mardi 1 mai 2012

Souvenirs du Père Petroniu (Tănase, +2011) au sujet de sa mère Olympie. (3 et fin)

Parintele Petroniu Tanase - Schitul Prodromu

Elle était préparée pour sa mort depuis longtemps. Elle avait préparé sa robe pour les funérailles, le drap pour le cercueil et un paquet de cierges. Elle gardait tout cela dans une boite. Quelques semaines avant sa mort, allant la voir encore une fois, je lui donnai un paquet de cierge en cire pure, que m’avait offert le père Macaire. Elle les reçut avec grande joie. Elle les plaça dans sa boite, et c’est à cette occasion que je m’aperçus ce que celle-ci contenait. 
Elle partit vers l’éternité le 4 juillet 1967 après une maladie de quelques mois.
Encore, avant le Carême des saints Apôtres, qui cette année-là ne durait que trois semaines – elle appela ma sœur Glykeria : « Appelle le père Joannice pour me confesser et me donner la Communion ».
Elle jeûna trois jours, se confessa et communia. Le samedi 1er juillet, elle se lava, se changea et dit à Glykeria :
-       Prend le drap et couvre-moi, car tu vois, trois femmes habillées de blanc viennent sur la route.
-       Où sont-elles, maman, lui demanda Glykeria en regardant par la fenêtre et ne voyant personne…
-       Laisse, elles ont affaire à moi et non à toi…
Une nuit avant la dernière, elle vit en songe Dimitri, son plus jeune fils, qui mourut le premier parmi nous, au sujet duquel elle était restée toujours inconsolable… C’était l’enfant avec la chemise blanche, la tête non couverte, dans une grande prairie et il recueillait des fleurs.
-       Que fais-tu ici, lui demanda-t-elle.
-       Je recueille des fleurs, lui répondit son fils.
-       Mais pourquoi ta tête est-elle découverte ? Je t’ai apporté un petit chapeau.
-       Ici, nous n’avons pas besoin de cela, lui répondit, joyeux, son fils…
Après la sainte Communion, son visage changea. Elle ne mangeait plus, mais demandait seulement de l’eau froide pour se rafraîchir, car elle était consumée par la fièvre. Ensuite, elle montra une grande gaieté, qu’elle n’avait jamais montrée auparavant, et elle commença à chanter les tropaires qu’elle avait appris à l’église « Le Christ est ressuscité des morts… », « vous tous qui avez été baptisés en Christ… » « Ta nativité ô Christ notre Dieu… », le tropaire de la Pentecôte et encore d’autres. Elle priait encore sans cesse : « Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu aie pitié de moi pécheur ;  Mère de mon Seigneur, aie pitié de moi, pécheur», « Seigneur ne me reprends pas dans Ta colère, et ne châtie pas dans ton irritation ». Elle dit encore le psaume 50 et répétait toujours : « Reçois, Seigneur, ceux qui viennent à Toi et après reçois-moi ».
Le dernier jour et la nuit précédant le mardi, elle ne dormit pas du tout, mais priait continuellement en chuchotant. Elle dit ensuite à Glykeria : « Fais célébrer pour moi une belle panykhide, avec des colybes, une prosphore, des fleurs… »
Le mardi matin 4 juillet, lorsque les premiers rayons du soleil traversaient la fenêtre de sa chambre, elle demanda un cierge à Glykeria, ouvrit ses yeux et chuchota : « Pardonne-moi !... » Elle se tourna ensuite de l’autre côté et s’endormit définitivement… Son visage était paisible et un sourire se dessinait sur ses lèvres…
Ma mère vécut 87 ans, dont 39 ans avec son mari, et 25 comme veuve. 

Version Française Bernard Le Caro
d'après
« Εκόνες πραότητος », 
Editions 
« Orthodoxos Kypseli »
Thessalonique.

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