lundi 3 février 2014

Père Edward Pehanich:Les saintes reliques


Shrine with the relics of the holy hierarch John


Reliques de saint Jean ( Maximovitch)



Si vous entrez dans la cathédrale orthodoxe située sur Geary Boulevard à San Francisco, vous remarquerez des gens qui allument des cierges devant un petit reliquaire en forme de pavillon sur le côté droit de l'église. En regardant de près, vous verrez des gens se pencher pour embrasser le verre recouvrant le cercueil de l'archevêque de la cathédrale qui est mort en 1966. Ils vénérent les saintes reliques de saint Jean le Thaumaturge, archevêque de San Francisco. Pourquoi cette vénération d'un corps mort? Est-ce une pratique superstitieuse ou païenne qui s'est glissée dans l'Église chrétienne?

Témoignage biblique

L'honneur et la vénération des restes des saints hommes et femmes peuvent être trouvés dans la Bible, et dans la pratique des premiers chrétiens. L'exemple le plus spectaculaire est enregistrée dans l'Ancien Testament et raconte l'histoire d'un miracle accompli par le contact avec les os du Saint Prophète Elisée :

Élisée mourut, et on l'enterra. L'année suivante, des troupes de Moabites pénétrèrent dans le pays.Et comme on enterrait un homme, voici, on aperçut une de ces troupes, et l'on jeta l'homme dans le sépulcre d'Élisée. L'homme alla toucher les os d'Élisée, et il reprit vie et se leva sur ses pieds. (2 Rois:13:21 )

Le livre de la Sagesse de Sirach de l'Ancien Testament rappelle ce miracle accompli par les os d'Elisée :

Elisée fut couvert par le tourbillon,
Et Élisée fut rempli de son esprit (Elie).
Et dans ses jours, il ne tremblait devant aucune gouvernant, et personne ne l'opprimait.
Aucune parole ne pouvait le vaincre,
Et après la mort, son corps prophétisa, comme dans sa vie, il faisait des miracles,
Ainsi, même dans la mort ses œuvres étaient incroyables. (Sagesse de Sirach 48:12-14)

Dans le Nouveau Testament, les premiers chrétiens ont trouvé qu'il y avait un pouvoir miraculeux dans des mouchoirs qui avaient été en contact avec les apôtres, et même simplement l'ombre de l'apôtre Pierre était suffisante pour effectuer une guérison:

Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au point qu'on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps, et les maladies les quittaient, et les esprits malins sortaient. (Actes 19:12)

Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s'augmentait de plus en plus; en sorte qu'on apportait les malades dans les rues et qu'on les plaçait sur des lits et des couchettes, afin que, lorsque Pierre passerait, son ombre au moins couvrît quelqu'un d'eux. La multitude accourait aussi des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs; et tous étaient guéris. (Actes 5:15)

Les premiers chrétiens

Comme lors de ces expériences avec les saints apôtres, les premiers chrétiens accordaient un honneur spécial aux corps des saints martyrs, ces hommes et ces femmes qui donnèrent leur vie pour le Seigneur. L'un des premiers documents chrétiens, datant d'environ l'an du Seigneur 155, est intitulé Le Martyre de Polycarpe. Ce document primitif raconte l'histoire du martyre de l'évêque âgé saint Polycarpe. Il nous donne un aperçu de la façon dont l'Église primitive a honoré les reliques de ses martyrs:

Et ainsi, après, nous avons pris ses os, plus précieux que des pierres précieuses et plusfines que l'or, et les avons mis dans un endroit approprié. Là, dans la mesure où nous nous le pourrons, le Seigneur nous permettra de nous réunir dans l'allégresse et la joie et de célébrer l'anniversaire de son martyre, à la fois dans la mémoire de ceux qui ont combattu ce combat, et pour la formation et la préparation de ceux qui vont combattre. (Martyre de Polycarpe, chapitre 18)


Beaucoup de Pères de l'Église ont écrit sur cette vénération des reliques des martyrs, dont saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nysse, saint Jérôme et saint Grégoire de Nazianze. Saint Grégoire de Nysse, au 4ème siècle, dans son Sermon sur le saint martyr Théodore dit:

[…] s'approcher de la tombe (du martyr), nous croyons que c'est à la fois une bénédiction et une sanctification. Si quelqu'un prend de la poussière du lieu de repos de martyr, c'est un présent et un trésor méritoires. Si une personne a, à la fois la chance et la permission de toucher les reliques, cette expérience est un prix de grande valeur et semble comme un rêve à la fois à ceux qui ont été guéris et dont le vœu a été accompli […] On implore le martyr qui intercède pour nous, et c'est un préposé de Dieu pour communiquer ces faveurs et ces bénédictions que les gens recherchent.

Théologie du corps

La vénération des reliques des saints est clairement une pratique chrétienne attestée, tant par le témoignage de la Bible que par les pratiques de l'Eglise primitive. Nous honorons les reliques des saints parce que notre foi a toujours cru et enseigné que le salut ne concerne pas seulement de notre âme, mais que notre corps participe à ce salut. 
Notre corps et notre âme sont baptisés, notre corps et notre âme reçoivent l'onction dans la Chrismation, notre corps et notre âme reçoivent le Seigneur dans la Sainte Eucharistie. 
Tandis qu'à la mort notre corps et l'âme sont séparés, au Jour Dernier nos corps se lèveront de terre et rejoindront nos âmes pour recevoir le salut ou la damnation. Notre Seigneur Jésus est monté au ciel avec un corps humain, par conséquent, nos corps sont sanctifiés et saints. 
La grâce de l'Esprit Saint qui a rempli ces saints alors qu'ils étaient en vie, continue à être présente dans leur corps qui ont été et sont les temples du Saint Esprit. Comme saint Paul l'explique dans la Bible :

Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? (1 Corinthiens 6:19)

Le philosophe grec Platon ne croyait pas que le corps soit un temple, mais plutôt une prison ou une cage pour l'âme. Beaucoup d'Américains, alors qu'ils professent croire en la Bible, agissent comme si la philosophie de Platon était vraie. 
Il est de plus en plus courant pour les familles de renoncer à des services funéraires pour leurs proches et d'opter plutôt pour la crémation directe suivie par un "service commémoratif" ou une "célébration de la vie" pour le défunt.
Le corps est sans importance et n'est même plus nécessaire pour les funérailles
Il est assez fréquent d'entendre, lors des funérailles, des déclarations telles que : Ce n'est pas l'oncle Charlie dans ce cercueil, c'est seulement sa coquille. Les chrétiens orthodoxes honorent et respectent le corps humain à la fois avant et après la mort. 
Ce corps d'une mère qui a élevé des enfants ou le corps d'un mari qui a travaillé pour subvenir aux besoins d'une femme et d'enfants demeure saint et honoré. 
Cet organisme qui a reçu le baptême et a été nourri par l'Eucharistie demeure saint et c'est un temple sacré, même après la mort et il est traité avec honneur et respect, amené dans église et béni avec de l'eau bénite et de l'encens.

Reliques séculières

Alors que de nombreux Américains, en particulier les protestants, abhorrent la vénération des reliques des saints, notre culture américaine embrasse facilement la vénération des reliques des saints laïques. Les musées à Washington DC montrent des reliques associées à l'assassinat d'Abraham Lincoln: les gants teintés de sang qu'il portait le soir de son assassinat, des morceaux de son crâne prélevés lors de l'autopsie, la balle de plomb qui l'a tué.

Sur votre ordinateur, Ebay vous vend des reliques sacrées: récemment étaient à vendre des mèches de cheveux d'Elvis, et même une couronne de porcelaine d'une de ses dents! 

J'ai vu des brochures dans les salons funéraires offrant à la vente des colliers avec de petits flacons en cristal dans lequel vous pouviez placer certains des restes incinérés d'un être cher.

Comme des miracles ont été accomplis par les reliques du saint prophète Elisée, les miracles ont lieu aujourd'hui dans les sanctuaires contenant les reliques des saints. 

Parmi les endroits les plus populaires et bien connus comme lieux de guérisons miraculeuses, sont, sur l'île grecque d'Egine, les reliques de saint Nectaire, à Bari en Italie les reliques de saint Nicolas, et en Amérique, et à San Francisco les reliques de saint Jean le Thaumaturge.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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