vendredi 20 juin 2014

Roman Savtchouk: La fidélité de sainte Xénia à Dieu



Saint-Pétersbourg à la fin du XVIIIe siècle ne pouvait pas être aussi bruyante et peuplée qu’elle ne l’est aujourd'hui, mais même alors, elle aurait difficilement pu être appelée une île paisible de paix salvatrice. En Russie, il y avait encore quelques endroits inhabités et solitaires, qui attiraient les ouvriers prêts à se sacrifier dans le domaine du service pacifique pour Dieu. Il semblait que c’était là des lieux de choix pour ceux qui souhaitaient sincèrement consacrer leur vie au Créateur.

L'image de la bienheureuse Xénia semble d'autant plus étrange dans le contexte de l'agitation et de la vanité de la capitale. Cela semble avoir été oublié par la femme vivant dans les rues bruyantes d'une grande ville, déterminée à vivre sa vie uniquement selon les commandements de l'Évangile, indépendamment de toute opinion humaine. 
Vêtue de vêtements d'hommes, se faisant appeler du nom de son défunt mari, Andréi Féodorovich, la bienheureuse pouvait-elle vraiment s'attendre à la compréhension et à la sympathie de ceux qui l'entouraient? Ou, peut-être voulait-elle intentionnellement augmenter son podvig [labeur ascétique] par son endurance devant l'humiliation des autres? Si oui, alors tout s'est bien passé selon ce plan dès le début. 

En été et en hiver, dans le froid et la chaleur, la sainte errait pendant des journées entières autour de Saint-Pétersbourg; et des gens mauvais, des garnements des rues en particulier, souvent riaient et se moquaient d'elle. Cependant, les gens autour d'elle ne tardèrent pas à remarquer que dans ses paroles et ses actions, il y avait un sens profond caché. Et quand la bienheureuse commença à être respectée en tant que clairvoyante, à peine apparaissait-elle dans les rues et les marchés de la ville que tous ceux qui la connaissaient lui offraient leurs services. 

Indépendamment de la saison ou du temps, chaque nuit, la bienheureuse Xénia allait aux champs et priait jusqu'à l'aube. Là, dans ses paroles, la présence de Dieu était "plus nette". Cela rendait d'autant plus perplexe… pourquoi la sainte revenait-elle alors dans la capitale? Pourquoi ne restait-t-elle pas en permanence dans ce lieu où il était si bon pour elle de demeurer avec Dieu?

Bien sûr, la réponse à cette question se trouve à la frontière des formes rationnelles. Il est difficile de sonder ceci par la seule raison. Cependant, le cœur chrétien diffère du cœur incrédule précisément dans le fait qu'il ne rejette pas des vérités qui ne peuvent être sondées par la raison. Et cette reconnaissance de la force de l'âme capable d'agir contrairement à la raison, nous rapproche de la compréhension du podvig de la sainte. Mais ce n'est pas tout.

Dans l'image de sainte Xénia, tout le monde peut trouver quelque chose de familier et de proche. Il semble qu'il n'y ait pas de barrières entre la sainte et l'âme de toute personne-aucun malentendu, ou différence d'opinions. Il suffit de dire un mot, d'éveiller un sentiment dans le cœur, et vous serez immédiatement entendu, compris, consolé…

D’où vient une telle force, une telle audace et un tel amour?

Dans l'Ecriture Sainte, il y a ces paroles remarquables: Garde ton coeur plus que toute autre chose, Car de lui viennent les sources de la vie (Proverbes 4:23). Sainte Xénia a su préserver son cœur et son trésor le plus important : sa fidélité au Christ. C’est le témoignage de la vie de notre chère petite Xénia, le pouvoir tout-conquérant de la fidélité au Christ. 

Ce fut le don de son cœur, et en suivant son appel, elle a su préserver intacte son âme, malgré la vanité et les opinions, la moquerie et l'attention flatteuse de ceux qui l'entouraient. Elle ne recherchait pas le Christ dans les labeurs ascétiques ou dans l’éloignement de ce monde vain, mais elle est simplement restée fidèle à Ses commandements, n’a pas craint de se plonger dans la mer orageuse du bruit de la ville. 

Vu de l'extérieur, ce chemin de folie que la sainte a suivi, lui a été donné par le Seigneur comme une réponse à son désir sincère de préserver sa fidélité à Dieu et à son amour pour son époux, que le Seigneur avait accordé à son cœur. 

Son podvig reste caché, mais ses fruits rendent encore heureux ceux qui s'adressent à sainte Xénia pour avoir de l'aide. Par sa folie-en-Christ, elle ne faisait que témoigner de la vérité qui était fermement ancrée dans son foyer: la fidélité à Dieu peut nous conserver toujours et partout, en toutes circonstances. Dieu nous garde, et mais nous pas ! 

Par conséquent, là où il est le désir sincère de suivre les commandements de l'Evangile, il n'y a plus de peur face à la réalité. Le cœur fidèle ne voit que Dieu devant lui, et place Sa réalité, exprimée dans les Évangiles, plus haut que tout ce qui est visible. 

Celui qui est fidèle à Dieu n'a pas peur de prendre des mesures décisives, car il se confie le Créateur pour être dirigé... Témoignage également de la force d'un cœur fidèle à son Créateur, est l’incroyable chaleur et de compassion de sainte Xénia, qui la rendent proche et chère à toute âme orthodoxe.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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