dimanche 29 juin 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


16/29 juin
3ème dimanche après la Pentecôte
St Tikhon, évêque d'Amathonte (425) ; St hiéromartyr Tigrius, prêtre et martyr Eutrope, lecteur (vers 404) ; St Tikhon de Kalouga (1492) ; St Tikhon de Kostroma, thaumarture (1503) ; St Moïse d'Optino (1862) ; transfert des reliques de St Théophane le Reclus (2002) ; Sts hiéromartyr Hermogène, évêque de Tobolsk, Ephrem Dolganev, Michel Makarov, Pierre Koreline, prêtres et martyr Constantin Miniatov (1918).

Lectures : Rom. V, 1-10 ; Hébr. VII,26 – VIII, 2 ; Matth. VI, 22-33 ; Jn. X, 9-16

VIE DE SAINT TIKHON D’AMATHONTE[1]

N
otre saint Père Tikhon était le fils de modestes chrétiens d’Amathonte, ville située dans la partie méridionale de Chypre. Consacré à Dieu dès son enfance, il grandit dans la piété et fut ordonné lecteur. Son père, qui était boulanger, l’avait un jour chargé d’aller vendre les pains en ville ; mais appliquant les préceptes évangéliques, Tikhon les distribua aux pauvres. Quand son père s’en aperçut, il entra dans une violente colère. L’enfant lui répondit qu’il n’avait fait que prêter aux pauvres et qu’ils en recevraient la récompense au centuple, conformément à la promesse du Seigneur. De fait, quand ils rentrèrent à la maison, ils trouvèrent leurs réserves pleines de blé.

Après la mort de ses parents, il distribua tous ses biens et, rejetant les soucis du monde pour se charger du joug doux et léger du Christ, il se présenta à l’évêque Mnémonios. Celui-ci, discernant les qualités du jeune homme, l’ordonna diacre, et le chargea de la gestion des biens de l’église et de l’enseignement du peuple. Par ses paroles pleines du feu de l’amour divin, Tikhon réfutait aisément les tromperies des Juifs et des païens, et présentait un grand nombre d’entre eux à l’évêque pour être baptisés. À la mort de Mnémonios, saint Tikhon fut consacré évêque d’Amathonte par saint Épiphane [12 mai], et il brilla dès lors sur le candélabre de l’Église, convainquant les uns de la vérité évangélique par ses arguments irréfutables et amenant les autres à la foi par ses miracles éclatants. Il expulsait les démons, guérissait les malades du corps et de l’esprit, et, en un mot, rendait possible l’impossible par la grâce de Dieu agissant en lui. Comme certains idolâtres persistaient dans le culte des faux dieux, le saint évêque pénétra dans leur temple et renversa les statues. Tenant en main un fouet, il chassa la prêtresse d’Artémis, Anthoussa, qui l’avait couvert d’injures. Par la suite, celle-ci réalisa que la puissance de Dieu était avec le saint, elle confessa le Christ et fut baptisée sous le nom d’Évanthia. Un jour, dans un grand concours de danses et d’obscénités, les païens organisèrent une procession avec la statue de la déesse de Chypre. Mais lorsqu’ils passèrent auprès de l’église, saint Tikhon en sortit, brisa la statue et confondit leurs superstitions de telle manière que tous se convertirent et demandèrent le baptême. Une autre fois, le saint évêque fut accusé par deux païens, Calykios et Cléopâtre, et dut comparaître devant le gouverneur de l’île. Il répondit au magistrat qu’étant serviteur du Dieu Ami des hommes, il ne pouvait manquer de l’imiter et d’avoir pitié de tous ceux qui gisent dans les ténèbres de l’erreur pour leur enseigner qu’il n’y a qu’un seul vrai Dieu. Il ajoutait qu’il considérait les païens comme des malades, que Dieu l’avait chargé de guérir, et qu’il était prêt à souffrir leurs injures et leurs mauvais traitements, comme maigre contrepartie des souffrances endurées par le Seigneur pour notre Salut. Impressionné par la confiance tranquille du saint, le juge le fit relâcher, et cette audience provoqua de nombreuses conversions dans l’assistance.

Saint Tikhon possédait un champ dans lequel il avait fait planter une vigne. Un jour, quelque temps avant son départ de cette vie, il s’y rendit pour surveiller le travail des vignerons qui émondaient les sarments desséchés. Il ramassa un de ceux qui avaient été jetés pour être brûlés, le présenta au Christ et lui demanda que ce sarment reprenne vie et qu’il porte, avant la saison, des fruits doux et abondants. Puis il le planta en terre, assurant ceux qui étaient présents que ce miracle continuerait de s’accomplir perpétuellement, en témoignage de la présence invisible de leur pasteur et de ses prières vigilantes. Effectivement, après le repos du saint, chaque année, alors que la veille de sa mémoire, célébrée le 16 juin, les grappes étaient encore vertes, comme il est naturel en cette saison, elles mûrissaient soudainement pendant la vigile et se trouvaient, noires et juteuses, au moment de la Divine Liturgie, pour être mêlées au saint Sacrifice. Des grains de raisin étaient emportés par les fidèles pour la bénédiction de leurs vignes et d’autres pour la guérison des malades.

Lorsque saint Tikhon reçut de Dieu l’annonce de son trépas, il alla rendre visite aux villageois qui se trouvaient aux champs pour la moisson de l’orge. Ceux-ci se précipitèrent pour recevoir sa bénédiction, et ils entendirent une voix céleste qui invitait le saint à rejoindre le Royaume des cieux. Trois jours plus tard, il tomba malade, lui qui durant de longues années avait relevé par sa prière tous ceux qui étaient souffrants. Il consola sa mère qui se lamentait à son chevet, en lui rappelant que nous ne devons vivre ici-bas que dans l’espérance de la Résurrection ; puis, rassemblant ses enfants spirituels, clercs et laïcs, il fit l’éloge de la dignité des chrétiens qui sont devenus enfants de Dieu et frères du Christ, appelés à suivre ses traces sans se laisser tromper par les séductions de cette vie. Après être resté alité trois jours, le saint pasteur fut reçu avec joie dans la cour céleste, alors que toute l’île de Chypre était dans le deuil. Lors de ses funérailles, célébrées par tous les évêques et prêtres de l’île, en présence d’une foule immense, son corps irradiait de lumière et dégageait un délicieux parfum.

Conformément à sa promesse, saint Tikhon ne cessa pas de veiller sur son troupeau. Il guérit une femme de la lèpre et délivra un enfant sourd-muet possédé du démon de la manière suivante. Comme les parents de l’enfant s’éloignaient tristement du sanctuaire du saint, après y avoir longuement prié pour sa guérison, en attribuant à leurs péchés l’échec de leur requête, saint Tikhon leur apparut, sous l’apparence d’un prêtre, et les exhorta à la persévérance. Le démon agita alors furieusement l’enfant et s’enfuit en criant : « Ô Tikhon, c’est ton assurance auprès de Dieu qui me chasse » et l’enfant se mit à parler clairement.

Tropaire du dimanche, 2ème ton
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire de St Tikhon d'Amathonte, ton 1
Пусты́нный жи́тель, и во пло́ти А́нгелъ,  и чудотво́рецъ яви́лся еси́, Богоно́се о́тче нашъ Ти́хонe, посто́мъ, бдѣ́нiемъ, моли́твою Небе́сная дарова́нiя прiи́мъ,  исцѣля́еши неду́жныя и ду́ши вѣ́рою приходя́щихъ ти́.  Сла́ва Да́вшему тебѣ́ крѣ́пость,  сла́ва Вѣнча́вшему тя́,  сла́ва Дѣ́йствующему тобо́ю всѣ́мъ исцѣле́нiя.
Habitant du désert et ange dans le corps, tu fus thaumaturge, ô Tikhon, notre père théophore ; par le jeûne, les veilles et la prière, tu as reçu des dons célestes ; tu guéris les malades et les âmes de ceux qui accourent vers toi avec foi. Gloire à Celui qui t’a donné la force, gloire à Celui qui t’a couronné, gloire à Celui qui par toi accomplit pour tous des guérisons.

Kondakion de St Tikhon d'Amathonte, ton 3
Въ по́стничествѣ, свя́те, боголюбéзномъ пребы́въ, Утѣ́ши-телеву си́лу съ высоты́ прiя́лъ еси, íдолъ низложи́ти прéлести, лю́ди же спасти́, дéмоны отгна́ти, неду́ги исцеля́ти. Сего́ ра́ди почита́емъ тя́, я́ко Бо́жiя дру́га, Ти́хоне блажéнне.
Toi qui demeuras dans l'ascèse, tu reçus la force du Paraclet depuis les hauteurs, tu chassas l'illusion des idoles, tu sauvas les hommes, tu expulsas les démons, et tu guéris les maladies. Aussi, nous te vénérons comme l'ami de Dieu, bienheureux Tikhon.


Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, и áдъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша : тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur Tout-Puissant, Tu es ressuscité du Tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi ; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne

COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME
Afin que le mystère de la divine Eucharistie soit célébré, le Seigneur a donné aux Apôtres et à leurs successeurs « la puissance nécessaire pour pouvoir l’accomplir », c’est-à-dire le Saint-Esprit. « Telle est l’œuvre de cette divine descente. Car, descendu une fois, le Saint-Esprit ne nous a pas ensuite abandonnés, mais Il est avec nous et Il y sera pour toujours… C’est cet Esprit qui par la main et la langue des prêtres consacre les mystères » (St Nicolas Cabasilas). La descente du Paraclet sur nous et ces dons ici offerts est la réponse de Dieu à la supplication de Ses enfants. C’est l’assurance que Dieu nous considère comme Ses enfants et que nos dons ont été reçus par Son amour. « Quand vous voyez l'Esprit-Saint descendre en abondance, ne doutez plus de notre réconciliation avec Dieu», dit saint Jean Chrysostome.

Par la divine Liturgie, « nous pouvons toujours célébrer la Pentecôte » (St Jean Chrysostome). La descente du Paraclet est la Pentecôte eucharistique : « Le moment présent [de la divine Liturgie] signifie ce moment [de la Pentecôte] » (Vêpres de la Pentecôte). La présence du Paraclet rassemble le peuple de Dieu autour de la sainte Table. Le Paraclet soude toute l’institution de l’Église (Vêpres de la Pentecôte). « Si l'Esprit n'était pas présent, l'Église n’aurait pas été fondée ; mais puisque l'Église existe, il est manifeste que l’Esprit est présent » (St Jean Chrysostome).

Saint Syméon le Nouveau Théologien disait, en dissimulant sa propre personne, qu’il avait entendu quelqu’un d’autre dire : « Je n’ai jamais célébré sans voir le Saint-Esprit, de même que je l’ai venu venir sur moi lorsque l’évêque m’a ordonné… Je L’ai vu simple et sans forme, mais assurément comme lumière. Et, alors que je contemplais… Le Saint-Esprit m’a dit secrètement : “C’est ainsi que Je viens chez tous les Prophètes, chez les Apôtres, chez les Saints et les élus de Dieu qui vivent aussi aujourd’hui. Car je suis le Saint Esprit de Dieu” (St Syméon le Nouveau Théologien).
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 1-12
Liturgie : Rom. VI, 18.23 : Matth. VIII, 5-13


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

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