Russie, le peuple russe, l'Eglise orthodoxe russe en exil, et, enfin, le tzar Nicolas II, le martyr. Il a trouvé les russes psychologiquement plus profonds et plus sincères et chaleureux que les occidentaux dans leurs relations avec d'autres personnes, et avec un penchant religieux et mystique, un peu comme les Irlandais.

Eugene a étudié à Pomona College, en Californie, et à l'Université de Californie à Berkeley. C’était un homme de grande culture, très doué en langues, parlant français et allemand. En outre, il apprit le chinois et le japonais. Plus tard, il a facilement appris le russe et slavon. Il a également étudié les sciences, excellant dans les sciences naturelles. Il a été reconnu par ses professeurs comme un étudiant exceptionnellement brillant.

Il aimait la musique (surtout Bach), l'opéra, la littérature, la poésie. Dans la littérature anglaise, il aimait Dickens. Il aimait la nature et les animaux. Il était bâti comme un athlète, et appréciait les sports à l’université. C’était un homme pratique qui pouvait réparer les voitures, faire diverses réparations et construire une maison.

Mais bientôt Eugene fut désabusé par le vide de la vie moderne, son matérialisme plat, et le seul christianisme qu’il connaissait: le protestant et le catholique, dont il sentait, qu’ils avaient perdu leur spiritualité. Il vit également que la science et la technologie, utilisées à tort, détruisaient lentement la belle trame naturelle de la vie. Recherchant la vérité en Orient, il étudia la culture et la religion chinoise, le taoïsme, le bouddhisme, le zen et les enseignements hédonistes d’Alan Watts (un ancien prêtre épiscopalien, qui avait rejeté sa foi en faveur du bouddhisme zen).


Après un certain temps, il devint sans illusion également avec les religions orientales, les trouvant peu profondes. Il arriva près de l'athéisme, de la sensualité, et de la rébellion véritable contre Dieu. Il en vint aussi près de scepticisme le plus total, cet état de l'esprit humain terrible doutant de tout, s’approchant de plus en plus de la folie totale et l'auto-destruction. Cet état est bien décrit dans le livre classique de Pavel Florensky, la Colonne et le Fondement de la Vérité.[1]


Dimitri Andrault de Langeron

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Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Note:
[1] publié à l’Age d’Homme, Lausanne. Pour Père Paul Florensky, voir ICI

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