mercredi 19 février 2014

Père Syméon (de la Jara) : Sur un chemin de rectitude, du Pérou au Mont Athos


Photo: Tάκης Διαμαντόπουλος


Lorsque Miguel Angel de la Jara Higgingson eut sept ans, sa mère eut une vision. Elle sentait que son fils la quitterait un jour pour un "endroit lointain, comme une île, là où des gens  de solitude vivaient et priaient tout le temps et mettaient rarement les pieds dans le monde." Même elle, cependant, ne pouvait sans doute pas imaginer à quel point de son Pérou natal, à la fois physiquement et spirituellement, la quête de sa vie l'amènerait.

Maintenant, c'est Père Syméon, l'ermite, le moine grec orthodoxe qui vit sur ​​le mont Athos, une communauté monastique uniquement masculine, auto administrée sur la péninsule d'Athos - la plus orientale des trois péninsules qui s'avancent dans la préfecture nord de la Grèce en Chalcidique.

Cependant, ce ne sont pas seulement ses origines péruviennes qui font de Père Syméon un telle  figure bien connue parmi les visiteurs de Mount Athos, c'est aussi sa présence rayonnante comme artiste, poète et peintre qui le rend si recherché, en particulier par les jeunes gens.

Son voyage a commencé en 1968, quand, à l'âge de 18 ans, il a quitté le Pérou pour découvrir le monde. Après avoir voyagé à travers l'Europe et l'Asie pendant plus de deux ans - au cours desquels il a été exposé aux philosophies orientales et à des religions comme le bouddhisme, l'hindouisme et le yoga,  il s'est installé à Paris, où il a vécu pendant les trois années suivantes.

C'est à Paris qu'il rencontra un moine grec orthodoxe, et connut l'Orthodoxie, rencontre qui devait avoir un effet profond sur lui. Pendant les deux années et demie suivantes, il étudia l'hagiographie (la peinture d'icônes) avec Léonide Ouspensky, tandis que son intérêt pour l'Orthodoxie s'approfondissait.

Il visita d'abord la Grèce en 1972, où il accepta la foi orthodoxe, avant de retourner y rester en 1973, rejoignant à l'origine le monastère d'Aghios Georgios (Saint-Georges, sur la grande île grecque d'Eubée). Lorsque, en 1974, l'ensemble du monastère fut transféré à Aghios Grigorios (Saint-Grégoire) sur le mont Athos, Syméon suivit, vivant au monastère d'Aghios Grigorios jusques en 1987. Ensuite, il devint ermite, passant à la cellule du vieil ermite de Timios Stavros près du monastère de Stavronikita, où il a construit une nouvelle dépendance et formé un complexe.

Lors de la première rencontre avec Père Syméon, on est frappé par sa passion et  sa joie juvéniles - des qualités qui, comme il le dit, " ne peuvent pas être cachées." Auditeur compatissant et parlant doucement, il répond aux questions avec spontanéité et rigueur, sans jamais devenir dogmatique ou lointain. Derrière ses yeux perçants est un esprit curieux, cherchant toujours des façons d'exprimer l'amour et la joie qu'il veut partager avec les autres.

Après 24 ans en Grèce, Père Syméon déclare un amour profond et une profonde admiration pour la culture et la langue grecque, en disant qu'il préfère écrire en grec qu'en sa langue maternelle espagnole. Par ses nombreux voyages, il a acquis une expérience riche et variée, ainsi que l'amour du surréalisme français, des tatamis, de la nourriture japonaise et de l'art chinois. Et à sa famille péruvienne, il doit son amour de l'art.

Selon Syméon, c'est le besoin de puiser dans la joie intérieure en toutes choses qui l'a conduit à l'art et à la prière qui a été la force dominante dans sa vie. À travers la poésie, les peintures, les photographies, les prières et les conférences, il a tendu la main, et a essayé de toucher le cœur des gens au-delà des frontières de la Sainte Montagne.

Il a publié plusieurs ouvrages, y compris sa conférence de 1985 " Νηφάλιος μέθη (Nifalios Methi) " [Ivresse sobre], la publication de 1983 "The Holy Mountain Today (La Sainte Montagne aujourd'hui)" publié à Alexandria Press à Londres, et le recueil de poésie "Συμεὼν Μνῆμα (Symeon Mnima)" [Souvenir de Syméon], publié en 1994. Un nouveau recueil de poésies intitulé "Μὲ ἱμάτιον μέλαν (Me Imation Melan)" (en tissu noir), va paraître aux éditions Agra à Athènes.

Artiste dans la solitude autant que solitaire, moine dans le milieu de l'art, ses poèmes et ses peintures ont à la fois la fraîcheur de l '«ici et maintenant» et la profondeur de l'éternité, et elles sont d'une immédiateté et d'un équilibre remarquable. Elles font se demander quelle est la différence entre l'artiste et l'ermite - ou même s'il y en a une.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Témoignage de Mario Vargas Llosa, écrivain péruvien 
Mon ami Stavros m'a dit, il y a quelques nuits, à Athènes, au cours d'un dîner dans un terrasse imprégnée d'arômes, sous un ciel plein d'étoiles scintillantes, "Si tu vas au Mont Athos, tu dois le connaître. C'est un hiéromoine (moine-prêtre), un ermite, un peintre, un poète, un mystique, vénéré dans toute la Grèce, l'une des figures de proue de l'Eglise orthodoxe. Et attends-toi à une surprise, le père Syméon n'est pas grec, mais péruvien."Depuis lors, cet homme n'a pas quitté mon esprit un seul instant. Et là, je le trouve parmi les participants, conférencier invité pour parler de la Poétique d'Aristote, de la tradition mystique et de sa propre poésie.
in
(en espagnol)
 

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