jeudi 20 mars 2014

SAINT STARETZ BARNABE DE GETHSEMANI (2)



Quand Basile eut 30 ans, son instructeur spirituel, le staretz Géronte, lui révéla la volonté de Dieu pour lui. Il dit que Basile devait assumer le startchestvo [office de parternité spirituelle du staretz] et "servir l'humanité souffrante par amour". Puis le vieil homme donna deux morceaux de prosphore à son disciple, en disant "nourris les affamés avec cela, car c'est la volonté de Dieu pour les nourrir avec la parole et le pain." "Nourrir avec la parole" voulait dire donner aux gens l'instruction spirituelle, tandis que "nourrir avec du pain" voulait dire aider les gens à résoudre leurs problèmes de ce monde. 


Basile cependant, se sentait plus enclin à la vie d'ermite. Il ne savait que trop bien combien lourde était la charge de staretz, qu’il devait entreprendre. Alors il implora son staretz avec des larmes de ne pas placer ce fardeau sur lui. Mais le staretz ne pouvait pas annuler la volonté de Dieu. Il bénit Basile pour revenir à l'ermitage pendant un temps. Le lendemain, le jeune moine trouva son staretz atteint de paralysie. L'aîné perdit la parole, et en deux jours il mourut paisiblement... 


Basile avait encore l’espoir que son autre père spirituel, le staretz Daniel pourrait le délivrer du lourd fardeau du startchestvo. Mais le père Daniel l’assura encore une fois qu'il devait prendre sur lui-même "la croix d'édifier le peuple." Il souligna également la date à laquelle Basile devait faire respecter cette volonté, à savoir, après sa mort, à lui Daniel. Cela s'est passé exactement comme il avait prédit.
En 1885, le staretz Daniel lui rappela encore la tâche du startchestvo. Lorsque Basile, à nouveau, le supplia en larmes de lui ôter cette charge, le staretz se mit à saigner de la gorge. C'était ainsi qu’il est mort dans les bras de son disciple spirituel.
Après cela, Basile se résigna finalement à son sort.
Un an plus tard Basile prononça les vœux de moine du second degré, sous le nom de Barnabé, nom hébreu qui signifie "fils de consolation". Depuis lors, son œuvre de staretz commença. L'Eternel lui accorda le don de clairvoyance et de guérison spirituelle et corporelle. 

Ceux qui souffraient et les opprimés commencèrent à affluer de partout vers l'Ancien Barnabé. C'est ce que son contemporain, le professeur Vvedensky de l'Académie théologique de Moscou, a écrit à ce sujet: 

"Sa cellule était misérable, mais elle semblait accueillir tellement de gens pauvres et misérables, que pas une maison de charité n’aurait jamais pu le faire.
Depuis tôt le matin jusques à tard dans la nuit, les gens de tous les horizons de la vie - des fonctionnaires, des universitaires, des religieux et des pèlerins ordinaires - s'assemblaient pour avoir une conversation avec le staretz.
Cet homme pieux avec un regard pénétrant, légèrement courbé et vêtu d'une soutane râpée, les accueillaient tous avec un sourire affectueux. Tout le monde venait au staretz Barnabé comme à une source de paix et de chaleur." 

Il appelait ses visiteurs "petits fils" et "petites filles", quelle que soit leur position dans la société. Parmi ses "petits fils" se trouva également le dernier tzar de Russie, Nicolas II, qui vint vers le staretz en 1905 faire repentance. 


La croix du startchestvo nécessite une complète abnégation. Et le staretz était remarquablement doué pour l’oubli de soi-même. Il recevait les visiteurs des journées entières. Quand l'afflux de personnes était trop grand, il ne mangeait pas pendant plusieurs jours d'affilée. Il ne dormait que trois heures par jour, car il devait mettre de côté un peu de temps pour la prière privée. Il devait également répondre aux nombreuses lettres qu'il recevait de ses enfants spirituels. 


Les gens devenaient les enfants spirituels du staretz pour diverses raisons. Voici un exemple tiré des souvenirs de l'une des ses filles spirituelles, une dame française, du nom de Marie-Madeleine Gamel: 

"J'ai d'abord rencontré le staretz Barnabé chez mes amis à qui je rendais visite. Pendant longtemps, j'ai entendu des histoires très affectueuses sur le Père, et j'étais un peu curieuse de voir la personne qui était traitée avec une telle révérence. 



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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