samedi 19 mai 2012

Archiprêtres Alexandre Men: Le grand ministère des femmes chrétiennes


Fr. Alexander Men with Sophia Rukova, one of his closest assistants. June 24, 1988. Novaya Derevnya.

Aujourd'hui, c'est le jour de la fête des femmes Myrrhophores, le jour de commémoration de Joseph et Nicodème - deux pharisiens, deux membres du conseil, qui ont enterré le Seigneur. C'est une journée de célébration de la fidélité, dans la mesure où ceux-ci étaient les seules personnes restées fidèles au Seigneur dans les premiers jours qui suivirent la crucifixion. Nicodème et Joseph crurent à la Parole de Jésus, mais il avaient eu peur avant cela d'exprimer ouvertement leur foi en la venue du Royaume de Dieu. Ils étaient venus à Lui en secret. Vous vous souviendrez comment Nicodème est venu à lui de nuit, afin que ses amis ne voient pas qu'il se tournait vers le prédicateur persécuté. 
Beaucoup d'entre nous ne sont-ils pas aussi venus au Seigneur de cette manière, honteux et se cachant? J'ai encore une image dans ma mémoire de quelque chose que j'ai vu il y a plusieurs années. C'était loin, en Sibérie, à Pâques. C'était la nuit, avec des gens debout autour de l'église pleine. Un professeur de l'institut s'est approché et, comme le publicain, debout à l'arrière de la foule, avec son col relevé et son chapeau rabattu. Il se signa timidement, en regardant d'un côté et de l'autre. Son âme était attirée par l'église, mais il avait peur. Et peut-on le juger? Après tout, si quelqu'un l'avait vu là, il aurait probablement connu de nombreux moments amers et des difficultés, peut-être aurait-il perdu son emploi. 
 C'est ainsi que Nicodème, lui aussi, a dû venir la nuit. Joseph d'Arimathie, qui, parfois, prit la défense du Sauveur contre Ses ennemis, était aussi un disciple secret. Ils sont restés fidèles à Dieu dans les moments les plus désespérés et et les plus difficiles - où tous les disciples, ayant abandonné l'Éternel, avaient pris la fuite. Joseph et Nicodème, au péril de leurs positions, se rendirent chez Pilate pour demander la permission d'enterrer le corps du Maître exécuté. Les corps des personnes exécutées étaient normalement jetés dans une fosse commune, mais Pilate leur donna cette permission. Comme nous le savons, ce furent Joseph et Nicodème qui portèrent le corps du Seigneur au tombeau, situé dans le jardin. 
Pourtant, les femmes regardaient de loin, sans oser se rapprocher - mais,  elles étaient allées au Golgotha, où peu parmi les proches du Seigneur étaient allés. Les femmes, au sujet desquelles nous ne savons presque rien, se tenaient là, soutenant la Vierge Marie par les bras. Nous savons seulement leurs noms: Marie de Magdala (Marie Madeleine), Joanna (femme de Khouza, intendant d'Hérode), Salomé (mère des apôtres Jacques et Jean), et plusieurs autres femmes de Galilée. Elles se tenaient sur la colline du Golgotha, regardant la façon dont leur Seigneur et le Maître mourait. Voyant où son corps était déposé, elles firent un vœu: quand le jour interdit du Sabbat serait passé - pendant lequel rien ne pouvait être acheté ou vendu - elles iraient acheter des huiles parfumées, et oindre le corps du Seigneur, accomplissant le rite funéraire elles-mêmes, puisque Joseph et Nicodème l'avait effectué à la hâte avant le coucher du soleil. 
Il est étonnant que le Seigneur apparut d'abord à précisément ces femmes, et seulement plus tard à Pierre et aux autres. Tous les évangélistes nous disent cela. Il est vrai que l'apôtre Paul a dit qu'Il était apparut d'abord à Pierre, mais il avait à l'esprit le premier des Apôtres, il n'a tout simplement pas parlé de Marie-Madeleine. Et vous savez que les femmes portaient ce qui était nécessaire aux rites funéraires, la "myrrhe", raison pour laquelle nous les appelons les Myrrhophores - et elles furent les premières à Le voir. 
Ce fut la joie de la victoire et la foi, qui s'était manifestée comme fidélité pendant un moment amer et difficile. Il était facile d'être fidèle dans le triomphe et la joie, il était facile d'être fidèle au Seigneur, le jour de Son entrée triomphale à Jérusalem, lorsque le peuple tout entier L'a accueilli dans l'exaltation et la louange. Mais pour  Lui rester fidèle au jour de Sa mort honteuse - c'était là fidélité réelle. 
Il en va de même avec notre foi: elle n'est pas possible sans la fidélité, car il y a des circonstances différentes dans la vie, des conditions différentes de l'âme et du corps. Lorsque vous êtes déprimé, malade, et dans la souffrance, quand vous êtes en pièces et que votre cœur est plein d'amertume et que vous vous sentez lésé par l'ensemble de la vie - si vous restez fidèle au Seigneur, c'est là la foi véritable. Aujourd'hui, nous glorifions toutes les saintes femmes, parce que c'est un jour béni pour toute femme chrétienne. Regardez leur assemblée entière: ici étaient des mères et des épouses, et des épouses, et des moniales, des vierges et des reines, et des pèlerines inconnues, et des folles-en-Christ - les femmes pouvaient, et peuvent, servir l'Eglise du Christ de diverses manières, car elles sont appelées à servir Dieu à travers la Mère de Dieu, qui est plus vénérable que les chérubim. 
Quand le Seigneur était avec Marthe et Marie, Il a dit que l'on n'avait pas besoin de s'engager seulement dans les travaux ménagers et la cuisine, que l'on n'avait pas besoin de rester seule dans la cuisine. Il a dit que Marie avait choisi la bonne part - elle avait écouté Sa Parole. Elles avaient toutes entendu Sa Parole: les femmes martyres, qui ont sacrifié leur vie pour la foi; les reines, comme Hélène Egale-aux-Apôtres et la princesse Olga, qui se sont converties et ont ensuite contribué à la conversion de leurs citoyens; et de bonnes mères avec une multitude d'enfants, comme sainte Julienne de Lazarevo,  personne de merveilleuse nature qui a sauvé les affamés de la mort et qui, pendant les années difficiles de l'ancienne Rus', fut la mère d'une multitude de gens. 
Il n'y a pas si longtemps, nous avons glorifié la Bienheureuse Xénia, qui n'est pas très bien connue à Moscou, étant plus honoré à Leningrad, où il y a une chapelle en son nom. J'ai moi-même vu combien de personnes y allaient, remercier sainte Xenia pour les guérisons. Il y a à cet endroit des témoignages sur la façon dont la guérison a eu lieu. Voici un exemple digne de confiance: on fit faire à une femme boiteuse trois fois le tour de la chapelle, puis à la quatrième fois, elle marchait sur ses propres jambes. Ce cas n'est pas du tout unique. 
Les femmes chrétiennes ont toujours servi, et servent le Seigneur. Il n'y a pas longtemps quelques religieuses de l'Inde sont venues ici, dans cette église, elles forment un ordre de bienfaisance, une sororité de miséricorde. Qu'est-ce que ces filles, ces femmes, et ces vieilles femmes possèdent? Leurs effets entiers se composent d'un matelas, d'un seau dans lequel ils ont mis leurs articles de toilette et des vêtements blancs - un sari indien dans lequel elles vont partout - et rien de plus. Seulement ses choses essentielles. Elles gardent toute la force et l'amour de leur cœur pour les malheureux, les malades, les mourants, et les victimes de diverses calamités. Il n'y a aucun endroit sur terre où ces sœurs de la miséricorde ne sont pas allées quand un malheur a eu lieu. Elles sont dirigées par  Sœur Teresa - Tarasia, dans notre langue - une vieille femme d'Albanie qui a consacré sa vie entière aux malheureux, d'abord en Inde puis dans d'autres pays. Ici nous honorons également la mémoire de la moniale Marie, qui a vécu à Paris, dans l'émigration. Elle a péri dans un camp de concentration allemand simplement pour sauver les gens de la persécution par les fascistes. Ces femmes sont des héroïnes, des saintes de notre temps. En se référant à elles, je tiens simplement à démontrer que le grand ministère de la femme n'est pas quelque chose de vénérable antiquité, mais quelque chose de contemporain, quelque chose qui vous est accessible, à vous les femmes. Aujourd'hui, nous vous félicitons toutes - mères, grands-mères, épouses, sœurs, filles - avec la fête des femmes chrétiennes, que le Seigneur vous bénisse et vous fortifie dans votre ministère dans l'Esprit et la Vérité de l'Evangile.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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