25 mars / 7 avril
ANNONCIATION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
Saint Tykhon, patriarche de Moscou et de toute la Russie (1925) ;
Saint Sabbas le nouveau, de Kalymnos (1948) ; Saint Justin de Tchélié
(1979).
Vêpres
avec Liturgie de St Jean Chrysostome
Lectures: Hébr. II, 11-18 ; Lc. I, 24-38
L’ANNONCIATION DE LA
TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU[1]
R
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acine et principe de toutes les autres fêtes du Seigneur, par
lesquelles nous commémorons chaque année notre Rédemption, cette fête de
l’Annonciation doit toujours être célébrée à la même date, car, selon une
ancienne tradition, c’est au mois de mars que le monde fut créé par Dieu et
c’est le 25 mars précisément qu’Adam, trompé par la promesse du serpent et
voulant se faire dieu, transgressa le commandement divin et fut exilé du
Paradis. Il convenait donc que la guérison de notre nature s’accomplisse, telle
une seconde création, par les mêmes moyens et en ces mêmes jours qui ont été
ceux de notre chute. Et, de même que le genre humain avait été assujetti à la
mort par la désobéissance d’Ève, au printemps du monde, il convenait qu’il en
fût délivré au mois de mars par l’obéissance de la Vierge. Après notre chute,
Dieu, prenant patience dans Sa miséricorde infinie, avait peu à peu préparé
l’humanité, de génération en génération, par des événements heureux et
malheureux, à la réalisation du Grand Mystère qu’Il tenait caché avant tous les
siècles dans son Conseil trinitaire : l’Incarnation du Verbe. Alors qu’Il
savait, bien à l’avance, quelle allait être la faute de l’homme et ses
tragiques conséquences, c’est en ayant en vue le terme de ce mystère qu’Il
avait pourtant créé la nature humaine, afin
de s’y préparer une Mère qui, par la beauté de son âme immaculée, relevée
de l’ornement de toutes les vertus, attira sur elle les regards du
Tout-Puissant et devint la chambre nuptiale du Verbe, le réceptacle de Celui
qui contient tout, le Palais du Roi du Ciel et le terme du dessein divin.
Six mois après la conception miraculeuse de celui qui devait être en
toutes choses le Précurseur du Sauveur (Lc I, 17), Gabriel, l’Ange de la
miséricorde, fut envoyé par le Seigneur à Nazareth en Galilée, auprès de la
Vierge Marie qui, au sortir du Temple, avait été fiancée au juste et chaste
Joseph, pour qu’il fût le gardien de sa virginité. Surgissant soudain dans la
maison sous une apparence humaine, un bâton à la main, l’Ange salua celle qui
devait devenir la consolation des larmes
d’Ève, en disant : « Réjouis-toi,
pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc I, 28). Devant
cette étrange apparition, la Vierge toute troublée par ces paroles de
l’incorporel se demandait si cette annonce de joie n’était pas, comme pour Ève,
une nouvelle tromperie de celui qui sait
se transformer en ange de lumière (II Cor.
XI, 14). Mais l’Ange la rassura et lui dit : « Sois sans crainte,
Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu, ne t’étonne pas de mon étrange
aspect et de ces paroles de joie, alors que, trompée jadis par le serpent, ta
nature a été condamnée à la douleur et aux gémissements, car moi, c’est la
vraie joie que je suis venu t’annoncer et la délivrance de la malédiction de la
première mère (cf. Gn III, 16). Voici que
tu concevras et enfanteras un fils, en accomplissement de la prédiction du
prophète Isaïe qui disait : Voici
que la vierge concevra et enfantera un fils (Is VII, 14) ! Et tu l’appelleras du nom de Jésus,
— ce qui signifie Sauveur — Il
sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut (Lc I, 30). » À ces
paroles inouïes, la Vierge s’exclama : « Comment cela serait-il possible, puisque je ne connais point d’homme ? »
Elle ne mettait pas là en doute la parole divine par manque de foi, comme
Zacharie qui avait été pour cela puni de mutisme (Lc I, 20), mais elle se
demandait comment ce mystère pourrait bien se réaliser en elle, sans l’union
nuptiale, devenue la loi de la reproduction du genre humain soumis à la
corruption. Comprenant ses doutes, l’Ange ne la blâma pas, mais il lui expliqua
le mode nouveau de cette naissance : « L’Esprit Saint viendra sur toi, qui a été comblée de grâce en
préparation de Sa venue, et la Puissance du Très-Haut te couvrira de Son
ombre. » Puis, rappelant qu’Élisabeth, celle qu’on appelait « la
stérile », venait de concevoir un fils dans sa vieillesse, il lui montra
ainsi que là où Dieu le veut l’ordre de
la nature est vaincu, et il lui confirma que par Sa venue en elle le
Saint-Esprit allait accomplir un miracle plus grand encore que la création du
monde. Abaissant les cieux, le Roi de l’univers, Celui qui contient tout,
allait S’anéantir Lui-même (Phil II,
7) par une ineffable condescendance, afin de demeurer en son sein, de S’y mêler
en une union sans confusion à la nature humaine, et de Se revêtir de sa chair,
teinte en son sang virginal, comme une pourpre royale. Inclinant alors
humblement son regard à terre et adhérant de toute sa volonté au dessein divin,
la Vierge répondit : Je suis la
servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! Par ces
paroles, elle acceptait — et avec elle la nature humaine tout
entière — la venue en elle de la Puissance divine transmise par les paroles
de l’Ange. C’est à cet instant même que s’accomplit la conception du Sauveur.
Le Fils de Dieu devient Fils de l’Homme : une seule Personne en deux
natures. Dieu se revêt de l’humanité et la Vierge devient en toute vérité Mère
de Dieu (Théotokos), afin que, grâce
à cet échange des propriétés
naturelles, les hommes, délivrés de la corruption, puissent devenir fils de
Dieu par la Grâce. L’accomplissement de ce mystère de l’Incarnation, caché même
à la connaissance des anges, ne fut donc pas seulement l’œuvre du Père, dans sa
complaisance, du Fils qui descendit des cieux, et de l’Esprit qui recouvrit la
Vierge de Son ombre ; mais le Seigneur attendait que celle qu’Il avait
choisie entre toutes les femmes y prenne aussi une part active par son acquiescement
libre et volontaire, de sorte que la Rédemption du genre humain fût l’œuvre
commune de la volonté de Dieu et de la foi de l’homme. Ce fut donc par une
libre coopération (synergie) de
l’humanité au dessein divin que s’est accompli ce Grand Mystère préparé depuis l’origine du monde, que « Dieu
devient homme pour que l’homme soit déifié en Lui », et que la Vierge, Épouse
inépousée, est devenue pour notre nature renouvelée la source et la cause
de tous les biens. La création entière, soumise jadis à la corruption par la
faute de l’homme, était elle aussi dans l’attente de ce
« Oui ! » de la Vierge, qui annonçait le début de sa délivrance.
C’est pourquoi le ciel et la terre réunis, forment aujourd’hui un chœur de fête
avec les fils d’Adam, pour rendre gloire à Dieu en honorant la conception de sa
Mère inépousée.
Stichères du
Lucernaire ton 4.
Въ шесты́й мѣ́сяцъ по́сланъ бы́сть арха́нгелъ къ
Дѣ́вѣ Чи́стѣй и, ра́доватися Ей прире́къ, благовѣсти́ изъ Нея́ Изба́вителю
проити́. Тѣ́мже, пріе́мши цѣлова́ніе, зача́тъ Тя́, Превѣ́чнаго Бо́га,
несказа́нно благоволи́вшаго вочеловѣ́читися во спасе́ніе ду́шъ на́шихъ.
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Le sixième mois, l'Archange fut envoyé vers la pure Vierge; lui ayant dit:
Réjouis-toi, il lui annonça que d'elle viendrait le Rédempteur. Ayant
accueilli cette salutation dans la foi, Dieu d'avant les siècles, elle Te
conçut, Toi qui as daigné T'incarner ineffablement pour le Salut de nos âmes.
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Язы́ка, его́же не вѣ́дяше, услы́ша Богоро́дица:
глаго́лаше бо къ Не́й арха́нгелъ благовѣ́щенія глаго́лы; отоню́дуже вѣ́рно,
пріи́мше цѣлова́ніе, зача́тъ Тя́ Превѣ́чнаго Бо́га. Тѣ́мже и мы́, ра́дующеся,
вопіе́мъ Ти́: изъ Нея́ воплоти́выйся непрело́жно Бо́же, ми́ръ мíрови да́руй,
и душа́мъ на́шимъ ве́лію ми́лость.
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La Mère de Dieu entendit une langue inconnue
lorsque l'Archange prononça les paroles de bonne nouvelle; aussi est-ce dans
la foi qu'elle reçut la salutation
et Te conçut, Dieu d'avant les siècles; et nous aussi, nous Te crions dans la joie: ô Dieu qui
sans changement T'es incarné,
donne la paix au monde et à nos âmes la Grande Miséricorde.
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Се́ воззва́ніе ны́нѣ яви́ся на́мъ: па́че сло́ва
Бо́гъ человѣ́комъ соединя́ется, арха́нгеловымъ гла́сомъ пре́лесть
отгоня́ется. Дѣ́ва бо пріе́млетъ ра́дость, земна́я бы́ша не́бо, мíръ
разрѣши́ся пе́рвыя кля́твы. Да ра́дуется тва́рь, и гла́сы да воспое́тъ:
Тво́рче и Изба́вителю на́шъ, Го́споди, сла́ва Тебѣ́.
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Celui qui vient nous rappeler se révèle à nous
maintenant: aux hommes Dieu s'unit, sans qu'on puisse l'expliquer. À la voix de l'Archange,
l'erreur est dissipée et la
Vierge reçoit la Joie; le ciel descend sur terre et le monde est libéré de
l'antique malédiction. Se réjouisse la création, qu'elle chante au Seigneur à
pleine voix: Notre Créateur et notre Rédempteur, gloire à Toi.
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Гавріи́лъ
вели́кій, у́мъ богови́днѣйшій, свѣтоза́рный и спаси́тельный, Свѣ́тъ
Трисо́лнечный зри́тъ и пое́тъ съ вы́шними чи́ны боже́ственное и стра́шное
пѣ́ніе, мо́литъ дарова́ти душа́мъ на́шимъ ми́ръ и ве́лію ми́лость.
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L'archange
Gabriel, esprit céleste et lumineux, tout à fait divin par son aspect,
contemplant la lumière du triple Soleil qu'il voit en compagnie des armées
célestes, s'est présenté devant la Vierge pour annoncer le redoutable mystère
de Dieu, auprès duquel il intercède pour nos âmes.
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Et maintenant, ton 6
По́сланъ бы́сть съ небесе́ Гавріи́лъ арха́нгелъ,
благовѣсти́ти Дѣ́вѣ зача́тіе и, прише́дъ въ Назаре́тъ, помышля́ше въ себѣ́,
чудеси́ удивля́яся: О, ка́ко, въ вы́шнихъ непостижи́мь Сы́й отъ Дѣ́вы
ражда́ется! имѣ́яй престо́лъ не́бо и подно́жіе зе́млю, во утро́бу вмѣща́ется
Дѣ́вичу! на Него́же шестокрила́тіи и многоочи́тіи зрѣ́ти не мо́гутъ, сло́вомъ
еди́нѣмъ отъ Сея́ воплоти́тися благоизво́ли. Бо́жіе е́сть Сло́во настоя́щее.
Что́ у́бо стою́, и не глаго́лю Дѣ́вѣ: ра́дуйся, Благода́тная, Госпо́дь съ
Тобо́ю; ра́дуйся, Чи́стая Дѣ́во; ра́дуйся Невѣ́сто неневѣ́стная; ра́дуйся,
Ма́ти Живота́, благослове́нъ пло́дъ чре́ва Твоего́!
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Du ciel
fut envoyé l'archange Gabriel pour annoncer à la Vierge sa conception; en
route vers Nazareth, il méditait sur l'étonnante merveille: Comment! le
Très-Haut, l'Infini, va naître d'une Vierge! Celui qui pour trône a le ciel,
et la terre pour escabeau, va trouver place dans le sein d'une femme! Celui que les Chérubins aux six ailes
et les Séraphins aux yeux innombrables n'osent regarder accepte de prendre
chair en elle par sa seule parole! Voici qu'est présent le Verbe de Dieu. Pourquoi hésiter au lieu de dire à la
Vierge: Réjouis-toi, Pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, réjouis-toi, Vierge
pure, Épouse inépousée, réjouis-toi, ô Mère de la Vie, car le fruit de ton
sein est béni.
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AU SUJET DU GRAND MARDI
Notre Seigneur Jésus-Christ a
passé la nuit du lundi au mardi à Béthanie et, le mardi matin, Il vint à
nouveau au Temple de Jérusalem, enseignant à l’intérieur et à l’extérieur de celui-ci
(Matth. XXIV,1). Les grands-prêtres et les anciens, écoutant Sa parabole et
comprenant qu’Il parlait à leur sujet, tentèrent de Le saisir et de Le tuer. Mais ils avaient peur du peuple, qui Le considérait
comme prophète (Matth. XXI, 46), et était admiratif devant Son enseignement
(Mc. XI, 18), L’écoutant avec plaisir (Mc XII, 37). Dans les enseignements
évangéliques prononcés par le Christ le mardi, l’Église a choisi, pour
l’édification des fidèles, la parabole des dix vierges, convenant particulièrement
à la Grande Semaine, durant laquelle on doit le plus veiller et prier. Par la
parabole sur les dix vierges, l’Église orthodoxe rappelle qu’il faut être prêt
à aller à la rencontre du Fiancé céleste par la chasteté, la miséricorde et
l’accomplissement des autres bonnes œuvres, représentées par l’huile préparée
par les vierges sages.
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