jeudi 8 mars 2012

Métropolite Jonas ( OCA): Ne sois pas rancunier, ne réagis pas, garde ton calme intérieur (2)



Ne réagis pas
Donc, ce premier principe spirituel - n'éprouve pas de rancœur - conduit au second. Nous devons apprendre à ne pas réagir. Ceci est simplement un corollaire de "tendre l'autre joue." Quand quelqu'un dit quelque chose de blessant, ou que quelqu'un fait quelque chose de nuisible, qu'est-ce qui a été blessé? C'est notre ego. Personne ne peut vraiment nous faire du mal. Ils pourraient causer une certaine douleur physique, ou une douleur émotionnelle. Ils pourraient même tuer notre corps. Mais personne ne peut nuire à notre vraie nature. Nous devons prendre la responsabilité de nos propres réactions. Ensuite, nous pouvons contrôler nos réactions.
Il y a un certain nombre de différents niveaux à ce principe. Au niveau le plus flagrant, si quelqu'un vous frappe, vous ne le frappez pas en retour. Tendez l'autre joue - c'est l'enseignement du Seigneur. C'est  vrai, c'est assez dur. Mais il y a un niveau plus profond encore. Parce que si quelqu'un vous frappe, et que vous ne le frappez pas en retour - mais que vous lui en voulez, et que vous supportez la colère et la haine et l'amertume contre lui, vous avez encore perdu. Vous avez encore péché. Vous avez encore brisé votre relation avec Dieu, parce que vous portez la colère dans votre coeur.
Une des choses avec  lesquelles il est très difficile de se réconcilier est cette réalité: lorsque nous portons la colère et le ressentiment et l'amertume dans nos cœurs, nous érigeons des obstacles à la grâce de Dieu en nous-mêmes. Ce n'est pas que Dieu arrête de nous donner Sa grâce. C'est ce que nous disons: "Non, Je ne La veux pas. "Qu'est-ce que Sa grâce? C'est Son amour, Sa miséricorde, Sa compassion, Son activité dans nos vies.
Les saints Pères nous disent que toute personne humaine qui est née sur cette terre, porte l'image de Dieu qui n'est pas faussée en elle-même. Dans notre tradition, il n'existe pas de nature déchue. Il y a des personnes tombées, mais la nature n'est pas déchue.
L'implication de cette vérité, c'est que nous n'avons pas d'excuses pour nos péchés. Nous sommes responsables de nos péchés, des choix que nous faisons. Nous sommes responsables de nos actions et de nos réactions. "Le Diable m'a poussé à le faire" n'est pas une excuse, parce que le Diable n'a  aucun pouvoir sur nous, si ce n'est celui que nous lui donnons. C'est difficile à accepter, car il est vraiment commode de blâmer le Diable. Il est également très commode de blâmer l'autre, ou notre passé. Mais, c'est aussi un mensonge. Nos choix sont les nôtres.
A un niveau encore plus profond, ce principe spirituel - ne réagis pas - nous enseigne que nous devons apprendre à ne pas réagir à des pensées. L'un des aspects fondamentaux de cette vigilance est intérieure. Cela peut sembler une tâche ardue, compte tenu du nombre de pensées que nous avons. Cependant, notre vigilance ne doit pas être concentrée sur nos pensées. Notre vigilance doit être centrée sur Dieu. Nous avons besoin de maintenir la prise de conscience de la présence de Dieu.
Si nous pouvons maintenir la conscience de Sa présence, nos pensées n'auront aucun pouvoir sur nous. Nous pouvons, pour paraphraser saint Benoît, précipiter nos pensées contre la présence de Dieu. Il s'agit d'un enseignement patristique très ancien. Nous concentrons notre attention sur le souvenir de Dieu. Si nous pouvons le faire, nous allons commencer à contrôler nos pensées importunes. Nos réactions viennent de nos pensées. Après tout, si quelqu'un dit quelque chose de méchant pour nous, comment réagissons-nous? Nous réagissons d'abord par notre pensée, nos pensées.
Peut-être avons-nous l'habitude de simplement laisser aller, après avoir fait une sorte de réponse méchante de notre cru. Mais veiller sur nos esprits afin que nous maintenions la Communion vivante avec Dieu, ne laisse pas de place pour les pensées distrayantes. Cela laisse beaucoup de place, si nous décidons que nous devons penser à quelque chose intentionnellement en présence de Dieu. Mais dès que nous nous engageons dans quelque chose de détestable, nous fermons la porte à Dieu. Et l'inverse est vrai - aussi longtemps que nous maintenons notre relation avec Dieu, nous ne serons pas capables de nous engager dans quelque chose de détestable. Nous ne réagirons pas.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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