mardi 28 mai 2013

Vladimir MOSS : LA FOI, LA SCIENCE ET THOMAS L'INCREDULE (3)

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La vraie foi et la vraie science sont entièrement compatibles, car elles décrivent toutes deux la vérité, dont la source est Dieu. Les incompatibilités et les contradictions surgissent quand il s'agit soit de fausse foi ou de fausse science. Ainsi Père Seraphim Rose écrit: "Même si la connaissance révélée est plus élevée que la connaissance naturelle, pourtant nous savons qu'il ne peut y avoir aucun conflit entre la véritable révélation et la vraie connaissance naturelle. Mais il peut y avoir conflit entre la révélation et la philosophie humaine, qui est souvent dans l'erreur. Il n'y a donc pas de conflit entre la connaissance de la Création contenue dans la Genèse, telle qu'elle est interprétée pour nous par les saints Pères, et la vraie connaissance des créatures que la science moderne a acquise par l'observation ; mais il y a très certainement un conflit irréconciliable entre les connaissances contenues dans la Genèse et la vaine spéculation philosophique des scientifiques modernes, peu éclairée par la foi, sur l'état du monde dans les six jours de la Création". [3]

Prenons le conflit entre le Pape et Galilée. Il s'agissait d'un conflit entre la fausse foi et la vraie science. Le Pape a pris comme divinement révélé - c'est-à-dire comme un principe de foi - que la terre était plate. Mais il n'y avait pas et il n'y a pas une telle révélation divine - en fait, le prophète parle de "cercle de la terre" (Esaïe 40:22). Depuis lors, les scientifiques athées ou agnostiques ont pris comme article de leur foi, que chaque fois que la foi et la science semblent être en conflit, la foi est erronée. Mais c'est, bien sûr, une fausse conclusion. Quand la science véritable confronte la fausse foi, elle rend service à la vérité en démasquant une superstition. Mais il y a aussi des superstitions scientifiques...

"Mais la science est en constante progression", me direz-vous. "Nous devons donc accepter ses dernières découvertes. Sinon, nous serons comme le Pape qui a rejeté Galilée. Après tout, le pape avait une foi fausse, et Galilée avait raison de croire que la terre est ronde. "Mais que faire si nous avons la vraie foi, et que les scientifiques en question ne sommes pas aussi intelligents que Galilée? Comme orthodoxe nous ne sommes en aucun cas obligés de rejeter Galilée - même si nous sommes obligés de rejeter Darwin et Dawkins.

Car notre foi n'est pas un système métaphysique  farfelu qui est compatible avec n'importe quel événement historique concret ou n'importe quelle hypothèse scientifique. Au contraire, comme un arbre, elle est concrètement ancrée dans le sol des événements historiques, même si ses branches s'étendent bien au-dessus de la terre et du ciel dans les cieux. Et il importe peu que vous coupiez l'arbre plus haut sur le tronc, dans le domaine de la théologie pure, ou à la racine, dans le domaine des faits historiques et des hypothèses scientifiques. Ainsi, nous renonçons également à la foi si nous acceptons l'hérésie théologique du Filioque, ou de fausses hypothèses scientifiques, telles que l'évolutionnisme, ou l'idée des physiciens que nous pouvons, en théorie, revenir en arrière dans le temps et tuer nos propres pères, ou l'idée que nous croyons en Dieu par désirs inconscients d'une figure de père, ou que le Christ n'est pas mort, mais s'est réveillé d'un coma et a poussé la pierre du tombeau. Le résultat est le même: la foi est détruite.

Lorsque nous sommes confrontés à de telles hypothèses scientifiques fausses, nous devons faire un choix: croyons-nous notre foi ou cette "prétendue science", comme saint Paul l'appelle (I Timothée 6 :20)? Si nous croyons que la source de notre foi, c'est Dieu Lui-même, Qui ne peut mentir, mais que Lui-même s'est avéré être la Vérité par sa résurrection d'entre les morts, et que nous appartenons à l'Église de Dieu, qui est "la colonne et le fondement de la vérité "(I Timothée 3:15), alors nous devons rejeter ces hypothèses scientifiques, même si nous ne pouvons pas voir immédiatement la faille dans leur argumentation. Cela peut demander un peu de courage (jusqu'à ce que les preuves réfutant les fausses hypothèses scientifiques émergent), mais c'est en réalité une décision très rationnelle, et pas seulement un produit de ce que les incroyants aiment à appeler la foi "aveugle".

Car notre foi, étant fondée sur la vraie raison, satisfait à la fois l'esprit et le cœur. Elle lie tout ensemble dans un système cohérent qui s'auto-renforce à chaque point. Aucun autre système ne satisfait de cette façon; tous les autres systèmes religieux-philosophiques inventés par l'homme, y compris ceux qui mettent la science à la tête de l'édifice, sont à la fin auto contradictoires. Par conséquent, même si certains "faits" apparaissent, qui semblent contredire notre foi, il est beaucoup plus logique de conserver notre foi tout en soumettant les nouveaux «faits» à la critique sceptique. En ce qui concerne ces "faits", nous devons être comme Thomas l'incrédule et vraiment les vérifier en utilisant toutes les ressources de la foi et de la raison. Et si nous ne pouvons pas les réfuter immédiatement, il faut nous toujours croire, car «Heureux ceux qui n'ont pas vu [les preuves scientifiques ou logiques] et qui ont cru» (Jean 20 :29). Car si nous devions rejeter notre foi, tous les problèmes, intellectuels, philosophiques et moraux, qui ne posent aucun problème pour nous maintenant, en tant que croyants, redeviennent des problèmes pour nous. Et de très sérieux problèmes, problèmes qui font de toute l'histoire de l'univers, comme Macbeth le dit, "un conte plein de bruit et de fureur, qui ne signifie rien... " "En tout cas", a dit saint Basile le Grand, "préférons la simplicité de la foi aux démonstrations de la «raison». " [4]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Notes:

[4] Saint-Basile, Homélie 1 dans l'Hexaemeron.

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