vendredi 28 mars 2014

Moniale Magdalena (Nekrassova) : Une histoire incroyable de trahison et de repentance (4)




Après de longs applaudissements du public a commencé à se disperser. L’apparition inattendue du directeur, et le regard foudroyant dans ma direction me ramenèrent à la réalité. Je fus terrifiée, je pensais qu'ils allaient m'arrêter là, tout de suite, et ainsi je suis restée assise dans le box, en attente de mon sort. Mais personne n'est venu, et je commencé à me diriger vers la sortie dans le hall, quand une foule évidemment en colère, est venue à ma rencontre. Quelqu'un me lança crûment:

" Ils ont eu raison d'envoyer des gens de votre genre en prison!"

" Les voilà,  les ennemis!"

"Nous savons comment parler à des gens comme vous!"

Leur colère a grandi rapidement, ils se pressaient toujours plus proches de moi, et quelqu'un agitait son poing près de mon visage. La situation est devenue critique lorsque soudain, et d’une manière inattendue, Tchertkov lui-même est  apparu. La foule se fendit, et mon adversaire idéologique proposa courtoisement de continuer notre discussion, si je le voulais, dans le bureau du directeur. (Plus tard, j'ai appris que le corps principal d'auditeurs du public, était composé d'agitateurs envoyés par les usines locales, les entreprises, les écoles, et ainsi de suite, afin d'acquérir une expérience pratique dans la propagande antireligieuse.

 Alors, nous sommes entrés dans un bureau spacieux avec une douzaine d’athées militants les plus actifs se précipitant pour entrer après nous, et Tchertkov m'a invitée à m'asseoir à la table du directeur en face de lui. Il a commencé par exprimer sa compassion envers moi, jeune fille qui ruinait ma vie. Heureuse que la conversation prenne un caractère plus doux et plus ouvert, j'ai aussi sincèrement exprimé ma sympathie pour la catastrophe qu'il avait amenée sur lui-même. Il fut, bien sûr, très surpris par mes paroles. Je leur ai expliqué en disant que, après tout, il avait un jour rencontré la vérité face à face, vérité qu'il refusait maintenant de façon virulente, et qu'il verrait en effet Celui qu'il avait renié quand il quitterait cette vie, et que ce serait terrible alors!

Je voudrais dire ici que, après cela, notre "dispute" a pris un ton calme, complètement différent, sincère, et avec même un soupçon de respect de sa part, en tout cas , c'est comme ça que je m'en souviens ; et plus tard, les événements le confirmeraient.

Lui-même ne dit pas grand chose, mais je continuai à exprimer ma douleur de voir l’exemple vivant d'un homme qui avait renoncé à son sacerdoce. Je lui ai assuré qu'il n'avait jamais véritablement cru en Dieu. J’ai maintenant honte de me rappeler combien primaires étaient mes arguments, mais je parlais très ardemment et très sincèrement. 


Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après


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