jeudi 30 janvier 2014

Un voyage avec le Père Lazare Moore



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La première fois, j'ai entendu parler du Père Lazare Moore alors que j'arrivais à Eagle River, en Alaska, en visite sur sa tombe,  réchauffé à la lumière de l'été qui s'attardait sur ​​les bois environnants. Mon père spirituel me parla d'un moine qu'il connaissait et qui est devenu un saint homme, même si je ne suis pas sûr qu'il ait utilisé ces mots, un humble moine qui a aidé des milliers qui venaient du Protestantisme à l'Orthodoxie.

A ce moment-là, je ne suis pas encore baptisé et je viens récemment de rentrer après avoir vécu dans toute l'Inde. Je connais peu ce moine, le père Lazare, a traduit les ouvrages principaux de l'Eglise orthodoxe du russe, du grec et et du slavon en vivant aussi en Inde.

Je me souviens d'avoir prié sur sa tombe, c'était un été sauvage, magique si c'est tout à fait le mot qui convient, débordant comme un verre de vin petit, mais puissant. Que fais-je en Alaska? Qui était ce moine? Je n'ai jamais savoir qui exactement est cet homme, jusqu'à ce que, plusieurs années plus tard alors que je suis baptisé, que j'envisage le séminaire, en vivant à Port Townsend, dans l'état de Washington, admirant les montagnes et les Cascades d'Olympe enneigées. Là, on me présente, ici, sur la côte de l'Amérique, à la femme qui s'occupait de Père Lazare vers la fin de sa vie.

En fait, on me présente présente ses manuscrits, ses enregistrements et ses albums photos, des milliers de livres expédiés d'Angleterre, de Jérusalem, de Grèce, d'Australie et d'Inde, ses soutanes noires, et des transcriptions d'entrevues. Je suis fasciné, et le coeur obligé, non seulement d'en savoir plus sur lui, mais dans ce processus, établissant avec lui une relation.

Sa vie, pièce par pièce, se trouve dans mes mains.

Revues en lambeaux de Palestine, cartes de l'Himalaya, notes griffonnées pour un clergé anglican, un peigne... Qui est cet homme? Pourquoi est-il enterré en Alaska et que ses objets du Moyen-Orient et d'Europe de l'Est restent ici, à Port Townsend, en Amérique?

Je commence à mettre ensemble les pièces de ce puzzle le long des murs de ma propre vie, en réfléchissant à mon propre parcours du catholicisme au bouddhisme, à l'hindouisme et enfin dans l'Orthodoxie. Cependant, le Père Lazare jamais tâté des religions orientales ou des cultes comme je l'ai fait, mais il a vécu en Inde, et a passé du temps au Canada et en Alaska, poussé par l'Esprit Saint et les paroles remarquables de nos saints Pères de l'Église.

Mon grand amour est pour les montagnes, les ruisseaux, et l'air frais qui souffle depuis les océans. Je me rends compte de quelle manière de nombreuses personnes ont tendance à être plus mondaines, dirigées vers ce que nous voyons en dehors de l'invisible, des choses célestes. Et je choisis de rester autant que je le puis, aussi distinct, quoique faisant encore totalement partie de ce monde, sans perdre mon cœur. Je peux être spirituellement malentendant, il est donc important que je penche mon oreille très près de mon cœur, loin des pensées assourdissantes, et des angoisses du monde.

Et c'est ce que je fais quand je vais en avion à Bombay et en bus dans l'Himalaya; c'est ce que je recherche en allant vers Kodiak, en vivant parmi les déserts de la planète, et ceux qui sont les plus proches du giron de son Créateur. Le péché nous laisse pathologiquement confus, je sais que cela ne vient pas seulement de moi, dans mon propre esprit et mon propre cœur, mais de travailler avec des toxicomanes et des gens au comportement handicapé pendant une demi-décennie. Notre religion n'est pas une religion de condamnation, c'est une vie d'amour.

Et plus j'apprends de choses sur Père Lazare, la véritable clé pour moi est de savoir comment il n'utilise pas de parapluies!!! Il marche sous l'orage pour les autres, s'approche du lieu où nous sommes, les bras chargés de textes sacrés, et un coeur débordant d' amour. Et on voit cela encore et encore. Son abandon total à la volonté de Dieu. Jeûnant dix-huit, dix neuf jours avec de l'eau et de la mélisse. Il recherche les orphelins et les veuves spirituels, et leur rend visite et et les nourrit. C'est là la raison, et un fruit de ses efforts de traduction. Des centaines de traductions, non seulement de "petits" œuvres, comme des paragraphes de vie des saints, mais la totalité des Evangiles, tout le Psautier, l'Arène*, l'Echelle Sainte**. Le jardin, les fleurs et les forêts, tous l'attirent et lui inspirent de rendre gloire à Dieu et d'écrire. Si bien que, si vous êtes à dans l'Eglise ou à l'extérieur de l'Eglise, vous continuez dans l'Église, accompagné par la sainte Tradition, et des saints très réels et très actifs. C'est là que la vie "cueille"  et nous entrevoyons notre Dieu des vivants, pas celui des morts. L'Église cesse d'être simplement un temple, ou une obligation, mais un mouvement du cœur et une présence. En ce sens, l'Eglise devient synonyme de l'amour, car elle est le Corps de Dieu, et Dieu est amour, et ainsi nous savons que,  que nous soyons ensemble ou loin de ceux que nous aimons, Il est toujours avec nous. Et par Lui se meuvent toutes choses. Si nous L'avons, niché comme du miel dans nos cœurs, nous possédons toutes choses, et nous retrouvons notre rôle perdu - temporairement - dans le Jardin [dEden].

Nous accomplissons nos rôles en tant que gardien et ami de tout, d'amis de Dieu, comme Abraham. Invitant des anges, sans le savoir.

Père Lazare priait sans calculs, non pas pour gagner quelque chose, mais pour être acquis par tout. Et c'est, partout, un modèle pour les chrétiens.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Notes:
* Ouvrage de saint Ignace du Caucase (Briantchaninov), intitulé l'Arène, Offrande au Monachisme contemporain

** de Saint Jean Climaque

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