samedi 2 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (8) L'échec de nombreux êtres qui veulent atteindre la déification


Ainsi, alors que nous avons été appelés à ce grand dessein de nous unir à Dieu, de devenir des Dieux par Grâce, et de profiter de cette grande bénédiction pour laquelle notre Créateur nous a faits, cependant nous vivons souvent comme si cet objectif grand et noble n'existait pas pour nous. Pour cette raison, notre vie est remplie d'échecs.

Notre Dieu saint nous modelé pour la déification, donc si nous ne sommes pas déifiés, notre vie entière est un échec.

Citons quelques-unes des raisons de cet état de fait...

1) L'attachement aux soucis basiques de la vie

Nous pouvons faire des choses bonnes et belles; nous pouvons étudier, avoir une profession, élever une famille, acquérir des biens ou accomplir des actes de bienfaisance. Quand nous voyons le monde et l'utilisons eucharistiquement, comme un don de Dieu, alors tout se joint à Lui et devient un chemin vers l'union avec Dieu. Si même alors, nous ne nous unissons pas avec Dieu, nous avons échoué, et tout a été inutile.

Habituellement, les gens échouent parce qu'ils sont induits en erreur par les divers buts secondaires de la vie. Ils ne placent pas la divinisation en premier et avant toute chose. Ils sont absorbés par les belles choses du monde et perdent de vue l'éternel. Ils se donnent entièrement à des fins secondaires, et oublient "la seule chose nécessaire" (cf. Luc 10:42).

Particulièrement aujourd'hui, les gens sont constamment occupés, et nous négligeons notre salut dans l'intérêt de ces activités quotidiennes. Peut-être cela est-il un stratagème du diable pour tromper même les élus. Par exemple, nous dépensons maintenant du temps à l'apprentissage, à étudier, lire, nous n'avons pas le temps de prier, d'aller à l'église, ou de nous confesser et de prendre part à la Sainte Communion. Demain, nous aurons des réunions et des conseils, des obligations personnelles et sociales; comment trouverons-nous le temps pour Dieu? Après-demain, nous aurons des mariages, les affaires de la famille, il est impossible de s'engager dans les choses spirituelles. Nous aussi, répétons continuellement à Dieu: "Je ne peux pas venir... je Te demande de m'excuser" (cf. Luc 14:19-20).

Ainsi, toutes les choses belles et légitimes perdent leur valeur.

Toutes ces choses ont une valeur réelle et substantielle lorsqu'elles sont entreprises avec la Grâce de Dieu, par exemple, quand nous essayons de tout faire pour la gloire de Dieu, mais seulement quand on ne cesse de nostalgie et de continuer à poursuivre ce qui est au-delà des études, au-delà de la profession, au-delà de la famille, au-delà de toutes les responsabilités de bonnes et saintes et des activités; c'est seulement quand nous continuons à désirer également la déification, que toutes ces choses trouvent leur sens réel dans une perspective éternelle. C'est alors qu'elles sont bénéfiques pour nous.

Le Seigneur a dit: "Cherchez premièrement le Royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront données de surcroît" (Matthieu 6:33). Le Royaume de Dieu est déification, c'est lorsque nous recevons la grâce de l'Esprit Très Saint. Lorsque la Grâce divine vient et règne en l'homme, l'homme est gouverné par Dieu, et grâce à ces hommes déifiés, la Grâce de Dieu vient à d'autres hommes et à la société. Mais comme les Pères l'enseignent, dans la Prière du Seigneur: "Que ton Règne vienne" signifie " que vienne la grâce de l'Esprit Saint". Quand il arrive, c'est ce qui divinise l'homme.

2) Le moralisme

Malheureusement, l'esprit de moralisme dont nous avons parlé précédemment, c'est-à-dire, ce qui consiste à fonder la vie chrétienne sur l'amélioration morale, a nui à la piété et à la spiritualité des chrétiens à un degré significatif, même ici dans notre pays. Nous avons souvent cessera de poursuivre la déification en raison de l'influence occidentale sur notre théologie.

La guidance qui vise seulement à l'amélioration morale est anthropocentrique - elle est centrée sur l'homme, et en elle, l'effort humain domine, et non pas la grâce de Dieu. Il semble donc que si c'est notre propre moralité qui nous sauve, et non pas la Grâce de Dieu. La vie dans ces conditions, ne nous donne pas l'expérience authentique de Dieu, donc l'âme n'est pas vraiment satisfaite, car sa soif inassouvie demeure. Cette méthode de guidance a été éprouvée, et elle a échoué parce qu'elle ne représente pas le véritable esprit de l'Eglise du Christ. Elle est souvent responsable de l'athéisme et de l'indifférence de beaucoup de gens envers la vie spirituelle, en particulier chez les jeunes.

Dans nos catéchismes, nos sermons et tout ce que dit par les parents, les enseignants, le clergé et les autres ouvriers de l'Eglise, au lieu de parler des améliorations stériles de l'humanité, éduquons les chrétiens dans la déification. C'est le véritable esprit et l'expérience de l'Eglise. Sinon, les vertus, indépendamment de leur grandeur, n'accomplissent pas, en fait, le but de la vie chrétienne. Elles sont tout simplement les voies et les moyens qui nous préparent à accepter la déification, la Grâce de l'Esprit Saint, comme saint Séraphim de Sarov l'a clairement enseigné.

3)  L'humanisme anthropocentrique 

Cet humanisme auto-suffisant, est un système socio-philosophique qui est séparé de fait et indépendant de Dieu. Il conduit l'homme contemporain à une civilisation fondée sur l'égoïsme, et il a amené l'humanité moderne dans une impasse. Au nom du développement et de la libération de l'humanité, il veut nous éloigner de notre foi chrétienne orthodoxe.

Mais y a-t-il un plus grand développement possible pour l'homme que la déification?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (191)


Sois le pèlerin irénique
Qui chemine dans ce monde
Avec la certitude claire
De la victoire finale du Christ

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Radio (France culture): « Saint Maxime le Confesseur », avec Jean-Claude Larchet.



Jean-claude-larchet.jpg



L’émission de radio Orthodoxie, sur France culture, du dimanche 3 juillet, à partir de 8 heures, sera consacrée à saint Maxime le Confesseur, à l’occasion de la parution du premier volume des « Questions à Thalassios » dans la collection « Sources chrétiennes ». Au cours d’un entretien avec Alexis Chryssostalis, Jean-Claude Larchet, auteur de l’introduction et des notes, évoquera la vie et l’œuvre de saint Maxime le Confesseur, son engagement dans le combat contre les hérésies monoénergiste et monothélite, et fera une présentation générale des « Questions à Thalassios ». Une seconde émission, qui sera diffusée le dimanche 17 juillet, présentera quelques thèmes majeurs de cette œuvre importante pour la théologie et la spiritualité chrétiennes.
L'émission pourra être écoutée en direct par l’Internet sur le site de France culture, puis, ensuite, sur cette page où se trouvent également les précédentes émissions en podcasts.

vendredi 1 juillet 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (7) Expériences de déification



Les expériences de déification [Théosis] sont proportionnelles à la pureté de l'homme. Plus quelqu'un est purifié des passions, plus haute sera l'expérience qu'il recevra de Dieu, il voit Dieu comme cela fut écrit: "Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu" (Matthieu 5:8).

Quand l'homme commence à se repentir, à se confesser, et à pleurer pour ses péchés, il reçoit les premières expériences de la Grâce de Dieu. Ces expériences sont d'abord des larmes de repentir, qui apportent une joie indicible à la psyché, et puis la paix profonde qui suit cela. Pour cette raison, ce deuil pour nos péchés est appelé "deuil joyeux", comme le Seigneur le dit également dans Ses Béatitudes: "Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés" (Matthieu 5:4).

Ensuite, nous procédons vers des stades supérieurs par l'illumination divine dans laquelle le noûs [intellect] est illuminé et voit les choses, le monde, et les hommes avec une autre Grâce.

Puis le chrétien aime Dieu encore plus, et des larmes nouvelles et différentes viennent, plus grandes, qui sont des larmes d'amour pour Dieu, les larmes de l'éros divin. Alors, il ne pleure plus pour ses péchés, parce qu'il a la certitude que Dieu a pardonné ses péchés. Ces nouvelles larmes, qui apportent à la psyché un plus grand bonheur, la joie et la paix, sont une meilleure expérience de divinisation.

Ensuite, l'homme acquiert l'absence de passion: une vie sans passions trompeuses et faiblesses coupables. Puis il est calme et paisible face à toutes les agressions externes, ayant été délivré de l'orgueil, de la haine, de la méchanceté, et des désirs de la chair.

Il s'agit de la deuxième étape de divinisation, appelé "theoria", au cours de laquelle l'homme, ayant déjà été purifié des passions, est illuminé par l'Esprit Saint, est rendu lumineux sur la voie qui le fera devenir déifié. La "theoria" signifie vision. La theoria de Dieu signifie une vision de Dieu. Pour voir Dieu, il doit être un homme déifié. Ainsi, la theoria de Dieu signifie aussi la divinisation.

Bien sûr, quand il a été soigneusement purifié et s'est offert entièrement à Dieu, alors il reçoit également la plus grande expérience de la Grâce divine pour les hommes, qui, selon les saints Pères, est la vision de la Lumière Incréée de Dieu. Ceux qui sont très avancés dans la divinisation voient cette Lumière, il en est très peu à chaque génération. Les saints de Dieu la voient et apparaissent en son sein, et, accessoirement, c'est ce que les halos des saintes icônes nous montrent.

Ainsi, dans la vie de saint Basile le Grand, il est dit que quand saint Basile était en prière dans sa cellule, ceux qui pouvaient le voir, ont vu que lui-même, et même sa cellule, brillaient dans cette Lumière Incréée de Dieu, la Lumière de la grâce divine. Dans la vie de beaucoup des nouveaux martyrs de notre foi, nous lisons que, après d'horribles tortures, quand les Turcs pendaient leurs corps dans les places de la ville pour intimider les autres chrétiens, pendant de nombreuses nuits une lumière apparaissait autour d'eux. Elle brillait si clairement et si vive que, parce que de cette manière la vérité de notre foi était si brillamment montrée, les conquérants ordonnèrent qu'on les enlève, de sorte qu'ils n'aient pas honte devant les chrétiens, qui voyaient comment Dieu glorifiait Ses saints martyrs.

La grâce de la divinisation préserve les corps des saints incorruptibles, et ce sont les saintes reliques qui exsudent la myrrhe et font des miracles. Comme saint Grégoire Palamas le dit, la grâce de Dieu, ayant d'abord été unie avec le psychisme des Saints, après elle enveloppe leurs corps saints comme un suaire et emplit aussi de Grâce: non seulement leurs corps, mais aussi leurs tombes, leurs icônes et leurs Églises. Voici la raison pour laquelle nous vénérons et embrassons les icônes, les reliques des saints, les tombes, et les églises des saints. Grâce à la divinisation, toutes ces choses ont quelque chose de la grâce de Dieu qu'avait le saint dans sa psyché en raison de son union avec Dieu.

Par conséquent, dans l'Eglise, nous jouissons de la grâce de divinisation non seulement avec notre psyché, mais aussi avec notre corps, parce que le temple de l'Esprit Saint qui habite en elle, et partage ses luttes avec la psyché, le corps est sûrement glorifié.

La grâce jaillissant du Seigneur Saint, le Christ Dieu-homme,  est répandue dans notre Panaghia [Très Sainte, id est la Mère de Dieu], dans les Saints, et elle vient aussi à ceux d'entre nous qui sont humbles.

Il est certainement intéressant de noter que les expériences des chrétiens ne sont pas toujours les expériences de divinisation et ne sont pas toujours aussi spirituelles. Beaucoup de gens ont été trompés par des expériences démoniaques ou psychologiques. Afin qu'il n'y ait pas de danger d'illusion et aucune influence démoniaque, tout ceci doit être humblement mentionné au père spirituel, qui, éclairé par Dieu, discernera si ces expériences sont authentiques ou non, et il vous donnera la direction appropriée à la psyché qui se confesse. Généralement, notre obéissance au Père spirituel est l'un des points les plus fondamentaux de notre chemin spirituel. A travers elle nous acquérons un esprit ecclésiastique de disciple du Christ par lequel la légitimité de nos efforts est confirmée, afin de nous guider vers l'union avec Dieu.

Au sein de l'Eglise, un domaine spécial de divinisation est le monachisme, où les moines, ayant été sanctifiés, reçoivent des expériences élevées d'union avec Dieu.

Beaucoup de moines qui vivent la divinisation et la sanctification aident aussi toute l'Église, car, comme nous, les chrétiens le croyons, en suivant en cela la tradition séculaire de l'Eglise sainte, la lutte des moines a un effet positif sur la vie de chaque fidèle qui se lutte dans les monde. Dans notre Orthodoxie, le peuple de Dieu a une grande vénération pour le monachisme à cause de cela.

Après tout, dans l'Eglise, nous participons à la communion des saints, et nous faisons l'expérience de la joie de l'union avec le Christ. Nous entendons par là que dans l'Eglise nous ne sommes pas isolés, mais membres d'une unité, d'une fraternité, d'une communauté fraternelle... non seulement entre nous, mais aussi avec les saints de Dieu, ceux qui vivent aujourd'hui sur la terre et ceux qui nous ont quittés. Pas même à la mort les chrétiens ne sont divisés. La mort est incapable de séparer les chrétiens, car ils sont tous unis dans le corps ressuscité du Christ.

Par conséquent, chaque dimanche et à chaque fois que la Divine Liturgie est célébrée, nous sommes tous présents avec tous les anges et tous les saints à travers tous les âges. Même nos parents défunts sont présents, si, bien sûr, ils sont unis avec le Christ. Nous sommes tous là et communiquons entre nous mystiquement, et non pas extérieurement, mais en Christ.

Cela est évident au cours de la prothèse, où les portions de la Panaghia, des saints, et des chrétiens vivants et défunts, sont toutes placées sur la Sainte Patène autour de l'Agneau, du Christ. Après la sanctification de la sainte oblation, toutes ces parcelles sont immergées dans le Sang du Christ.

C'est la grande bénédiction de l'Eglise, que d'être ses membres et, en tant que membres du Corps du Christ, de pouvoir communiquer/communier non seulement avec Dieu mais aussi entre nous.

La tête de ce corps est le Christ Lui-même. La vie vient de la tête au corps. Le corps a certainement des membres vivants, mais il a aussi des membres qui n'ont pas la même vitalité, non pas tous les membres ont une santé parfaite. Ceci s'applique à la majorité d'entre nous. La vie vient du Christ Lui-même et les membres de Ses membres vivants; le sang sain est également livré à d'autres membres en moins bonne santé, de sorte que lentement, lentement, ils deviennent également sains et forts. C'est pourquoi nous devons être dans l'Eglise... afin de recevoir de la santé et la vie, parce que à l'extérieur du corps de l'Eglise, il n'ya pas de possibilité que nous puissions guérir et devenir revivifiés.

Tout cela, bien sûr, ne vient pas immédiatement. Tout au long de notre vie, le chrétien orthodoxe doit lutter, de sorte que, lentement, lentement, au sein de l'Église, avec la grâce de Dieu, avec l'humilité, le repentir, la prière et les Saints Mystères, il peut être sanctifié et déifié.

Ceci, cependant, est le but de nos vies; le grand but. Il n'est pas si important de savoir exactement jusques où nous progressons. Notre lutte elle-même, que Dieu bénit abondamment, a une valeur à la fois dans le siècle présent et dans le siècle à venir.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (190)


L'indifférence à la détresse des frères
Met soudain un voile de deuil
Entre le Ciel et la terre
Et tu ne vois plus l'Autre Soleil

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Поклонный крест

Поклонный крест. Фото: Сергей Веретенников
Фото: Сергей Веретенников
in 
http://www.pravoslavie.ru/gallery/image85_16574.htm

Décès de Vladimir Dimitrijević, fondateur et directeur des éditions L’Âge d’Homme

Dimitri_170
Vladimir Dimitrijević, fondateur et directeur des éditions l’Age d’Homme est décédé hier soir d’un accident de la circulation, à Clamecy, dans l’Yonne, alors qu’il faisait, comme plusieurs fois par mois depuis de nombreuses années, le trajet entre le siège de sa maison d’édition à Lausanne et sa librairie parisienne. Né en 1934 dans l’ex-Yougoslavie, il avait fait une brillante carrière de footballeur avant de d’émigrer clandestinement en Suisse à l’âge de 20 ans et de fonder en 1966, à Lausanne, une maison d’édition. Celle-ci allait connaître un avenir prestigieux, faisant connaître dans le monde francophone les plus grands noms de la littérature slave et constituant progressivement un catalogue de plus de 4500 titres, où cohabitaient les romans, pièces de théâtre, poèmes et essais d'auteurs de nombreuses nationalités. Autodidacte, Vladimir Dimitrijevic, avait un goût littéraire très sûr, et en conséquence un vrai talent de découvreur, n’hésitant pas à prendre des risques financiers pour promouvoir et suivre un auteur qui le valait. Il considérait qu’« il n’est de vraie littérature que produite non par des fonctionnaires bien pensants et zélés, mais par des fous, par des ermites, des hérétiques, des rêveurs, des rebelles et des sceptiques ».



jeudi 30 juin 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (6) Les qualifités nécessaires pour la déification





Les saints Pères disent que dans l'Église que nous pouvons certainement atteindre la déification. Pourtant, la déification est un don de Dieu. Ce n'est pas quelque chose que nous pouvons atteindre par nos propres moyens. Naturellement, nous devons vouloir, lutter, et nous préparer afin que nous soyons dignes, capables et assez réceptifs pour accepter et garder ce grand don de Dieu, puisque Dieu ne veut pas faire quoi que ce soit pour nous, sans notre liberté. Néanmoins, la Théosis [déification] est un don de Dieu. Pour cette raison, les saints Pères disent, d'une part, que nous "souffrons" la déification, et d'autre part, que Dieu actionne la déification.

Nous discernons également certaines qualités nécessaires sur le chemin de l'homme vers la déification:

a) L'humilité

Selon les saints Pères, la première qualification nécessaire est l'humilité. Sans l'humilité bénie, l'homme ne peut pas être mis sur la bonne voie pour la Théosis, il ne peut accepter la grâce divine et ainsi s'unir avec Dieu. Il suffit de reconnaître que la divinisation est le but de la vie, qu'elle exige notre humilité, car sans humilité, comment allez-vous reconnaître que le but de votre vie est en dehors de vous, qu'il est en Dieu?

Tant que l'homme vit de manière égocentrique, anthropocentrique, de manière autonome, il se place au centre et comme but de sa propre vie. Il croit qu'il peut être perfectionné par ses propres efforts; défini par ses propres efforts; déifié par ses propres efforts. Tel est l'esprit de la civilisation contemporaine, de la philosophie contemporaine, de la politique contemporaine: créer un monde encore meilleur, encore plus juste, mais faire ceci de façon autonome, par soi-même; créer un monde qui aura l'homme en son centre, sans référence à Dieu ; sans la reconnaissance que Dieu est la source de tout bien. C'est la faute qu'Adam a commise, croyant que, avec seulement ses propres pouvoirs, il pourrait devenir Dieu, il pouvait devenir parfait. La faute d'Adam est celle que tous les credos humanistes font à travers tous les âges. Ils ne considèrent pas que la communion avec Dieu soit indispensable pour la réalisation de l'homme.

Tout ce qui est orthodoxe est centré d'une manière divino-humaine; son centre est le Dieu-homme, le Christ. Tout ce qui n'est pas orthodoxe a ce dénominateur commun: son centre est l'homme, que ce soit dans le protestantisme, le catholicisme romain, la franc-maçonnerie, le millénarisme, l'athéisme, ou tout autre chose est en dehors de l'orthodoxie. Pour nous, le centre est Dieu-homme, le Christ. Cela signifie qu'il est facile pour quelqu'un de devenir hérétique, millénariste, franc-maçon ou tout autre chose, mais il est difficile de devenir chrétien orthodoxe. Pour devenir chrétien orthodoxe, vous devez d'abord accepter que le centre du monde n'est pas vous, mais le Christ.

Ainsi, le début du chemin vers la Théosis est l'humilité, c'est-à-dire que nous reconnaissons que le but de notre vie est en dehors de nous; c'est avec notre Père, notre Créateur.

L'humilité est nécessaire pour voir que nous sommes malades, que nous sommes intolérants, que nous sommes pleins de faiblesses et de passions.

Encore une fois, pour persister dans cette voie, quelqu'un qui commence le chemin de la divinisation doit avoir  l'humilité constante, car s'il accepte l'idée qu'il agit parfaitement bien simplement en utilisant ses propres forces, alors la fierté pénètre lui, il perd ce qu'il a gagné et doit recommencer depuis le début, à devenir humble, à voir sa faiblesse, sa maladie humaine, et à apprendre à ne pas compter sur lui-même. Afin de se trouver en permanence sur le chemin de la divinisation, il a besoin de dépendre de la Grâce de Dieu.

Par conséquent, dans la vie des saints, leur grande humilité nous impressionne. Alors qu'ils étaient près de Dieu, ils brillaient dans la lumière de Dieu, ils étaient thaumaturges, ils donnaient la myrrhe, et pourtant, en même temps ils croyaient eux-mêmes qu'ils étaient très modestes, très loin de Dieu, qu'ils étaient les pires des hommes. C'est cette humilité qui en faisait des dieux par la grâce.

2) L'ascétisme

Les saints Pères nous disent également que la divinisation a des degrés. Elle commence par le stade le plus faible et progresse vers le plus élevé. Une fois que nous avons l'humilité, afin de devenir purifiés des passions, nous commençons notre ascèse en appliquant les saints commandements du Christ, en commençant notre lutte quotidienne en Christ par le repentir et avec beaucoup de patience. Les saints Pères disent que dans Ses commandements Dieu Lui-même est caché. Quand un chrétien les observe par amour et foi en Christ, alors il s'unit avec Lui.

Selon les saints Pères, cette première étape de divinisation est aussi appelé "praxis". C'est des conseils pratiques donnés au début de la voie de la divinisation.

Naturellement, ceci n'est pas du tout facile, parce que la lutte pour déraciner les passions à l'intérieur de nous est grande. Beaucoup d'efforts sont nécessaires, de sorte que, progressivement, notre désert intérieur est purifié des épines et des pierres des passions pour qu'il puisse être cultivé spirituellement, et afin que la semence du Logos de Dieu puisse tomber et porter ses fruits. Des efforts importants et continus envers nous-mêmes sont nécessaires pour tout cela. C'est pourquoi le Seigneur dit que "le Royaume de Dieu souffre violence, de sorte que les violents s'en emparent." (Matthieu 11:12). Et, les saints Pères nous enseignent encore: "Donnez du sang et recevez l'Esprit", c'est-à-dire vous ne pouvez pas recevoir le Saint Esprit, si vous ne donnez pas le sang de votre coeur dans la lutte pour vous purifier des passions, afin de vous repentir véritablement et en profondeur, et en vue d'acquérir les vertus.

Toutes les vertus sont des aspects de la seule grande vertu, la vertu de l'amour. Quand un chrétien acquiert l'amour, il a toutes les vertus. C'est l'amour qui expulse la cause principale de tous les maux et de toutes les passions de la psyché de l'homme. Cette cause, selon les saints Pères, c'est l'égoïsme. Tous les maux en nous viennent de l'égoïsme, qui est un amour malade pour soi-même. C'est la raison pour laquelle notre Église a l'ascétisme. Sans l'ascèse, il n'y a pas de vie spirituelle, pas de lutte, et aucun progrès. Nous obéissons, jeûnons, veillons, œuvrons avec des prosternations, et des stations debout, tout cela afin que nous puissions être purifiés de nos passions. Si l'Eglise orthodoxe cesse d'être ascétique, elle cesse d'être orthodoxe, car elle cesse alors d'aider les hommes à se débarrasser de ses passions, afin qu'ils deviennent des dieux par la grâce.

Les Pères de l'Eglise développèrent un grand et profond enseignement anthropologique sur le psychisme et les passions de l'homme. Selon eux, dans la psyché vous pouvez distinguer les parties intelligentes et passibles. Le passible, à nouveau, comprend des parties passionnées et désirantes. La partie intelligente contient les facultés de raisonnement de la psyché; les pensées et les pouvoirs cognitifs. Les parties passionnées sont les émotions positives et négatives, l'amour et la haine. La partie désirante contient les bons désirs des vertus et les désirs mauvais pour le plaisir; pour le plaisir, l'avarice, la gourmandise, le culte de la chair et des passions charnelles. À moins que ces trois parties de la psyché, la partie intelligente, la passionnée, et la désirante ne soient purifiées, l'homme ne peut pas recevoir la grâce de Dieu en lui-même, et il ne peut pas être déifié. La partie intelligente est purifiée par la vigilance, qui est la garde continue du noûs [intellect] des pensées, en gardant les bonnes pensées et en rejetant les mauvaises. La partie passionnée, encore une fois, est purifiée par l'amour. Enfin, la partie désirante est purifiée par l'auto-contrôle. Toutes ces parties sont à la fois purifiées et sanctifiées par la prière.

3) Les Saints Mystères et de la prière

Le Christ Lui-même s'installe dans le cœur de l'homme par les Saints mystères: le saint baptême, la chrismation, la sainte confession et  la Divine Eucharistie. Les chrétiens orthodoxes qui sont en communion avec le Christ ont Dieu et Sa grâce en leur sein, dans leur cœur, parce qu'ils ont été baptisés, chrismés, se sont confessés et ont reçu la Sainte Communion.

Les passions couvrent la grâce divine comme les cendres enterrent une étincelle. Grâce à l'ascèse et à la prière, le cœur est purifié des passions, l'étincelle de la grâce divine est ravivée, et le fidèle chrétien  sent [la Présence du] Christ dans son cœur, le centre de son existence.

Chaque prière de l'Eglise contribue à purifier le cœur, mais la prière dite monologique, aussi connue comme prière noétique ou prière du cœur, est particulièrement utile: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi, pécheur". Cette prière, qui a toujours été prononcée sur la Sainte Montagne, présente l'avantage suivant: parce qu'elle est en une seule phrase: elle nous aide à concentrer notre noûs [intellect] plus facilement. Concentrant notre noûs [intellect], nous plongeons dans notre cœur, et puis nous veillons à nous assurer qu'il n'est pas occupé par d'autres choses et d'autres idées, bonnes ou mauvaises, mais qu'il est occupé avec Dieu seulement.

La pratique de cette prière du cœur, qui, avec la grâce de Dieu peut à terme devenir continue, est toute une science, un art sacré que les saints de notre foi décrivent en détail dans leurs saints écrits, et aussi dans une grande collection de textes patristiques appelée la "Philocalie" [Amour de la Beauté].

Cette prière aide et réjouit l'homme, et quand le chrétien progresse dans cette prière et que dans le même temps sa vie suit les saints commandements du Christ et de son Église, alors il est digne de recevoir  l'expérience de la Grâce divine. Il commence à goûter la douceur de la communion avec Dieu, de savoir par expérience "Goûtez et voyez que le Seigneur est bon" (Psaume 34:8). Pour nous, orthodoxes, Dieu n'est pas une idée, quelque chose que nous pensons, que nous discutons ou lisons, mais une personne avec Qui nous entrons en communion personnelle de vie et, c'est quelque chose que nous vivons, et Quelqu'un de Qui nous recevons l'expérience.

Ensuite, nous voyons quelle grande joie, innommable et indicible, c'est d'avoir le Christ en nous et d'être chrétiens orthodoxes.

Dans leurs différentes préoccupations et toutes leurs occupations quotidiennes, Il aide les chrétiens qui sont dans le monde à trouver au moins quelques minutes de silence pour pratiquer eux-mêmes cette prière.

Certes, quand tous les travaux et les obligations sont accomplis dans l'humilité et l'amour, et dirigés vers Dieu, ils nous sanctifient, mais la prière est aussi nécessaire.

Dans une pièce calme (peut-être après une lecture spirituelle, ou après avoir allumé une petite lampe à huile devant des icônes et après avoir brûlé de l'encens), autant que possible, loin du bruit et de l'activité, et après que toutes autres considérations et pensées soient devenues silencieuses, ils devraient plonger leur noûs [intellect] dans le coeur en disant la prière: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi pécheur". Combien de paix et de force le psychisme tire de ce silence de Dieu! Combien cela les renforce au cours de la journée afin qu'ils puissent rester paisibles sans tension nerveuse et anxiété, mais en ayant toutes leurs forces réunies dans l'harmonie!

Certaines personnes dans d'autres endroits recherchent le silence de la psyché en utilisant des moyens artificiels qui sont trompeurs et démoniaques, comme dans les religions dites orientales. Ils essaient de trouver un certain silence en utilisant des exercices extérieurs, la méditation etc, pour atteindre un certain équilibre de la psyché et du corps. Le défaut de tout cela, c'est que, à proprement parler, même quand l'homme essaie d'oublier les diverses considérations du monde matériel, il n'a pas de dialogue avec Dieu, mais seulement un monologue avec lui-même, de sorte que de nouveau il se retrouve dans l'anthropocentrisme, et de cette façon, il échoue.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Photo:
Chapelle Russe orthodoxe 
de 
Rock Creek Cemetery
Washington D.C. USA
(Trad.)

L'Ermitage du cœur (189)


La prière véritable
Est celle qui s'exprime dans le silence
Qui est selon saint Ephrem le Syrien
Le langage du monde à venir

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mercredi 29 juin 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (5) La déification est possible grâce aux énergies incréées de Dieu


Загрузить увеличенное изображение. 736 x 886 px. Размер файла 311672 b.
 Преображение Господне. XII век.

Dans l'Église orthodoxe du Christ l'homme peut atteindre la déification parce que, selon les enseignements de la Bible et des Pères de l'Église, la grâce de Dieu est incréée. Dieu n'est pas essence seulement, comme l'Occident le pense; Il est aussi énergie. Si Dieu n'était que de l'essence, nous ne pourrions pas nous unir à Lui, nous ne pourrions pas communier avec Lui, parce que l'essence de Dieu est redoutable et inaccessible à l'homme, en conformité avec la déclaration: "Jamais l'homme ne verra ma face et vivra" (Exode 33: 20).

Citons un exemple quelque peu pertinent tiré des choses humaines. Si nous saisissons un fil électrique nu, nous allons mourir. Toutefois, si l'on peut brancher une lampe à ce fil, nous sommes éclairés. Nous verrons, apprécierons, et serons assistés par l'énergie du courant électrique, mais nous ne serons pas en mesure de saisir son essence. Disons que quelque chose de semblable se produit avec l'énergie incréée de Dieu.

Si nous étions capables de nous unir avec l'essence de Dieu, nous aussi nous deviendrions des dieux en essence. En d'autres termes tout deviendrait un dieu, et il y aurait une confusion telle que, rien ne serait essentiellement un dieu. En quelques mots, c'est ce qu'ils croient dans les religions orientales, par exemple dans l'hindouisme, où le dieu n'est pas une existence personnelle, mais une puissance indistincte dispersée à travers tout le monde, chez les hommes, les animaux, et dans les objets (panthéisme).

Encore une fois, si Dieu avait seulement l'essence divine - à laquelle nous ne pouvons pas participer - et n'avait pas eu Ses énergies, il resterait un dieu auto-suffisant, fermé en lui-même et incapable de communier avec ses créatures.

Dieu, selon le point de vue théologique orthodoxe, fait partie d'une Trinité et une Trinité en Un. Comme saint Maxime le Confesseur, saint Denys l'Aréopagite, et d'autres saints Pères le disent à maintes reprises, Dieu est rempli d'un amour divin, d'un éros divin pour Ses créatures. En raison de cet amour infini et extatique qui est Sien, Il sort de Lui-même et cherche à S'unir à eux. Ceci  s'exprime et se réalise par le biais de Son énergie, ou, mieux, de Ses énergies.

Avec celles-ci, Ses énergies incréées, Dieu créa le monde et continue de le préserver. Il donne essence et substance à notre monde à travers Ses énergies créatrices d'essence . Il est présent dans la nature et préserve l'univers avec ses énergies préservantes; Il illumine l'homme avec ses énergies illuminantes; Il le sanctifie avec son énergie sanctifiante. Enfin, Il le divinise avec Ses énergies déifiantes. Ainsi, à travers Ses énergies incréées, le Dieu saint pénètre la nature, le monde, l'histoire et la vie des hommes.

Les énergies de Dieu sont des énergies divines. Elles aussi sont Dieu, mais sans être Son essence. Elles sont de Dieu, et donc elles peuvent diviniser l'homme. Si les énergies de Dieu n'étaient pas divines et incréées, elles ne seraient pas Dieu et donc elles ne seraient pas en mesure de nous déifier, de nous unir à Dieu. Il y aurait une distance infranchissable entre Dieu et les hommes. Mais en vertu du fait que Dieu a des énergies divines, et en S'unissant avec nous par ces énergies, nous sommes capables de communier avec Lui et de nous unir avec sa grâce, sans devenir identiques à Dieu, comme cela se passerait si nous étions unis à Son essence.

Alors, nous nous unissons à Dieu à travers Ses énergies incréées, et non par Son essence. C'est le mystère de notre foi et de notre vie orthodoxes.

Les hérétiques occidentaux ne peuvent pas accepter cela. Etant rationalistes, ils ne discernent pas entre l'essence et l'énergie de Dieu, donc, ils disent que Dieu est seulement l'essence. Et pour cette raison 'ils ne peuvent pas parler de la déification de l'homme. Parce que, selon eux, comment l'homme pourrait-il être divinisé quand ils n'acceptent pas que les énergies divines soient incréés, mais qu'ils les considèrent comme créées? Et comment quelque chose de créé, c'est à dire, quelque chose en dehors de Dieu, pourrait-il  déifier l'homme créé?

Afin de ne pas tomber dans le panthéisme, ils ne parlent pas du tout de la déification. Quel est donc, selon eux, le but de la vie de l'homme? Simplement le perfectionnement moral. En d'autres termes, puisque l'homme ne peut pas être déifié par la grâce divine, les énergies divines, à quoi donc sert sa vie? Seulement qu'il devienne moralement meilleur. Mais la perfection morale ne suffit pas pour l'homme. Il ne suffit pas pour nous tout simplement de devenir meilleurs qu'avant, d'accomplir des actes moraux. Nous avons comme objectif final de nous unir avec le  Dieu Saint Lui-même. C'est le but de la création de l'univers. C'est ce que nous désirons. Ceci est notre joie, notre bonheur et notre épanouissement.

La psyché de l'homme, qui est créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, asoif de Dieu et désire l'union avec Lui. Peu importe combien l'homme peut être moral, combien il peut être bon, peu importent le nombre de bonnes actions qu'il peut effectuer, s'il ne trouve pas Dieu, s'il ne s'unit pas à Lui, il ne trouve pas de repos. Parce que le Dieu Saint  Lui-même a placé en lui cette soif sainte, l'éros divin, le désir d'union avec Lui, pour la déification. Il a en lui la puissance érotique, qu'il reçoit de Son Créateur, pour aimer vraiment, vivement, de façon désintéressée, tout comme son Saint Créateur tombe amoureux du monde, de ses créatures. Il en est ainsi que, avec cet saint élan érotique et le sa puissance d'aimer, il tombe amoureux de Dieu. Si l'homme n'avait pas l'image de Dieu en lui, il ne serait pas en mesure de chercher son prototype. Chacun de nous est une image de Dieu, et Dieu est notre prototype. L'image cherche le prototype, et seulement quand il le trouve qu'il trouve le repos.

Au XIVe siècle, il y eutt un grand bouleversement dans l'Eglise qui fut provoquée par un moine d'Occident, Barlaam. Il avait entendu que les moines du Mont Athos parlaient de déification . Il fut informé que, après une longue lutte, la purification des passions, et beaucoup de prières, ils devenaient dignes de s'unir avec Dieu, d'avoir une expérience de Dieu, de voir Dieu. Il entendit qu'ils voyaient la Lumière Incréée qui les saints Apôtres avaient vue lors de la Transfiguration du Christ notre Sauveur sur le mont Thabor.

Mais, ayant l'esprit rationaliste hérétique de l'Occident Barlaam fut incapable de percevoir l'authenticité de ces expériences divines des moines humbles, et ainsi, il commença à accuser les moines du Mont Athos, comme si c'était eux qui étaient égarés, hérétiques et idolâtres. En d'autres termes, il disait qu'il était impossible pour quelqu'un de voir la grâce de Dieu, parce qu'il ne savait rien sur la distinction entre l'essence et l'énergie incréée de Dieu.

Ensuite, la Grâce de Dieu fit surgir un grand maître éclairé de notre Église, l'Athonite saint Grégoire Palamas, archevêque de Thessalonique. Avec beaucoup de sagesse et l'illumination de Dieu, mais aussi avec son expérience personnelle, il a dit et écrit beaucoup de choses, qui enseignèrent, en conformité avec les Saintes Écritures et la Tradition sainte de l'Église, que la Lumière de la Grâce de Dieu est incréé; que c'est une énergie divine. Et qu'en fait, les hommes déifiés voient cette lumière comme l'ultime, la plus grande expérience de déification (gr. theosis), et qu'ils sont vus à l'intérieur de cette Lumière de Dieu. C'est la gloire de Dieu, Sa splendeur, la Lumière du Mont Thabor, la Lumière de la Résurrection du Christ et de la Pentecôte, et la nuée lumineuse de l'Ancien Testament. C'est la Lumière incréée de Dieu véritable, et non celle symbolique comme Barlaam, et d'autres comme lui, qui croyaient en leur illusion.

Par la suite, dans trois grands synodes de Constantinople, l'Eglise tout entière justifia saint Grégoire Palamas, déclarant que la vie en Christ n'est pas simplement l'édification morale de l'homme, mais la déification, et que cela signifie participation à la gloire de Dieu, une vision de Dieu, de Sa grâce et de Sa Lumière Incréée.

Nous avons une grande gratitude envers saint Grégoire Palamas, parce que, avec l'illumination qu'il a reçue de Dieu, avec son expérience et sa théologie, il nous a l'enseignement et l'expérience éternelle de l'Eglise concernant la déification de l'homme. Un chrétien n'est pas chrétien tout simplement parce qu'il est capable de parler de Dieu. Il est chrétien parce qu'il est capable d'avoir une expérience de Dieu. Et tout comme, quand on aime vraiment quelqu'un, et que l'on parle avec lui, on sent sa présence, et on apprécie sa présence, il en est ainsi dans la communion de l'homme avec Dieu: il existe non pas une simple relation externe, mais une union mystique de Dieu et de l'homme dans l'Esprit Saint.

Même maintenant, les Occidentaux considèrent la Grâce divine, ou l'énergie de Dieu, comme quelque chose de créé. Malheureusement, c'est aussi l'une des nombreuses différences qui doivent être sérieusement prises en considération dans le dialogue théologique avec les catholiques romains. Ce n'est pas seulement le Filioque, la primauté de l'autorité, et l'infaillibilité du pape, qui sont les différences fondamentales entre l'Église orthodoxe et les partisans du pape. Ce sont également celles mentionnées plus haut. Si les catholiques n'acceptent pas que la grâce de Dieu soit incréée, nous ne pouvons pas nous unir avec eux, même s'ils acceptent tous les autres points. Carr qui est capable de parvenir à la déification, si la grâce divine est une création et non une énergie incréée du Très-Saint Esprit?


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (188)


Dieu est toujours là
Dans le plus fort de tes soupirs
Aux jours de la détresse
Il est cette grâce qui te fait subsister

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

mardi 28 juin 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (4) Le lieu de la déification de l'homme


Ceux qui souhaitent s'unir avec le Christ, et, à travers Jésus-Christ, avec Dieu le Père, reconnaissent que cette union se réalise dans le corps du Christ, qui est notre Sainte Eglise Orthodoxe. Une union, bien sûr, non avec l'essence divine, mais avec la nature humaine du Christ déifié. Mais cette union avec le Christ n'est pas externe, elle n'est pas non plus simplement morale.

Nous ne sommes pas des disciples du Christ de la façon dont certains peut-être suivent un philosophe ou un maître. Nous sommes membres du corps du Christ, l'Eglise. L'Eglise est le Corps du Christ, le corps réel, et non un corps moral, comme certains théologiens l'ont écrit à tort, n'ayant pas examiné  cette question profondément, dans l'esprit de la Sainte Eglise. Malgré notre indignité et notre péché, le Christ nous prend en tant que chrétiens, et nous incorpore dans Son Corps. Il nous rend membres de Lui-même. Et ainsi nous devenons de vrais membres du Corps du Christ, et pas seulement moralement. Comme l'apôtre Paul le dit, "Nous sommes membres de Son corps, de Sa chair, et de Ses os» (Ephésiens 5:30).

Certes, selon l'état spirituel des chrétiens, ils sont parfois des membres vivants du Corps du Christ, et à d'autres moments des membres morts. Pourtant, même en tant que membres morts, ils ne cessent d'être membres du Corps du Christ. Par exemple, quelqu'un qui est baptisé est devenu un membre du Corps du Christ. S'il ne se confesse pas, ne reçoit pas la Communion, ne vit pas une vie spirituelle, il est un membre mort du corps du Christ. Mais quand il se repent, il reçoit immédiatement la vie divine. Cela l'imprègne et il devient un membre vivant du Corps du Christ. Il n'a pas besoin d'être rebaptisé. Quelqu'un qui n'a jamais été baptisé, toutefois, n'est pas membre du corps du Christ, même s'il vit une vie qui est morale par rapport aux normes humaines. Il a besoin d'être baptisé pour devenir un membre du corps du Christ, pour devenir incorporé au Christ.

Ainsi, parce que nous sommes membres du corps du Christ, la vie du Christ nous est offerte et elle devient notre vie. Et ainsi, nous sommes animés, sauvés, et déifiés. Nous ne pourrions être divinisés, si le Christ nous avait pas fait membres de Son Saint corps.

On ne pourrait pas être sauvés, si les Saints Mystères [Communion] de l'Eglise n'existaient pas, qui font  de nous un seul corps avec le Christ, et par lesquels, selon les Pères de l'Église, nous partageons la même chair et le même sang que le Christ, en d'autres termes, nous devenons un seul corps et un seul sang avec le Christ.

Quelle grande bénédiction que nous participions aux Mystères Immaculés! Le Christ devient nôtre, la vie du Christ devient nôtre; Son sang devient notre sang. C'est pourquoi saint Jean Chrysostome dit que Dieu n'a plus rien à donner à l'homme que ce qu'Il lui donne dans la Sainte Communion. Ni l'homme ne peut demander quoi que ce soit au-delà de ce qu'il reçoit du Christ dans la Sainte Communion.

De cette façon, alors, après avoir été baptisés, chrismés, et après nous être confessés, nous communions au Corps et au Sang du Seigneur, et nous aussi nous devenons des dieux par la Grâce, nous unissant à Dieu; nous ne sommes plus des étrangers, mais Ses proches.

A l'intérieur de l'Eglise dans laquelle nous nous unissons à Dieu, nous vivons cette réalité nouvelle que le Christ a apporté au monde: la nouvelle création. C'est la vie de l'Église, du Christ, qui devient la nôtre comme don de l'Esprit Saint.

Tout dans l'Eglise conduit à la déification. La Sainte Liturgie, les Mystères [Sacrements/ Communion], le culte divin, le sermon de L'Evangile, le jeûne, ils conduisent tous à cette seule chose. L'Église est le lieu unique de la déification.

L'Eglise n'est pas une institution sociale, culturelle ou historique, et elle ne ressemble à aucune autre institution dans le monde. Elle n'est pas comme les différents établissements du monde. Peut-être que le monde a de bons établissements, de bonnes organisations, de bonnes institutions et d'autres belles choses. Mais notre Eglise orthodoxe est l'inimitable, le lieu unique de la communication de Dieu avec l'homme; le lieu de ​​déification de l'homme. Au sein de l'Eglise seulement l'homme peut devenir un dieu, et nulle part ailleurs. Il ne peut le devenir, ni dans les universités, ni dans les fondations de services sociaux, ni dans aucune des belles et bonnes choses que le monde possède. Toutes ces choses, aussi bonnes soit-elles, ne sont pas en mesure d'offrir ce que l'Église offre.

C'est pourquoi, peu importe combien les institutions mondaines et les systèmes progressent, ils ne pourront jamais remplacer l'Eglise.

Il est possible que nous, hommes faibles et pécheurs, passions par des crises et des difficultés de temps en temps au sein de l'Eglise. Il est possible même que des scandales se produisent dans le giron de l'Eglise. Toutes ces choses arrivent dans l'Eglise parce que nous sommes encore sur le chemin de la Théosis [déification], et il est très naturel que les faiblesses humaines existent toujours. Nous sommes en train de devenir des dieux, mais nous ne le sommes pas encore. Donc, peu importe combien de fois ces choses se produisent, nous ne quitterons pas l'Eglise, parce que dans l'Église, nous avons la seule possibilité de nous unir à Dieu.

Ainsi, quand nous allons à l'église pour assister à l'office, nous pouvons y rencontrer des gens qui ne font pas attention à l'office divin, qui poursuivent des conversations, et détournent notre attention. Puis vient une pensée apparemment raisonnable qui dit: "Que gagnes-tu en venant à l'Eglise? Ne vaudrait-il pas mieux rester à la maison avec plus de paix et de confort?

Nous devons cependant  prudemment contredire cette mauvaise pensée: "Oui, peut-être que d'une part je vais avoir une paix extérieure plus grande à la maison, mais je n'aurai pas la grâce de Dieu pour me déifier et me sanctifier. Je n'aurai pas le Christ, Qui est présent dans Son Église. Je n'aurai pas Son Saint Corps et Son Sang Précieux, Qui sont sur l'autel sacré dans Sa Sainte Église. Je ne vais pas prendre part à la Cène Mystique de la Divine Liturgie. Je vais être coupé de mes frères en Christ, avec lesquels nous formons le corps du Christ".

Ainsi, quoi qu'il arrive, nous ne quitterons pas l'Eglise, parce que c'est seulement en elle que nous trouvons le chemin de la déification.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

L'Ermitage du cœur (187)


La prière véritable
Coule dans ton cœur apaisé
Comme glissent entre tes doigts
Les grains du chapelet de laine

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 27 juin 2011

Archimandrite Georges, Higoumène du Monastère de Grigorios au Mont Athos: (3)La contribution de la Mère de Dieu à la divinisation de l'homme



Alors, le Seigneur Jésus nous donne cette possibilité, de nous unir à Dieu, et de revenir à l'objectif primordial, que Dieu a préparé pour l'homme. C'est pourquoi il est décrit dans l'Écriture Sainte comme le chemin, la porte, le bon berger, la vie, la résurrection, la lumière. Il est le nouvel Adam, qui répare la faute du premier Adam. Le premier Adam nous a séparés de Dieu par sa désobéissance et son égoïsme. Par Son amour, et Son obéissance au Père, obéissance jusques à la mort, à la mort sur la Croix, le second Adam, le Christ, nous ramène une fois de plus à Dieu. Il oriente à nouveau notre liberté vers Dieu, afin que, en la Lui offrant, nous nous unissions à Lui.

Mais l'œuvre du nouvel Adam pré-suppose l'œuvre de la nouvelle Eve, la Panaghia [Toute Sainte/ Mère de Dieu], qui, ainsi, répare le tort causé par l'Eve de jadis. Eve a conduit Adam à la désobéissance. La nouvelle Eve, la Panaghia, contribue à l'incarnation du nouvel Adam qui va guider la race humaine vers l'obéissance à Dieu. Pour cette raison, comme première personne humaine qui ait obtenu la théosis [divinisation] d'une manière exceptionnelle, voire irremplaçable,  Notre Dame la Théotokos a joué un rôle dans notre salut, qui est non seulement fondamental, mais aussi nécessaire et irremplaçable.

Selon saint Nicolas Cabasilas, théologien du grand 14e siècle, si la Panaghia n'avait pas, dans son obéissance, offert sa liberté à Dieu - si elle n'avait pas dit "oui" à Dieu - Dieu n'aurait pas été en mesure de s'incarner. Parce que Dieu, qui avait donné la liberté à l'homme, n'aurait pas été en mesure de la violer. Il n'aurait pas été en mesure de s'incarner, s'il n'y avait pas eu une psyché d'une telle pureté, toute sainte, immaculée comme celle de la Théotokos, qui lui avait complètement offert sa liberté, sa volonté, d'elle-même à Dieu, afin de l'attirer vers elle-même et vers nous.

Nous devons beaucoup à la Panaghia. C'est pourquoi notre Eglise honore et vénère la Mère de Dieu. C'est pourquoi saint Grégoire Palamas, résumant la théologie patristique, affirme que notre Panaghia détient la deuxième place après la Sainte Trinité, qu'elle est dieu, après Dieu, la frontière entre le créé et l'incréé. "Elle conduit ceux qui sont sauvés", selon une autre belle expression d'un théologien de notre Église. Et saint Nicodème de la Sainte Montagne, le luminaire inébranlable et le docteur de l'Église, a souligné que les rangs angéliques sont illuminés par la lumière qu'ils reçoivent de la Panaghia.

C'est pourquoi elle est loué par notre Eglise comme "plus vénérable que les chérubim et incomparablement plus glorieuse que les Séraphim.

L'incarnation du Logos et de la Théosis de l'homme sont le grand mystère de notre foi et de notre théologie.

Notre Eglise orthodoxe vit ça tous les jours avec ses Mystères [sacrements], ses hymnes, ses icônes,  sa vie toute entière. Même l'architecture d'une église orthodoxe témoigne de cela. Le grand dôme de l'église, sur lequel est peint le Pantocrator, symbolise la descente du Ciel sur la terre, il nous dit que le Seigneur pencha les cieux et descendit. Le Saint-évangéliste Jean écrit que Dieu est devenu homme "et a habité parmi nous"(Jn 1:14).

Et parce qu'Il est devenu l'homme à travers la Theotokos, la Mère de Dieu, nous la dépeignons dans l'abside de l'autel, pour indiquer que, grâce à elle, Dieu vient sur terre et vers les hommes. Elle est "le pont par lequel Dieu est descendu", et encore, "elle qui mène ceux de la terre au ciel", l'abside des cieux, l'espace de l'iaccessible, qui contenait le Dieu inaccessible en elle-même, pour notre salut.

DE plus, notre Eglise dépeint des hommes divinisés: ceux qui sont devenus des dieux par la grâce, car Dieu s'est fait homme. C'est pourquoi dans nos églises orthodoxes, nous pouvons représenter non seulement le Dieu incarné, le Christ et sa Mère Immaculée, Notre Dame la génitrice de Dieu, mais aussi les saints autour et en dessous du Pantocrator. Sur tous les murs de l'Eglise nous peignons les résultats de l'incarnation de Dieu: les hommes saints et déifiés.

Par conséquent, en entrant dans une église orthodoxe et en voyant les belles icônes de saints, nous avons comprenons immédiatement et en faisons l'expérience: nous comprenons l'œuvre de Dieu pour l'homme et le but de notre vie.

Tout dans l'Eglise parle de l'incarnation de Dieu et de la déification de l'homme.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après