dimanche 24 février 2013

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



11/24 février 
Dimanche du Pharisien et du Publicain 
Saint Blaise, évêque de Sébaste, martyr (vers 316) ; sainte Théodora, impératrice de Constantinople (vers 867) ; saint Vsevolod, prince de Pskov, baptisé Gabriel (1138) ; saint Dimitri de Vologda (1392) saint Georges le Serbe martyr à Sofia (1515).

Lectures : II Tim. III, 10-15 / Lc. XVIII, 10-14

OUVRE-NOUS LES PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !
L
Le premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une trompette qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du carême qui vient.
Le premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines : « Ouvre-moi les portes de la pénitence, Donateur de vie… », « Conduis-moi sur les chemins du salut… » et « Me souvenant de la multitude de mes mauvaises actions… »[1]. Ces stichères nous emplissent de componction et bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme. Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur brisé, avec le prophète David : « Aie pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde… » Ces trois stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-mêmes et en réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde Divine.
Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est pourquoi nous les
entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de Carême, jusqu’au cinquième.

Le deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette réflexion :

« Frères, ne prions pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié. Humilions-nous devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en criant : ô Dieu, aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du Lucernaire).
« Le Pharisien vaincu par la vanité… fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler, fut rendu digne de Tes dons » (idem).
Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche[1],  la parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En effet, c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché qui a fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue avec l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a subi la mort honteuse sur la Croix.
C’est un exemple vivant que nous donne la parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche :
« Seigneur Tout-Puissant, je sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de nombreuses années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le Pharisien ».
Ainsi, l’humilité purifie rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le Christ Lui-même : « Quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII, 14). Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.
Père Petronios[2]
Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Дýxoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасе́нie на́ше, воспои́мъ вѣ́рній и поклони́мся, я́ко  благоволи́ пло́тію взы́ти на кре́стъ, и cме́рть претерпѣ́ти, и воскреси́ти уме́ршыя сла́внымъ воскресе́ніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Kondakion du dimanche du pharisien et du publicain, ton 4
Фариcé́eва убѣжи́мъ высоко-глаго́ланія, и мытарéвѣ научи́мся высотѣ́ глаго́лъ смирéнныxъ, покая́нieмъ взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.
Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde, purifie Tes serviteurs ».


Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

Afin de recevoir le Roi de toutes choses

Afin de tenir en ses mains les Dons précieux, le célébrant doit ressentir profondément en lui le repentir et approcher l’Autel comme le Fils prodigue (cf. Lc. XV, 21).

Le psaume de repentir que récite le célébrant tandis qu’il encense, les tropaires de componctions, la vénération du saint Autel et de la sainte Prothèse, la demande de pardon adressée à Dieu, aux concélébrants et au peuple, tout cela est la manifestation d’un cœur contrit (Ps. 50,19). Par son exemple, le célébrant montre aux fidèles la route du repentir et il figure le Précurseur et Baptiste Jean qui, le premier a commencé à prêcher en disant : Repentez-vous, car le royaume de Dieu est proche (Matth. III,2) (St Germain de Constantinople). Le célébrant nous exhorte à préparer la voie du Seigneur (Matth. III,3), c’est-à-dire celle qui conduira le Christ Roi vers nos âmes. Et cette voie est celle de la pénitence. Ainsi, le peuple et le célébrant reçoivent dans le repentir le Christ qui vient.
Par le repentir, nous nous sanctifions, et lorsque le Christ entre dans notre assemblée, nous sommes jugés dignes des saints Mystères : « Si quelqu’un est saint, qu’il s’approche ; s’il ne l’est pas, qu’il le devienne par le repentir » (Constitutions apostoliques), disait le célébrant lorsqu’il appelait les fidèles à communier. Le Christ nous offre Sa vie. Celui qui « est tout entier un feu inaccessible, que les anges ne peuvent supporter » est offert comme nourriture des fidèles. Et chacun d’entre eux, « avec joie et avec crainte, reçoit le feu et est indiciblement couvert de rosée » (St Syméon le Nouveau Théologien).

Le péché a enfanté la mort, mais le repentir ouvre la voie de la Vie : « Car le péché, c’est la mort, et quel est l’homme qui mourra par le péché et de lui-même ressuscitera ? Personne, sûrement ». Nous accourons donc par la pénitence au Christ, qui est sans péché et qui est la Résurrection et la Vie. Le repentir est la sortie du péché et l’entrée dans la sainte Liturgie, dans laquelle la vie est offerte : « Sors du pays de Charran, la terre du péché, ô mon âme, hâte-toi d’habiter la terre  d’où jaillit la vie incorruptible  et éternelle » (Grand Canon de St André de Crète).

Selon le plus ancien texte liturgique qui nous est connu, le célébrant dit après la sainte Communion : « Vienne la grâce et que passe ce monde » (Didaché). C’est dans cet espace de la Grâce que nous conduit la sainte Liturgie. C’est là que St Maxime le Confesseur veut que nous arrivions. Pour ce grand initié des mystères célestes et mystagogue des fidèles, la grande entrée est « le commencement et le préambule de l’enseignement nouveau qui sera délivré dans les cieux au sujet de l’économie de Dieu en notre faveur ; il sera aussi la révélation du mystère de notre salut, mystère qui réside dans l’inaccessible sanctuaire du secret divin » (St Maxime le Confesseur) - un enseignement qui concerne l’acte du sacrifice du Maître.

***

Saint Antoine le Grand, au sujet de l’humilité

Abba Antoine scrutait la profondeur des jugements de Dieu ; il demanda : « Seigneur, pourquoi certains meurent-ils après une vie courte, tandis que d’autres parviennent à une extrême vieillesse ? Pourquoi les uns manquent-ils de tout, et les autres regorgent-ils de biens ? Pourquoi le méchants sont-ils riches, et les bons écrasés par la pauvreté ? » Une voix lui répondit : « Antoine, occupe-toi de toi-même : ce sont là les jugements de Dieu, et il ne t’est pas utile de les comprendre ».

Abba Antoine a dit à Abba Pastor : « La grande œuvre de l’homme, c’est de rejeter sa faute sur lui-même devant Dieu et de s’attendre à la tentation jusqu’à son dernier souffle ».

Abba Antoine a dit : « Je vis tous les filets de l’ennemi déployés sur la terre, et je dis en gémissant : Qui donc passe outre ces pièges ? Et j’entendis une voix me répondre : l’humilité ».




[1] Le Synaxaire est l’explication de l’événement commémoré ou la vie du saint du jour, placée après l’ikos dans le canon des Matines. Bien que faisant partie de l’office liturgique, il n’est pas lu à l’église.
[2] Supérieur de la Skite roumaine de St Jean-Baptiste sur le Mont Athos, décédé en 2011



[1] Voir texte intégral de ces stichères p. 4

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