lundi 19 mai 2014

Staretz Evménios [Saridakis]: Le saint ami des lépreux (I)




Père Evménios naquit en 1931 à Ethi de Monophatsion dans la province  de Crète d'Héraklion, huitième enfant d'une famille pauvre de fidèles chrétiens. Il devint moine à l'âge de 17 ans ; Il  lutta pour cultiver son âme avec l'amour et la prière et il fut éprouvé très durement par la lèpre ; mais plus tard également, alors prêtre, il fut tourmenté par une influence démoniaque qui tourmenta son corps et  son âme, mais il fut libéré après de nombreuses prières, vigiles et exorcismes dans les monastères de Crète, comme les monastères de Koudoumas et de Panagía Kalyviani.

La lèpre l'amena à l'hôpital des maladies infectieuses, dans la banlieue d'Athènes de Sainte Barbara. Là, il fut guéri, mais, après avoir vu la souffrance humaine, il décida de rester à l'hôpital en tant que prêtre, afin d'aider à réconforter ses semblables autant qu'il le pouvait! Là, "il devait commencer son travail pastoral dans la présence pour lequel, ceux qui ont des diplômes théologiques et des positions ecclésiastiques devraient se mettre à genoux."

Son amour et ses labeurs ascétiques lui apportèrent la Grâce de Dieu; cet humble prêtre (qui officiait dans la chapelle des saints anargyres et médecins, Côme et Damien, située à l'intérieur de l'hôpital des maladies infectieuses) atteignit un haut degré de sainteté (qu'il gardait secrète autant qu'il le pouvait) et il fut doté du don de clairvoyance, d’expériences spirituelles élevées et de visions et il aida d'innombrables personnes de toutes classes sociales et niveaux d'éducation - non seulement avec ses conseils et ses prières, mais aussi par sa présence sanctifiante.

Le staretz aimait tout le monde, chaque individu personnellement, et c’était un saint particulièrement rieur (Son rire tonitruant était un de ses traits distinctifs). Il quittait aussi souvent le sanctuaire au cours de la Liturgie, la barbe trempée de ses larmes, car il avait l'habitude de prier pour tous nos semblables qui souffraient et qui étaient malheureux, car de toute évidence il avait aussi le don des larmes.

Notre bien-aimé prêtre riait; Il avait l’habitude de beaucoup rire. Il riait avec nous et nous "infectait" avec sa joie. Il riait avec les saints, avec notre Dame, la Génitrice de Dieu, avec les anges, et il nous infectait de nouveau, avec la joie des saints, de notre Dame la Génitrice de Dieu et des anges. C'est pourquoi, chaque fois que nous lui rendions visite étant tristes et fatigués de corps et d'âme, nous repartions avec l’esprit... rasséréné.

Père Evménios riait aussi souvent au cours des offices - Parfois, lors de la lecture du saint Evangile ou lors de l’encensement de l'icône de Notre Dame la Génitrice de Dieu pendant le chant de l'hymne en son honneur: " Toi plus vénérable que les chérubim..."[1], ou pendant les offices  de la "Paraclisis "[2].

[... ] «Celui qui s'approcha de lui vit un prêtre, un moine, avec une grande joie reflétée dans son visage. Cette joie était souvent exprimée par un rire abondant, qui, soit se mêlait à ses paroles ou débordait des bords de ses lèvres fermées à chaque fois qu’il restait silencieux. On pourrait dire que c'était le rire d'un homme rempli de grâce, un cœur débordant de la véritable sérénité divine et de la joie qui se déversait et rafraîchissait ceux qui étaient près de lui et les rendait perplexes.

Il était évident que Père Evménios s’efforçait de se retenir par humilité afin que ce divin trait n’apparaisse pas, mais il ne réussissait pas toujours.

Chaque fois que je lui ai rendu visite, j'ai reçu ce cadeau, c'est-à-dire sa joie et son rire "différents", qui coulaient directement dans mon cœur. Lorsqu’il enfilait son costume hiératique et se tenait aux Portes Royales pour dire "Paix à tous " ou encenser l'icône de notre Toute Sainte sur l'iconostase, son visage, hiératique comme sa tenue resplendissante,  brillait encore plus. Surtout quand en face de l'icône de la Mère de Dieu, pendant l'hymne " Plus vénérable que les chérubim..." ou les Salutations à la Mère de Dieu, il la saluait vraiment débordant  de joie et riant lui-même, comme si la Génitrice de Dieu venait de lui donner certaines nouvelles agréables [...]»[3]

Le staretz Porphyre disait du starez Evménios: "Vous devriez aller recevoir la bénédiction du staretz Evménios, car il est le Saint caché de notre temps. Un saint comme le staretz Evménios arrive seulement une fois tous les deux cents ans. "

À l'hôpital des maladies infectieuses, il eut la chance de rencontrer le saint moine lépreux Nicéphore qui, même aveuglé par la maladie, était néanmoins devenu un grand père spirituel pour de nombreux chrétiens et le maître du staretz Evménios.

Tombe du staretz

Il passa les deux dernières années de sa vie à l'hôpital de « l’Annonciation » et le 23 mai 1999, il rendit l'esprit au Seigneur, et fut enterré à son lieu de naissance (dans Ethi), conformément à ses souhaits.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Ma photo




Notes:

[1] [tropaire important en l'honneur de la Sainte Mère, chanté à un point prédéterminé de l’office du matin tous les jours – aux  matines]
[2] [= paraclèse : prière; ou le Canon Paraclitique, œuvre poétique musicale composée de prières pour la Sainte Mère ou pour un saint. Souvent les chrétiens lisent les paraclèses à la maison, mais elles sont chantées dans les temples aussi]
[3] (cf. Moine Simon, Père Evménios -. Le saint caché de notre temps, Athènes 2010, 2ème édition, pp 137-146. [en grec]).

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