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« Voyez, qu’il est bon, qu’il est doux, d’habiter en frères tous ensemble » (Ps. 132,1). C’est réellement une bénédiction de Dieu, lorsque des frères en Christ se rencontrent dans le même lieu et ont la possibilité de discuter, de collaborer, de communiquer, de dialoguer au sujet des thèmes importants qui préoccupent les chrétiens de notre temps. Nous glorifions Dieu adoré dans la Trinité, car nous sommes arrivés au terme de la présente conférence, parvenant à mener à sa fin une belle performance : à savoir organiser une conférence internationale sur les médias numériques et la pastorale orthodoxe, mettant en contacts et en relations des chrétiens orthodoxes de toutes les régions du monde. À notre conférence ont participé 72 intervenants, évêques, hiéromoines, prêtres, diacres, moines, moniales, universitaires, professeurs d’université, juristes et spécialistes de l’utilisation d’internet, en provenance de 21 pays.
D’une part, l’organisation de la conférence, comme vous le comprendrez, a été particulièrement laborieuse. Néanmoins, d’autre part, nous devons reconnaître que nous regretterons d’être privés de votre présence physique. Aussi, nous espérons maintenant, alors que nous avons fait proche connaissance, que nous continuerons notre collaboration au moyen d’Internet. Les fondements de cette collaboration ont été posés durant ces trois jours, pendant les exposés, les discussions, des pauses et notre participation à la forme la plus élevée de communication, la divine liturgie. Les responsables de « Pemptousia », d’« Orthodox Christian Network » et de « Bogoslov.ru » qui ont constitué le premier noyau de la collaboration, croient que la présente conférence constitue un point de départ. Une route importante reste à parcourir et nous souhaitons encore avoir d’autres compagnons de voyage dans notre cheminement.
Les travaux de la conférence se sont déroulés sous la haute autorité de Sa Toute-Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomée et ont été bénis par l’évêque local, S.E. le métropolite de Glyphada Paul, qui a adopté notre initiative et l’a soutenue de différentes façons.
Plus de vingt métropolites et évêques de Grèce et de l’étranger ont participé à notre conférence. Il y avait parmi eux, S.E. le métropolite de Kissamos et Selinos Mgr Amphiloque, représentant de Sa Toute-Sainteté le patriarche œcuménique, S.E. le métropolite de Thermopyles Jean, représentant S.B. l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Jérôme, S.E. l’évêque de Mésorée Mgr Grégoire, représentant S.B. l’archevêque de Chypre Chrysostome, le représentant de S.B. l’archevêque de Tirana et de toute l’Albanie, ainsi que les représentants d’autres Églises orthodoxes et un grand nombre de clercs et laïcs.
De nombreuses questions ont été posées lors des travaux de la conférences concernant l’utilisation d’Internet, lequel constitue une grande réalisation humaine, un moyen et un instrument facilitant les relations entre les gens. Ce moyen peut être utilisé au mieux et de telle façon que la parole de Dieu « courre et porte ses fruits ». Lors des conférences et des tables rondes qui ont eu lieu durant ces trois jours, les problèmes et les dangers qui sont créés par son utilisation irraisonnable ont été identifiés mais, parallèlement, son aspect positif a été souligné.
Concrètement, les côtés négatifs de l’utilisation abusive d’Internet ont été déterminés, à savoir le mauvais usage de celui-ci, mais aussi les attentes exagérées que créée encore la simple utilisation des moyens contemporains de communication et d’information numériques. Les dangers qui menacent la personne humaine et la relation du fidèle envers Dieu et l’Église, dans la réalité que créent ces possibilités nouvelles, ont été également mentionnés. Dans ce cadre, les avertissements de l’enseignement patristique quant aux conséquences de la fragmentation de la condition humaine acquièrent une nouvelle actualité.
Il a été constaté maintes fois que les éléments distinctifs de notre époque sont « la numérisation » de la vie, c’est-à-dire l’entrée de la technologie dans toutes ses manifestations : le travail, l’information, l’éducation, l’amitié, les relations intra-humaines et encore d’autres domaines. Tout cela change aussi « l’identité » de la personne qui au-delà de sa dignité réelle, reçoit une dimension virtuelle. Par conséquent, il est question d’une nouvelle anthropologie. Par exemple, un petit dispositif d’un téléphone mobile « intelligent » peut constituer l’extension et le compagnon inséparable de l’homme. La société elle-même devient numérisée et se présente comme un organisme vivant et les réseaux techniques comme son système nerveux.
D’un autre côté, de nombreux participants ont mis en évidence le défit missionnaire qui résulte des nouvelles données sociales que constituent les technologies contemporaines. C’est-à-dire que l’on a évoqué le devoir pastoral multidimensionnel qu’exigent les composantes numériques de notre vie. Dans le même esprit, a été présentée le bon accueil du peuple fidèle de Dieu aux initiatives qui sont prises localement pour le faire accéder aux trésors de la spiritualité chrétienne.
Ainsi, notre rencontre a donné l’occasion à nombre de frères et sœurs, de tous les coins de la terre, de présenter leur œuvre numérique, leurs réflexions et leurs regrets, leurs expérimentations et leurs blocages, ainsi que leur vision. En bref, ils nous ont apporté leur riche expérience générale et le plaisir résultant des fruits de leurs efforts. Ils ont présenté les moyens d’utilisation des médias numériques dans la formation d’une conscience chrétienne authentique, dans la création de bibliothèques numériques pour donner les sources véritables de la tradition chrétienne à ceux qui veulent acquérir des connaissances. Le numérique permet en outre d’établir les typologies des auditoires et les conclusions découlant des demandes de l’homme contemporain.
De tout cela a ressorti, pour les participants, la possibilité de connaître une dimension qui n’était pas encore conscientisée dans son ensemble : à savoir la relation du monachisme orthodoxe envers internet, son apport depuis l’espace de la tradition ascétique et les propositions apportées par les moines et moniales dans l’œuvre missionnaire et la (ré)évangélisation du monde.
Les participants étaient absolument d’accord sur le fait que « la sortie » sur le cyberespace ne peut être faite sans préparation et sans conditions. Les aptitudes spirituelles appropriés sont exigées, de même qu’une conception élevée de la responsabilité pastorale que comporte l’utilisation de ce moyen et, dans tous les cas, la pertinence et l’ethos évangélique dans l’expression médiatique. En outre, il ne faut pas oublier qu’internet n’est qu’un moyen et par conséquent, nous ne devons pas l’utiliser de manière insensée, mais d’une façon ascétique, ce qui signifie que nous devons être guidés par un esprit de prudence, de tempérance et de responsabilité à son égard. Ce n’est seulement que de cette façon que nous surmonterons les illusions de la virtualisation et que nos actions produiront des conséquences tangibles et bienfaisantes dans la vie réelle.
Nombre d’intervenants ont fait des suggestions très utiles quant aux perspectives de développement et de coordination du travail des portails ecclésiastiques. Ainsi a-t-il été proposé une continuation de cet événement de trois jours que nous avons vécu ici, par d’autres réunions, mais aussi la création d’un organe permanent qui pourra promouvoir la consultation, la formation et l’information mutuelle des responsables des sites internet qui, et il faut le mentionner, fonctionnent la plupart du temps sur une base bénévole et sont animés par le seul zèle missionnaire. La question a été aussi posée de la nécessité d’une certification, par un organe indépendant, des médias qui présentent des éléments valables et de véritable édification spirituelle de leur public.
Lors de nos travaux, nous avons eu la joie de discuter encore d’autres questions pertinentes, comme la fiabilité de l’information ecclésiastique et la nécessité de la retransmission des offices. En outre, des spécialistes nous ont éclairé en ce qui concerne des problèmes spécifiques qui sont étroitement liés à l’utilisation de la toile. C’est ainsi qu’ont été soulevés les effets secondaires et les menaces de nature sociale, médicale, psychologique, délictuelle qui se trouvent dans le cyberespace.
Il est vrai qu’internet s’est développé en dehors de l’Église, raison pour laquelle une certaine sorte d’embarras se manifeste concernant sa compréhension et sa bonne utilisation. Cela, toutefois n’empêche aucunement la pensée orthodoxe contemporaine de mettre en valeur ses possibilités, de réussir à l’intégrer dans la dynamique de ses activités et de le sanctifier dans la mesure du possible pour la gloire du Dieu trinitaire. Les trois jours de travaux intensifs l’ont prouvé ».
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