mercredi 29 février 2012

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (6)





"Eglises soeurs"

Pour commencer, le terme d'églises sœurs [en tant que terme] peut être considéré comme indifférent ou tout à fait inacceptable. Il est théologiquement indifférent quand il est utilisé pour décrire la relation entre les Églises orthodoxes locales. Mais le terme est théologiquement inacceptable quand il est utilisé pour définir le caractère ontologique de l'Église orthodoxe et du Catholicisme romain.

Tout d'abord, le terme d'églises sœurs n'est pas bibliquement fondé, ni même justifié. Quand l'apôtre Paul mentionne les différentes Eglises locales, il ne les appelle pas "sœurs", il ne veut pas non plus dire dire qu'il existe une certaine Eglise comme "mère" de ces Eglises locales. Il possède une prise de conscience que l'Eglise est "Une" et qu'elle a un caractère universel avec la notion de la plénitude de sa vérité et de sa vie, à la tête de laquelle - comme nous l'avons dit -, il y a le Christ Lui-même. Alors, quand [saint- Paul] s'adresse à une Église locale, il a l'expression caractéristique: "Pour l'Eglise qui est à... (par exemple Corinthe)". Cela signifie que la manifestation de l'Eglise tout entière est en mesure de se produire dans chaque endroit où la communauté eucharistique des fidèles existe sous [la guidance de] son évêque. Il est certainement évident que l'unité de ces Eglises locales est maintenue par la communion entre elles dans cette foi, cette vie, et cet ordre ecclésiastique. Le synode de leurs évêques garantit dans la pratique, l'unité des Eglises locales.

De ce qui précède, il devient clair que, puisque même des Eglises locales aux vues similaires, dans les limites de l'Orthodoxie ne justifient pas théologiquement, qu'on les appelle "sœurs", d'autant plus n'y a-t-il aucune raison théologique et ecclésiologique pour appeler l'Église orthodoxe et le Catholicisme romain églises sœurs. En outre, le Catholicisme romain ne peut pas à proprement parler être appelé l'Eglise après l'année 1014 après J.-C., car à partir de là, les proscriptions disciplinaires [Epitimies, pénitences] des Conciles œcuméniques étaient spirituellement en vigueur pour les catholiques à la suite de leur chute du Corps Théanthropique [de l'Église ].

Ici, il est nécessaire de noter que la levée des interdictions disciplinaires ci-dessus n'est pas en mesure de prendre place simplement par [l'intervention de] tout personnage officiel de l'Église - aussi haut soit-il dans la hiérarchie ecclésiastique; celles-ci ne peuvent être levées que par un Concile œcuménique. Mais même cela ne peut arriver que dans le cas où, à l'avance, les enseignements dogmatiques qui ont entraîné la chute du catholicisme romain de l'Église sont rejetés [en premier lieu].

Et il est donc clair que, officiellement, depuis l'année 1014 J.-C., le Catholicisme romain n'est pas l'Église. Cela signifie en pratique qu'il ne dispose pas de la foi apostolique correcte ou de la succession apostolique. Il ne possède pas la grâce incréée, et par extension il ne dispose pas des Mystères divins qui font du Corps théanthropique de l'Eglise, la "communion de theosis [divinisation]" de l'humanité. Et ainsi, puisque l'Eglise n'est pas en mesure d'être et de rester "Une" et "Indivisible" jusques à la fin des temps, chaque communauté chrétienne en dehors de l'Eglise orthodoxe est simplement hérétique.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Cet article a été publié dans «Οικουμενισμός: Ιστορική και Κριτική Προσέγγιση», Συνείδησι (εκτάκτη έκδοση της Ι.Μ. Μετεώρου, Αγία Μετεώρα), Juin 2009, p. 78-83. [Une version en anglais du titre est: "L'œcuménisme: une approche historique et critique", Syneidisi (Publication spéciale du Saint Monastère des Météores)].

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