dimanche 4 janvier 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX




Lectures : Hébr. XI, 9-11, 17-23, 32-40 ; Matth. I, 1-25

LES PÈRES DE L’ANCIEN TESTAMENT

D
ans l’office des Pères sont glorifiés les saints de l’Ancien Testament, de la race desquels est issu, selon la chair, notre Seigneur. C’est pour cette raison qu’est lu ce dimanche l’évangile de la « généalogie » de Jésus-Christ. Par la même occasion sont également commémorés tous les saints vétéro-testamentaires qui vécurent dans la foi du Sauveur qui devait venir. Ceux-ci sont énumérés dans la lecture de l’épître de ce jour. L’office des Pères contient de nombreuses expressions profondes et belles, comme par exemple : « Que la Loi se réjouisse et fasse chœur avec les prophètes et les enfants (c’est-à-dire les trois enfants de la fournaise de Babylone) et qu’en ce jour elle exulte par avance pour la divine venue du Seigneur ; Abraham aussi se réjouit, car il voit le Seigneur prendre Sa chair de sa propre semence », « Le prophète, fermant jadis la bouche des fauves dans la fosse, montra divinement que, grâce à la venue du Christ, le monde passerait de la bestiale férocité à la paix divine» ou encore « L’ensemble des enseignements de la Loi révèle la Nativité du Christ dans la chair, manifestant que ceux qui annoncèrent la Grâce avant la Loi, avaient vécu au-dessus de la Loi par la foi ». Le tropaire du dimanche des Pères est dédié uniquement aux trois enfants et au prophète Daniel parce que : 1°) ils sont les pères les plus proches de la venue du Christ et 2°) la foi atteint son sommet en eux, comme en témoigne le début du tropaire. 



Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко  благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресе́ніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre Salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !
Tropaire des saints Pères, ton 2
Вé́лія вѣ́ры исправле́нія, во исто́чницѣ пла́мене, я́ко на водѣ́ упокоéнія, святі́и о́троцы ра́доваxycя; и прoро́къ Данiи́лъ льво́мъ па́стырь я́ко овца́мъ явля́-шеся, тѣ́xъ моли́твами Христе́ Бо́же, спаси́ ду́ши на́ша. 
Qu’ils sont grandioses les exploits de la foi ! Par elle, les trois jeunes gens ont exulté dans la source des flammes comme auprès d’une source d’eau reposante, et l’on vit le prophète Daniel paître les lions comme des brebis. Par leurs supplications, ô Christ Dieu, sauve nos âmes.
Tropaire de l’avant-fête, ton 4
Гото́вися, Виѳлее́ме, отве́рзися всѣ́мъ, Еде́ме,  красу́йся, Евфра́фо, я́ко дре́во живота́ въ верте́пѣ процвѣте́ отъ Дѣ́вы:  ра́й бо О́ноя чре́во яви́ся мы́сленный,  въ не́мже Боже́ственный са́дъ,  отъ него́же я́дше, жи́ви бу́демъ,  не я́коже Ада́мъ у́мремъ.  Христо́съ ражда́ется пре́жде па́дшiй возста́вити о́бразъ.
Prépare-toi, Bethléem, car l’Éden est ouvert à tous. Apprête-toi, Ephrata[1], car, dans la grotte, l’Arbre de Vie a fleuri de la Vierge. Son sein est devenu un paradis spirituel, où pousse le plan divin. Si nous en mangeons, nous vivrons, nous ne mourrons pas comme Adam. Le Christ naît pour relever l’image de Dieu autrefois déchue.
Kondakion des saints Pères, ton 1
Beceли́ся Вифлее́мe, Eѵфpáѳо гото́вися : ce бо А́гницa па́стыря вели́каго во утро́бѣ нося́щи, е́же роди́ти тщи́тся, его́же зря́ще богоно́сіи отцы́ веселя́тся, cъ па́стырьми пою́ще Дѣ́ву доя́щую.
Réjouis-toi Bethléem, Ephrata prépare-toi, voici que l’Agnelle s’empresse d’enfanter le suprême Pasteur qu’elle porte dans son sein ; en la voyant, les pères théophores sont dans l’allégresse, chantant avec les pasteurs la Vierge qui allaite.
Kondakion de l'avant-fête, ton 3
Дѣ́ва дне́сь Превѣ́чное Сло́во въ верте́пѣ гряде́тъ роди́ти неизрече́нно;  лику́й, вселе́нная, услы́шавши,  просла́ви со А́нгелы и па́стырьми хотя́щаго яви́тися Отроча́ Мла́до, Превѣ́чнаго Бо́га.
La Vierge en ce jour s’en vient dans la grotte mettre au monde le Verbe d’avant les siècles. Ô monde, à cette nouvelle, chante et danse ; avec les anges et les pasteurs, glorifie Celui qui a voulu se faire voir petit enfant, le Dieu d’avant les siècles.
VIE DE SAINTE ANASTASIE DE ROME[2]
Sainte Anastasie vivait à Rome, au temps de Dioclétien (284-305). Elle était fille d’un riche païen ; mais sa pieuse mère, Fausta la confia à un homme vénérable, connaissant les saintes Écritures, Chrysogone, pour qu’il lui enseignât les choses de Dieu. Par la suite, son père la maria contre son gré à un homme exécrable, Publius, qui ne pensait qu’à satisfaire avec elle ses grossières convoitises. L’âme éprise pour le Christ et pour la virginité, la jeune fille réussit à éviter les relations conjugales avec son époux, sous prétexte de maladie. Mais la nuit, elle se revêtait d’humbles habits, elle allait visiter les soldats du Christ retenus dans les prisons pour la cause de la Foi. Elle obtenait d’y entrer en offrant de l’or aux gardes, et prodiguait avec dévotion quelques soulagements à ceux qui avaient enduré les supplices pour le Nom du Christ. Elle leur lavait les pieds, nettoyait et bandait leurs plaies encore toutes fraîches, et les encourageait à persévérer pour recevoir les palmes de la victoire et de la gloire éternelle. Quand Publius apprit que son épouse qu’elle se « dégradait » en se mêlant à la gent des martyrs chrétiens, il entra dans une terrible colère et fit enfermer Anastasie dans sa demeure. La jeune femme supporta avec patience les mauvais traitements de ses geôliers, bien qu’elle fût réduite à la dernière extrémité, car ceux-ci la privaient presque complètement de nourriture. Croissant dans la fermeté de la foi, sainte Anastasie persévéra ainsi près de trois mois, au terme desquels, son mari étant décédé, elle recouvra sa liberté. Elle obtint alors de Chrysogone la permission de distribuer sa fortune en œuvres de bienfaisance pour consacrer sa vie à la visite et au soutien des confesseurs dans leurs prisons. Dioclétien prescrivit alors de mettre à mort les chrétiens des prisons de Rome, et fit comparaître à son tribunal Chrysogone, qui fut décapité, puis son corps fut jeté dans les eaux d’un lac voisin. Quelque temps après, à la suite d’une révélation divine, ses saints restes furent retrouvés et dignement ensevelis par les soins d’un saint ascète demeurant dans la région, nommé Zoïle, et de trois jeunes sœurs originaires de Thessalonique : Agapé, Chionée et Irène. Par la suite, conformément à une révélation dont Zoïle avait été gratifiée, les trois jeunes filles, assistées par sainte Anastasie, furent arrêtées, traduites devant Dioclétien à Aquilée et consommèrent avec une intrépide bravoure leur martyre pour le Christ. Quant à Zoïle, il s’endormit dans la paix du Seigneur. De jour comme de nuit, Anastasie se dépensait sans compter pour ses compagnes et pour tous les confesseurs. Il n’était pas un chrétien qui ne trouvât auprès d’elle quelque réconfort : nourriture, argent, assistance compatissante, paroles brûlantes pour les encourager à la constance et à l’espérance dans les biens célestes, et lorsqu’ils parvenaient au terme de leurs combats, elle assurait à leurs dépouilles une digne et pieuse sépulture. Le tyran donna finalement l’ordre d’exterminer, en une nuit, tous ceux qui étaient encore retenus dans les cachots, en noyant les uns, en jetant les autres au feu, ou en les passant au fil de l’épée. Anastasie, se rendant comme à l’accoutumée à la prison, n’y trouva plus aucun de ses frères, aussi, accablée de douleur, elle s’affaissa tout en larmes devant la porte déclarant aux païens qu’elle n’avait plus souci de se cacher, qu’elle était chrétienne et qu’elle pleurait la perte de ses frères. Immédiatement arrêtée comme une femme du commun, elle fut traduite devant Florus, le préfet de l’Illyricum. Apprenant sa haute condition, celui-ci ne la livra pas immédiatement aux bourreaux, mais essaya de la convaincre en l’interrogeant. Le lendemain, Anastasie fut présentée devant Dioclétien. Le préfet Florus décida de livrer la jeune veuve au grand prêtre païen Ulpianus, qui la mena dans son palais et lui montra exposés d’un côté quantité d’objets précieux, et de l’autre des instruments de supplices. Qu’elle accepte de sacrifier aux dieux, et il lui promettait de l’épouser et de la combler de ces richesses, sinon il la soumettrait à la torture. Pendant trois jours, elle fut l’objet des entreprises perfides de trois méchantes femmes qui essayaient de la faire fléchir. Mais, restant constamment en prière, sans manger ni dormir, Anastasie sentait au contraire ses forces se renouveler. Comme Ulpianus se précipitait sur elle pour lui faire outrage, il fut soudain frappé de cécité, et il mourut, après avoir vainement invoqué ses dieux illusoires. Libérée, Anastasie se rendit à Nicée en Bithynie où, en visitant les prisons, elle rencontra la pieuse veuve Théodote, qui se consacrait elle aussi à l’assistance et au réconfort des confesseurs de la foi. Dioclétien l’avait offerte en mariage au comte de Bithynie, pour que l’attrait de la vie mondaine la persuadât d’abandonner le Christ. Or, Théodote avait profité de l’absence de son mari pour se consacrer entièrement au soutien des soldats du Christ, en compagnie de ses trois enfants. Apprenant la conduite de son épouse, Leucade, furieux, la livra au proconsul de Bithynie, Nicétios, pour qu’elle soit châtiée. Irréductible, de même que ses enfants, Théodote s’apprêtait à recevoir la palme du martyre. Son fils aîné, Évode, amené devant le tyran s’écria : « Tu vois bien que la résolution de notre âme et l’audace de nos paroles, malgré notre jeune âge, nous sont données par le Christ. » Encouragé par sa propre mère à ne pas fléchir, le jeune garçon fut alors livré aux bourreaux et mourut sous les verges. Quant à sa mère, elle fut jetée, en compagnie de ses deux autres fils, dans un brasier en rendant gloire à Dieu. Livrée au préfet d’Illyrie, sainte Anastasie refusa de lui céder sa fortune, « car, dit-elle, ce n’est pas aux riches comme toi que mon Dieu m’a commandé de distribuer mes biens, mais aux pauvres, pour leur procurer le salut de l’âme. » Jetée en prison, elle y resta pendant un mois entier, sans prendre aucune nourriture, réconfortée par les fréquentes apparitions de sainte Théodote. Le préfet la condamna alors à trente autres jours de réclusion, à l’issue desquels il la condamna à mort. En compagnie d’environ cent trente criminels païens, et d’un seul chrétien, nommé Eutychien, Anastasie fut embarquée sur un navire, dont on avait percé la coque et qu’on abandonna en pleine mer. Mais sainte Théodote apparut au gouvernail et mena le navire jusqu’à l’île de Palmaria (au large de Naples). Devant ce prodige, les compagnons de la sainte embrassèrent à leur tour la foi. En apprenant cette nouvelle, le préfet envoya ses troupes dans l’île, fit arrêter près de deux cents chrétiens, et ordonna de tous les décapiter, à la suite d’Anastasie, qui obtint enfin la palme du martyre. Ses précieuses reliques, d’abord transportées à Rome où l’on édifia une église en son honneur, furent ensuite transférées à Constantinople, sous le patriarche saint Gennade (vers 470), et déposées dans l’église portant son nom, où elles accomplirent de nombreux miracles.
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn XX, 19-31. Liturgie : Gal. I, 11-19; Matth. II, 13-23


[1] Ephrata : ancienne appellation de Bethléem
[2] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras (version abrégée).

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