Staretz Jean [Krestiankine]
Comment nous atteignons-nous cette paix? Nous
atteignons cette paix en cherchant à vivre la vie de l'Eglise, en priant pour
autant que nous le pouvons avec cohérence, en laissant chaque prière de la journée infuser nos vies. Cela ne veut pas dire que tout le monde a besoin d'avoir une
règle de la prière de trois heures, mais quelle que soit la règle de prière que l'on a,
elle doit être cohérente afin que cette respiration soit là tous les jours.
Confessez-vous régulièrement, souvent, parce que cela vide le cœur des ennemis de la paix. Cela vide le cœur de la tourmente et de la torture et de la douleur qui empêchent la paix
de résider dans le cœur. Confessez-vous fréquemment, régulièrement, priez
chaque jour, autant qu'il est possible allez aux offices aussi
régulièrement que possible, faites preuve de compassion envers d'autres personnes,
pardonnez à ceux qui nous font du tort, ce sont les choses qui créent la paix
et qui peuvent être exercées partout. Vous pouvez pardonner à vos ennemis dans le bus
tout aussi facilement que vous le pouvez à la maison, si, à ce moment,
dans votre cœur vous déterminez de ne pas vous accrocher à votre amertume. Donc, le
monde entier peut être un moyen d'obtenir la paix, si vous comprenez que la paix est à l'intérieur [de vous]. Bien sûr, il est beaucoup plus facile dans les endroits que
Dieu a consacrés pour la paix, dans un temple, dans une cellule, dans un
mariage, ce qui est la raison pour laquelle Dieu bénit ces choses. C'est la
raison pour laquelle Dieu nous donne des temples et des mariages et des
monastères. Mais Dieu a aussi créé le monde, et malgré le fait que nous déformons et
défigurons le monde, il est toujours Son monde. Dieu va même utiliser cette
déchéance que nous avons façonnée, pour notre rédemption. Ainsi, au milieu
de la société, au milieu d'une ville, il y a des possibilités pour les cœurs
pacifiques.
- Dans un podcast avec l'archiprêtre Josias Trenham
vous avez parlé de ce que vous croyez être le mauvais état de notre erudition orthodoxe aujourd'hui. Quels sont les domaines qui vous préoccupent et que
voyez-vous à la nécessité fondamentale d'un enseignement orthodoxe, et comment
pouvons-nous l'améliorer tout en restant fidèle à la Tradition?
- Le problème fondamental auquel nous sommes
confrontés dans le monde de l'érudition orthodoxe est que nous, les chercheurs au sein de
l'Orthodoxie (et je parle ici de façon très large, y compris des étudiants, des
professeurs-globalement de tous ceux qui sont impliqués dans l'enseignement orthodoxe) ont tendance à être trop influencés par une approche profane pour l'étude de
la théologie de l'Église. Très peu de gens pieux, à partir d'un point de vue
très en phase avec l'Eglise, se mettent à étudier et à écrire sur des thèmes théologiques d'une
manière profane, afin que le résultat -la fin des études que nous voyons publiées,
que ce soit sur les Pères de l'Eglise, ou l'histoire de l'Eglise , ou de la vie
de l'Église- finissent régulièrement par être indiscernables dans leur forme et dans
leur structure d'autres études qui seraient produites par les savants profanes, sur Platon ou sur l'histoire de la guerre de Sécession. Le thème pourrait
être religieux, mais la façon dont l'étude est faite, la façon dont les
conclusions sont tirées, la façon dont l'information est présentée, est en
grande partie selon un modèle laïque commun.
Un exemple de ceci serait l'étude des Pères de
l'Église, qui est mon domaine d'intérêt. La plupart des livres qui sont publiés
sur les Pères de l'Eglise, livres dits savants, même par des écrivains
orthodoxes et par des maisons d'édition orthodoxes, sont vraiment impossibles à
distinguer des sortes de livres que quelqu'un pourrait écrire sur le thème d'un
saint orthodoxe. Ils parlent de l'histoire de la vie de la personne, des dates,
des traditions textuelles, des circonstances culturelles, mais il y a très peu
de chose, en gros, dans cette érudition qui traite de l'expression de la théologie
orthodoxe: que nous considérons les Pères comme étant divinement inspiré; [manque] le fait que
nous considérons la source de leur témoignage commun non pas simplement comme
étant un patrimoine textuel partagé, mais le fait qu'ils sont inspirés par le
souffle du même Dieu.
Le fait que saint Irénée au IIe siècle ressemble beaucoup
à saint Athanase au quatrième siècle ne signifie pas nécessairement
que saint Athanase obtint toutes ses informations en lisant les textes de
saint Irénée (bien qu'il en ait certainement lus quelques-uns). Plus important
encore, ce sont deux hommes en communion avec le même Dieu, Qui leur
révèle les mêmes vérités. Cette réalité, qui est si fondamentale pour notre
spiritualité orthodoxe, est presque entièrement absente de l'érudition orthodoxe, et
il me semble que la raison en est que nous sommes trop prêts à accepter les
paramètres, les limites, de l'étude profane, qui ne comporte pas de vraie
théologie - elle ne cadre pas les observations dans les domaines de la communion
divine, dans les discussions de l'inspiration divine, la prière et la
spiritualité. Ceux-ci sont tous traités comme de simples principes théologiques
abstraits; mais ils ne figurent d'une manière réelle dans la façon dont nous
étudions, la façon dont nous établissons notre érudition. Telle est pour moi le
plus gros problème auquel nous sommes confrontés, et il semble y avoir dans ce domaine une
pandémie. Nous le trouvons partout. C'est la chose que nous devons absolument aborder dans la
plupart dans nos études.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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