dimanche 30 août 2015

PERE GEORGE [Metallinos]:LE PARADIS ET L’ENFER SELON LA DOCTRINE ORTHODOXE (6 et fin)



The icon of the 'parousia' shows how Christ is both the source of joy and the source of anguish
Icône de la Parousie 
où le Christ
est source de joie pour les élus
et de souffrance 
pour ceux qui Le rejettent


Il faut souligner que, si nous n’acceptons pas le christianisme comme processus thérapeutique, et ses saints mystères/sacrements comme remèdes spirituels, alors nous sommes conduits à une "religionisation" du christianisme; en d'autres termes, nous "l’idolatrons ”. Et malheureusement, ce phénomène est fréquent lorsque nous percevons le christianisme comme une “religion”.

En outre, cette durée de vie [qui est nôtre] est évaluée à la lumière du critère double du paradis-enfer. “Cherchez d'abord le royaume de Dieu et Sa justice, ” nous enseigne le Christ (Mt. 6: 33). Saint Basile le Grand le dit à la jeunesse (ch.3) "Tout ce que nous faisons est en préparation d'une autre vie." Notre vie doit être une préparation continue pour notre participation au paradis - notre communion avec l'Incréé (Jean 17: 3). Tout commence à partir de cette vie. Voilà pourquoi l'apôtre Paul dit: “Voici maintenant le moment opportun Voici maintenant le jour de la rédemption." (2 Cor. 6: 2)

Chaque moment de notre vie est d'une importance rédemptrice. Soit nous gagnons l'éternité, la communauté éternelle avec Dieu, soit nous la perdons. Voilà pourquoi les religions orientales et les cultes qui prêchent les réincarnations blessent l'humanité: ils transfèrent pratiquement le problème à d'autres vies (inexistantes bien sûr).

La vérité est, cependant, que seule une vie est disponible pour chacun de nous, que nous soyons sauvés ou condamnés. Voilà pourquoi Basile le Grand poursuit: “Nous devons donc proclamer que ces choses qui nous mènent vers cette vie devraient être célébrées et recherchées avec toute notre force, et celles qui ne nous conduisent pas à cette destination, nous devrions les ignorer, comme choses d’aucune valeur." Tels sont les critères de la vie chrétienne. Un chrétien choisit en permanence tout ce qui favorise son salut. Nous gagnons ou perdons le paradis, et finissons en enfer, déjà au cours de notre vie. Voilà pourquoi Jean l'Evangéliste dit: “ Dieu, en effet, n'a pas envoyé Son Fils dans le monde pour qu'Il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui croit en Lui n'est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au Nom du Fils unique de Dieu. ” (Jn 3: 17-18).

Par conséquent, le travail de l'Eglise n’est pas "d’envoyer" les gens au paradis ou en enfer, mais de les préparer au Jugement Dernier. Le travail du clergé est thérapeutique et non moraliste ou modeleur de caractère, dans le sens temporel du mot. Le but de la thérapie offerte par l'Église n’est pas de créer des citoyens "utiles" et essentiellement “utilisables,” mais des citoyens du royaume céleste (incréé). Ces citoyens sont les confesseurs et les martyrs et les vrais fidèles, les saints...

Toutefois, c’est aussi le moyen par lequel notre mission est dirigée: A quoi invitons-nous les gens? A l'Eglise comme à un hôpital, un Centre de thérapie [spirituels], ou tout simplement à une idéologie qui est étiquetée comme “chrétienne”? Plus souvent qu'à notre tour, nous nous efforçons de nous assurer une place dans le “paradis”, au lieu de chercher à être guéris. Voilà pourquoi nous nous concentrons sur les rites, et non sur la thérapie. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il faut dévaluer le culte. Mais, sans l'ascèse (l’exercice spirituel, le mode de vie ascétique, les actes de thérapie), le culte ne peut pas nous sanctifier. La grâce qui se déverse à partir d’elle, reste inerte en nous. L’Orthodoxie ne fait pas promesses d'envoyer des hommes à toutes sortes de paradis ou d'enfer; mais elle a le pouvoir (comme en témoignent les reliques incorruptibles et thaumaturges de nos saints [incorruptibilité=theosis/ déification]) de préparer l'homme, afin qu'il puisse toujours considérer la Grâce Incréé et le Royaume du Christ comme Paradis, et non comme enfer.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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