vendredi 27 juin 2014

Diacre Paul [Serjantov]: La vie conjugale et l'ascèse



Sts. Peter and Febronia. A painting by: Alexander Prostev

Saints  Pierre et Fébronie
(Peinture d'Alexandre Prostev)

Tout a commencé avec nos ancêtres, Adam et Eve. Ils ont reçu un commandement au Paradis de ne pas goûter de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (cf. Genèse 2:17). Le commandement de ne pas "goûter de ceci ou cela" est bien connu de tout chrétien orthodoxe. C'est le commandement de jeûner, le plus ancien,  facteur du début de la vie de famille… 

Comme nous le savons, la première famille a été tentée par Satan, l'ancêtre de tous les maux. Cet envieux ne pouvait pas regarder tranquillement leur vie heureuse. Adam et Eve ont enfreint le commandement de ne pas manger. Le Seigneur les a appelés à rendre des comptes. Alors, ils ont essayé de placer leur propre faute sur quelqu'un d'autre, comme s'ils n'étaient pas du tout coupables. Non seulement cela, mais Adam a blâmé son épouse, que, comme il l'a souligné, il avait reçue de Dieu. C'est ainsi que la chute dans le péché est arrivée, et les gens ne se sont pas repentis de ce qu'ils avaient fait. Le Seigneur les a privés du Paradis, et leur a donné une pénitence. 

Rappelons brièvement les paroles de cette pénitence de Dieu. Il fut dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. (Genèse 3:16). Pour le mari, le Seigneur a dit: à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière. (Genèse 3:19). 

Les souffrances sont entrées dans la vie des êtres humains. L'endurance à la souffrance est une partie importante de l'ascétisme. 

Notre tâche est de nous rappeler que les peines sont venus à la suite des péchés. Nous devons les supporter sans colère, sans murmurer contre Dieu. Il est pénible d'être malade, douloureux de mourir (pour retourner à la poussière). Ce sentiment de la douleur doit être fondu dans la repentance. Ensuite, ces pensées d'oppression de la mort peuvent devenir exaltées; elles peuvent devenir souvenir de la mort. 

Après la chute, Adam a dû non seulement travailler: il a dû travailler dur. Voilà comment c'était dans sa vie, et c'est ainsi dans la nôtre. Chaque homme doit réfléchir à la façon dont il se nourrira lui-même et sa famille. Il doit parfois faire un travail qui est à la fois difficile et triste. 

L'Archimandrite Serge (Chevitch) a souvent trouvé que ses paroissiens ont parfois été écrasés par le travail qu'ils avaient à faire chaque jour. Père Serge leur a souligné que les travaux pour une personne mariée est le même que l'obédience pour un moine. Comme nous le savons, les moines ne choisissent pas leur obédience selon leur propre goût. Le moine fait tout ce qu'il doit faire pour lequel il a reçu la bénédiction. Qu'elle soit inintéressante et ennuyeuse, l'obédience habitue néanmoins un moine à couper sa propre volonté, et, en conséquence, à faire la volonté de Dieu. Pour Adam et ses descendants, la volonté de Dieu est de vivre après la chute dans des conditions non paradisiaques, de ne pas se plaindre à ce sujet, et de se repentir. Ils devraient aussi espérer en Dieu, qui conduit le peuple à Son Royaume. 

Pour une femme, un moment d'épreuve particulier est la grossesse. Elle doit penser davantage à son enfant qu'à elle-même, à accorder une attention particulière à sa santé, maintenir à un régime, et, peut-être laisser un emploi lucratif pour le bien de son enfant, renoncer à son évolution de carrière prévu. C'est son ascèse de maîtrise de soi. Ceci sans parler de la douleur de l'accouchement, et des soins sans interruption et des tracas engendrés par le nouveau-né. 

Les parents du bébé doivent se priver du repos de base, et sont privés de sommeil. Ils s'inquiètent de leur petit enfant, et prient pendant les périodes d'anxiété pour le bien-être de leur enfant: "Seigneur, tu sais toutes choses, et Ton amour est parfait. Prends l'âme de (Nom), et fais ce que je veux faire, mais que je ne puis pas faire."

Et si l'enfant est né handicapé... Quelle foi en la Providence de Dieu est nécessaire pour supporter cette lourde croix! 

Presque immédiatement après la naissance d'un enfant un grand travail commence: l'éducation de l'enfant. Même si nous prenons le côté non-religieux de la question, nous savons que nous ne pouvons pas nous en tirer sans l'aide de Dieu. Père Gleb Kaleda avait raison quand il insistait pour que le fondement de l'éducation et de l'enseignement soit placé dans la famille, tandis que l'école et l'université ne servent qu'à compléter ce qui a été fait dans la famille. Le supplément est important, mais il ne fait que renforcer la chose principale. 

Souvent, nous voyons qu'à l'école les enfants sont tenus de mémoriser des informations, mais on leur apprend très peu comment penser par eux-mêmes. On leur enseigne encore moins la morale. Que faire dans ce cas? La famille  doit pallier les insuffisances de l'éducation et d'une éducation impersonnelle et commerciale, ceci si les parents prennent au sérieux le bien de leur enfant, et non pas seulement ses besoins physiques, mais aussi à ses besoins affectifs. Tout cela prend beaucoup d'années de patience. 

Les parents sont également appelés à s'occuper des besoins spirituels de leur enfant. Il serait bon d'enseigner au petit enfant à prier (dans la majorité des écoles et des universités, on ne lui enseignera pas à prier à Dieu). Mais pour ce faire, les parents eux-mêmes ont besoin de savoir comment prier avec attention, afin de comprendre le langage de la prière, et d'expliquer de manière accessible l'essence des offices de l'église à leur enfant. Lorsque l'enfant grandit jusqu'à l'âge scolaire, il devrait être prêt pour sa première confession. Comment les parents peuvent-ils lui expliquer ce qu'est le péché, et pourquoi il a besoin de confesser au prêtre ses péchés. Là,  un exemple personnel est nécessaire, les efforts personnels des parents sur le chemin spirituel. Si la mère amène l'enfant à la Communion, mais qu'elle-même n'approche pas du calice ou ne va pas à la confession, si le père ne va que rarement à l'église, alors il sera très difficile de convaincre l'enfant que nous avons tous besoin des sacrements de l'Église. 

Dans la maison où il n'y a pas de compréhension des temps du petit-déjeuner, du déjeuner et du dîner, où tout le monde mange quand il le veut (et même quand il ne veut pas), il est difficile pour un enfant d'assimiler le concept de jeûne. "Vous ne pouvez pas amener les enfants à jeûner s'ils sont autorisés à manger quand ils le veulent, s'ils sont autorisés à courir à travers la maison avec un morceau de pain et de saucisse ou un biscuit. La régularité de la prise d'aliments est, si vous voulez, le début de l'ascèse chrétienne... Par la prière avant le repas une personne apprend à tout commencer par la prière. S'il y a des visiteurs dans la maison et qu'il n'est pas possible de prier en face d'eux, il est important que tous les membres de la famille se signent ne serait-ce que mentalement... Il est nécessaire de cultiver à la fois les formes évidentes et secrètes de la vie chrétienne de tous les jours," disait Père Gleb Kaleda. [*] La vie domestique peut devenir un bon soutien de la vie spirituelle, mais elle peut aussi devenir une obstruction profonde à celle-ci. 

La passion de la philautie [amour de soi] se distingue comme le pire ennemi de la famille. L'égoïsme est un ennemi dangereux. 

Quand dans un couple marié, l'un ne veut pas céder à l'autre dans quoi que ce soit, chacun gardant morbidement son propre orgueil; si chacun décompte en permanence les fois où il a fait quelque chose pour la famille, alors la famille va peu-à-peu s'écrouler. Si les couples laissent facilement place à la colère, argumentent pour des bagatelles, et ne peuvent pas vivre en paix avec les parents proches de chacun d'entre eux, alors ils se sentent malheureux, et leurs enfants absorbent leur mauvais exemple. Comme il est difficile d'élever des enfants par notre propre exemple! 

Un véritable travail ascétique est requis des parents afin de ne pas laisser l'éducation de leurs enfants à la télévision, aux groupes de l'internet, ou aux rues. C'est la première chose, d'autre part, les enfants ne doivent pas être torturés avec un excès de soin. Après tout, un excès de soin conduit à l'infantilisme, à l'introversion, et parfois même à la rébellion contre les parents. 

La famille est une école d'amour. 

Toute l'ascèse chrétienne est dirigée vers l'acquisition de l'amour. Le Christ Sauveur résumait tous les commandements à deux: l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Saint Théophane le Reclus compare l'amour à un feu: si nous ne jetons pas des bûches dans le feu, il s'éteint; si l'amour entre mari et femme n'est pas alimenté avec des gestes d'amour, il finira par mourir. Et quels sont ces actes d'amour? Ce sont les actes de soins de base pour les autres, des signes évidents et non évidents d'attention. C'est la capacité pendant les querelles de surmonter les flambées de colère et d'être le premier à venir faire la paix. C'est la possibilité de prendre vos penchants égoïstes en main, de corriger vos actions, en pensant toujours en vous-même: "je ne suis pas seul." 

Père Gleb Kaleda décrit très bien et en détail dans son livre L'Eglise Domestique** [Домашняя Церковь], la vie ascétique dans une famille. Son livre est fermement soutenu par la tradition orthodoxe qui s'est transmise à travers les âges, mais il ne ferme pas les yeux sur les détails complexes de la vie chrétienne de notre temps. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Note:
[*]Père Gleb Kaleda, professeur à l'Université d'Etat de Moscou, a vécu à Moscou à l'époque soviétique, et il a été secrètement ordonné prêtre. Dans son milieu, il était souvent dangereux de dire des prières avant les repas et de se signer en présence de personnes non proches de la famille, car on ne savait jamais qui rapporterait cette manifestation de la foi chrétienne aux autorités.
[**] Le livre du Père Gleb Kaleda est paru aux Editions du Cerf (Dans la Collection "Catéchèse Orthodoxe") en l'an 2000, sous le titre L'EGLISE AU FOYER. Voir notice ICI

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Pour la vie de sainte Fébronie et de saint Pierre, voir le site du moinillon

Petr i Fevronia

Icône de saint Pierre et sainte Fébronie
(moine et moniale sous les noms de David et Euphrosyne)
Couvent de la Trinité de Mourom
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Les moniales du couvent de la Sainte-Trinité recensent depuis les années 1990 les miracles effectués par les prières des saints Pierre et Févronia : les parents stériles ont la joie de donner naissance à un âge avancé, les couples en instance de divorce se réconcilient.
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jeudi 26 juin 2014

550 jeunes filles chrétiennes enlevées et forcées de se convertir à l'islam depuis 2011 en Egypte!



Des centaines d'écolières chrétiennes coptes en Egypte ont été enlevées et forcées de se convertir à la foi musulmane de leurs ravisseurs au cours des dernières années. 

Selon GodReports, l'Association des victimes d'enlèvement et de disparition forcée (en anglais AVAFD/Association of Victims of Abduction and Forced Disappearance) rapporte que depuis le début de 2011, plus de 550 jeunes filles chrétiennes ont été enlevées par des hommes musulmans avant d'être forcés de se convertir et de se marier à eux. 

L'AVAFD rapporte que l'âge des jeunes femmes va de 14 à 40 ans et environ 40 pour cent d'entre elles sont violées. D'autres sont contraintes par les jeunes hommes musulmans qui gagnent d'abord leur confiance. Il y a eu une augmentation du nombre de jeunes filles chrétiennes enlevés en Egypte depuis la chute d'Hosni Moubarak. 

Le fondateur d'AVAFD, Ebram Louis a dit: "Avant la révolution cinq ou six filles disparaissaient chaque mois, la moyenne est maintenant de 15." L'organisation indique que dans le cas d'une jeune fille de 14 ans, Nadia Makram, la police a refusé de s'impliquer, même si les parents leur ont donné le nom du ravisseur de leur fille. 

L'AVAFD dit la police refuse souvent de rechercher les jeunes filles disparues, affirmant qu'elles ont quitté le domicile de leurs parents par choix personnel. Même si les jeunes filles sont localisées et emmenées au poste, elles sont contraints par leur nouvelle famille musulmane à dire qu'elles ont quitté leur propre maison volontairement.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 25 juin 2014

Métropolite Hilarion [Alfeyev]: La prière de Jésus

On Prayer XIX: The Jesus Prayer

L'apôtre Paul dit: Priez sans cesse (1 Thessaloniciens 5:17). Les gens demandent souvent: Comment pouvons-nous prier sans cesse, si nous travaillons, lisons, parlons, mangeons, dormons, etc.? Autrement dit, si nous faisons des choses qui semblent incompatibles avec la prière? Dans la tradition orthodoxe, la réponse à cette question est la prière de Jésus. Les fidèles qui pratiquent la prière de Jésus atteignent la prière constante, c’est-à-dire, une présence incessante devant Dieu. Comment cela se fait-il?
La prière de Jésus est: "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur." Il y a aussi une forme plus courte: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi" Mais on peut aussi réduire la prière à trois mots: "Seigneur, aie pitié." Celui qui pratique la prière de Jésus ne la répète pas seulement pendant les offices divins ou pendant la prière à la maison, mais lorsqu’il voyage, mange, et va dormir. Même s’il parle avec quelqu'un ou s’il écoute quelqu'un, alors, sans perdre l'intensité de sa perception, il peut néanmoins continuer à répéter cette prière dans les profondeurs de son cœur.
Le sens de la prière de Jésus ne consiste évidemment pas en la répétition mécanique, mais à se sentir toujours dans la présence vivante du Christ. Cette présence est ressentie par nous d'abord parce que, en prononçant la prière de Jésus, nous prononçons le Nom du Sauveur.
Le nom est un symbole de son porteur; dans le nom est présent, pour ainsi dire, la personne à qui il appartient. Quand un jeune homme tombe amoureux d'une jeune femme, il répète sans cesse son nom, car elle est, pour ainsi dire, présente en son nom. Et dans la mesure où l'amour remplit tout son être, il ressent le besoin de répéter ce nom, encore et encore. De la même façon, un chrétien qui aime le Seigneur répète le nom de Jésus-Christ, parce que tout son cœur et son être sont attirés par le Christ.
Il est très important lors de l'exécution de la prière de Jésus de ne pas essayer d'imaginer le Christ, Le montrant comme quelqu'un dans une situation de vie ou, par exemple, suspendu à la Croix. La prière de Jésus ne doit pas être associée avec des images qui pourraient survenir dans notre imagination, car alors il y a une substitution d’imagination réelle. La prière de Jésus ne doit être accompagnée que par le sentiment intérieur de la présence du Christ et le sentiment de se tenir devant le Dieu vivant. Aucune image externe n’est appropriée ici.
Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Meriam Yahia Ibrahim Ishag est libre!

Soudan /  Meriam, la jeune chrétienne condamnée à mort a été libérée !


La mobilisation internationale a payé ! Son avocat vient d’annoncer la libération de Meriam Yahia Ibrahim Ishag, la jeune chrétienne condamnée à mort qui venait d’accoucher en prison.

Elle avait depuis son enfance embrassé la foi de sa mère chrétienne orthodoxe plutôt que celle de son père, musulman. Mariée à un chrétien, ils ont eu ensemble deux enfants – dont le second, une petite fille prénommée Maya, a vu le jour en prison où sa mère était emprisonnée avec son premier né, un bébé de 20 mois…Condamnée à mort pour « apostasie » le 15 mai en vertu de la loi islamique en vigueur qui interdit les conversions, Meriam Yahia Ibrahim Ishag, 27 ans, devait être pendue après avoir reçu les 100 coups de fouet rituels… pour « adultère », toute union entre une musulmane et un non-musulman étant considérée comme un »adultère » selon l’interprétation soudanaise de la charia.Mais l’indignation internationale a eu raison… de la déraison du tribunal islamique de Khartoum. Mohannad Moustafa et quatre autres avocats spécialisés dans les droits de l’Homme s’étaient chargés de défendre gratuitement la jeune femme. Ils avaient fait appel de la condamnation qui était examiné par un comité de trois juges depuis le début du mois. Des leaders politiques et religieux européens avaient appelé à révoquer le »verdict inhumain » prononcé contre la jeune femme. La mobilisation avait été particulièrement intense aux Etats-Unis dont secrétaire d’Etat, John Kerry, avait pressé Khartoum et la justice soudanaise de »respecter le droit fondamental de Mme Ishag à la liberté et à celle d’exercer sa religion ».Selon l’avocat de Meriam, Mohannad Moustafa, qui annoncé cette nouvelle en début d’après-midi ce 23 juin, les autorités de Khartoum devraient s’expliquer demain sur les motifs de cette libération.

mardi 24 juin 2014

Les militants islamistes ont l'intention de détruire toutes les églises dans la ville saisie de Mossoul en Irak du Nord




Mossoul, le 17 juin, 2014 


Le groupe de terroristes de "l'Etat islamique d'Irak et du Levant" (EIIL) ont l'intention de détruire toutes les églises de la ville de Mossoul qu'ils ont saisie dans le nord de l'Irak (à 396 km de Bagdad), rapporte l'agence ITAR- TASS. 

Selon la chaîne de télévision Al Mayadeen, les extrémistes armés qui suivent la doctrine de l'intolérance religieuse (takfir), l'ont annoncé ce lundi aux résidents de Mossoul par haut-parleurs, installés sur des voitures avec des drapeaux noirs, qui se déplacent autour de la ville, pourinformer la population sur les ordres des islamistes. 

Le 14 juin les takfiristes ont exécuté dans la ville 12 cheikhs théologiens pour avoir refusé de leur prêter serment d'allégeance. Les cheikhs ont été fusillés devant la Mosquée Al-Isra. Ensuite, l'interdiction de vendre de boissons alcoolisées et dse cigarettes a été déclarée et les femmes ont reçu l'ordre de porter des 'abayas [vêtement extérieur traditionnel porté par les femmes musulmanes]. 

A partir d'aujourd'hui, les chrétiens de Mossoul seront probablement persécutés, rapporte Al Mayadeen. Dans la ville syrienne de Rakka (Ar-Raqqa), sur l'Euphrate, où l'EIIL projette tout son poids depuis plus d'un an, les chrétiens sont condamnés à payer la jizyah en or [taxe prélevée par habitant sur certaines catégories de sujets pour refus d'embrasser l'Islam]. 

Il y a trois jours des takfiristes ont déjà attaqué une église arménienne de Mossoul. Leur apparition dans la deuxième plus grande ville de l'Irak a provoqué un exode massif de la population à Erbil [capitale du Kurdistan autonome irakien]. 

Plus de 600.000 habitants sont partis. A Mossoul (1,8 million de personnes) sous Saddam Hussein le nombre de chrétiens atteignait 30% de la population. Assyriens, Nestoriens, Chaldéens, qui appartiennent à des Eglises orientales anciennes, vivent ici en plus des Arméniens. 

Il y a plusieurs anciennes églises de la ville: la cathédrale Saint-Pierre (Es Sefa), du XIIIème siècle, la chapelle de  saint Thomas du VIIIème siècle, Al-Tahira, monastère (de la Mère de Dieu Très Pure) et un certain nombre d'autres églises. Mossoul est également célèbre pour ses mosquées, dont l'une est construite sur le site de la tombe du prophète biblique Jonas.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Sur le blog de Maxime


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dimanche 22 juin 2014

Pourquoi tolérons-nous la menace d’une nouvelle guerre mondiale qui se mène en notre nom ?

Ukraine 2014 - les USA nous entraînent dans une guerre contre la Russie
The Guardian : les États-Unis nous entraînent dans une guerre contre la Russie (Ukraine)
Le rôle de Washington et son soutien aux néonazis a d’énormes implications dans le reste du monde
John PILGER Publié le 15 mai 2014

Pourquoi tolérons-nous la menace d’une nouvelle guerre mondiale qui se mène en notre nom ?
Pourquoi tolérons-nous les mensonges qui justifient ce risque ?

L’état de notre endoctrinement, comme l’a écrit Harold Pinter, est « un tour d’hypnose brillant, et couronné de succès », comme si la vérité « ne s’était jamais déroulée, même au moment où elle se déroulait ».
Chaque année l’historien américain William Blum publie son "archive actualisée du résumé de la politique étrangère des États-Unis" qui montre que, depuis 1945 les États-Unis 
° ont tenté de renverser plus de 50 gouvernements, la plupart démocratiquement élus ; 
° ont grossièrement interféré dans les élections de 30 pays
° bombardé la population civile de 30 pays
° utilisé des armes chimiques et biologiques
° et tenté d’assassiner des dirigeants étrangers.
Dans bien des cas la Grande-Bretagne était complice. Le degré de souffrance humaine, et encore moins la criminalité, n’est jamais reconnu en Occident, malgré la soi-disant présence des technologies de communication les plus avancées, et du journalisme le plus libre du monde. Que les victimes les plus nombreuses du terrorisme – de notre terrorisme, soient des musulmans, est imprononçable. Que le djihadisme extrémiste, à l’origine du 11 septembre, fût créé comme arme de la politique étrangère britannique (Opération Cyclone en Afghanistan) est occulté. En avril le département d’État américain remarqua que, à la suite de la campagne de l’OTAN de 2011, « la Libye est devenue un paradis pour les terroristes ».
[…]
Le rôle de Washington en Ukraine est différent seulement parce que ses implications nous concernent tous. Pour la première fois depuis l’ère Reagan, les USA menacent d’entraîner le monde dans une guerre.Avec l’Europe de l’est et les Balkans devenus des bases militaires de l’OTAN, le dernier « état-tampon » frontalier de la Russie, est dévasté. Nous, les occidentaux, soutenons des Néo-nazis dans un pays ou les Ukrainiens nazis soutinrent Hitler. Ayant dirigé le coup d’état de Février contre le gouvernement démocratiquement élu à Kiev, la tentative de Washington de récupérer la base navale historiquement russe de Crimée a échouée. Les russes se sont défendus, comme ils l’ont toujours fait contre chaque invasion occidentale depuis presque un siècle.

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lundi 23 juin 2014

Métropolite Hilarion: La lutte contre les pensées parasites

On Prayer XVIII: The Battle with Extraneous Thoughts

L'un des principaux obstacles à la prière attentive est l'apparition de pensées parasites. Saint Jean de Cronstadt, le grand ascète de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, décrit dans son journal comment, lors de la célébration de la Divine Liturgie, dans les moments les plus cruciaux et les plus sacrés, devant les yeux de son esprit apparaissait une tarte aux pommes ou une autre récompense qui pourrait lui être donnée. Et avec un amer regret, il suggère comment ces images et ces pensées parasites peuvent détruire un état de prière. Si une telle chose s'est produite avec les saints, il n'y a rien d'étonnant qu’elle nous arrive à nous aussi. Pour nous protéger des pensées et des images parasites, nous devons apprendre, comme l'ont fait les anciens Pères de l'Église, "garder nos esprits."
Chez les écrivains ascétiques de l'Eglise ancienne, il y avait un développement détaillé de la façon dont les pensées de l’extérieur pénètrent progressivement chez une personne. La première étape de ce processus est appelée "suggestion [démoniaque]", c'est l'apparition soudaine d'une pensée. Cette pensée nous est encore complètement étrangère, mais apparaît quelque part à l'horizon; sa pénétration à l'intérieur de nous débute quand on commence à lui prêter attention, lorsque l’on entre en conversation avec elle, qu’on l’examine et l’analyse. Commence alors ce que les Pères de l'Église appellent "combinaison", quand l'esprit de l'homme en quelque sorte se confond avec la pensée. Enfin, la pensée se transforme en passion et embrasse l'ensemble de la personne, puis à la fois la prière et la vie spirituelle sont oubliées.
Pour que cela ne se produise, il est très important de couper les pensées parasites à leur première apparition, ne leur permettant pas de pénétrer profondément dans l'âme, le cœur et l'esprit. Apprendre à faire cela exige beaucoup de travail sur soi. On ne peut qu'être distrait à la prière, si l'on n'apprend pas à se battre avec les pensées parasites.
Une des maladies de l'homme moderne, c'est qu'il est incapable de contrôler le travail de son propre cerveau. Son cerveau est autonome, et les pensées vont et viennent spontanément. L'homme moderne en règle générale ne suit pas ce qui se passe dans son esprit. Mais pour apprendre la vraie prière, on doit suivre ses pensées et en expulser sans ménagement celles qui ne correspondant pas à une disposition de prière. De courtes prières aident à surmonter les distractions et les pensées parasites: "Seigneur, aie pitié", "Dieu, sois miséricordieux envers moi, pécheur", et d'autres, qui ne nécessitent pas une attention particulière sur les mots, mais inclinent à la naissance de sentiments et de mouvements du cœur. Avec l'aide de ces prières, on peut apprendre à prier avec attention et à se concentrer sur la prière.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



dimanche 22 juin 2014

Un prêtre orthodoxe grec: Sur les événements récents à Jérusalem et leurs fondements ecclésiologiques





Que doit-on faire des récents événements à Jérusalem commémorant le 50e anniversaire de la rencontre du Patriarche Athénagoras et du Pape Paul VI, au cours de laquelle le Patriarche de Constantinople, avec l'archevêque de l'archidiocèse grec orthodoxe et d'autres hiérarques du Patriarcat, a rencontré avec le pape de Rome pour effectuer des services de prières communes et des déclarations communes? Quels problèmes, le cas échéant, ces réunions et déclarations posent-elles pour nous en tant que chrétiens orthodoxes et pour notre foi orthodoxe? Et, en dernière analyse, est le problème théologique essentiel en jeu ici?
Voici quelques-unes des questions que de nombreux fidèles posent, et elles méritent une réponse complète en retour. Ce court article va tenter d'apporter quelques réponses, ou au moins les amorces de ces réponses.

Ceux qui verraient dans ces rassemblements œcuméniques un développement extrêmement positif parlent d'eux comme des "échanges de générosité, de bonne volonté et d'espoir" et des "échanges dans l'esprit de l'amour chrétien", qui sont de "véritables expressions de la foi des Apôtres, des Pères, et des orthodoxes." Les champions de ces rencontres ne manquent jamais d'admettre que "bien qu'il existe de sérieuses divergences" entre l'Eglise orthodoxe et le catholicisme "qui ne doivent pas être négligées, néanmoins notre foi exige que nous nous réunissions et que nous témoignons de nos engagements chrétiens partagés." Voilà comment un théologien orthodoxe américain bien connu, a fait allusion à l'événement de Jérusalem et je crois qu'il répète avec précision la conception générale parmi les supporters [de cette opinion].

Si, toutefois, nous devons comprendre le sens de ces événements d'une manière spirituelle et théologique, nous devons aller au-delà des clichés usés et des platitudes galvaudées et examiner l'ecclésiologie sous-jacente qui est soit implicite ou exprimée par le Patriarche et ses partisans au cours ces réunions. Il est assez facile, et malheureusement assez fréquent, même chez les chrétiens orthodoxes, de se contenter de la langue fleurie de l'amour et de la réconciliation et de ne pas prêter attention à la signification profonde de la théologie qui est exprimée en paroles et en actes. Si nous voulons éviter un tel écueil et aider les autres, nous devons acquérir une mentalité orthodoxe et juger ces questions importantes dans le cadre et les critères orthodoxes.

Le problème sous-jacent ici est que peu discutent des implications ecclésiologiques du Patriarcat et de la nouvelle vision de l'Église de ses partisans. Si la réunion de Jérusalem et les rassemblements d'accompagnement (tels ceux de Paris, Boston et Atlanta) sont jugés destructrices de l'unité ecclésiale et portent atteinte à la mission de l'Église, ce n'est pas, bien sûr, à cause de la langue fleurie de l'amour et de la compréhension sans cesse utilisées de tous les côtés, mais parce qu'elles ne sont pas ancrées dans la foi orthodoxe, dans l'ecclésiologie orthodoxe. Si, cependant, nos représentants à ces réunions n’expriment pas un enseignement orthodoxe sur l'Eglise, qu'est-ce qu'ils expriment?

Malheureusement, il ne manque pas de déclarations antérieures par des hiérarques du Patriarcat de Constantinople auxquelles on pourrait faire référence afin de répondre à cette question. Les citer est au-delà de la portée de cet article et inutile, car dans des remarques faites par le Patriarche de Constantinople dans son premier discours prononcé à Jérusalem le 23 mai, dans l'église du Saint-Sépulcre, l'essence de la nouvelle ecclésiologie est clairement énoncé :

L’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique, fondée par la "Parole au commencement," par Celui Qui est "vrai Dieu," et le terme "vrai Dieu", selon l'évangéliste de l'amour, malheureusement, lors de son engagement sur la terre, en raison de la domination de la faiblesse humaine et de l'impermanence de la volonté de l'esprit humain, a été divisée dans le temps. Ceci a provoqué diverses conditions et groupes, dont chacun revendique pour lui-même "l'authenticité" et la "vérité". La vérité, cependant, est une : le Christ, et l'Unique Eglise fondée par Lui.

Avant et après le grand schisme de 1054 entre l'Est et l'Ouest, notre sainte Église orthodoxe a fait des tentatives pour surmonter les différences, qui existaient dès l’origine et étaient pour la plupart issus de facteurs extérieurs à l’environnement de l'Eglise. Malheureusement, l'élément humain dominait, et par l'accumulation d’ajouts "théologiques", "pratique" et "sociaux," les Eglises locales ont été amenés à la division de l'unité de la foi, à l'isolement, qui s’est développé à l’occasion dans des polémiques hostiles.
Notez que le patriarche déclare:
1. L'Eglise Une a été divisée dans le temps.
2. Que cette division est le résultat de la domination de la faiblesse humaine. Cela n'est pas précisé, mais il s'ensuit que cette faiblesse humaine était plus forte que la Volonté Divine pour l'Eglise qu'Il a fondée.
3. Que des différents groupes, parties de l'Eglise Une, qui ont résulté de cette division, chacun "revendique" être l'Eglise authentique et véritable. L'implication ici est qu'aucun d'entre eux, y compris l'Eglise orthodoxe, ne peut légitimement prétendre être exclusivement l'Église Une.
4. Et, pourtant, d’une certaine manière, en dépit de ces groupes concurrents tous prétendant exclusivement [avoir] l'authenticité et de la vérité, l'Eglise est Une. Une fois de plus, il résulte de tout ce qui est dit que cette unité n'existe que hors du temps, puisque l'Église, comme il le dit, a été divisée dans le temps.
Afin d'obtenir une image globale de la nouvelle ecclésiologie qui est présentée, nous devons ajouter à ces points de vue sur l'église du Patriarche (du Patriarcat), l'attitude vis-à-vis du Catholicisme, qui était exposée en paroles et en œuvres, dans les événements de Jérusalem. Dans tout le matériel promotionnel et les discours patriarcaux, le Catholicisme, dont les Conciles d'Église et les saints depuis des siècles, alors considérés comme une parasynagogue hérétique, est considéré comme une Église locale, l'Eglise de Rome. De même, le Pape actuel est considéré comme un "successeur contemporain des premiers apôtres [Pierre] et le chef actuel de l'ancienne église [de Rome]."
Le Patriarche a également appelé le Pape actuel son frère évêque, coresponsable de la bonne gouvernance de l'Église Une. Il considère les sacrements accomplis par le Pape et ses clercs comme les mystères de les mêmes que ceux de l'Église Une. Il n'est donc pas surprenant qu'il considère l'Eglise comme divisée dans l’histoire et pourtant encore Une, en dehors de l'histoire.
Que pouvons-nous dire maintenant de cette image de l'Eglise présentée par le Patriarche? Nous pouvons dire que:

1. Elle en totale harmonie avec la nouvelle ecclésiologie du Concile Vatican II comme prévu dans les documents conciliaires Lumen Gentium et Unitatis Redintegratio.
2. Elle va tout à fait à l'encontre de la vision de l'Église présentée dans les documents conciliaires pertinents de l'Eglise orthodoxe, comme les décisions du Conseil de 1484, les encycliques patriarcales de 1848 et 1895, et dans les écrits de ces saints Pères qui ont exprimé la pensée de l'Eglise sur le sujet, comme le saints Grégoire Palamas, Nectaire de la Pentapole, Marc d'Éphèse, Païssi [Vélichkovsky], et bien d'autres.
Le Patriarche et ses partisans se sont alignés et tentent d'aligner l'ensemble de l'Orthodoxie avec la ligne ecclésiologique élaborée pendant le Concile Vatican II. Cette nouvelle ecclésiologie permet une division de l'Eglise "dans le temps", de telle sorte que l'Eglise orthodoxe et le Catholicisme sont considérés comme des "deux poumons" de l'Eglise une, mais néanmoins divisés. Dans cette ecclésiologie, l'Eglise universelle comprend à la fois le Catholicisme et les autres confessions chrétiennes. Il est supposé que l'Église est une communion de corps qui sont plus ou moins des églises, une communion réalisée à différents degrés de plénitude, de telle sorte qu'une partie de l'Eglise, celle sous le Pape, est considérée comme "pleinement" l'Eglise, et un autre partie de l'Eglise, comme la confession protestante, "imparfaitement" ou seulement "partiellement" l'Église. Ainsi, cette ecclésiologie permet la participation aux sacrements de l'Église en dehors de ses frontières canoniques, à l'extérieur de l'assemblée eucharistique Un, qui est l'antithèse d'une "ecclésiologie eucharistique" bien comprise.

Par conséquent, l'ecclésiologie exprimée en paroles et en actes par le Patriarche de Constantinople et l'ecclésiologie de Vatican II convergent dans l'acceptation d'une Église divisée, ou une Église mise en pièces par la lourde main de l'histoire. Cela pourrait être caractérisé comme un nestorianisme ecclésiologique, dans lequel l'Eglise est divisée en deux êtres distincts: d'une part l'Église dans le Ciel, hors du temps, seul vraie et complète; d'autre part, l'Église, ou plutôt les "églises", sur terre, dans le temps, déficientes et relatives, perdues dans les ombres de l'histoire, qui cherchent à se rapprocher les unes des autres et de cette perfection transcendante, autant que cela est possible dans "la faiblesse de la volonté humaine impermanente."
Dans cette ecclésiologie, les divisions tumultueuses et dommageables de l'histoire humaine ont vaincu l'Eglise "dans le temps." La nature humaine de l'Eglise, étant divisée et déchirée, a été séparée de la tête théanthropique. Il s'agit d'une Eglise sur terre, privée de sa nature ontologique et non pas "Une et Sainte," ne possédant plus toute la vérité à travers son union hypostatique avec la nature divine du Logos.
Cette ecclésiologie va, sans doute, à l'encontre totale avec la croyance et de la confession de l'Eglise orthodoxe en l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique. L'Eglise du Christ, comme l'apôtre Paul l’a suprêmement définie, est Son corps, dont la plénitude emplit tout en tous (τὸ σῶμα Αὐτοῦ, τὸ πλήρωμα τοῦ τὰ πάντα ἐν πᾶσι πληρουμένου). La plénitude du Christ est identifiée avec le Corps du Christ, c’est-à-dire comme le Christ quand Il marchait sur terre dans le temps, comme Théanthropos, visible et indivisible, étant marqué par des caractéristiques divino-humaines. Comme Vladimir Lossky l’a écrit, tout ce qui peut être affirmé ou nié sur le Christ peut tout aussi bien être appliqué à l'Eglise, dans la mesure où il s'agit d'un organisme théandrique. Il s'ensuit donc que, tout comme nous ne pourrions jamais affirmer que le Christ est divisé, nous ne pourrions pas non plus tolérer que l'Église soit jamais divisée. (Cf. 1 Corinthiens, 1:13).

L'Église, cela va sans dire, a été fondée, établie, s’est étendue, et existe à ce jour dans le temps (et existera jusqu'à la Parousie [Seconde Venue du Christ], et au-delà). Il en est ainsi parce que l'Eglise est le Corps du Christ théanthropique, qui est entré dans le temps, est cheminé, est mort, est ressuscité, et s’est élevé et doit revenir avec le temps. L'Eglise est la continuation de l'Incarnation dans le temps. Et de même que notre Seigneur a été vu et touché et vénéré dans la chair, dans le temps, il en va de même pour Son Corps, l'Eglise, continue, unie et sainte dans le temps. Si nous devions accepter la division de l'Église, nous accepterions l'annulation de l'Incarnation et du salut du monde. Comme cette nouvelle ecclésiologie d'une "Eglise divisée" annule finalement le salut de l'homme, elle pourrait être à juste titre considérée comme une hérésie.
Notre croyance en l'unité et en la continuité du Corps du Christ, notre confession de foi, ce dogme de l'Église, se fonde sur rien de moins que les promesses divines de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, quand il dit des mots telles que celles-ci:

"Quand lui, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité." (Jean 16:13).
"Je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre [de la foi] je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle." (Matthieu 16,18).
"Voici, je suis avec vous pour toujours jusques à la fin du monde." (Matthieu 28:16).
"Dans le monde vous aurez des tribulations, mais prenez courage, j'ai vaincu le monde." (Jean 16:33).
De même, de la bouche du Christ, le divin Apôtre Paul, nous entendons de nouvelles promesses de l'indivisibilité et de l'invincibilité de l'Eglise:
"Il a tout mis sous Ses pieds, et Il l’a donné pour chef suprême à l'Église, qui est Son Corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous." (Ephésiens 1:22-23).
"La maison de Dieu, qui est l'Eglise du Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité." (1 Tite 3:5).
"Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême». (Ephésiens 4:05).
"Jésus Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement." (Hébreux 13:8).

Et, chez l'apôtre de l'amour, Jean le Théologien, nous lisons que c’est notre foi dans le Dieu-homme et dans Son corps divino-humain qui est invincible et victorieuse de l'esprit déchu de ce monde, qui est avant tout, un esprit de division:
"Car ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi." (1 Jean 5,4).
Ainsi donc, l'Esprit de Vérité n'a-t-il pas conduit son Église dans "toute la vérité"? Ou bien, en tant qu’orthodoxes prétendons nous avancer une "réclamation" d'authenticité et de vérité? N’a-t-Il pas gardé son Église afin que les portes de l'enfer ne prévalent pas contre elle? Ou, "la faiblesse humaine" a-t-elle vaincu le Corps du Christ? N'est-il pas resté avec nous, en nous guidant même jusques à ce jour et jusques à la fin des temps? Ou bien, n'existe-t-Il plus, comme Un "dans le temps"? Notre foi dans le Dieu-homme, n'a-t-elle pas vaincu le monde et l'esprit de division? Ou bien, comme le Patriarche le suppose, "l'élément humain" et la "faiblesse humaine" ont-ils vaincu notre foi et l'unité du Corps du Christ?
Pour mieux comprendre l'impossibilité à la fois pour l'Eglise orthodoxe et le Catholicisme de  maintenir l'identité de l'Eglise Une, tout en étant divisées sur les questions de foi, penchons-nous brièvement sur l'union conjugale. Dans le mariage, un homme et une femme sont unis dans le Christ. Il existe une triple unité, ou une unité entre deux personnes dans une troisième personne. Ce n'est pas un simple accord humain. Il s'agit d'une unité théanthropique, une manifestation du mystère de l'Incarnation et donc de l'Église, selon les paroles divines de l'Apôtre Paul: "C'est un grand mystère: mais je parle au sujet du Christ et de l'Église (Ephésiens 5,32). "
Toute unité dans l'Église est théanthropique. En effet, les êtres humains vraiment unis ne se trouvent que dans l'Eglise, car dans l'Eglise seule l'homme a revêtu la théanthropie (Galates 3:27), la nature humaine du Christ. Comme la nature humaine déchue, non rachetée est désespérément brisée et divisée en elle-même, séparée du principe de son unité, Dieu, l'homme ne peut être uni qu’en "revêtant" une nouvelle nature humaine, la nature , dont le premier est le baptême. Par conséquent, nous ne sommes restaurés dans l'unité en nous, entre nous et avec Dieu que par l'unité avec le Dieu-homme dans sa nature humaine, dans Son Corps, l'Église.
Y a-t-il eu division? Le "mariage" s’est-il effondré? Sachez que la première des deux personnes a cessé d'exister "en Christ", a chu loin du Christ, et alors seulement, de l'autre. Cette division humaine est nécessairement précédée par une rupture de communion avec la Personne Divine dans laquelle les deux personnes étaient unies. Quelque chose de semblable peut être dit sur le plan ecclésiastique.
Le Patriarche soutient que même si "les Eglises locales ont été menées dans la division de l'unité de foi" et que "l'Eglise une a été divisée dans le temps," néanmoins à la fois l'Eglise orthodoxe et le catholicisme sont unis au Christ et manifestent cette unité avec Lui dans les sacrements communs. Cela est impossible, cependant, car si les deux étaient unis au Christ, ils seraient nécessairement unis les uns aux autres, puisqu’ils trouvent leur unité dans le Christ. Pour faire simple: si nous sommes tous les deux en Christ, nous sommes unis. Si nous sommes divisés, nous ne pouvons pas être tous deux en Christ. En termes d'ecclésiologie, cela signifie que tous deux ne peuvent pas être "l'Église. "
Du moment que l'on tient que l'Eglise est divisée, il ne peut plus retenir que les membres de l'Église sont unis à la nature théanthropique du Corps du Christ. L'Eglise qui est envisagé est nécessairement un organisme purement humaine, dans laquelle la "domination de la faiblesse humaine et de [la] impermanence de la volonté de l'esprit humain" règne et apporte division.
Nous pouvons également voir cette vérité en évidence dans les paroles de l'apôtre de l'amour, le bien-aimé évangéliste, Jean le Théologien. Il affirme que si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu’il hait son frère, c'est un menteur. (1 Jean 4,20). De même, puisque l'amour nous unit à Dieu, si nous disons que nous sommes unis à Dieu, mais divisé par rapport à notre frère, nous ne parlons pas la vérité. En outre, sur le plan ecclésiastique, si nous disons que les "églises" sont toutes deux unis à Dieu, mais sont divisés entre elles, nous ne parlons pas la vérité. Car, si toutes deux sont unies à Dieu, elles seraient également unies entre elles, car l'unité de l'Eglise est dans et par le Christ.
Sur la base de ce nouvel enseignement du Patriarche (du Patriarcat), certains soutiennent qu’une "fausse union" a déjà été forgée. La plupart rejettent immédiatement cette affirmation. Il est vrai que le Calice commun, du moins officiellement et ouvertement, n'était pas en jeu à Jérusalem ou immédiatement n'importe où ailleurs. Cependant, un type de "fausse union " a indéniablement été établie au niveau de l'ecclésiologie. Car, lorsque les mystères d'une confession hétérodoxe sont reconnus en soi, comme les mystères véritables de l'Église, et, de même, que leurs évêques sont acceptés et adoptés comme évêques de l'Eglise Une, alors n'avons-nous pas déjà établi une union avec eux? N'avons-nous pas une union à la fois en termes de reconnaissance de leur "caractère ecclésial" (c'est à dire, l'Eglise Une, à Rome) et l'adoption d'une confession de foi commune en ce qui concerne l'Eglise?
Si nous reconnaissons leur baptême comme baptême, il est illogique de ne pas reconnaître les synaxes eucharistiques dans laquelle leur baptême est effectué. Et si nous reconnaissons leur Eucharistie comme le seul C Unique, il est à la fois hypocrite et pécheur de ne pas établir immédiatement la communion eucharistique avec eux.
C'est précisément ici que la nature intenable de la position du Patriarcat devient apparente. Le fait que l'Eglise n'a jamais accepté l’intercommunion avec le Catholicisme témoigne non pas de quelque décision tactique ou d’une position conservatrice, mais de sa propre identité comme l'Eglise Une et de sa vision du catholicisme comme hérésie. Si ce n'était pas le cas, ce serait comme si nous jouions avec les mystères et la vérité de l'Evangile. Comme Saint-Marc d'Éphèse l’a exprimé d’une manière célèbre, la "rupture des Latins" a eu lieu précisément parce que l'Eglise ne vit plus leur "église", leur assemblée eucharistique, comme dans un miroir, comme l'expression de l'Église "Catholique [id est Universelle/ Orthodoxe]" à Rome . Leur identité n'était plus celle de l'Église, mais celle de l'hérésie.

De tout ce qui a été écrit ici, il doit être clair qu'il y a des conséquences éternelles pour chaque nouvel écart de "la foi transmise une fois," et la nouvelle ecclésiologie ne fait pas exception. En ignorant les voix contemporaines de l'Église celles de saint Justin Popovitch, du Vénérable Philothée Zervakos, du Vénérable Païssios l'Athonite, ceux qui sont allés à Jérusalem épouser la nouvelle ecclésiologie, conduisent leurs adeptes sans méfiance hors de l'Eglise et ceux qui sont déjà dehors encore plus loin de l'entrée dans l'Église.

Cette nouvelle ecclésiologie est le défi spirituel et théologique de nos jours auquel chaque chrétien orthodoxe reste indifférent à ses risques et périls, car elle porte avec elle des conséquences sotériologiques. Face à une hérésie terriblement trompeuse et qui conduit à la division, nous sommes tous appelés à confesser le Christ aujourd'hui, comme l'ont fait jadis nos ancêtres à l'époque de l'arianisme. Notre confession de foi, cependant, n'est pas seulement dans Sa personne dans l'Incarnation, mais Sa personne dans la poursuite de l'Incarnation : l'Église. Confesser la foi aujourd'hui, c’est confesser et déclarer l'unité de Ses natures divine et humaine dans Son corps, la seule et unique Eglise orthodoxe, sans mélange, inchangée, indivise et indivisible (ἀσυγχύτως, ἀτρέπτως, ἀδιαιρέτως, ἀχωρίστως). [Oros du IVème Concile œcuménique].


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après