samedi 4 octobre 2014

Métropolite Athanase de Limassol: « RENTABILISER » SPIRITUELLEMENT NOTRE TEMPS LIBRE…




Que l’homme le veuille ou non, plus le temps passe, plus il prend lui-même de l’âge, plus il voit que le temps file et que les années s’ajoutent, c’est-à-dire que le passé augmente tandis que le futur s’amenuise. Et la seule conscience de ce fait peut nous aider à comprendre beaucoup de choses et à avoir un juste jugement, à mettre spirituellement en valeur le temps dont nous disposons. L’un des éléments en fonction desquels nous serons jugés est la question du temps. Cela, on le vit auprès des saintes personnes. Celles-ci ont une énorme sensibilité à l’égard de la question du temps et veillent absolument à ne pas perdre de temps. Les grands saints sont ceux qui pouvaient mettre en valeur jusqu’à la dernière seconde de leur temps.

Très souvent, les gens disent « Que Dieu me donne des années afin que mes enfants grandissent, que je me marie, que j’arrange mes affaires, que je fasse de bonnes œuvres, j’ai des choses à faire à n’en plus finir »… Mais on peut se demander si cette demande est justifiée, car il semble quemême si  nous vivions mille ans, nous aurions toujours à faire, sans fin. Nous commençons continuellement quelque chose et nous ne le finissons pas, nous vivons dans l’angoisse et nous ne trouvons pas le repos.

Que comprenons-nous au demeurant par « repos » ? Quand l’homme se repose-t-il réellement ? Le repos réel pour l’homme consiste à se consacrer, ne serait-ce qu’un peu de temps, à la prière. Après une journée tendue, si un peu de temps est consacré à la prière, et si l’homme communique avec Dieu, avec l’Esprit Saint qui est présent richement, abondamment, dans l’Église, il ressent alors beaucoup de repos, car celui-ci ne consiste pas seulement à dormir pendant des heures et à faire de nombreux voyages. Tout cela, bien sûr, est une sorte de repos corporel, mais le repos de l’âme, le repos spirituel est bien plus significatif et important. En effet, l’homme se repose réellement lorsqu’il apprend à avoir une relation vivante avec Dieu. On sait à quel point l’esprit de l’homme trouve le repos dans les offices sacrés de notre Église, tels que le canon de supplication à notre Toute-sainte Mère de Dieu pendant les deux première semaines du mois d’août[1]. On sait à quel point ces saints tropaires contribuent à ce que l’esprit de l’homme s’élève vers Dieu et communie avec l’Esprit Saint, Lequel est donné par Dieu à ceux qui le veulent et qui le demandent. Ces tropaires ont été écrits par des saints. Ceux-ci ont fait l’expérience du Saint-Esprit, de la présence de Dieu dans leur cœur et ont exprimé exactement cette expérience dans les mélodies et dans les hymnes de l’Église.

C’est ainsi que nous avons la perception correcte du repos, la perception correcte des divertissements, car je crois que l’homme se repose par une prière, par un office, par une mystagogie, et ce à un point tel qu’il ne parvient pas à se reposer dans les meilleurs hôtels ou centres de divertissements, où les gens viennent et sortent bien des fois plus fatigués et plus angoissés qu’il n’y sont entrés. 

C’est un fait paradoxal qu’aujourd’hui, alors que l’on passe jours et nuits dans les centres de distractions, les hôtels et les cafés, au lieu d’être pleins de calme, de joie et souriants, on est en fin de compte à bout de nerfs. Dès le matin, on se réveille en criant, jurant, prêt au combat… Cela ne se produit pas dans l’Église. Saint Jean Chrysostome a dit les paroles suivantes à ce sujet : « Veux-tu voir ce qu’est l’Église et quel est le miracle que produit l’Église ? C’est très simple. Entre dans l’église et tu verras que c’est un lieu où tu entres loup et tu sors agneau, tu entres brigand et tu sors saint, tu entres coléreux et tu sors doux, tu entres homme et tu sors dieu selon la grâce ».

C’est cela, l’Église. C’est quelque chose dont on ne peut douter, à savoir que l’homme, dans l’espace ecclésial, dans l’atmosphère des hymnes, acquiert beaucoup de sérénité et, pour cette raison, l’Église orthodoxe possède de nombreux offices, c’est une Église liturgique par excellence et toute l’influence thérapeutique qu’elle exerce sur l’homme et son âme est une influence liturgique.

C’est donc une bénédiction pour l’homme de mettre correctement en valeur son temps, de trouver un peu de temps pour se reposer réellement, mais principalement de consacrer du temps à Dieu et d’apprendre à prier. Dans notre vie quotidienne, nous rencontrons beaucoup de difficultés et de déceptions, beaucoup de jeunes se trouvent dans l’impasse, beaucoup de signes d’interrogation et de problèmes existent dans les âmes des hommes et beaucoup d’angoisse. Et encore, cette obscurité qui entre dans l’âme fait que l’homme ignore qui il est, ce qu’il fait et où il va, il ne sait pas ce qu’il veut. Toutes ces choses se soignent lorsque l’homme commence à mettre correctement en valeur son temps, à prier, car la prière lui donne la force et la lumière, parce que Dieu Lui-même est Lumière et la Lumière Divine commence peu à peu à dissiper les ténèbres spirituelles.

Version française Bernard Le Caro
(que nous remercions chaleureusement)

Source :



[1] En Grèce et dans les Églises hellénophones, le canon de supplication (« paraclisis ») à la Mère de Dieu est chanté quotidiennement dans toutes  les églises pendant le Carême de la Dormition (ndt).

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