dimanche 12 juillet 2015

Vladimir MOSS: Le pain de l'Eucharistie (4)




Pour clarifier cette énigme, retournons vers l'archevêque Averky: 

"Les quatre évangélistes décrivent tous la Sainte Cène du Seigneur, avec Ses disciples à la veille de Ses souffrances sur la Croix, mais tous ne rapportent pas les circonstances de cette Cène avec la même plénitude. En outre, les expressions utilisées par les trois premiers évangélistes pour le jour où la Cène Mystique eut lieu, semblent contredire d'une certaine manière les expressions utilisées par le quatrième évangéliste, saint Jean. La seule chose que nous pouvons dire avec certitude est que la Sainte Cène a eu lieu le cinquième jour de la semaine, à savoir en fonction de notre calendrier, un jeudi. 

De même, il est clair que le Seigneur a été condamné et crucifié le sixième jour de la semaine - vendredi. 
Il est resté dans le tombeau le septième jour de la semaine - samedi, et a été ressuscité d'entre les morts le premier jour de la semaine. 

Cependant, la perplexité et les différences d'opinion sont provoquées à l'égard de la relation entre le jour de la Sainte Cène et la fête juive de Pâque qui a été célébrée à l'époque, c'est-à-dire: la Cène Mystique eut-elle lieu le 14 Nisan, le soir où la Pâque juive, a commencé, ou le 13 Nisan, soit le jour précédant ce soir où la fête de Pâques a commencé? Ces perplexités sont générées par les indications suivantes des évangélistes au sujet de la Cène Mystique:

Matthieu 26:17 "Le premier jour des pains sans levain, les disciples s'adressèrent à Jésus, pour lui dire: Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque?"

Marc 14:12  "Le premier jour des pains sans levain, où l'on immolait la Pâque, les disciples de Jésus lui dirent: Où veux-tu que nous allions te préparer la Pâque?"

Luc 22: 7 "Le jour des pains sans levain, où l'on devait immoler la Pâque, arriva,"

Jean 13: 1 "Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue..."

     "La Pâque a commencé le soir du 14 Nisan et, par conséquent, si nous adhérons à l'usage strictement biblique du mot, "le premier jour des pains sans levain" ne peut être que le lendemain, soit le 15 Nisan. Évidemment, les trois premiers évangélistes ne respectaient pas l'usage strictement biblique du mot, mais celui quotidien de la conversation. Conformément à cette utilisation, il est possible d'appeler "le premier jour des pains sans levain," non pas le 15 Nisan, qui tombe le jour après la participation à la Pâque, ni même le 14, lorsque la Pâque est consommée, mais le 13 - le jour avant la Pâque - comme cela est clairement indiqué par l'évangéliste Jean, qui affirme que la Sainte Cène était "avant la fête de Pâque." 

En outre, saint Jean a d'autres témoignages selon lesquels que la Pâques juive a commencé seulement le vendredi soir, lorsque le Seigneur fut crucifié: Jean 18:28, - ceux qui mènent Jésus à Pilate n'entrèrent pas dans le prétoire, "de peur de se souiller, mais afin de pouvoir manger la Pâque", et Jean 19:31 - les Juifs se précipitèrent pour briser les genoux des crucifiés, afin de ne pas laisser les corps sur les croix, le samedi, "car que ce sabbat était un grand jour, c'est-à-dire que le samedi coïncidait avec le premier jour de la Pâque et, par conséquent, la Pâque avait été mangée la veille, le vendredi, après que le Christ avait été crucifié. "[12]

Conformément à cette interprétation, et contrairement aux Latins, les Juifs ne mangeaient pas de pain sans levain, le Jeudi Saint. Cette interprétation est étayée par le patriarche Pierre: "Même Luc dit que le Christ prit un pain [αρτος] et non pas une matza [pain azyme]. Car il n'y avait pas encore de matzoth [pains sans levain en hébreu, αζυμα en grec], on était un jeudi quand cela est arrivé. Car ce jeudi était encore le 13 Nisan et il n'y avait pas encore de pain azyme, et la suppression du pain avec levain n'avait pas encore eu lieu. Car, selon la Torah, le pain azyme commençait le quinzième jour, et le quatorzième l'agneau était immolé, et rien de plus ... "[13]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
le texte de Vladimir Moss 
publié le 19 juin/ 2 juillet 2015  
en la fête du saint apôtre Jude
et de saint Jean [Maximovitch]


Notes:

[12] Averky, op. cit., p. 268.
[13] Pierre, op. cit. (avec quelques altérations) in Smith, op. cit., p. 57, note 75.

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