samedi 9 juillet 2011

Sainte Persévérande, Vierge-martyre d'Espagne commémorée le 26 juin/9juillet


Sainte Persévérande (+ 726 A.D. aussi connue sous le nom de Pecinna ou Pezaine) est née en Espagne d'une famille noble au septième siècle. Elle avait deux soeurs, saintes Colombe et Magrine. Ils se sont réunies avec d'autres jeunes femmes religieuses autour d'elles et ont mené une vie d'ascèse et de dévotion, jusques à ce que la renommée de leur sainteté attire l'attention du Roi Oliver, qui régnait dans l'une des provinces de l'Ouest de l'Espagne et qui était un féroce persécuteur de chrétiens.


En 726, Sainte Colombe dit à ses sœurs et à leurs amies qu'elles allaient devenir les victimes de la persécution. Elle avait à peine fini de parler que des lettres furent apportées, leur ordonnant de comparaître devant le Roi Oliver. Sainte Colombe, après avoir enjoint à ses sœurs d'être fermes dans la foi, s'en alla. Le roi lui demanda qui elle était et de quelle religion, et quand elle répondit qu'elle était chrétienne, il lui dit qu'elle ne lui ferait pas de mal si elle renonçait à sa foi. Un des assistants [du Roi] lui dit que cette femme ne devait pas être comparée pour la beauté à ses deux sœurs, et le Roi ordonna aussitôt à ses gardes d'aller saisir les autres femmes, en jurant par les dieux païens qu'il les prendrait pour comme esclaves.

En attendant, Persévérande et Magrine, averties par un rêve, se livrèrent à la protection de Dieu et s'enfuirent. Elles voyagèrent pendant sept jours, mais Persévérande mourut, épuisée par la faim et la fatigue. Des chrétiens vinrent par hasard en ce lieu, et virent une colombe, entourée par une lumière céleste, planant au-dessus du corps. Comme ils connaissaient la noblesse et la piété de la jeune fille, ils l'ensevelirent avec honneur dans le Poitou, qui a été renommé en son honneur.

Les messagers revinrent auprès du Roi et lui dirent qu'ils ne pouvaient pas trouver les saintes filles. Il était furieux et partit à leur recherche. Un des disciples du Roi trouva le corps de sainte Persévérande et tenta de l'amener au Roi Oliver, mais il devint aveugle.

Les reliques de sainte Persévérande  furent ensuite transférées à Niort, et finalement à Saint-Quentin.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (198)


Si ton regard sur les autres

Est celui du Christ sur toi
Le monde sera bien meilleur
Et la vie plus sainte

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

La Cathédrale Saint Nicolas de Nice élue deuxième plus belle cathédrale de Franc

Image illustrative de l'article Cathédrale orthodoxe russe Saint-Nicolas (Nice)


Après quatre semaines de vote, le 6 juillet dernier à minuit, le gong a retenti et nos internautes ont désigné la Cathédrale orthodoxe russe Saint Nicolas de Nice comme étant la deuxième plus belle cathédrale de France.

Parmi les 51 sélectionnées, les lecteurs du blog de hotel.info ont en effet plébiscité l’un des édifices qui fait la richesse du patrimoine orthodoxe en métropole française.


Merci à Perrine Labaune qui a transmis l'information

vendredi 8 juillet 2011

Père Alexis Young: Les moines orthodoxes celtes furent-ils les premiers en Amérique?

Timbre représentant Saint Brendan découvrant les îles Féroé et l'Islande

Pendant des siècles, on a fermement cru et enseigné que l'Amérique du Nord a été découverte par Christophe Colomb. Plus récemment, il a été convenu que les Normands ou Vikings ont probablement été sur ce continent vers l'an 1000. "Mais", comme les rédacteurs du National Geographic Magazine le font remarquer, "c'était peut-être un groupe de vagues, et pourtant très réels, moines marins irlandais qui a même précédé les Vikings de plus de quatre siècles." [1] En effet,il y a des preuves pour que cela puisse être vrai.

Au XXe siècle un certain nombre de chercheurs ont commencé à soupçonner que la saga médiévale connue comme le "Voyage de l'higoumène saint Brendan" (Navigatio Sancti Brendani Abbatis) n'était pas du tout une "pieuse fable", mais la narration d'un voyage réel - un voyage par saint Brendan et un certain nombre de moines d'Irlande à la côte Est de l'Amérique du Nord, avec des récits de ce que nous pouvons maintenant identifier comme les éruptions volcaniques d'Islande, une rencontre avec une baleine, et les icebergs.

Initialement, cette interprétation fut rejetée parce que les experts doutaient que quiconque pouvait avoir traversé l'Atlantique avec le type de bateau primitif ou en cuir à coque "curragh" connu pour avoir été utilisé très tôt par les marins irlandais ou celtiques. Ils doutaient, c'est-à-dire, jusques à ce que, dans les années 1970, l'explorateur britannique Timothy Séverin, traversât avec succès l'océan dans un bateau en cuir (une copie du bateau de saint Brendan), prouvant indubitablement que les moines irlandais pourraient avoir navigué avec leurs bateaux de cuir vers le Nouveau Monde, avant les Normands, et bien avant Colomb..." Tout aussi important, cela montre que le Voyage de Brendan n'était "pas de simples et splendides fantasmes médiévaux, mais un récit très plausible... fondé sur des faits réels et de véritables personnes." [2]

Pourtant,  il n'y avait aucune preuve réelle pour montrer que des Européens étaient allés en Amérique du Nord dès le sixième siècle, quand le "Voyage" de Brendan  est sensé avoir eu lieu.

Et puis, en 1982, un pétroglyphe - une inscription gravée dans la paroi d'une falaise ou d'un rocher - dans le comté du Wyoming, en Virginie occidentale, a été enregistré et identifié. Ce site avait été découvert en 1964, mais ce n'est qu'en 1970 qu'un archéologue de l'Etude Economique et Géologique  de Virginie Occidentale  l'a étudié et a conclu que ce pétroglyphe (roche sculptée) avait au moins cinq à sept cents ans, sinon plus, et était en contraste marqué avec les autres pétroglyphes connus dans la région. Douze ans plus tard, un archéologue éminent avec vingt-sept ans d'expérience sur le terrain, Robert L. Pyle, manifesta un sérieux intérêt pour ces pétroglyphes. Le Docteur Pyle, qui a une cote de GS-9 comme archéologue du gouvernement fédéral et est autorisé à faire des travaux archéologiques sur les projets fédéraux, n'avait pas de programme particulier à l'esprit, à la différence de Timothy Severin, qui cherchait à prouver qu'un bateau celtique primitif pourrait faire un voyage trans-atlantique, le Docteur Pyle voulait simplement scientifiquement et objectivement déterminer, si possible, quel était le sujet de ce pétroglyphe particulier.


Pétroglyphe de Wyoming passé à la craie à la craie.
Crédit: Gerald Ratliff

Autorité de premier plan dans le domaine des langues anciennes, et professeur émérite à Harvard, le Docteur  Barry Fell,se joignit à l'équipe de l'enquête. Il conclut que ces pétroglyphes "semblent dater du sixième-huitième siècle après Jésus-Christ, et qu'ils sont écrits en vieille langue irlandaise, employant un alphabet appelé Ogam, trouvé aussi sur d'anciennes inscriptions rupestres en Irlande... [et] sur un manuscrit de Dublin, connu sous le nom de "Tract Ogam", composée par un moine inconnu au XIVe siècle." [3] La première surprise est venue quand le message a été déchiffré:

"Au moment du lever du soleil, un rayon frôle l'encoche sur le côté gauche le jour de Noël, fête de l'Eglise, les sept premiers de l'année [chrétienne], la saison de l'avènement du Sauveur béni, le Seigneur Jésus-Christ . Voici, il est né de Marie, une femme. " [4]


Trois Chi Rho celtiques (les lettres grecques - "X" et "R" - pour le Christ) apparaissent aussi sur ces pétroglyphes (à l'extrême droite).



La deuxième surprise est venue quand les enquêteurs ont décidé de tester l'inscription par le calcul de la date du calendrier julien quand la fête de la Nativité tombait entre 500 et 800 après Jésus-Christ. Ainsi, le 22 décembre (nouveau style) 1982, ils sont allés sur le site avant l'aube et ont regardé et attendu. Soudain, alors que le soleil venait sur une crête, "une lueur de soleil pâle frappa le symbole du soleil sur le côté gauche des  pétroglyphes, et le soleil levant baigna le panneau entier dans la chaude lumière du soleil... pénétrant comme dans un entonnoir à travers une triple encoche formé par le surplomb rocheux. " [5]

Une autre inscription, appelée le Horse Creek Petroglyph [pétroglyphe de la crique du cheval] (dans le comté de Boone, en Virginie occidentale), a également donné une traduction chrétienne avec  l'utilisation du  Chi Rho.

Fig. N  Horse Creek Petroglyph

Photographie du pétroglyphe de  Horse Creek.
Crédit: Arnout Hyde, Jr.



Bien sûr, une enquête plus approfondie et l'étude de ce sujet fascinant est justifiée, et des tests importants sont en attente pour certains artefacts trouvés sur ces sites. Mais pour l'instant, nous pouvons dire qu'une preuve est lentement mais sûrement élaborée sur l'existence des Celtes, très problablement des moines, sur ce continent bien avant tous les autres [voyageurs] venus de l'Occident.

Ceci est particulièrement intéressant parce que les chrétiens celtes étaient aussi des chrétiens orthodoxes, appartenant à l'Eglise une, véritable et universelle du Christ, et avant que l'Occident ne se soit séparé de l'Eglise orthodoxe au dixième siècle. Leur spiritualité, loin d'être la "spiritualité New Age" à la mode que beaucoup d'écrivains d'aujourd'hui attribuent anachroniquement  aux anciens Celtes, a été complètement orthodoxe dans l'enseignement ainsi que dans la pratique monastique et ascétique.

En effet, le Père Grégoire Télépneff, dans son étude passionnante et érudite, The Egyptian Desert in the Irish Bogs [le désert égyptien dans les tourbières irlandaises], conclut que le christianisme celtique révèle en réalité des influences "coptes significatives* [c'est-à-dire égyptiennes] d'un genre spécifiquement monastique." [6]

Ces "trouvailles" archéologiques en Virginie occidentale et ailleurs, qui semblent indiquer une présence celtique et monastique sur ce continent de plus d'un millier d'années, donnent un impératif aux chrétiens (orthodoxes ou non) d'étudier l'Occident Orthodoxe (en particulier dans la vie des saints) comme il était avant le Grand Schisme. Parce que la floraison riche et authentique de l'orthodoxie, en particulier dans le christianisme orthodoxe celte, est caractérisée par à la fois l'ascèse et la sainteté, il peut être aussi nourrissant pour l'âme qu'il l'était pour les croyants d'il y a un millénaire et un plus.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

 Orthodox Life [ Vie orthodoxe], 
no 1, 2001, p. 33-36.
cité par 

** NOTE OODE: "Copte" est une anglicisation du "qoubt" arabe. Les Coptes sont les descendants directs des anciens Egyptiens. L'Eglise copte (antichalcédonienne) est la portion de l'Eglise d'Alexandrie, qui a rompu avec les autres Eglises orthodoxes dans le sillage du quatrième Concile œcuménique de Chalcédoine en 451. Partageant un patrimoine commun préalablement avec les orthodoxes (chalcédoniens) de l'Eglise d'Alexandrie, elle a  ses origines chez l'Apôtre Marc. Le mot "copte", initialement utilisé pour faire référence aux Egyptiens (natif du pays)  en général, est aussi utilisé dans le texte ci-dessus, mais il a subi un glissement sémantique au cours des siècles pour signifier plus précisément "Égyptien chrétien*. "Suite à la convention standard de savants, Père Grégoire Télépneff utilise le mot "Copte" dans son étude comme synonyme d'égyptiens, c'est, comme un terme général indiquant les descendants ethniques des anciens Egyptiens (pré-chrétiens) et de leur langue afro-asiatique distincte (maintenant morte, sauf pour les usages  liturgiques). En tant que tel, l'utilisation de "Copte" ne doit pas être confondu avec son sens populaire, plus commun comme terme désignant spécifiquement les égyptiens antichalcédoniens, à savoir, les membres de l'Église dite Copte.

Notes 
1. "Who Discovered America? A New Look at an Old Question," National Geographic, December 1977.
2. "The Voyage of Brendan," by Timothy Severin, ibid.
3. "Christian Messages in Old Irish Script Deciphered from Rock Carvings in W. Va.," by Dr. Barry Fell, Wonderful West Virginia, March 1983
4. Ibid.
5. "Light Dawns on West Virginia History," by Ida Jane Gallagher, Wonderful West Virginia, ibid.
6. Telepneff, Fr. Gregory, The Egyptian Desert in the Irish Bogs: The Byzantine Character of Early Celtic Monasticism, 1998

Saint Brendan, icône du diacre Paul Homes
Patriarcat de Moscou/ Paroisse de Bruxelles
+

L'Ermitage du cœur (197)


Que tes paroles
Soient franches et justes
Comme si tu parlais
Devant le Maître Saint

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

jeudi 7 juillet 2011

Père Jean (Romanides) de bienheureuse mémoire



f. Ioannis S. Romanides
Eloge funèbre du Père Jean (Romanides) prononcé par le Père Georges (Metallinos) , Doyen de la Faculté de Théologie d'Athènes

Au nom du Département de Théologie de l'École de l'Université d'Athènes et de son Président M. Demetrios Gonis, on m'a fait l'honneur d'offrir quelques paroles d'amour, de respect et d'honneur pour l'excellent collègue, qui était en route pour les " hautes sphères ».

Le défunt s'était lui-même révélé ainsi dans une de ses rares présentations de lui-même:

"Mes parents venaient de la ville romaine (*) de Kastropolis d'Arabessus en Cappadoce, berceau de l'empereur romain Maurice (582-602), qui avait nommé saint Grégoire le Grand (590-604) pape de Rome, qui à son tour nomma Augustin premier archevêque de Cantorbéry (597-604).
Je suis né au Pirée le 2 mars 1927. J'ai quitté la Grèce et j'ai émigré en Amérique le 15 mai 1927 (âgé seulement de 72 jours) avec mes parents et j'ai grandi dans la ville de New York, à Manhattan, sur la 46ème rue, entre la deuxième et la troisième avenue.
Je suis diplômé du Collège grec de Brookline au Massachusetts, de l'Ecole de Théologie de l'Université de Yale, docteur de l'École de théologie de l'Université nationale Capodistrienne d'Athènes, de l'Ecole de Philosophie de l'Université de Harvard (École des arts et des sciences); Professeur émérite de l'Ecole de Théologie de l'Université Aristote de Thessalonique et professeur invité de l'École théologique de Saint Jean Damascène de l'Université de Balamand au Liban depuis 1970 ".
A ceci, nous ajouterons qu'il a également étudié au Séminaire Russe Saint Vladimir à New York; à l'Institut russe aussi de Saint-Serge à Paris et à Munich, en Allemagne. Il a été ordonné prêtre en 1951 et depuis lors, a officié dans différents diocèses des États-Unis d'Amérique. Entre les années 1958 et 1965 il a servi comme professeur à l'École théologique de la Sainte Croix, mais a démissionné en 1965, pour protester contre le renvoi du père de George Florovsky de l'Ecole.

Sa nomination au siège de Dogmatique à l'Ecole de Théologie de l'Université de Thessalonique a eu lieu le 12 Juin 1968, mais il n'y a finalement pas été affecté, parce qu'il était accusé d'être  "communiste"! Sa prise de poste a finalement eu lieu en 1970. En 1984, il a démissionné pour des raisons personnelles, a pris une retraite à taux plein, mais il n'a pas été jugé approprié de lui accorder le titre de professeur émérite: chose qui révèle les dysfonctionnements de nos collègues théologiens.

SON ŒUVRE

Il a écrit une pléthore d'études, dont beaucoup sont encore inédites et devraient être publiées ensemble, dans une série de volumes. Ces reliques doivent être préservés, car elles ont beaucoup à offrir et à révéler.

Sa thèse de doctorat sur le Péché Originel qui était un traité littéralement révolutionnaire, a ouvert de nouvelles voies dans notre théologie, elle fut suivie par ses livres tout aussi importanst sur la Romanité, dans le domaine de l'Histoire. Père Jean a relancé ces deux domaines: de recherche et de compréhension.

Son travail et sa contribution à la science ont été systématiquement analysés dans la thèse de doctorat d'Andrew Sopko, "Prophète de l'Orthodoxie Romaine - la Théologie de Jean Romanides" Canada 1998.

Tout aussi importante est sa participation et sa contribution à notre Eglise, avec sa participation aux dialogues théologiques avec les participants hétérodoxes, en particulier les anglicans, mais avec d'autres représentants religieux également (judaïsme, islam). Le fait que sa langue maternelle était l'américain (l'anglais) lui a fourni la facilité dont il avait besoin pour exposer avec précision les positions de notre Église. Dans le dialogue avec la Fédération Luthérienne Mondiale (1978), j'ai eu l'occasion de me familiariser avec lui, et de devenir un de ses proches, et, plus important pour moi, de devenir vraiment son élève, au-delà de l'étude approfondie et continue de ses œuvres. Dans ces dialogues, sa vaste connaissance de la tradition patristique est devenue très apparente, avec les falsifications qu'elle avait subies à la fois en Orient et en Occident, et surtout sa connaissance de la théologie de saint Grégoire Palamas, pierre angulaire de la tradition orthodoxe.

Père Jean était partisan de l'association entre la théologie et l'expérience de l'Esprit Saint, et du cheminement par étapes de catharsis spirituelle, d'illumination et de theosis [déification] des saints, comme préalables des Conciles œcuméniques et de leur acceptation sans réserve,  chose qui a été écartée en Occident, mais aussi dans notre propre pensée théologique occidentalisante. Ce tournant vers la mentalité patristique comme forme d'authenticité ecclésiastique était la poursuite et l'achèvement du mouvement initié par le père George Florovsky, dont il a poursuivi le cours dans le dialogue œcuménique, lui même devenant une gêne , car il n'était pas facile de converser avec lui. Un jour, tout cela va être mis par écrit, afin que le caractère exceptionnel du défunt apparaisse, avec sa véritable contribution à la présence internationale et œcuménique de l'Orthodoxie, même s'il a souvent été lui-même réservé...

L'avant et l'après Romanides

Lors de l'examen de son opus théologique, éducatif, littéraire et militant,  nous sommes naturellement obligés de nous référer à une ère avant Romanides et après Romanides. Parce qu'il introduisit une coupure réelle et une faille dans notre passé scholastique, qui ressemblait à une captivité babylonienne de notre théologie. Sa thèse a résolument scellé ce cours revivaliste, dans la mesure où même ceux qui pour diverses raisons le critiquaient ou lui manifestaient leur opposition idéologique, trahissaient dans leurs écrits l'influence du père Jean dans leur pensée théologique. Plus précisément, le père Jean:

a) a rétabli la priorité de la patristique théologique empirique dans le domaine universitaire de la théologie, écartant la voie intellectuelle méditative-métaphysique de théologisation.

b) Il a lié la théologie académique au culte et à la tradition patristique de Philocalie, prouvant l'inter-pénétration de la théologie et de la vie spirituelle, et le caractère pastoralo-thérapeutique [ποιμαντικό-θεραπευτικό] de la théologie dogmatique.

c) Il discernait et adoptait dans sa méthode théologique le lien étroit entre le dogme et l'histoire, grâce auquel, il a été en mesure de comprendre, comme peu de gens le pouvaient, l'aliénation et la disparition de la théologie en Europe occidentale, qui est née de l'occupation franque et de sa dictature. En outre, sa connaissance compétente de l'histoire franque et romaine (il était destiné à être professeur d'histoire à Yale), l'a aidé à déterminer et à analyser la différence diamétrale entre les civilisations franque et romaine, avec l'introduction de critères romains pour examiner notre histoire et notre civilisation.

d) Il a ainsi également aidé à la recherche exhaustive de l'hellénisme, au-delà des scénarios fabriqués par l'Occident, avec sa position stricte consistant à justifier  absolument l'utilisation de nos noms historiques, de leur signification et de leur potentiel dans le cours de notre histoire.

Les hétérodoxes

C'est un fait, que les hétérodoxes ont reconnu-plus que nous-, la personnalité du Père Jean et de son importance pour l'Orthodoxie. Il était considéré comme le meilleur chercheur orthodoxe du bienheureux Augustin, qui a même aidé la théologie occidentale à le comprendre, et a été caractérisé comme "assurément le plus grand des théologiens orthodoxes vivants, dont les travaux comprennent une étude critique des travaux d'Augustin à la lumière de la théologie patristique" . Et il faut dire, que nous sommes redevables au Père Jean pour son affirmation de poids selon laquelle les enseignements de Barlaam de Calabre sur les expériences de perception de Dieu des prophètes étant "des phénomènes naturels, qui peuvent être faits et défaits" sont dérivés du Traité sur la Trinité du bienheureux Augustin.

Père Jean respecté et aimé, tes amis, tes collègues,  tous expriment notre gratitude, pour tout ce que, par la Grâce de Dieu, tu nous as donné. Comme les milliers d'étudiants, directs ou indirects le font  également. Nous nous accrochons au legs théologique que tu nous as laissé,  pour qu'il soit notre bâton de marche dans l'obscurité que le calcul, l'ignorance, l'indifférence et le profit ont engendrée. Tu nous as unis avec l'élément patristique dans le domaine de la théologie universitaire, en nous exhortons sans cesse vers le culte et l'exercice ascétique, où la véritable théologie est cultivée. Nous te remercions!

Que ta mémoire soit éternelle, jusques au temps où nous nous rencontrons à nouveau à l'autel céleste, mon bien-aimé collègue et commensal dans le ministère.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

(*): Par romaine, le père Jean entend grec!

Site d'intérêt:

L'Ermitage du cœur (196)


L'Eglise est demeure véritable
Où par la prière commune
Et la réception des Sacrements
Tu vis déjà dans le Royaume


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 6 juillet 2011

Mission Orthodoxe au Pakistan


Il y a actuellement plus de 400 fidèles orthodoxes au Pakistan. Originaire du Pakistan, le Père Jean Tanveer, est leur chef spirituel, étant le seul prêtre orthodoxe du pays. La Mission orthodoxe est sous l'omophorion de Nektarios Métropolite de la Métropole Orthodoxe Grecque de Hong Kong et d'Asie du Sud Est. La mission orthodoxe au Pakistan a été initiée par l'archevêque Nikitas en 2005 et elle a été officialisée lors de l'ordination du Père Jean en novembre 2009 par le Métropolite Nektarios. L'église est située à Lahore, cependant il n'y a pas de bâtiment d'église visible. Tous les services liturgiques sont organisés dans une petite pièce de la maison de Père Jean et de sa presbytera Rosy, où environ 40 à 50 fidèles assistent chaque dimanche la Divine Liturgie.

Père Jean Tanveer

Père Jean est né dans une famille catholique et il était le troisième de six enfants. Son zèle profond pour la foi et plus tard la soif d'apprendre, l'ont amené à être ordonné prêtre catholique romain en 1986 après avoir terminé 10 années de formation au séminaire. Pendant plus de 10 ans, le Père Jean a servi le diocèse de Lahore avec enthousiasme en tant que prêtre et professeur au séminaire de Lahore. Toutefois, au cours de l'enseignement, l'étude, la prière et la lecture, il en est venu à se renseigner sur l'Eglise orthodoxe. C'est elle qui était, pensa-t-il, "l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique".

Puisque la hiérarchie catholique romaine ne permettait pas l'accès à du matérel ou des livres orthodoxes, il commença à utiliser Internet pour en apprendre davantage sur la foi et intégrer ses enseignements dans ses leçons et ses sermons. Puis, en 1996, le Père Jean a finalement parlé à son évêque et lui a dit que dans son étude de l'Église orthodoxe, il avait découvert beaucoup de différences dans les enseignements des deux églises. Il a dit: "Je dois voir qui sont ces orthodoxes." Son évêque a essayé de dissuader son intérêt, mais il a démissionné de ses fonctions pastorales et a quitté la prêtrise catholique romaine. En raison de pressions culturelles dans un pays islamique, le Père Jean a épousé en 1997 la presbytera Rosy et bientôt il a commencé une famille. Ils ont maintenant trois enfants âgés de 15, 12 et 10 ans, et en tant que famille, ils ont continué leur  long périple de la vie pour "devenir orthodoxes."

Après avoir quitté l'Église catholique romaine en 1996, la hiérarchie rendit très difficile pour Père Jean d'obtenir un travail ailleurs. Toutefois, il réussit à obtenir un emploi au journal de presse internationale à Lahore, où il gagna sa vie en étant journaliste et en écrivant divers articles. Il n'allait pas à l'église à l'époque, mais il commença la recherche d'un vrai foyer spirituel par la lecture et la recherche au sujet de la foi orthodoxe. En Juillet 1998, le Père Jean soumit une lettre à un grec qu'il avait rencontré dans ses années à Lahore afin de s'enquérir de la façon de devenir orthodoxe. Cet homme transmit sa lettre qui finalement aboutit dans les mains du Métropolite Nikitas, de Hong Kong et d'Asie du Sud Est. En Octobre 1998, le Père Jean reçut une lettre du Métropolite Nikitas l'invitant à entamer un dialogue sur la façon de devenir orthodoxe. Après avoir appris les antécédents de Père Jean, le Métropolite Nikitas conseilla à Père Jean de commencer à apprendre le grec ou le russe pour pouvoir être admis dans un séminaire orthodoxe. Après le contact initial, le Métropolite Nikitas et le Père Jean furent sans contact pendant un certain temps, mais ils se rencontrèrent en personne, en 2003, où le Père Jean partagea avec Son Eminence son expérience d'évangélisation d'autres personnes à la foi orthodoxe. Encore une fois il y eut un long silence, puis en 2005, le Métropolite Nikitas visita à nouveau  le Pakistan et y baptisa et chrisma 300 personnes dans la foi orthodoxe. La mission orthodoxe au Pakistan fut officiellement enregistrée auprès du gouvernement du Pakistan peu après et le Père Jean (bien qu'il ne fut pas encore officiellement prêtre orthodoxe) poursuivit ses activités pastorales, évangélisa les autres par des conférences et des séminaires.

Après avoir été Chrismé en 2005, le Père Jean savait qu'il voulait rentrer dans le sacerdoce et il a donc commencé la préparation de son devoir sacré. On a demandé à Père Jean de s'inscrire au séminaire de la Sainte Croix aux Etats-Unis en 2005 et 2006, cependant aucune de ces possibilités ne se matérialisa car le Père se vit refuser à deux reprises un visa pour les Etats-Unis. Au lieu de cela, il reçut le matériel pour se préparer à étudier pour l'ordination et, en 2007, il fut envoyé au Monastère Saint-Nicolas à Tripoli, en Grèce pendant trois mois pour étudier et se préparer à l'ordination. Toutefois, en raison du changement  de Métropolite, l'ordination de Père  Jean fut encore retardée. Après le transfert de l'archevêque Nikitas comme directeur de l'Institut Orthodoxe Patriarcal Athénagoras à Los Angeles, en Californie, en 2008, le Saint Synode de l'Eglise de Constantinople a élu l'Archimandrite Nektarios comme nouveau Métropolite de Hong Kong et d'Asie du Sud. Ce changement dans la hiérarchie et la structure ralentirent les plans de Père Jean d'être ordonné prêtre en 2007, cependant ses activités pastorales au Pakistan ne cessèrent pas. Enfin, en Novembre 2008, le Métropolite Nektarios ordonna Père Jean diacre le 15 Novembre, et le jour suivant, il l'ordonna prêtre à Athènes en Grèce.

En dépit d'un grave manque de ressources financières, la Mission orthodoxe du Pakistan fournit une large gamme de soutien à ses fidèles et à d'autres dans la communauté, y compris l'éducation, la santé, l'aide financière et l'assistance des orphelins, des personnes âgées, des infirmes ou de ceux qui souffrent et y compris divers programmes de sensibilisation. Leurs moyens de subsistance propres ont été sacrifiés pour soutenir l'Eglise, mais ils gardent joyeusement et fidèlement le cap que Dieu a mis devant eux. Ils ont été soutenus financièrement uniquement avec le salaire de la presbytera, et jusques au 31 août, elle  travaillait dans une école catholique romaine privée d'enseignement de l'anglais. Toutefois, elle a été forcée de quitter l'école le jour avant le début de la rentrée scolaire parce qu'elle est orthodoxe. De plus, ils sont contraints de trouver des moyens alternatifs d'éducation pour leurs trois enfants qui étudient dans la même institution.







À la lumière des récentes inondations qui ont dévasté le pays entier du Pakistan, sans mentionner les innombrables attentats suicides et l'environnement autrement instable, le Père Jean et la Mission orthodoxe du Pakistan ont besoin de notre aide maintenant plus que jamais. En raison d'une perte complète de salaire, les Tanveer ont besoin de soutien financier pour non seulement survivre, mais aussi pour poursuivre et étendre les activités pastorales de la Mission orthodoxe au Pakistan. S'il vous plaît joignez-vous à nous dans la prière pour ce prêtre fidèle et sa famille et considérez la manière dont vous pouvez soutenir la Mission orthodoxe au Pakistan. Merci

Orthodox Mission in Pakistan
PO Box 9371
Baltimore, MD 21228

USA
Chèque ou Mandats postaux payable à Orthodox Mission in Pakistan.
Dons par carte voir site


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et

L'Ermitage du cœur (195)


Vis chaque jour que Dieu fait

Dans la louange du Nom
Et chaque heure de ton temps
Restera dans l'éternité de Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 5 juillet 2011

Hiéromoine Théologue: Les premiers pigmées orthodoxes



De la fenêtre du Boeing 737, je pouvais voir la jungle équatoriale dessous, enveloppée dans son manteau brumeux comme une infinie mer verte. J'ai revu en mon esprit l'ensemble de belles créations de Dieu - rationnelles et l'irrationnelles - qui y vivent. Après un vol d'environ une heure et quinze minutes, nous avons atterri en frôlant presque les sommets des grands arbres puissants, lorsque la piste de l'Impfondo (République du Congo) est soudainement apparue devant nous.

Parmi la foule qui attendait, je pouvais discerner une grande silhouette portant une soutane: c'était le diacre Serge. Au temple nous avons été accueillis avec des fleurs par plusieurs de nos fidèles. J'ai apprécié quelques heures merveilleuses de prières avec eux, pendant le Grand Carême.

Leur participation quotidienne était vivante pendant les Matines et les Grandes Vêpres. Pendant la Divine Liturgie de l'Annonciation et de la Vénération de la Croix, la maison que nous avions louée était remplie de néophytes, à l'intérieur et à l'extérieur. Leurs âmes étaient aussi remplies des vérités de notre foi qui concernaient notre Sainte Mère et la précieuse Croix, lors de la catéchèse qui suivit. 
Quoi que le Seigneur nous inspirait  de dire, ils l'entendaient dans trois langues différentes: en français, pour ceux qui étaient allés ou allaient à l'école; en lingala, pour beaucoup de femmes et les analphabètes, et dans la langue  baâka des pygmées, comme les gens du pays les appellent. Les Pygmées sont nombreux parmi nos fidèles et ce sont des ouailles très ponctuelles. Ils sont nombreux parmi les habitants d'Impfondo, après la création de deux districts aux abords de la ville.



À la mi-mars, le gouvernement a organisé un autre type de forum pour les Pygmées. Des camps et des lieux de rencontre ont été créés en dehors de la ville, ainsi qu'un amphithéâtre pour les événements officiels. Beaucoup de visiteurs sont arrivés et d'énormes dépenses ont été faites. Le thème: la reconnaissance des droits des Pygmées et leur acceptation comme membres égaux dans les communautés locales. On leur a également attribué une section de la jungle à côté de la rivière, où ils ont construit leurs huttes. De cette façon, leur position parmi les Bantous, les autres Africains, a été officiellement améliorée, cependant, pas leurs finances, parce que rien n'a été laissé au cours de l'argent qui leur avait été abondamment attribué. 
Ils ont continué à venir à l'Eglise en haillons sales. C'est la raison pour laquelle nous avons organisé un comité pour les fidèles et nous avons acheté et distribué des vêtements (intacts, quoique de seconde main) au bazar. Ce furent les vêtements qu'ils portèrent également à leur baptême.
Le 26 Mars, sur les rives du fleuve Oubangui, j'ai effectué le baptême du troisième groupe à Impfondo. Parmi les catéchumènes, vingt-sept ont été préparés, dont douze étaient de petits enfants. Dix-sept étaient Bantous, dont dix étaient des Pygmées, quatre hommes et six femmes.

Une fois encore, une pirogue a été utilisée comme plate-forme, afin que l'eau soit assez profonde au point de baptême [pour l'immersion]. Un assez grand nombre de fidèles étaient venus, et plusieurs de nos pygmées catéchumènes étaient également présents, observant le Sacrement du Baptême et se réjouissant avec ceux qui étaient baptisés. 
Ils étaient assis sous l'ombre des grands arbres sur les rives du fleuve. Nous, cependant, étions observés par le regard brûlant du soleil équatorial, ainsi que par les pêcheurs qui passaient près de nous avec leurs pirogues.
+
Le Baptême du groupe a duré plus de deux heures, et les cœurs et les visages des nouveaux baptisés brillaient, tout comme leurs cierges blancs et leur chemise blanche, il y en avait autant que nous avions pu en  trouver au marché. Les anges les avaient aussi étreints avec joie, les protégeant contre la fureur des démons: lors de notre départ, nous avons entendu un grand bruit derrière nous, tandis qu'une grosse branche se détachait d'un arbre gigantesque, tombant exactement à l'endroit où, seulement trois minutes avant cela,  étaient assis les familles des pygmées qui observaient le sacrement. 
Quand nous sommes arrivés près de notre Eglise, un scooter a heurté la petite Rebecca alors qu'elle traversait la route. Elle aussi avait observé le baptême avec sa mère, toutes deux étant orthodoxes. Nous l'avons emmenée à l'hôpital immédiatement. Heureusement, elle n'a eu que quelques contusions aux pieds: son Ange la tenait par la main ...

Pendant la Divine Liturgie de la vénération de la Précieuse Croix, les vingt-sept nouveaux baptisés ont d'abord reçu la Sainte Communion, puis, presque tous les fidèles. Des rafraîchissements étaient offerts, et une homélie sur la  Précieuse Croix a été prononcée. Les Pygmées chantaient leur joie et dansaient, selon leur propre tradition.

Cependant, ma joie fut rendue parfaite par  le report de mon vol le lendemain, nous donnant l'occasion d'un autre séjour de quatre jours dans cette ville africaine traditionnelle, où un vélo primitif m'a aidé à mieux la connaître, mais également permis les conditions de maturation pour l'achat le jour même de la propriété sur laquelle l'église de Saint-Marc sera érigée.

L'évangéliste Marc, saint protecteur de l'Afrique, s'occupera par la suite de la nouvelle communauté orthodoxe, assurant sa continuité et faisant en sorte que les rêves de nos frères se matérialisent.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et

L'Ermitage du cœur (194)


Le temps de la prière
Est le temps de Dieu
Ne le vole pas
En négligeant ton âme

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 4 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (10 & Fin) Conséquence de la guidance spirituelle qui ne mène pas à la déification


Греческий монастырь на горе Фавор. Роспись кафоликона. Фото: Антон Поспелов / Православие.Ru


Aujourd'hui, les jeunes gens recherchent des expériences. Ils ne se contentent pas d'une vie matérialiste, ni de la société rationaliste que nous leurs aînés nous avons mises entre leurs mains. Nos enfants, étant icônes de Dieu, "appelés à être des dieux", cherchent quelque chose au-delà des formes logiques de l'éducation de la philosophie matérialiste et athée que nous leur offrons. Ils recherchent des expériences de la vraie vie. Et, certes, il n'est pas suffisant pour eux qu'on leur parle de Dieu. Ils veulent une expérience de Lui, de Sa Lumière, de Sa Grâce. Beaucoup d'entre eux cherchent en vain, à recourir à de nombreux substituts bon marché pour trouver quelque chose en dehors ou au-delà la logique, parce qu'ils ne savent pas que l'Église a, à la fois la capacité de les réconforter, et l'expérience de ce dont ils ont soif.

D'autres sont amenés aux mystiques orientales comme le yoga, d'autres encore à l'occultisme ou au gnosticisme, et enfin, malheureusement, même au satanisme pur et simple.

Même dans la morale, ils ne connaissent nulle frontière, car la moralité, une fois séparée de son essence et dépourvue de son but, qui est de les unir au Dieu saint, finit par n'avoir absolument aucun sens.

Puis des phénomènes tragiques telles que l'anarchie et le terrorisme deviennent monnaie courante, de sorte que beaucoup de jeunes gens se donnent à chaque type d'extrémisme et de violence contre leurs semblables; ils désirent profondément satisfaire un dynamisme qu'ils ont en eux-mêmes. Ce désir profond qui est le leur, n'est pas satisfait, simplement parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'être guidés vers la déification [Théosis].

La majorité des jeunes gens, et pas seulement les jeunes, gaspillent le précieux temps de leur vie, ainsi que les pouvoirs que Dieu leur a donnés pour la réalisation de l'objectif de déification, à la chasse au plaisir et au culte charnel. Malheureusement, c'est souvent avec la tolérance de l'Etat que ces choses deviennent leurs idoles contemporaines, leurs "dieux" contemporains, causant ainsi une grande corrosion à leur corps et à leur psyché.

Vivant sans idéaux quels qu'ils soient, les autres dépérissent dans diverses professions, insipides, et nuisibles, et certains prennent plaisir à conduire des voitures à des vitesses excessives sur les routes, souvent avec des résultats tragiques de blessures et de décès, et d'autres, à nouveau, après de nombreuses explorations, se rendent sans condition à une dépendance aux drogues démoniaques, nouveau fléau de notre époque.

Enfin, assez de gens, après une vie relativement courte pleine d'échec et de déception, consciemment ou inconsciemment, cherchent à mettre fin aux tourments de leur quête vaine, recourant malheureusement à la forme extrême du désespoir, le suicide.

Tous les jeunes gens qui ont recours à ces choses irrationnelles et tragiques ne sont pas des hooligans. Ils sont jeunes, enfants de Dieu, nos enfants aussi, qui, déçus par la société matérialiste, égoïste que nous leur léguons, ne trouvent pas ce pour quoi ils ont été modelés: le vrai, l'éternel. Nous ne le leur avons pas donné, et donc ils ne le connaissent pas. Ils ne connaissent pas le grand dessein de la vie de l'homme, la déification. Alors, ne trouvant pas la paix dans toutes les autres choses, ils ont recours en désespoir de cause aux formes dont nous avons parlé.

Aujourd'hui, par amour désintéressé, de nombreux bergers de notre sainte Église, évêques, prêtres, pères spirituels, et des frères laïcs, se consacrent quotidiennement à la guidance spirituelle de notre jeunesse vers le but de la déification. Nous sommes reconnaissants pour leur sacrifice et leur offrande, pour cette œuvre qui plaît à Dieu, avec laquelle, par la Grâce de Dieu, les psychés pour lequelles le Christ est mort sont sauvées et sanctifiées.

Humblement, la Sainte Montagne aide et assiste dans cette grande détresse de l'Église. Le jardin de notre Panaghia, étant un endroit spécial de sainteté et de silence consacrée à Dieu, goûte à la bénédiction de la défication, vit en communion avec Dieu, et possède une expérience intense et vivante de Sa grâce et de Sa Lumière, de sorte que beaucoup de nos semblables, la majorité d'entre eux jeunes, en bénéficient et sont raffermis et renaissent en Christ par un pèlerinage au Mont Athos, ou y en maintenant des liens plus spécifiques avec lui. De cette façon, les gens aiment Dieu dans leur vie, et commencent à comprendre ce qu'est l'Orthodoxie, ce qu'est la vie chrétienne, ce que le combat spirituel est, et quelle joie et grande signification ces choses donnent à leur existence. C'est-à-dire, qu'ils goûtent quelque peu à ce grand don de Dieu à l'homme, la déification.

Tous, Pasteurs de l'Église, théologiens,  catéchistes, n'oublions pas de guider spirituellement vers la déification, par laquelle les jeunes gens, mais aussi nous tous humbles, avec la grâce de Dieu et dans notre lutte quotidienne, lutte de repentance et d'observance de Ses commandements sacrés, acquérons la possibilité de jouir de cette bénédiction de Dieu, de cette union avec Lui, pour en profiter très fortement dans cette vie, mais aussi pour gagner le bonheur éternel et la béatitude.

Sans cesse remercions le Seigneur Saint pour le don de la déification, qui est un don de Son amour. Répondons à Son amour avec notre propre amour. Le Seigneur veut et désire que nous soyons déifiés. Après tout, à cette fin, Il S'est fait homme et Il est mort sur la Croix, afin de briller comme Soleil au milieu des soleils, et comme Dieu au milieu des dieux.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Illustration:
Monastère grec du Mont Thabor

L'Ermitage du cœur (193)


Tu n'es qu'un pèlerin
Mais la halte de ta vie
Est dans le Royaume
Du Roi Céleste

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Jean-Claude LARCHET: Recension/ Michel Quenot, « Personne n'a jamais parlé comme Lui: L'enseignement des Paraboles »

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Michel Quenot, « Personne n'a jamais parlé comme Lui: L'enseignement des Paraboles», éditions Saint-Augustin, Saint Maurice (Suisse), 2010, 239 p.
Dans ce nouveau livre, le père 
Michel Quenot quitte le monde de l’icône qui lui est cher, pour nous offrir des commentaires des paraboles contenues dans les Évangiles, lequelles ont été rassemblées par thèmes: « À la conquête du Royaume »; « Accueillir le don de Dieu »; « Miséricorde et bonté de Dieu »; « L’attitude juste envers l’autre »; « L’attitude juste envers Dieu »; « Sur le jugement dernier »; « Agir avec sagesse ».
Dans ces courtes méditations, on retrouvera le style simple de l’auteur, qui ouvre ses textes à un public large et les rend appropriés à la catéchèse.
À défaut de pouvoir trouver des illustrations proprement iconograhiques (que les canons n’autorisent pas, puisque les paraboles ne mettent pas en jeu des personnes réelles), on trouve ici avec plaisir dix remarquables dessins en noir et blanc réalisés par le grand iconographe 
Photis Kontoglou.
Lire la suite "Recension: Michel Quenot, « Personne n'a jamais parlé comme Lui: L'enseignement des Paraboles »" »

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Белые ночи/ Nuit blanche

Белые ночи. Фото: архиепископ Вологодский и Великоустюжский Максимилиан
Фото: архиепископ Вологодский и Великоустюжский Максимилиан
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dimanche 3 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (9) Conséquence de la guidance spirituelle pour la déification

Икона Божией Матери Милостивая, Киккская


CONSÉQUENCES DES ORIENTATIONS POUR déification


La guidance spirituelle qu'offre l'Eglise orthodoxe, avec les Services Divins, la théologie patristique, le monachisme est a une orientation theanthropocentrique [i.e. elle unit Dieu et l'homme]. Son centre est le Christ, Dieu-homme, et elle conduit à la déification [Theosis].

Cela apporte une grande joie dans notre vie quand nous savons ce qu'est un grand destin que nous avons, et que ce bonheur qui nous attend.

Car fixer notre regard sur la déification adoucit la douleur dans toutes les épreuves et tous les soucis de la vie.

Lorsque nous nous battons pour atteindre le but de déification, c'est-à-dire, quand nous nous voyons les uns les autres comme des dieux à venir, notre attitude envers nos semblables change pour le mieux. Combien plus profonde et plus importante sera la guidance spirituelle que nous allons ensuite donner à nos enfants! De quelle manière agréable à Dieu un père et une mère aimerons alors et respecterons leurs enfants, en sentant la responsabilité et la charge sainte qu'ils auront à leur égard; et comment les aideront-ils alors, par la grâce de Dieu, pour atteindre la déification, la fin pour laquelle ils les ont mis au monde! Et comment les aideront-ils tout naturellement, si eux-mêmes ne sont pas orientés vers ce but, vers la déification? Combien plus de respect que nous aurons pour nous-mêmes lorsque nous ressentirons pour nous-mêmes qui nous avons été modelés pour ce grand dessein, quand nous sommes sans égoïsme et orgueil qui s'opposent à Dieu!

Certes, les saints Pères et les grands théologiens de l'Eglise disent que c'est de cette façon, en surmontant notre amour-propre et la philosophie anthropocentrique de l'égoïsme, que nous devenons des personnes réelles, de vrais hommes. Ensuite, nous allons rencontrer Dieu avec révérence et amour, mais aussi répondre à notre semblable avec respect et dignité véritable ne le voyant pas comme un outil de plaisir et d'exploitation, mais comme une icône de Dieu destinée à la déification.

Tant que nous sommes enfermés au sein de nous-mêmes - au sein de notre ego - nous sommes des individus, mais pas des personnes. Une fois que nous sortons de notre existence individuelle fermée et commençons, en accord avec cette orientation basée sur la déification, avec la grâce de Dieu, mais aussi avec notre propre coopération - à aimer, à nous offrir d'autant plus à Lui et à notre prochain, nous devenir des personnes véritables. C'est-à-dire que lorsque notre "moi" rencontre le "Tu" de Dieu, et le "vous" de notre frère, alors nous commençons à notre propre moi perdu. Car à l'intérieur de la communion dans la déification pour laquelle nous avons été modelés, nous sommes en mesure de nous ouvrir, pour communiquer, pour vraiment nous apprécier les uns les autres... et pas seulement d'une manière égoïste.

C'est la philosophie de la Divine Liturgie, dans laquelle nous apprenons à surmonter les intérêts étroits, minimalistes auxquels le Diable, nos péchés, et nos passions nous obligent, au lieu d'apprendre à nous ouvrir à une communion de sacrifice et d'amour dans le Christ.

Une prise de conscience de cet appel important, à savoir celui de la déification, console et complète bien l'homme.

L'humanisme de notre Église orthodoxe est basé sur cette grande vocation de l'homme, et de ce fait, elle se développe tous ses pouvoirs à l'extrême.

Quelle autre forme d'humanisme, tout progressiste et libéral qu'il puisse paraître, est aussi révolutionnaire que celui de l'Eglise qui est capable de faire de l'homme un dieu? Seul l'humanisme de l'Eglise atteint un but si élevé.

Aujourd'hui en particulier, lorsque tant de gens tentent de tromper le peuple, et en particulier les jeunes, en proposant de faux humanismes qui en fait mutilent l'homme et ne le complètent pas, l'accent mis sur cette guidance [spirituelle] de l'Eglise a une grande importance

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après