dimanche 17 mars 2013

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

Dimanche de l’abstinence des laitages, mémoire de l’exil d’Adam du paradis – 
Dimanche du Pardon
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Saint Gérasime du Jourdain, anachorète (475) ; saint Daniel, prince de Moscou (1303) ; saint Gérasime de Vologda (1178) ; saint Joasaph de Pskov (1299) ; saint Basile, prince de Rostov (1238) ; saint Paul et sainte Julienne, martyrs en Syrie (vers 273) ; saint Jacques le jeûneur (VI) ; transfert des reliques de saint Venceslas de Tchéquie (938). 
Lectures: Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21

DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DES LAITAGES 
En ce dimanche, la sainte Église fait mémoire de l’exil du paradis de nos premiers parents en raison de leur désobéissance et leur absence de tempérance. Par cela est soulignée toute l’importance du labeur du carême qui va commencer. En outre, dans la perte de la béatitude paradisiaque, l’Église veut montrer ce qui est digne de la pénitence et des larmes. « Voici le temps opportun, voici le temps du repentir, écartons les oeuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière : afin qu’en traversant l’océan du carême, nous atteignions la Résurrection du troisième jour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ qui sauve nos âmes ». Par ces mots, nous sommes appelés à oublier dès ce jour tout ce qui jusqu’à présent occupait nos pensées et nos sentiments et les détournait « de l’unique nécessaire » (Lc X, 42). Dans les lectures de l’épître et de l’Évangile, la sainte Église nous présente ses dernières instructions concernant particulièrement l’ascèse du carême. Le jeûne doit commencer par le pardon aux hommes de leurs transgressions et la renonciation aux oeuvres des ténèbres. Autrement dit, il convient d’accomplir de façon non hypocrite les prescriptions du jeûne et d’adopter une attitude non condamnable à l’égard du prochain. La réconciliation avec tous, le pardon à tous de leurs péchés commis à notre égard, constitue la condition première, principale et indispensable à notre réconciliation avec Dieu. Sans cette réconciliation avec tous, on ne peut s’approcher du Seigneur et s’engager sur le stade du carême et du repentir. De là vient l’usage orthodoxe de demander le pardon mutuellement à la veille du Grand Carême. S. Jean Chrysostome enseigne : « nous devons pardonner E aux autres non seulement en paroles, mais aussi d’un coeur pur, afin de ne pas, par la mémoire des offenses, diriger le glaive contre soi. Celui qui nous afflige ne nous fait pas autant de mal que nous-mêmes, en nourrissant en soi la colère et nous exposant ainsi à la condamnation de la part de Dieu. Si nous aimons celui qui nous offense, ce mal retombe sur la tête de celui-ci, et il souffre ; mais si nous nous indignons, nous souffrons nous-mêmes et ce à cause de nous-mêmes ». 

Tropaire du dimanche du 8ème ton 
Des hauteurs, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté d’être enseveli trois jours afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi ! 

Kondakion du dimanche de l’abstinence des laitages, ton 6 
 Guide de sagesse, Donateur de l’intelligence, pédagogue des insensés, protecteur des pauvres, affermis et instruis mon coeur, Maître; accorde-moi la parole, ô Parole du Père. Car voici, je n’empêcherai pas mes lèvres de Te crier : Miséricordieux, aie pitié de moi qui suis tombé ! 

AU SUJET DU RITE DU PARDON1 
Dans l'Église Orthodoxe, le dernier dimanche avant le Grand Carême – jour où lors des Vêpres, on annonce et inaugure officiellement le Carême – ce dimanche est appelé Dimanche du Pardon. Le matin de ce dimanche-là, durant la Divine Liturgie, nous entendons les paroles du Christ : "Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste aussi vous les pardonnera; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus" (Mt VI,14-15). Ensuite après les Vêpres – après y avoir entendu l'annonce du Carême dans le Grand Prokimenon : "Ne détourne pas Ta Face de Ton serviteur, car je suis dans l'affliction; hâte-Toi de m'exaucer. Prête attention à mon âme et délivre-la!" (Ps 68,18-19), après avoir fait notre entrée dans la liturgie du Grand Carême, avec ses commémorations spéciales, avec la prière de saint Ephrem le Syrien, avec ses prosternations – nous nous demandons pardons les uns aux autres, nous accomplissons le rite du pardon et de la réconciliation. Et pendant que nous nous adressons les uns aux autres les paroles de réconciliation, le choeur entonne les hymnes de Pâques, remplissant l'église de l'anticipation de la joie Pascale (...) L'on 1 Tiré du Livre du R.P. Alexandre Schmemann « Le Grand Carême » pourrait objecter: pourquoi devrais-je accomplir ce rite, alors que je n'ai pas "d'ennemis"? Pourquoi devrais-je demander pardon à des gens qui ne m'ont rien fait et que je ne connais qu'à peine? Poser ces questions, c'est méconnaître l'enseignement orthodoxe au sujet du pardon. Il est vrai que l'inimitié ouverte, la haine personnelle, la réelle animosité peuvent être absents de notre vie, quoique si nous en faisions l'expérience, il nous serait plus facile de nous repentir, car ces sentiments contredisent ouvertement les divins Commandements. Mais l'Église nous révèle qu'il y a des manières bien plus subtiles d'offenser l'Amour Divin. C'est l'indifférence, l'égoïsme, le manque d'intérêt pour autrui, du vrai souci pour eux – en bref, ce mur que nous érigeons habituellement autour de nous-mêmes, pensant qu'étant "polis" et "amicaux", nous accomplissons les Commandements de Dieu. Le rite du pardon est si important précisément parce qu'il nous fait prendre conscience – fut-ce au moins une minute durant – que toute notre relation à autrui est faussée, il nous fait expérimenter cette rencontre d'un enfant de Dieu avec un autre, d'une personne créée par Dieu avec une autre, il nous fait ressentir la "reconnaissance" mutuelle qui manque si terriblement dans notre monde froid et déshumanisé. En ce soir unique, tout en écoutant les joyeuses hymnes Pascales, nous sommes appelés à faire une découverte spirituelle : goûter à un autre mode de vie et de relation à autrui, à une vie dont l'essence c'est l'amour. Nous pouvons découvrir que partout et toujours, Amour Divin Incarné, le Christ Se tient au milieu de nous, transformant notre aliénation mutuelle en fraternité. En m'avançant vers l'autre, alors que l'autre vient vers moi – nous commençons à réaliser que c'est le Christ Qui nous amène l'un vers l'autre, par Son amour pour chacun d'entre nous. Et parce que nous faisons cette découverte – et parce que cette découverte est celle du Royaume de Dieu en lui-même, le Royaume de Paix et d'Amour, de réconciliation avec Dieu et, en Lui, avec tout ce qui existe – nous entendons les hymnes de cette Fête, qui une fois par an "nous ouvrent les portes du Paradis." Nous savons pourquoi nous allons jeûner et prier, nous savons ce que nous allons chercher durant ce long pèlerinage du Grand Carême. Le dimanche du Pardon: le jour où nous acquérons le pouvoir pour accomplir notre jeûne – le véritable jeûne; notre effort – l'effort vrai; notre réconciliation avec Dieu – l'authentique réconciliation. 
LES RÈGLES DU JEÛNE 
Le typicon – livre qui détermine l’ordo des offices et les règles du jeûne - prescrit pour le Grand Carême l’abstinence de viande, du lait, des oeufs et poisson. Il autorise le vin et l’huile le samedi et le dimanche, le jeudi du grand Canon de St André de Crète et le Jeudi Saint. Le poisson n’est permis que lors de la fête de l’Annonciation de la Très Sainte Mère de Dieu et le dimanche des Rameaux. Le samedi de Lazare, les oeufs de poissons sont permis. En tout état de cause, il convient de jeûner avec discernement, selon ses forces, ayant en vue que, selon les Pères de l’Église, il faut tuer les passions et non point le corps. St Païssy Velitchkovsky écrit à ce sujet : « chacun a sa conscience pour mesure et maître intérieur. Il ne peut y avoir une seule règle et une même ascèse pour tous, parce que les uns sont forts et les autres sont faibles, les uns sont comme le fer, les autres comme le cuivre, d’autres encore comme la cire... Un jeûne modéré et raisonnable, c’est là le fondement et le chef de toutes les vertus ». Le carême n’est pas seulement l’abstinence de certaines formes de nourriture, son but est la purification de l’âme. C’est à cela précisément qu’il doit servir. 

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne 
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME 
Le noble Joseph ayant descendu de la Croix Ton corps immaculé Le placement des Dons précieux sur l’Autel et la fermeture des Portes Royales sont les derniers actes de la grande Entrée. Le prêtre, en plaçant le Calice et le Diskos sur la sainte Table dit le tropaire : « Le noble Joseph, ayant descendu de la Croix Ton corps immaculé, L’enveloppa d’un linge propre avec des aromates, Lui rendit les honneurs funèbres et Le déposa dans un sépulcre neuf ». Le saint Discos, où se trouve l’Agneau offert, symbolise les mains des saints Joseph et Nicodème « qui ensevelissent le Christ » (St Germain de Constantinople). L’aër, c’est-à-dire le voile qui recouvre les Dons précieux, sont le symbole du drap dans lequel Joseph a enveloppé le Corps immaculé du Christ, tandis que l’encens rappelle les aromates utilisés pour Son ensevelissement. Enfin, la fermeture des Portes Royales symbolise le sceau du Sépulcre vivifiant. Le célébrant accomplit l’oeuvre des saints qui ont enseveli le Christ. Avec un coeur contrit, il contemple avec eux à ce moment, Celui qui « se revêt de lumière comme d’un manteau » (Ps. 103,2). Il entonne « une lamentation pleine de tendresse et dans les larmes », il dit : « Malheur à moi, très-doux Jésus ! En Te voyant suspendu sur la Croix tout à l’heure, le soleil se couvrit de ténèbres, la terre chancela d’effroi et le voile du temple se déchira. Mais maintenant, je Te regarde, Toi qui volontairement as subi la mort pour moi. Comment T’ensevelirai-je, mon Dieu ? Comment T’envelopperai-je d’un linceul ? De quelles mains toucherai-je Ton corps tout pur ? Quels chants ferai-je entendre en l’honneur de Ton trépas, ô compatissant ? Je magnifie Tes souffrances ; je chante Ton sépulcre, ainsi que Ta résurrection, en Te criant : Seigneur, gloire à Toi !» (Vêpres du Grand Vendredi). Chaque chrétien doit imiter saint Joseph qui « prit le corps de Jésus et L’enveloppa dans un linceul propre, Le plaça dans un tombeau neuf » (cf. Matth. XXVII, 59-60), c’est-à-dire dans une nouvelle personne. Que chacun donc prenne soin avec zèle de ne pas pécher, afin de ne pas manifester du dédain envers Dieu qui habite en lui et de ne pas le chasser de son âme. L’âme de chaque chrétien devient « un nouveau tombeau » qui doit recevoir le Corps immaculé du Christ.

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