samedi 26 mai 2012

Saint Silouane l'Athonite


Icône de Saint Silouane
SAINT STARETZ SILOUANE l'ATHONITE
Archiprêtre Georges Florovsky


Père Silouane était un homme humble. Son enseignement était pourtant audacieux. Cette audace ne procédait pas d'un intellect curieux, engagé dans une recherche et un raisonnement spéculatifs. C'était une audace qui venait d'une certitude spirituelle, car selon les paroles du Père lui-même, "ceux qui sont parfait ne disent jamais rien d'eux-mêmes, ils ne disent que ce que l'Esprit leur donne а dire". Le Père Silouane, doit certainement être compté parmi ceux qui sont parfaits. 
Cette "perfection" est le fruit de l'humilité. Elle peut être acquise -et, ce qui n'est pas moins important, elle peut être gardée et préservée- seulement par un effort constant et continu d'humiliation volontaire et d'oubli de soi.Cependant, ce processus d'abnégation personnel, n'est pas simplement un effort de négation. Ce n'est pas seulement un refus, une soustraction ou une réduction du moi. C'est au contraire un recouvrement du moi véritable. 
Ce processus commence par l'effet de l'amour et de la foi. On nie son propre moi pour l'amour du Christ par grand amour pour Lui. Le processus est guidé par un objectif positif. Cet objectif est toujours constructif, c'est "l'acquisition du Saint esprit", comme avait coutume de le dire Saint Séraphim de Sarov. Il y a là en effet une tension paradoxale. Le but de la quête spirituelle est élevé et ambitieux: consortium divinae naturae , "une participation а la nature Divine" ( 2 Pierre, 1:4). De quelque façon que l'on interprète cette phrase surprenante de l'Ecriture, elle signale clairement et distinctement le but ultime de toute existence chrétienne: "la vie éternelle", la vie "en Christ", "la Communion du Saint Esprit". Les Pères Grecs utilisent même cette expression audacieuse: theosis , "divinisation". Pourtant, la méthode, c'est-а-dire précisément la voie par laquelle ce but doit être atteint, est la méthode de la renonciation radicale à soi-même.
La grâce n'est donnée qu'aux humbles et aux doux. De plus, l'humilité elle-même n'est jamais une œuvre humaine. C'est toujours un don de Dieu, donné gratuitement, gratia gratis data . Toute la structure de la vie spirituelle est en effet paradoxale. Les richesses du Royaume sont données seulement aux pauvres, et avec ces richesses, est aussi donnée l'autorité. 
Les humbles ne disent rien de leur propre chef. Pourtant, ils parlent avec autorité lorsqu'ils doivent jamais parler. Ils ne revendiquent pas l'autorité pour eux-mêmes, mais ils revendiquent cette autorité pour ce qui a été révélé d'En-Haut, par leur médiation. Sinon, ils resteraient silencieux. "Quant а vous, vous avez reçu l'onction du Saint, et vous connaissez toutes choses" ( I Jean, 2:20).
Les paroles de Père Silouane sont simples. Il n'y a rien de spectaculaire en elles, si ce n'est leur simplicité-même. Il n'avait pas de "révélations" spéciales а dévoiler. Il parlait habituellement de choses communes. Pourtant, il parlait d'une manière peu commune de ces choses communes. Il parlait а partir de son expérience personnelle.
L'Amour est а la fois le point de départ et le cœur de l'effort chrétien, mais la "nouveauté" de l'Amour Chrétien est souvent ignorée et rejetée. Selon le Christ lui-même, le seul véritable Amour est "l'amour des ennemis". Ce n'est en aucun cas un conseil super rogatoire, et ce n'est pas non plus quelque chose que l'on peut librement choisir ou laisser а sa guise. C'est plutôt le premier critère et la marque distinctive de l'Amour véritable. Saint Paul insista aussi beaucoup sur ce point. Dieu nous aima alors que nous étions Ses ennemis. La Croix elle-même est le symbole et le signe éternels de cet Amour. Alors les chrétiens doivent partager cet Amour rédempteur de leur Seigneur, sinon, ils ne peuvent pas "demeurer dans cet Amour". 

Père Silouane, ne parlait pas seulement de l'Amour. Il le mettait en pratique. D'une manière humble et pourtant audacieuse, il consacra sa vie а la prière pour les ennemis, pour le monde mortel et hostile.Cette prière est une entreprise dangereuse et ambigüe, а moins qu'elle ne soit offerte avec une totale humilité. On peut être conscient de son amour et alors il se détruit et s'infecte par la vanité et l'orgueil. 
On ne peut aimer purement, si ce n'est avec l'amour du Christ Lui-même, infusé et opérant dans un cœur humble. On ne peut être un "saint", si on ne sait que l'on est soi-même un "misérable pécheur", avec un grand besoin d'aide et de pardon. Et pourtant la grâce de Dieu efface toute souillure et guérit toute infirmité. 
La gloire des saints est manifestée dans leur humilité, de même que la gloire du [Fils] Unique a été manifestée dans l'humiliation totale de Sa vie terrestre. L'Amour lui-même a été crucifié dans le monde.Dans son cheminement spirituel, Père Silouane a connu la triste expérience de la "sombre nuit", de la solitude et de l'abandon complets, et pourtant il n'y avait rien de macabre ou de morbide en lui. Il était toujours calme et tranquille, toujours rayonnant de joie. C'était une joie en Christ, très différente en fait de toute autre joie terrestre. Ainsi que nous l'apprenons par l'histoire de sa vie, cette joie fut acquise par une lutte longue et exigeante, par un incessant "combat invisible". 
Abandonné à lui-même, l'homme est au désespoir et а l'abandon. La Salut est uniquement dans le Seigneur. L'âme doit s'attacher а Lui. L'homme n'est jamais laissé seul, sauf s'il choisit lui-même de quitter Dieu. Père Silouane savait par expérience les terreurs et les dangers des ténèbres extérieures, mais il apprit aussi par expérience l'immensité de l'Amour Divin qui brille aussi au-dessus des abîmes des épreuves, des tourments et de la tribulation, précisément parce que Dieu est Amour. 
Père Silouane est partie intégrante d'une longue et vénérable tradition. Il y eut dans chaque génération une nuée de témoins des Mystères du Royaume. Notre drame est que nous ne les connaissons pas et que nous ne soucions ni d'eux ni de leur témoignage. Nous sommes submergés par les soucis du monde. L'histoire de Père Silouane est un rappel opportun pour notre génération de cet unique "bien" qui ne peut être repris. C'est aussi une invitation au pèlerinage de la foi et de l'espérance. 

 Traduction Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archiprêtre Georges Florovsky 
dans la préface du livre 
"The Undistorted Image"

Harvard Divinity School 1958
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Haïjin Pravoslave (146)


Priant en silence
Chemine saintement
Dans la paix du soir

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

vendredi 25 mai 2012

Père Païsios: Anecdote sur l'humilité


Fr. Paisios - Mount Athos (2)

" J'ai connu un moine qui avait une grande humilité: Un jour, il me dit tout confus: "Tu sais, même le soir je n'ai pas besoin d'allumer la lumière pour lire, parce que ma cellule est illuminée." Il était à un tel point rempli de la Lumière de l'Esprit! Une autre fois, il subit l'assaut du Diable sous l'apparence d'un chien. Il repoussa et frappa le Diable. Mais il en fut très peiné.
Il sortit rapidement de sa cellule et après une heure et demie de marche, il arriva auprès de son père spirituel. 
" Père, lui dit-il, pardonne-moi, j'ai frappé le Diable..."
Ce même moine me l'a raconté à moi, indigne et a fait le commentaire suivant: " Tu sais, mon père spirituel ne m'a donné aucune punition, et m'a même donné la permission de participer à la Communion le lendemain! Je me suis beaucoup étonné, parce que j'avais frappé le Diable. 
Quand il m'a donné le Corps et le Sang du Seigneur, j'ai vu que c'était comme un morceau de chair sanglante, et c'était vraiment comme cela. J'ai beaucoup peiné à mastiquer, mais c'était si doux que cela ne peut être exprimé par des mots. Il m'a fallu vite courir dans une cellule éloignée pour ne pas montrer aux autres ma joie."
Vois-tu à quel point ce moine était humble?

in Incontri con il P. Paisios del Monte Athos/ Cronache del Monte Athos 
Version française Claude Lopez-Ginisty

Haïjin Pravoslave (145)


Ô belle hésychie
Paradis en notre cœur
Et joie en notre âme

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Article de l'agence de Presse Protestante sur l'Orthodoxie en Suisse





EGLISES

La migration dope l'orthodoxie en Suisse

5753 signes
Catégories : 
christ_ascension_roundEn trente ans, le nombre de paroisses orthodoxes a doublé en Suisse. En cause, la migration des pays de l'Est. Un premier rassemblement national a drainé trois cents fidèles à Chambésy (GE) à l'Ascension. Parmi eux, l'historien des religions Jean-François Mayer. Interview.

ProtestInfo: Jean-François Mayer, pourquoi une telle rencontre n'a-t-elle pas eu lieu plus tôt?
Jean-François Mayer: Il faut avoir à l'esprit le caractère très récent de la croissance orthodoxe en Suisse. Dans un premier temps, l'énergie s'est concentrée sur l'organisation de nouvelles paroisses. Puis tout naturellement apparaissent des initiatives en vue d'une coordination. De telles rencontres se répéteront sans doute dans différentes régions du pays.

P: Vous parlez d'une croissance orthodoxe en Suisse. Comment s'explique-t-elle?
JFM: La population orthodoxe est avant tout issue de la migration. Les orthodoxes serbes représentent probablement la moitié des quelque 150  000 fidèles du pays (lire encadré). Comme pour la population musulmane, la croissance orthodoxe a été forte et rapide depuis les années 1980: il n'y avait alors que 37  000 orthodoxes, avec moins de 20 paroisses. Aujourd'hui, le nombre de paroisses orthodoxes de tradition byzantine avoisine la cinquantaine.

Par ailleurs, de nouveaux migrants arrivent: on commence par exemple à voir apparaître ici et là des Grecs poussés par la crise économique tenter leur chance ailleurs.
P: Faut-il comprendre que les fidèles célèbrent majoritairement dans leur langue?
JFM: L'organisation autour d'Eglises nationales, qui fait coexister des paroisses s'intitulant "russes", "grecques", "serbes", "roumaines" favorise le phénomène. Même si, en Suisse romande, il existe plusieurs paroisses orthodoxes célébrant principalement ou en partie en français; la situation est différente en Suisse alémanique, où une seule paroisse zurichoise célèbre une fois par mois une liturgie en allemand. Par ailleurs, de nouveaux migrants arrivent: on commence par exemple à voir apparaître ici et là des Grecs poussés par la crise économique tenter leur chance ailleurs. Le facteur migratoire continuera donc pour assez longtemps encore à marquer la réalité orthodoxe en Suisse.

P: Combien y a-t-il de Suisses convertis à l'orthodoxie?
JFM: Quelques centaines de convertis – personne ne connaît le chiffre exact – ont embrassé la foi orthodoxe en Suisse au cours des dernières décennies. Quelques-uns sont prêtres ou diacres. Ces adhésions ne sont pas le résultat d'activités missionnaires, mais de démarches individuelles, qui commencent souvent par la découverte de la liturgie orthodoxe. Notamment pour ces convertis, la référence à la tradition chrétienne de la Suisse du Ier millénaire, avant les ruptures entre l'Orient et l'Occident, est importante: ils considèrent les saints de cette période comme des saints orthodoxes. Dans la paroisse orthodoxe de Vevey (VD), un dimanche est ainsi consacré chaque année à la fête de Tous les Saints d'Helvétie.

P: Comment voyez l'avenir proche de cette confession en Suisse?
JFM: Sur le plan numérique, tout dépendra des fluctuations migratoires. Nous le voyons dans le cas des Eglises préchalcédoniennes (coptes, arméniens, éthiopiens, érythréens...): l'immigration érythréenne augmente rapidement depuis quelque temps, et entraîne aussi des efforts d'organisation, mais souvent avec une grande précarité matérielle. Pour ce qui des Eglises orthodoxes d'héritage byzantin, il est probable que d'autres paroisses voient le jour, et que plusieurs paroisses existantes s'inscrivent de façon stable et visible dans le paysage suisse: la paroisse serbe a ainsi construit en 2009 une belle église de style traditionnel à Belp (BE), dans une zone industrielle. Une question qui se pose aussi est de savoir si des monastères orthodoxes vont apparaître. En France, il existe une vingtaine de communautés monastiques; en Suisse, une seule toute petite communauté à Dompierre (VD). Des projets de nouveaux monastères circulent.

P: Les orthodoxes seraient-ils à l'abri de l'érosion qui touche les Eglises traditionnelles?
JFM: Non, comme toutes les autres communautés chrétiennes, les paroisses orthodoxes sont confrontées à des défis tels que ceux de la transmission de la foi aux jeunes générations. Comme dans d'autres communautés religieuses issues principalement de la migration, des questions comme celle de l'usage plus ou moins large de la langue locale se poseront aussi de plus en plus à celles des paroisses qui n'ont pas encore fait ce pas.

S. R.


Les orthodoxes "suisses" en chiffres


Le recensement de  l'an 2000 avait dénombré un peu plus de 130 000 orthodoxes en Suisse — un chiffre qui incluait non seulement les orthodoxes de tradition byzantine, mais aussi les communautés préchalcédoniennes. En 2010, selon l'enquête de Maria Hämmerli réalisée dans le cadre du Programme national de recherche 58 du Fonds national de la recherche scientifique, la Suisse compterait quelque 154 000 orthodoxes, explique Jean-François Mayer.

La notion de "paroisse" recouvre des réalités très diverses: quelques-unes ont leur propre église, construite ou achetée; d'autres utilisent des lieux de culte loués ou prêtés par d'autres communautés chrétiennes, poursuit l'historien. Certaines ont des prêtres à plein temps, tandis que le clergé d'autres paroisses doit exercer une activité professionnelle à côté de son ministère. La situation est loin de toujours correspondre au fonctionnement paroissial auquel nous sommes habitués ici chez les catholiques et les protestants, conclut-il.

jeudi 24 mai 2012

Père Etienne: La langue du silence



Le langage du cœur, c'est le silence, non pas un silence morne, vide, mais un silence profond et significatif qui chante sans cesse la gloire de Dieu.
Archimandrite Meletios (Webber)

La langue... c'est le silence. Je vais violer cet oxymore magnifique en parlant du silence. C'est le problème inhérent à toute théologie. Nous utilisons des mots pour parler de ce qui est ineffable. Quand nous parlons le mieux de ces choses-là, nous parlons dans les contradictions et l'oxymore - en sujets obscurs, énigmes, mystères et  paradoxes. 
Car la vérité de ces choses n'est pas dans les mots, mais dans l'espace entre les mots, le silence provoqué par la contradiction. Il est dit par les Pères que "le silence est le langage du ciel." Le Père Meletios parlant  du transfert de la parole du ciel au cœur, reconnaît simplement que le cœur (dans le sens dans lequel il écrit à ce sujet) est le lieu du ciel. Ceux qui ne connaissent pas maintenant le ciel n'ont pas encore trouvé la place du cœur. 
Trouver le lieu du cœur est parmi les choses les plus difficiles et les plus essentielles de la vie spirituelle chrétienne. Ceux qui sont en dehors de la tradition chrétienne peuvent très bien trouver un tel lieu - nous ne devrions pas le leur reprocher -  trouver le lieu du cœur ne fait aucun mal et peut faire beaucoup de bien - je laisse cela dans les mains de Dieu. Le Père Meletios (Webber) -et la Tradition orthodoxe- notent que l'esprit, lieu de raisonnement discursif, de l'émotion et d'autres choses, a un rôle important dans l'existence humaine, mais il n'aurait jamais dû avoir un rôle indépendant et celui de gouverner. 
Quiconque a déjà remarqué à quel point l'esprit est indiscipliné comprendra de ce qu'il veut dire. L'esprit produit sans cesse du bruit sur presque tout, générant un flux d'images et de sentiments qui sont plus qu'inutiles. Le bruit de l'esprit, pour certains, peut être un état de profonde détresse de l'être.
 Le silence du cœur n'est pas le silence du vide ou d'un état de néant. Le silence du cœur est le son de la plénitude. Il est silencieux car aucun mot, aucune image ne suffisent. Seul le silence peut contenir l'incirconscrit.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Haijin Pravoslave (144)


Reste silencieux
Garde mémoire du Nom
Et respire en Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 23 mai 2012

Saint Nicodème l'Aghiorite: Conseils au pénitent



Icon of St. Nicodemus of the Holy Mountain


De la Prière


Le divin Augustin dit que l'on doit faire ce dont on est capable et demander à Dieu ce que l'on est incapable de faire: faites ce dont vous êtes capables et demandez ce que vous êtes incapables de faire." Pour cette raison, frère[...] pour que tu ne tombes pas à nouveau dans le péché, nous te donnons [le remède de] la prière divine. Ne cesse donc pas de te consacrer à Dieu et de Lui demander avec ferveur de te donner des forces dans ta faiblesse et de rendre ta volonté ferme dans la résolution que tu fis avec Sa grâce et Son assistance d'en Haut, espérant qu'Il t'entendrait dans Sa grande miséricorde comme Il L'a Lui-même promis: " S'il crie vers moi, je l'écouterai car je suis miséricordieux." ( Exode XXII:27)
Tu n'as pas de forces? Ta volonté n'est pas résolue? La raison vient de ce que tu ne demandes pas ces choses à Dieu: " Tu n'as point, parce que tu ne demandes point!" dit le divin Jacques ( IV:2). As-tu peur du danger? As-tu crainte de la tentation du péché? Veille et prie afin de n'y point tomber: " Veille et prie afin de ne pas tomber en tentation" (Matthieu XXVI:41).



Saint Nicodème l'Aghiorite 
Exomologetarion 
Traduction Claude Lopez-Ginisty
 d'après la version anglaise 
Uncut Mountain Press, 
2006

Haïjin Pravoslave (143)


Echo du Royaume
La psalmodie emplit l'air
Et bénit les âmes

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 22 mai 2012

Saint Nicolas de Jitcha: L'Ecriture



"[…]mais c'est poussés par le Saint Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu."
2 Pierre 1:21

Ce fait est attesté par l'apôtre Pierre, qui était lui-même un saint homme de Dieu, un rocher de la foi et un chevalier de la Croix. Comme un saint homme de Dieu, par sa propre expérience personnelle, il explique comment les saints hommes de Dieu ont parlé et ce qu'ils ont dit et il dit: "Ils parlaient poussés par le Saint Esprit." 
Cependant, ils ne parlaient pas selon leur propre raisonnement, ni en fonction de leur propre mémoire, ni en fonction de leur propre spéculation, ni en fonction de leur propre éloquence, mais plutôt par l'Esprit et selon l'Esprit Saint. La sagesse de Dieu a coulé à travers eux et la vérité de Dieu a été révélée par eux. L'Écriture Sainte n'a pas été écrite avec "la plume fausse des scribes" (Jérémie 8:8), mais elle a été écrite par les serviteurs et les élus de l'Esprit Saint de Dieu. 
La Sainte Écriture ne fut pas non plus écrite par des hommes dont l'écriture était une vocation, mais elle a plutôt été écrite par les saints de Dieu, dirigés et contraints par l'Esprit de Dieu. Souvent, ils devaient écrire contre leur gré et  parfois même en protestant, comme le Saint Prophète Jérémie en témoigne en disant: "Je ne ferai plus mention de lui, Je ne parlerai plus en son nom, Il y a dans mon coeur comme un feu dévorant Qui est renfermé dans mes os. Je m'efforce de le contenir, et je ne le puis."(Jérémie 20:9). 
Ô mes frères, la Sainte Écriture n'est pas des hommes mais de Dieu, ce n'est pas de la terre, mais plutôt du ciel, elle n'est pas du corps mais de l'Esprit, oui, de l'Esprit Saint de Dieu. Inspirés par la sagesse et la vérité de l'Esprit Saint, ces saints hommes de Dieu ont écrit: Prophètes, Evangélistes, Apôtres, Pères,  Enseignants, Hiérarques et Bergers. 
Ô Dieu, Saint-Esprit, Esprit de Sagesse et de Vérité, inspire-nous par Ton souffle créateur de vie, afin que nous puissions reconnaître la Sagesse et la Vérité et avec Ton aide les accomplir.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (142)


Pour igner le Feu
Qui embrasera ton être
Invoque l'Esprit

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude LARCHET/Recension: Alain Durel, « Parce que tu es tiède… Entretien avec un moine du Mont-Athos. Préface du père Placide Deseille, Desclée de Brouwer, Paris, 2012, 177 p.




Dans ce nouveau livre, Alain Durel présente l’interview qu’il a faite, au cours de la Semaine sainte de l’année 2011, d’un moine du Mont-Athos. Celui-ci n’a pas souhaité être nommé. Cependant, après brouillé les pistes en le présentant sur la 4e de couverture comme « théologien et conférencier international », l’auteur multiplie les indices (depuis la photograhie de couverture jusqu’au premier bénéficiaire des remerciements de la dernière page), en sorte qu’il devient impossible de ne pas identifier l’archimandrite Tikhon, higoumène du monastère de Stavronikita. Celui-ci s’exprime successivement sur la chute originelle, l’Église, « l’orthodoxie et l’hétérodoxie », la divine liturgie, l’ascèse et les saints mystères (autrement dit les sacrements), l’importance de la foi et de l’amour dans le monde d’aujourd’hui, la sexualité et le mariage, la prière de Jésus, les saintes icônes, le combat intérieur et la vie en Christ. La brièveté des entretiens (réalisés en une période de l’année où la plus grande partie du temps est occupée par les services liturgiques et la préparation spirituelle de Pâques) ne permet ni d’aborder tous les sujets ni  d’approfondir ceux qui sont abordés. L’auteur étoffe d’ailleurs le texte de l’higoumène (qui occupe dans le livre une cinquantaine de pages) en y insérant ses propres commentaires, et les chapitres sont entrecoupés par le récit de ses impressions, par quelques descriptions du contexte (avec quelques belles réussites stylistiques), par quelques extraits de propos ou d’écrits de l’higoumène Basile d’Iviron, par quelques citations d’Olivier Clément, ou encore par un épisode tiré de la Vie du père Porphyre d’Athènes.
Ce livre n’apprendra rien à ceux qui connaissent déjà l’orthodoxie, mais pourra constituer une première approche pour ceux qui l’aborderaient à travers un intérêt pour le Mont-Athos. Une approche intéressante par la capacité de synthèse du P. Tikhon, par la qualité de son propos et par le recul et la liberté de parole que sa situation lui donne, qui lui permettent notamment de définir sans ambages ce qui sépare l’orthodoxie des confessions chrétiennes occidentales. Mais une approche aussi qui doit être relativisée, souligne le P. Placide Deseille dans sa courte préface : « Ne nous y trompons pas, le Mont-Athos n’est pas monolithique. Les moines qui le peuplent ne sont pas sous le joug d’une pensée unique. Leur vie spirituelle intense développe au contraire chez eux des personnalités vigoureuses, contrastées, finalement concertantes, certes, mais au sein d’une diversité qui peut surprendre quiconque prendrait une déclaration d’un higoumène athonite pour “la pensée du Mont-Athos”. […] Que le lecteur du présent livre ne prenne donc pas chaque parole d’un interlocuteur de l’auteur pour un “dogme athonite” ».
Quelques propos dans ce livre peuvent en effet surprendre. Par exemple lorsque le P. Tikhon affirme que le prêtre qui célèbre la liturgie « n’est que le serviteur et le représentant des fidèles réunis », il se situe plutôt (s'il a effectivement utilisé cette formulaiton restrictive) dans une perspective protestante que dans une perspective orthodoxe, selon laquelle le prêtre est aussi – et avant tout – un serviteur de Dieu et est également une icône christique comme l'ont souligné de nombreux Pères. Et lorsque le P. Basile d’Iviron « parle de Kafka, de Rilke ou du cinéaste japonais Kurosawa qu’il considère comme plus orthodoxes que les théologiens académiques parce qu’ils parlent à partir d’une expérience authentique de l’homme », on doit rappeler, indépendamment de ce que peut être la foi des théologiens académiques (sur lesquels il est certainement téméraire de porter un jugement aussi général), que Kafka était athée (déniant tout sens à l’existence), Rilke incroyant et Kurosawa boudhhiste… S’ils sont orthodoxes, de quelle orthodoxie s’agit-il ? Ces propos contestables (à supposer qu'ils aient été fidèlement rapportés, car l'auteur à une certaine tendance à attribuer ses propres intérêts aux moines qu'il rencontre et à mêler ses propres réflexions aux leurs)  sont certes secondaires par rapport à un ensemble de bonne tenue ; il font pourtant partie de ceux que l’auteur croit bon de mettre en valeur dans son avant-propos, lequel est plutôt décalé par rapport à l'esprit athonite dont la démesure ne nous paraît pas la caractéristique principale…
Jean-Claude Larchet

lundi 21 mai 2012

L’ASSEMBLÉE DES ÉVÊQUES DE L’ÉGLISE ORTHODOXE SERBE SE PRONONCE AU SUJET DE LA VENUE DU PAPE EN SERBIE




L’assemblée des évêques de l’Église orthodoxe serbe, réunie actuellement, n’examinera pas la possibilité d’adresser une invitation au pape Benoît XVI à l’occasion de la commémoration des 1700 ans de l’édit de Milan, qui aura lieu à Niš en 2013. L’évêque de Bačka Irénée a dit aux journalistes réunis au patriarcat de Belgrade que l’assemblée des évêques avait déjà examiné, bien plus tôt, toutes les questions relatives à la commémoration de l’édit de Milan. « L’archevêque [catholique-romain de Belgrade] et sa communauté peuvent communiquer ce qu’ils veulent, mais si l’Église serbe reçoit à ce sujet quelque signal venant de Rome même, elle pourra alors l’examiner. Ce n’est pas le cas jusqu’à maintenant », a dit Mgr Irénée. L’archevêque catholique-romain de Belgrade, Mgr Stanislav Hočevar, avait déclaré préalablement que les fidèles catholiques de Serbie avaient le grand désir de voir le pape Benoît XVI à la commémoration du jubilé susmentionné. Récemment, le Vatican a communiqué que le pape Benoît XVI ne viendrait pas à cette manifestation, bien que le patriarche Irénée de Serbie, à plusieurs reprises, ait évoqué cette possibilité. Le président serbe Tadić avait alors invité le pape.

Dans une interview récente à la radio « Slobodna Evropa », l’archevêque Stanislav Hočevar avait, au sujet de l’éventuelle demande de pardon du pape au sujet des crimes commis pendant la Seconde guerre mondiale dans « l’État indépendant de Croatie » contre les orthodoxes serbes, donné la réponse suivante : « Le mot ‘pardon’ est si saint et important que nous devons le prononcer avec le sérieux et l’objectivité les plus grands. Dîtes-moi qui, jusqu’à maintenant, à étudié dans son ensemble, non seulement Jasenovac [le camp de concentration, en Croatie, où furent massacrés Serbes orthodoxes, juifs et roms, ndt], mais aussi tous les crimes [de cette époque, ndt]. Le saint père le fera [demandera pardon, ndt] très volontiers, lorsque les informations  seront objectives, car nous ne saurions jeter de telles paroles saintes dans le vide, sans clarté ».
article ci-dessus 
paru sur 
+


Son Eminence pourrait avec profit lire un certain nombre d'articles sur cette période troublée:
http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Holocaust/Jasenovac.html


http://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_l'État_indépendant_de_Croatie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_d'extermination_de_Jasenovac


http://orthodoxologie.blogspot.com/2008/11/nouveaux-martyrs-serbes-de-la-seconde.html


http://orthodoxologie.blogspot.com/2012/04/souvenirs-dune-rescapee-des-camps.html
et quelques livres :
V. Novak, Magnum crimen, publié à Zagreb
Marco Rivelli, Le Génocide Occulté, Editions l'Age d'Homme
Hervé Laurière, Assassins au Nom de Dieu, Editions l'Age d'Homme
Les archives du Vatican devraient aussi l'aider à se documenter, en particulier sur la réaction du Cardinal Tisserant face aux conversions forcées et aux massacres perpétrés par les nazis oustachis, leur Poglavnik (Führer) Pavelic avec le soutien de l'église locale. Il est vrai que le Cardinal Stepinac a été béatifié par Rome. Mgr Stepinac [dénonça] la persécution des Serbes par le gouvernement oustachi dans une lettre de protestation datée du 24 mars 1945 (Lacroix-Riz, Le vatican, l'Europe et le Reich, p. 425). Dans la période précédente, s'il y eut protestation, elle fut tellement discrète que personne n'en a trouvé trace nulle part: en 1951, le chargé d'affaires français au Vatican, d'Ormesson, avec une certaine ironie, s'interroge sur l'absence de publicité donnée par l'archevêque aux condamnations antérieures.(op. cit.)


En effet, en 1942, Mgr Stepinac fut nommé par Pavelic aumônier principal des forces oustachies. Il était ainsi remercié du Te Deum qu'il avait fait célébrer quelques mois plus tôt pour remercier Dieu et lui demander de bénir le Poglavnik Ante Pavelic. L'Archevêque Ivan Saric, n'avait-il pas montré la voie aux fidèles avant son chef, en publiant une Ode au Poglavnik qui est un crachat sur la Face du Christ. Dans cette ode délétère, il célèbre Dieu, les Croates et "l'Oustachi magnifique" ( Pavelic).
Il est vrai aussi que certains camps dirigés par des moines franciscains, organisateurs de concours d'égorgements de Serbes et de Juifs, n'ont pas laissé d'archives dans la tourmente de la fin de la Seconde Guerre Mondiale… La lecture de Kaputt de Curzio Malaparte, devrait aussi édifier Son Eminence sur le bel humanisme des héros de cette époque.

Enfin Son Eminence devrait trouver trace de ce témoignage:

A la radio de Londres, le 16 Février 1942, un Croate, Veceslav Vilder sauva l'honneur de ses concitoyens et exposa au monde l'infamie du prélat:
" Et maintenant autour de ce Stepinac, les pires atrocités se commettent... le sang fraternel coule en ruisseaux... Les orthodoxes sont convertis de force au catholicisme, et nous n'entendons pas la voix de l'Archevêque Stepinac prêchant la révolte. Mais nous lisons qu'il participe à des parades fascistes et nazies. Et ce qui est pire encore: l'évêque de Zagreb, Salis-Sevis, dans son discours de nouvel an, a directement glorifié Pavelic, et l'archevêque Stepinac n'a pas repris son évêque... et un autre archevêque catholique, Saric, à Sarajevo, a composé le 24 Décembre [ ! ], toute une longue ode à Pavelic." 
Ce que ce brave et authentique patriote yougoslave ignorait c'est l'étendue de cette collaboration et son horreur.

Si l'ignorance ne s'apprend pas ( Gérard de Nerval), la mauvaise foi peut devenir une seconde nature.
Relisons le Grand Inquisiteur de Dostoïevsky!

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Haïjin Pravoslave (141)


Par grâce divine
Les mots deviennent prières
En gagnant le Ciel

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Les fruits corrompus de l'œcuménisme:



Comment après de tels événements croire encore qu'il puisse sortir quelque chose de positif de ces cérémonies œcuméniques? Maintenant c'est le baptême qui est l'objet de cette mascarade sentimentale et blasphématoire. Cet article se trouve sur le blog de John Sanidopoulos. Parmi les réactions à cette "cérémonie", celle d'un blogger catholique romain qui n'hésite pas à écrire sur son weblog: Le "seul" baptême [du Credo] n'est plus!! L''évêque catholique, le Métropolite Orthodoxe, les Protestants se rebaptisent...

Le Jour de l'Œcuménisme (5 mai) a été créé en Allemagne en 2003 pour réunir les chrétiens allemands divisés de diverses confessions et églises qui croient en la Sainte Trinité, pour célébrer symboliquement leur coopération mutuelle
Cette année, le jour de l'Œcuménisme, des milliers de pèlerins se sont rassemblés à Trèves pour vénérer une robe présumée du Christprobablement d'origine médiévalequi est sans couture et en est venue à symboliser ce jour-là l'unité désirée des chrétiensToutefois, lorsque les divers représentants chrétiensparmi lesquels se trouvait le Métropolite Augustin d'Allemagnese sont réunis à la basilique de Constantinles choses sont allées un peu trop loin et les représentants ont procédé eux-mêmes à un baptême symbolique de chaque membre par un autre membreIls ont trempé leurs mains dans l'eau et symboliquement , ils se sont baptisés les uns des autres sur le front avec une main ouverte, en disant: "Tu es baptisé dans le Nom du Dieu trinitaire"Puis, comme un rappel du thème du pèlerinage, une étole blanche baptismale inscrit a été mise sur chaque représentantCela a été fait au Métropolite Augustin  par l'évêque Karl Heinz Wiesemann de l'Église catholiqueTelles sont les situations malheureuses dans lesquelles un participant orthodoxe peut se mettre quand l'œcuménisme va trop loin, et que le programme échappe à son contrôle et n'est pas correctement évalué à l'avance afin d'éviter un incident scandaleux.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (140)


Sur le chapelet
Ne compte pas la prière
Marche vers Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Feuillets Liturgiques

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7/20 mai 
6ème dimanche de Pâques
 De l’aveugle-né
 Commémoration de l'apparition dans le ciel de la Croix du Seigneur, à Jérusalem, en 346 ; Saint Acace, centurion, martyr à Constantinople (303) ; Saint Jean de Zédazéni et ses douze disciples syriens fondateurs du monachisme en Géorgie (VI) : Habib de Nékressi, Antoine le solitaire, David de Garèdja, Zenon d'Ikaltho, Thaddée de Stéphantsimnda, Jessé de Tsilkani, Joseph d'Alaverti, Isidore de Samthavissi, Michel d'Ouloumpo, Pyrrhus de Brétha, Etienne de Khirsa, Chio des Grottes, et Saint Elie le diacre ; Néomartyr Pacôme de Patmos (1780) ; Invention des reliques de Saint Nil le Myroblite (1815) Lectures : Actes XVI, 16 – 34 / Jn. IX, 1 – 38